La face cachée de la paillette
118 pages
Français

La face cachée de la paillette , livre ebook

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118 pages
Français

Description

Son premier livre, Folies,raconte-moi, nous fait entrer dans cet univers de plumes et de paillettes, relatant son expérience ainsi que l'histoire de ce

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 septembre 2012
Nombre de lectures 18
EAN13 9782296503748
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La face cachée de la paillette

Aimée Librizzi

La face cachée de la paillette

Préface de Didier Kaminka

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-99662-5
EAN : 9782296996625

Préface

râce au CNRS que le monde nous envie nous savons
G
combien d’enfants caressent leur hamster ou leur
cochon d’Inde… mais sait-on combien caressent le rêve de
devenir danseurs ?
NON… la seule chose que l’on sache c’est qu’il y a
beaucoup plus de petites illes qui se regardent dans le miroir
en se disant « je veuxdevenir danseuse » que de illettesqui
ontla révélation devouloir devenir fonctionnaires.
Devenir danseuse,un rêve qui devientréalité pour celles
etceuxqui ontle courage des’astreindre àune discipline de
fer qui donnerait, même audiable, descourbatures.
Devenir fonctionnaire garantitdevivre deson métier et
unestabilité de l’emploi,stabilité qu’une aspirante danseuse
s’eforce detrouversursespointes.
Certainsmétiersfont suer et s’exercenten attendantla
retraite pendantque d’autres suentréellementet voientla
retraites’approcher avec efroi.
La danse est unsportde hautniveauetcomme pourtout
athlète la retraitese prend jeune etavec regret.
Aimée Librizzi a faitpartie de cesenfantsque le CNRS
ignore eta faitdeson rêveun métier,un métier-passion.

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Aprèsavoir descendule mythique escalier desFolies
Bergère desdizainesde milliersde foisetlevé la jambe des
milliardsde fois toujoursavec lesourire, elle lève aujourd’hui
levoilesur lescoulissesdeson métier etnousfaitdécouvrir
qu’entre «strass» et«stress» la diférence netientqu’àune
toute petitevoyelle.
Aimée Librizzi nousfaitentrer dansl’intimité d’un
grand music-hall,une microsociété àstructure pyramidale
(commetouteslesgrandesentreprises)… à la base,une
multitude d’hommesetde femmesqui donnentle meilleur
d’eux-mêmespour qu’au sommet triomphe la meneuse de
revue etla renommée de l’établissement.
Pour parvenir au sommetde cette pyramide, nombreuses
sontlesintriguesde couloirs, lescoupsbasetc…sansoublier
lescanapés sur lesquelson ne doitpas uniquement s’asseoir
si l’onveutêtre en hautde l’aiche etpasducôté de la colle.
En in devie,une danseuse peutdonnerson corpsà la
science comme à l’adolescence elle l’a donné à l’impatience
et savie durantà la danse.
Contrairementàune pensionnaire desFoliesBergère
lorsqu’un maieuxquivientde remplirson contrat se
demande : « l’ai-je bien descendue ? », il ne parle pasd’escalier.
Et
Si
C’étaità recommencer
Aimée Librizzi
Immédiatement
Elle recommencerait
DIDIER KAMINKA

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La face cachée de la paillette

l y a le côté brillant de la paillette, la beauté d’une opérette
I
ou d’une revue où tout est magie, richesses, profusion de
plumes et de paillettes ornant de somptueux costumes.
Quand les spectateursadmirent toute cette beauté,
peuvent-ils s’imaginer letravail de fourmi nécessaire pour
arriver àtantde beauté, les tonnesde matérielsquisesont
entasséesdans touslesrecoinsdu théâtre avec descentaines
de potsde peinturespour lesdécors, despaillettes, des
strasspar kilos,sanscompter leskilomètresde rubanset
sansoublier le millier d’heuresdetravail accompli par plus
de 400personnes.
Etilya l’enversde la paillette, beaucoup moinsbrillant
avecsesdésillusions,ses vexationset sesrancœurs.
On ditque lavie d’artiste est unevie de rêve. Oui, du
côté brillant! Lethéâtre oule music-hallserait une grande
famille. Balivernes!
Jevouspropose de découvrir la face cachée de la
paillette. Un monde oùrègne Dame Hypocrisie. Un petit
royaume oùle petitpersonneltremble devantla Toute
Puissante Direction. Oùl’espoir d’un poste à responsabilité
faitaccepter mesquineriesethumiliations. Le rêve devient
cauchemar car la peur de perdreson emploi conduità
accepter l’inacceptable.

