Godzilla MD. Une métaphore du Japon d après-guerre
172 pages
Français

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Godzilla MD. Une métaphore du Japon d'après-guerre , livre ebook

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Description

Le cinéma est riche de films de monstres en temps de crise. L'auteur spécialiste du film de monstres japonais retrace depuis la sortie du film Godzilla en 1954, l'évolution de la société japonaise où les monstres perpétuent depuis l'après guerre, l'image d'une nation victime des forces de la nature ou des dérives de la science.

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 275
EAN13 9782296232938
Langue Français
Poids de l'ouvrage 50 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REMERCIEMENTS  Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Claude Blouin pour ses judicieux conseils et sa passion communicative pour le cinéma japonais. Je souhaite également témoigner de ma gratitude envers ma conjointe, Annik-Corona Ouellette, pour son soutien indéfectible dans la rédaction de cet ouvrage. Aussi, je ne saurais passer sous silence mes nombreuses discussions enthousiastes avec Messieurs Jean E. Guérin, André Dubois et Michel T. Prévost, véritables exégètes méconnus dukaiju eigaqui, au cours des années, ont sans cesse alimenté mon grand intérêt pour ce genre. Je remercie me également M Livia Monnet et M. Gleason Théberge pour leurs recommandations, ainsi que M. Ryoichi Baba pour son aimable collaboration.  Enfin, un merci tout spécial à Justin Vézina qui, du haut de ses cinq ans, s’est émerveillé à mes côtés devant toutes ces créatures fantaisistes du cinéma japonais, en manifestant par contre une préférence marquée pour Minilla, le fils de Godzilla.
Affiche française deGojira(I. Honda, 1954).
INTRODUCTION  Au début du mois d’août 1954, sous les auspices inspirés du producteur Tomoyuki Tanaka, la maison de production Toho se lance dans un ambitieux tournage mobilisant une grande partie des ressources du studio. Il faut dire que les moyens déployés sont à la hauteur des aspirations de Tanaka : désirant produire un film dans la lignée de l’œuvre d’Eugène Lourié, The Beast from 20,000 Fathoms (1953), il se voit allouer un budget d’environ 175 000 $ (à l’époque, le budget moyen d’un 1 film japonais s’élève à 75 000 $) . Le 3 novembre de la même année, près de 40 000 personnes se ruent dans les cinémas de Tokyo pour assister aux premiers ravages d’un monstre qui s’affichera rapidement comme une figure emblématique du 2 cinéma fantastique :GojiraGodzilla par la Toho (rebaptisé pour la distribution internationale).  Le film obtient immédiatement un succès retentissant : en un temps record, il enregistre près de 10 millions d’entrées au Japon (générant des recettes de 152 millions de yens, soit l’équivalent de 2,25 millions de dollars) et deviendra une œuvre matricielle pour un tout nouveau genre : lekaiju eiga(film de monstres). Ce type de production obéit généralement à un schéma narratif qui se résume, à peu de choses près, ainsi : une gigantesque créature, surgie de quelque abysse insondable (la fosse du Pacifique, les confins de la galaxie ou les entrailles de la terre) attaque un petit groupe d’êtres humains. Un survivant raconte la tragédie, mais les autorités hésitent à prêter foi à ce 1 Gojirafut, pour l’année 1954, le troisième film le plus coûteux de la Toho, le premier étantLes Sept samouraïsd’Akira Kurosawa (560 000 $), suivi de Musashi Miyamoto(500 000$) de Hiroshi Inagaki. 2  Dans le présent ouvrage, les titres américains seront généralement utilisés, car ce sont sous ces titres que les films sont le plus souvent distribués en Occident. Toutefois, il arrivera que le titre japonais soit retenu dans le cas où une version américaine présente des différences majeures avec l’œuvre originale, soit par l’ajout ou la suppression de scènes.
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qu’ils considèrent comme des élucubrations imputables à un profond traumatisme ou à une croyance ancestrale. Mais d’autres apparitions du monstre viennent prouver hors de tout doute son existence et un scientifique formule invariablement la théorie que la bête a été libérée par la faute des hommes (explosion atomique, expérience scientifique, pollution ou encore offense sacrilège). L’armée tente vainement de stopper son avance inexorable vers une grande cité et, une fois arrivée à destination, la créature se livre à un saccage en règle jusqu’à ce qu’un cataclysme naturel ou un ingénieux dispositif scientifique la fasse disparaître. Toutefois, l’incertitude de son sort n’a rien pour rassurer les hommes qui, dès lors, se mettent à méditer sur leurs erreurs. Avec les années, cette trame narrative subit quelques variations : les monstres tardent moins à révéler leur présence (le public les connaît et, par conséquent, l’effet de surprise ne joue plus), on multiplie leur nombre au sein d’un même film (en vertu d’une logique commerciale voulant que la quantité de bêtes monstrueuses soit directement proportionnelle aux bénéfices récoltés) et des contraintes budgétaires les amènent à déserter les mégapoles pour sévir en des lieux isolés (on évite ainsi la destruction de coûteuses maquettes). Si, au fil des productions, le genre gagne en hétérogénéité, son potentiel horrifique et son contenu symbolique s’appauvrissent au fur et à mesure que s’y greffent des éléments issus duspace opera(Monster Zero, 1965), du film pour enfants (Godzilla’s Revenge, 1969) et même du film deyakuza, les gangsters japonais (Dogora, the Space Monster, 1964).  La Toho demeure incontestablement la firme de production qui peut se targuer d’avoir le plus contribué à grossir les rangs des créatures déferlant périodiquement sur l’archipel : Rodan, Mothra, Ghidrah, Varan, Gigan, Megalon, etc. Le studio capitalise rapidement sur le succès du premier Godzilla et met en chantier dès 1955 une suite intituléeGodzilla Raids Again(distribuée aux États-Unis sous le titre deGigantis, The Fire Monster). Dès ce second film, on met en place un véritable star-système de monstres en opposant Godzilla à l’un de ses semblables, en l’occurrence l’ankylosaure Angilas.
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 Les autres studios nippons ne tardent pas à entrer dans la valse des monstres géants. La Daiei crée en 1965 le plus féroce rival de Godzilla, la tortue géante Gamera; la Toei Motion Picture Company emboîte le pas en 1966 avecThe Magic Serpent; la Nikkatsu tourne en 1967Gappa, the Triphibian Monster et la Shochiku présente la même année le monstre Guilala (Itoka dans la version française) dansThe X from Outer Space(une suite a été tournée en 2008).
Quelques monstres de la Toei dansThe Magic Serpent (T. Yamauchi, 1966)  La télévision enrichit également le bestiaire monstrueux nippon : Nissan Productions produit en 1960 une série mettant en vedette une créature amphibie gigantesque,Monster Marine Kong, et Tsuburaya Productions trouve dans leskaiju des adversaires sur mesure pour leur superhérosUltraman(première série en 1966). Lekaiju eiga devient rapidement un 3 type de production indissociable de la filmographie nationale ! 3  Le Japon est vraiment la terre d’accueil des monstres géants. En 1961, des producteurs américains tournent en Angleterre unkaiju eiga,Gorgo (E. Lourié),la première du film aura lieu non pas à Londres, mais à et Tokyo…
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Le monstre vedette de la Daiei : Gamera.
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