Le cinéma libertaire et libertin
418 pages
Français

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Le cinéma libertaire et libertin , livre ebook

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Description

Le présent ouvrage est le fruit d'une année d'entretiens avec des personnalités du cinéma contemporain, toutes "éprises de liberté" dans leur façon d'aborder le Septième Art, soit de manière "libertaire", soit de manière "libertine". En tout, 25 entretiens avec des personnalités comme Jean-Pierre Mocky, Catherine Robbe-Grillet ou Jean-Claude Dreyfus. On découvrira, au fil de ces révélations, quelques-uns des morceaux de bravoure de ces cinéastes qui n'ont pas eu peur de provoquer, au risque parfois de croiser la censure d'une société souvent trop conformiste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336388212
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4ème de couverture
Copyright



























Photographies (couverture et intérieur) : tous droits réservés
EAN Epub : 978-2-336-73832-1
Titre

Jacques R ICHARD







Le cinéma libertaire
et libertin
PRÉFACE
Que fait un cinéaste entre deux films ? Il pense cinéma, il rêve cinéma, il continue à vivre le cinéma au jour le jour, en préparant un nouveau film.
C’est une Passion à plein temps, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. C’est pourquoi, entre deux films, j’ai eu envie d’animer pendant un an, d’avril 2011 à mars 2012, une émission consacrée au cinéma sur Radio Libertaire, trois fois par mois, et de recevoir des amis, des personnalités du cinéma, dont il me semblait que leurs idées sur le Septième Art pourraient faire rebondir les miennes. Ce fut donc un travail (et un plaisir) d’écoute, pour moi et les auditeurs, mais aussi un travail de « relance » de leurs propos afin de guider leur pensée vers ce qui me semblait être une « exigence morale » vis-à-vis du cinéma lorsqu’il est pratiqué avec exigence justement, pour creuser le sillon des films qui peuvent compter, qu’ils soient adoubés par le public ou non. Parfois ce sont les zones d’« ombres » qui recèlent le plus de « lumière »…
Mes invités sont plus ou moins connus du grand public, des réalisateurs, des comédiens dont les noms sont associés à certains succès, mais parfois aussi des chercheurs sur pellicule, des historiens du cinéma, des professionnels du film derrière la caméra, dont les noms ne sont pas forcément immédiatement identifiés par tous, mais chacun fût passionnant, et tous avaient à nous apprendre de leur parcours, de leurs expériences et de leur vision du cinématographe. C’est pourquoi il m’a semblé intéressant que ces paroles ne s’envolent pas à jamais, mais soient rassemblés dans cet ouvrage, pour constituer ces visions du cinéma, en phase avec notre époque. Derrière « la forme » radiophonique, se trouve « un contenu » précieux, que j’ai souhaité partager avec le lecteur.
Pourquoi « LE CINEMA LIBERTAIRE ET LIBERTIN » ? Tout d’abord parce que cette émission que j’avais baptisée « CINEMA EN FREE STYLE » était diffusée sur les ondes de Radio Libertaire, donc en priorité à destination d’un auditoire plutôt résolument « anarchiste », que les propos et les thèmes échangés l’ont été dans une perspective de « liberté », autour d’un « cinéma libre », et aussi parce que souvent mes invités travaillaient sur la notion d’érotisme au cinéma, dans ce qu’il peut porter de « liberté » là encore, sinon toujours « libertaire », dans les images et la conception des relations entre les êtres.
Il me faut ici remercier trois personnes, Patrick Muller de Radio Libertaire, qui m’ouvrit les ondes de cette radio vraiment différente des autres : « sans pub, ni Dieu, ni maîtres, sinon ceux du 7 e Art », Francis Bonfanti qui fût le plus souvent l’ingénieur du son de l’émission, ainsi que Florence , elle aussi parfois à la console du studio, et qui ensuite a mis en œuvre la transcription de ces émissions, travail fastidieux s’il en est, ainsi qu’Anne Lejon et Alain Bartissol.
Jacques Richard
Entretien avec Jean-Pierre Mocky
Réalisateur et acteur français, Jean-Pierre Mocky a réalisé notamment « Les dragueurs », « Les compagnons de la marguerite », « A mort l’Arbitre », « Un drôle de paroissien », « le miraculé », « Solo », « Y a-t-il un français dans la salle », « L’Albatros », l’Ibis rouge », « Les saisons du plaisir », « Un linceul n’a pas de poches ».