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En cinquante années de théâtre, j’en ai vu et entendu de
toutes les couleurs.
J’ai eu des joies, mais aussi beaucoup de frustrations.
Année 1959
Je suis petit rat auChâtelet. J’ai neuf ansetprendsmes
coursde danse avecun professeur de lavieille école. Vieille
illetoujoursaccompagnée d’un chien antipathique prêtà
mordre dèsque quelqu’un approche desa maîtresse. Elle
se met un kilo de crème insipide et visqueuse qui colle aux
lèvresquand on l’embrasse. Quand elle passe avecsa canne
chacune de nousa le droitàun coupsec pour nous sommer
de redresser le dos, positionner correctementpiedsetmains.
Elle meterriiait. De lavoir arriver avecsa canne et sa
cigarette qui ne quittaitjamais sesdoigtsjaunis.
Avantd’êtresurscène, ilya l’apprentissage dumontage
de l’opérette. On nousformaitpour exécuter les tableaux
acrobatiques.
Lesnombreusesgalipettesetrouladesavaient
endommagé mon dos.
J’avais un bleuà chaquevertèbre. Pour mesoulager, ma
petite maman me mettait une crème apaisantesurune
bande de coton etme bandaitletorse. C’està partir de cette
époque, que j’ai découvertla crème mentholée poursoulager
mesmusclesendoloris. Crème qui detoute ma carrière ne
me quittera plus. Quantà mespieds, leschaussonsainsi que
leschaussuresneuvesavaienteuraison de la peaude mes
orteilsensanglantéspar lesampoules.
Là aussi, il fautréparer lesdégâts. Pour celaun remède
eicace: de l’escalope deveaucoupée etdisposée en ines
lamellesaufond de noschaussuresremplace la peaude mes
pieds. Une énorme nausée m’envahissaità l’idée de remettre

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mes chaussures.Quelsupplice pour reprendre le lendemain
surun petitcorpsendolori.
Le chorégraphe nousmontre despasde danse que
nousn’arrivonsni à comprendre, ni à exécuter. Il nousfait
recommencerune fois, deuxfois, dixfois. Nousplaçantà
droite puisà gauche, en ligne… nousfaisantrecommencer
encore etencore en noushurlantdanslesoreillesque nous
nesommesque desabruties. Et touslesjours, on répète
inlassablementensubissantlesmêmesinsultes.
Insultesqui la nuit, dansnotresommeil, continuent
de résonner dansnospetites têtesd’enfantsépuiséeset
meurtries. Maisle rêve de devenir danseuse initpar justiier
le cauchemarvéculaveille. Chaque nuit, Morphée apaise
corpsetcœur etm’ofre pour le joursuivant sesailesde
papillon. Le lendemain au sautdulit, le petitratduChâtelet
que jesuis, ière comme Artaban, frétille de joie à l’idée de
reprendre letravail.
Maisaumatin qui chante, lendemain qui déchante. On
ne peutpas trouverun proverbe plus vrai. Sortie desdraps
douillets, deboutaupied dulit, retenant une grimace de
soufrance, je prendsconscience que je nesuisque douleurs.
Par chance, on ne répète pas touslesjoursen débutde
montage. Ce qui laisse à notre corpsla possibilité dese
reconstituer.
Pluslesrépétitionsavancentetplusje me demandesi je
ne mesuispas trompée de métier.
Moi qui rêvaisdepuisma plus tendre enfance de porter
de beauxcostumes surscène;devant un public ébahi, je ne
subissaisquesoufrancesetbrimadesdans un immense
théâtrevieillot.

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La première représentation sur scène avec le public, m’a
rendue malade, mal de ventre et envie de vomir toute la
journée.
Maman ditque c’estletrac etque cela passera dèsque je
seraisurscène. Je n’aime pasletrac, je nesaispasaujuste
ce que celaveutdire. Etil me faudra plusieursannéespour
en comprendre lesenset toute mavie de danseuse pour le
maîtrisersansjamaisle faire disparaître.
C’està moi. Je m’élancesurscène. Etj’assiste àun
véritable miracle. Miracle desMiracles! Dansla lumière
sousle regard ier de ma petite maman etadmiratif du
public, mon corpsnesoufre plus. Le réel par magies’eface
etje me métamorphose en ange. Né dansl’instantetdans
la Lumière. Moi quisuispar la grâce de je nesaisquel Dieu
dansla fameuse etmystérieuse cinquième dimension.
Paslongtemps. Car brutalement, je reviens sur Terre.
J’atterris telun ange déchuquisesouviendra à jamaisde ce
moment vécudansce monde horsdu tempsetde l’espace
qu’estlascène.
Je découvre que jesuisen faitdans une jungle, où tousles
mauvaiscoups sontpermispour obtenir la meilleure place.
Celle dudevantde lascène. Endroitconvoité partoutes.
Nous voulons toutesêtre la plusremarquée. Nous voulons
être l’unique danseuse à cette place privilégiée.
Nousn’étionsque desenfantsmaison nes’épar

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