L Art à l époque du virtuel
241 pages
Français

L'Art à l'époque du virtuel , livre ebook

241 pages
Français

Description

L'art est désormais entré dans "l'époque de virtuel" dont il s'agit de dégager les caractéristiques. Ces nouveaux modèles engendrent des transformations dans la perception de l'espace et du temps. Le statut d'une image simulée, hybridée, archivée, interactive ou détruite par les virus se place d'emblée au centre des théories et pratiques artistiques. Ces dernières donnent naissance à des corps virtuels, des artefacts qui rendent de plus en plus problématique l'humain et la subjectivité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2003
Nombre de lectures 262
EAN13 9782296342392
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ART À L'ÉPOQUE
DU VIRTUELCollection arts 8
dirigée par Jean-Paul Olive et Claude Arney
UFR Arts, Philosophie et Esthétique, Université Paris 8
du)(Xe siècle et à la réflexion esthétique, la collection Arts 8Consacrée à l'art
a pour vocation de diffuser les travaux collectifs de groupes et équipes de
recherche, de promouvoir un débat transversal entre les diverses disciplines
artistiques, et d'encourager les recherches et échanges autour de thématiques
contemporaines importantes.
Déjà parus:
.Le récit et les arts, 1998
.Théârtre I, 1998
.Danse et utopie, 1999
.Théârtre 2, 1999
.Les frontières esthétiques de l'art, 1999. au)(Xe siècle et l'utopie, 2000L'art.A partir de Jean-François Lyotard, 2000
.La couleur réfléchie, 2001
.Dialogues sur l'art et la technologie, 2001
.Euridice 1600 - 2000, 2002
.Musique et mémoire, 2003
Publié avec le concours
de l'UFR Arts, Philosophie et Esthétique,
et du service de la Recherche de l'Université Paris 8Sous la direction de
Christine Buci-Glucksmann
, ,
L'ART A L'EpoQUE
DU VIRTUEL
DÉPARTEMENT ARTS PLASTIQUES
Université Paris 8- UFR 1
2, rue de la Liberté- 93526 Saint-Deniscedex
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
Hargita u. 3 Via Bava, 375-7, nIe de l'École-Polyteclmique
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALlEConception:
Manuela de Barros, Jacques Morizot et François Soulages
Couverture:
Matt Mullican, Five Into One,
installation de réalité virtuelle et performance vidéo présentée
dans Artifices 2, Saint-Denis, 1992
Image: DIN-CNBDI Angoulême, colI Jean-Louis Boissier
Mise en page:
Scop In studio 4Philem Despine}T, Dan Vimard -
~L'Hannattan,2003
ISBN: 2-7475-4417-6SOMMAIRE
TEMPS ET MODÈLES DU VIRTUEL > 9
par Christine Buci-Glucksmann
> PREMIÈRE PARTIE:
ARCHÉOLOGIE DU VIRTUEL
IMAGE VIRTUELLE, IMAGE LATENTE, IMAGE PSYCHIQUE > 25
par François Soulages
IMAGE, LANGAGE ET VIRTUEL > 37
par Jacques Morizot
LE SOI, L'IMPERSONNEL ET LE PLURIEL, > 51
MODALITÉS DE LA SUBJECTIVITÉ A L'AUBE DU XXIe SIÈCLE
par Georges Bloess
LE THÉATRE D'OMBRES DE ZHENJUN DU > 77
entretien avec Zkenjun Du
> DEUXIÈME PARTIE:
ESPACES ET TEMPS VIRTUELS
NATURE ARTIFICIELLE ET ARTIFICE NATUREL > 83
par Phillipe Codognet
ARTS ET TEMPS VIRTUELS > 95
entretien avec Edmond Couchot
LA MUSÉOLOGIE A L'ÈRE D'INTERNET, > 103
LE GUGGENHEIM VIRTUEL
par Jérome Glicenstein
MÉTAPOLIS, UNE VILLE VIRTUELLE > 113
entretien avec Miguel Chevalier
VIRUS VIRTUELS >121
par Joseph Nechvatal
MEMBRANES ET TUNNELS >127
entretien avec Maurice Benayoun
RAISONNER LE DÉSORDRE >133
entretien avec Anne-Marie Duguet
DE L'INTELLIGENCE COLLECTWE >139
par Marc Partouche>TROISIÈME PARTIE:
CORPS VIRTUELS
> 147L'EVE FUTURE
par Raymond Belour
LE VIRTUEL INCARNÉ > 171
par Manuela de Barros
SCÈNES VIRTUELLES DU CORPS > 187
par Emanuele Quinz
RÉALITÉS VIRTUELLES > 197
par Jean-Clet Martin
DOUBLES ET INSOUMIS.ES DU GENRE > 211
INTERSEXUALITÉ ET INTERMÉDIA
par Maria Klonaris et Katerina Thomadaki
MASQUES > 231
entretien avec Catherine Ikam
LA CHAIR VIRTUELLE D'ORLAN > 235
par OrlanTEMPS ET MODÈLES DU VIRTUEL
par Christine Buci-Glucksmann *
I. UN TEMPS MACHINIQUE
Imaginez une machine à la Wells, où l'on puisse remonter le temps,
l'accélérer et le ralentir, en un jeu interactif d'images à plusieurs
autour d'une table. Temps des horloges citées et déréglées, temps
non chronologique, temps abstrait et machinique, telle serait la
métaphore et l'idée du temps virtuel dans la Timetable de Perry
Hoberman présentée à l'ICC de Tokyo (1999). Car ces réseaux