JR : Jean-Pierre Mocky, vous avez fait plus de 53 films, des longs-métrages, plus des courts…
JPM : Ça dépend comment on les compte : si on compte les petits films que j’ai faits pour la série Hitchcock , j’en ai fait 77, dont 24 films d’une demie heure, donc ça fait quand même pas mal, mais c’est très bien 53, 55, 57…
JR : Voilà, c’est un nombre variable, c’est une filmographie quand même assez extraordinaire, il y a aussi un cinéma que vous venez d’acheter, qui s’appelle Le Despérado, qui est dans le V e , et qui passe beaucoup de films. Une salle ouverte aussi à des jeunes cinéastes si j’ai bien compris, par moment.
JPM : Oui. C’est-à-dire que si vous voulez, Truffaut est le premier d’entre nous qui a voulu faire ça, en achetant l’ancien Studio Cujas, qui est devenu ensuite l’Accattone. Alors il faut revenir à l’histoire des cinéastes qui ont des cinémas, parce qu’il n’y en a pas beaucoup. Le premier, c’était Louis Delluc . Alors Louis Delluc, on disait tout à l’heure qu’on risquait de pas me connaître, on connaît le Prix Louis Delluc, mais on ne connaît pas Louis Delluc , la plupart des gens ne savent pas qui c’est. Et en fait, c’était un journaliste qui est devenu metteur en scène, et qui a acheté un cinéma parce qu’il ne pouvait pas sortir ses films. Alors il a acheté « Les Ursulines » , et il y a présenté ses films, pendant un moment, voilà, et après il est mort, et on a dit « On va t’créer le Prix Louis Delluc » .
On parle de jeunes : effectivement les jeunes ne connaissent pas tous ma carrière, mais j’ai eu le plaisir en faisant un téléfilm qui s’appelle « Colère » d’avoir 3.700.000 téléspectateurs. Et devant l’étonnement du directeur général de l’époque, devant ce succès d’audience, il a fait une petite enquête, et il s’est aperçu que ceux qui avaient regardé ça, c’était des gosses de 15 à 25 ans, et je pense que ça s’explique par mon côté un petit peu gueulard qui plaît à ces jeunes qui veulent eux aussi gueuler. Et mon cinéma, le Despérado, qui anciennement s’appelait l’Action École, ouvert en 1977, était avant spécialisé dans les vieux films américains. C’était vraiment le truc du directeur Jean-Marie Rodon , tous les films américains sont passés là pendant trente ans.
JR : Louis Delluc , c’est lui qui a inventé d’ailleurs le concept de 7 e art, avec Ricciotto Canudo.
JPM : Et c’est formidable parce que par exemple aujourd’hui on donne le Prix Jean Vigo , mais peu de gens savent qui est Jean Vigo , malheureusement. J’ai d’ailleurs tourné dans le film de Godard, « Grandeur et décadence d’un petit commerce : le cinéma » : le rôle du producteur de Jean Vigo , qui était joué par Jean-Pierre Léaud .
Je dînais l’autre jour avec Woody Allen , et Woody est un homme très très inquiet, et alors il me dit « Mais pourquoi j’prendrais pas une part dans ton cinéma ? ». Parce que le problème de l’artiste vieillissant, metteur en scène, qui a l’impression qu’il va crever et que plus personne ne va s’intéresser à lui, c’est de se constituer comme une niche, comme une petite cache, une petite cachette où on peut projeter ses films même s’il n’y a personne qui vient, on a un espèce de plaisir, c’est un peu comme un mec qui baiserait une danseuse et ça lui coûterait un certain prix, mais il serait content d’avoir baisé une danseuse… Alors moi, c’est le cinéma qui me fait bander, et je me dis que même si on perd un peu d’argent, on a ce plaisir de ne pas être retiré de l’affiche. Parce que le drame du metteur en scène, c’est que vous sortez un film, et aujourd’hui au bout de huit jours, si le film n’a pas fait tant de fauteuils, vous êtes plus là. Alors ça c’est horrible, c’est un déchirement, financier aussi, parce que les gens payent pour la publicité. Moi, mon problème, c’est que je n’ai rien payé pour ma publicité, ce qui fait que personne ne vient étant donné que les gens ne savent pas que ces films existent, il n’y a pas une seule critique de parue, sur aucun de mes trois derniers films. (rires)
JR : Alors, ces trois films, moi je les ai vus, il y a « Crédit pour tous » avec Dominique Pinon , qui est un sujet brûlant…
JPM : Ça a commencé par une histoire assez triste, un jour j’ouvre le journal, parce que je m’inspire souvent de faits d

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