programmés, tour à tour proliférants ou vidés, semblent mettre fin aux
formes du temps héritées de saint Augustin et de Kant au profit
d'un devenir paradoxal où présent, passé et futur convergent en un
éternel Présent, semblable au point unique de l'Aleph de Borges.
Machinique et fluide, sans mémoire du sujet, mais non sans
programme, la culture de la réalité virtuelle dessine une multiplicité
événementielle à l'échelle planétaire. Si bien que cet œil-monde
donne à voir le temps, réalisant ainsi le fantasme opérationnel d'un
Duchamp: "Une pendule de profil, de sorte que le temps
disparaisse, mais qui accepte l'idée de temps autre que lui-même". Bref
un temps "extrarapide" et néanmoins posé, dans les moments
potentiels et les démultiplications machiniques de ses "retards en
verre", devenus retards à l'écran. Car, à la différence de la machine
à explorer le temps de Wells, qui réalise une année par minute et
engendre des "virtualités bizarres", tout un monde de "jolis petits
êtres", pour mieux révéler la dualité du paradis et de l'enfer, le
monde d'en-haut et celui d'en-bas habité par les "morlocks livides"des souterrains, ici l'explorateur du temps c'est vous ou moi. La
machine du temps s'est mondialisée et, dans cette optique géante,
tous les êtres virtuels, morlocks ou non, sont possibles, en direct,
dans le temps réel de la téléprésence.
Voir le temps, le faire apparaître et disparaître, est sans doute l'un
des rêves artistiques les plus forts de l'Occident, qui n'a cessé de
pratiquer tous les miroirs, les transparences et les écrans, du
baroque aux architectures de verre de Bruno Taut, Mies van der
Rohe, ou Philip Johnson. Sans oublier le Grand Verre duchampien,
les miroirs anamorphiques et entropiques de Smithson, ou les
Pavillons de Dan Graham. Car tout ce qui reflète et métamorphose
la vision, tout ce qui la fragmente et engendre un "polycinéma"
(Moholy-Nagy) et un "derrière le miroir", institue une machine de
vision et une trajectualité qui déstabilise tout centre au profit d'un
regard icarien et flottant, qui" cartographie" le temps, le
démultiplie et le projette en un nouveau lieu de regardeurs-acteurs. Aussi,
dans ce moment historique marqué par le passage d'une culture
des objets à une culture des flux, des écrans et des doubles, il faut
faire retour à ce que j'ai appelé "une archéologie du virtuel",
pensée selon le modèle de l'archéologie du moderne de Benjamin2. Car
la société des réseaux ne reproduit pas le temps, fût-<:e dans un
"àprésent" non chronologique qui en contracterait les moments. Elle
le produit, le pulvérise, tout en exigeant un temps machinique
spécifique et "dialogique", celui des manipulations, des simulations et
d'une téléprésence mondialisée, propre à ces nouvelles machines
abstraites et diagrammatiques, avec leurs images matricielles
préalables et leur saisie éphémère. Dans cette optique, les machines du
temps en art impliquent un passage de "l'image-cristal" analysée
par Gilles Deleuze à l'image~flux propre aux écrans et aux devenirs,
qui engendrent toute une constellation d'images et de temps
"inframinces", plus proches des cristaux liquides que des arêtes
cristallines du modernisme3. Car si tout virtuel renvoie à une
actualisation qui modifie le réel, l'actualisation machinique des nouvelles
technologies semble porter à son comble toutes les scissions
antérieures du temps... Ephémère et conservé, pur devenir sans
mémoire et pourtant entassant les données de l'information, subjectif et
objectif, ce temps n'est pas humain au sens où il n'opère plus selon
les rythmes biologiques de l'homme, qui se trouve de plus en plus
10soumis à une dislocation schizophrénique entre son réel
existentiel et son virtuel écranique. Si bien qu'avec cette société interactive
des nouvelles solitudes, c'est toute la philosophie et l'anthropologie
du temps qui se trouvent remises en cause, par le surgissement de
temps artificiels, voire intemporels, qui questionnent radicalement
les limites de l'humain par la création de prothèses, de doubles
clonés et de toute une cyberculture ambiguë, où le fantôme de
l'immortalité se profile à l'horizon du xxie siècle.
La généralisation des écrans donne toute sa réalité

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