Le néon dans l art contemporain
107 pages
Français

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Le néon dans l'art contemporain , livre ebook

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Description

Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, le jeu follet des néons attise le regard des artistes contemporains qui s'en emparent et l'expérimentent .
Cet essai évoque leur travail, et confronte aux feux des nocturnes du XVIIe siècle les oeuvres en lumière artificielle, afin d'y lire une nouvelle spiritualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2006
Nombre de lectures 393
EAN13 9782336253374
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Art en bref
Collection dirigée par Dominique Chateau et Agnès Lontrade
Publiée avec la participation du centre de Recherche sur l’Image et de l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne

A chaque époque, le désir d’art produit non seulement des œuvres qui nous éblouissent ou nous intriguent, mais des discussions qui nous passionnent. L’art en bref veut participer activement à ce débat sans cesse renouvelé, à l’image de son objet.
Appliquée à l’art présent ou passé, orientée vers le singulier ou vers le général, cette collection témoigne d’un besoin d’écriture qui, dilué dans le système-fleuve et engoncé dans l’article de recherche, peut trouver à s’épanouir dans l’ouverture et la liberté de l’essai.
A propos de toutes les sortes d’art, elle accueille des textes de recherche aussi bien que des méditations poétiques ou esthétiques et des traductions inédites.
Dernières parutions
Franck DORIAC, Le Land Art... et après, 2005.
Jean — Yves MERCURY, La chair du visible. Paul Cézanne et Maurice Merleau-Ponty, 2005.
Pierre FRESNAULT-DERUELLE, Le silence des tableaux, 2004.
Alexandre CASTANT, La photographie dans l’œil des passages, 2004.
Jean-Claude LE GOUIC, L’Art du semis, 2003
Suzanne LIADRAT-GUIGUES, Cinéma et sculpture, un aspect de la modernité des années soixante, 2002.
Virginie-Alice SOYER, Le Muséum des curiosités imaginaires, 2002 (hors série).
Michel CONSTANTINI, L’image du sujet, 2002.
Luca GOVERNATORI, Andreï Tarkovski, l’art et la pensée, 2002.
Alain CHAREYRE-MÉJAN, Expérience esthétique et sentiment de l’existence.
Antoine HATZENBERGER, Esthétique de la cathédrale gothique.
Le néon dans l'art contemporain

Anne Blayo
www.librairieharmattan.com Harmattanl @wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747598392
EAN : 9782747598392
Sommaire
L’Art en bref Dernières parutions Page de titre Page de Copyright Prologue Révolution des planètes et des idées
Révolution des planètes Lux & Nox Fée électrique L’aurore du néon
Le néon « dans tous ses états »
« Le grand néon », néon cosmique — Lucio Fontana « Objet cache-toi », néon pauvre - Mario Merz « Neonly », néon rococo mais mathématique — François Morellet « None Sing, Néon Sign », néon impératif — Bruce Nauman « The Angel », néon liturgique — Stephen Antonakos « The diagonal of personal ecstasy » , néon architecte — Dan Flavin « Plus de lumière », néon sarcastique — Claude Lévêque « Réunir », néon utopique — Jean-Luc Vilmouth, « Last Breath », quintessence du néon — James Turrell
« Le parti pris des choses » Confrontations, proximités
La mort. Le seuil Peinture d’une Vanité. Vanités contemporaines Communion. Réunion « Faire le portrait de la lumière ». La désincarnation
Epilogue
Prologue
« C’est toujours comme ça lorsqu’on parle d’un sujet parce que ce sujet vous fascine, mais il vous fascine vous-même plus que celui à qui nous l’imposons tout de même, en fin de compte, avec tout le sans-gêne frénétique dont nous sommes capables. »
Thomas Bernhard 1

D’où me vient ce goût pour les lumières de la nuit?
Des voyages, traversées nocturnes, dans l’enfance, où pétillaient les feux des véhicules en hauts contrastes, dans la pénombre et le silence, rivalisant en une course étrange avec ceux du ciel.
De la plastique des reflets d’enseignes, après la pluie, sur le bitume tel un glacis.
Des grands formats, supports noirs, sur lesquels je peignais afin d’y crever l’obscurité par éclats.
De ce lieu, café hétéroclite qui m’inspira une série de photographies où les néons 2 flottaient entre deux superpositions.
L’intérêt pour ces éclairages me poussa jusqu’à l’illusoire Las Vegas afin d’y happer le déballage saturé de ses (ces) chimères.
Leurs scintillements submergèrent mon inconscient et il m’apparut alors que je ne puis dissocier la nuit de ces lumières.
Il y a un siècle encore, j’eus, à la flamme d’une chandelle, soumis les ombres de mes lettres sur la page. Aujourd’hui, somnambule, je médite longeant la kyrielle « mescalinienne » des enseignes au néon, qui survolte dans ses rets la nuit, brasillant alors.
Une vision émulsionnant mes rêves, je me perçus survolant la voûte d’un pont au tablier de vitrail et cette mosaïque de couleurs fusionna tous ces paysages diaprés.
Aussi, réconciliant en cet arc-en-ciel et la Voie lactée et nos guirlandes saturées d’éclairage artificiel, trouvais-je l’origine de ce travail.
Tandis que le feu naturel à travers les siècles ensorcelait les nuits, ponctuant chandelles, auréolant flambeaux, éclairant lampes, incendiant foyers, ce sont les lumières électriques qui aujourd’hui s’unissent à l’imaginaire et clignotent quand le soleil décline, quand la nuit, métaphore du dédoublement de l’être entre hallucination et vision, monte.
J’en vins à me questionner : ces premières lumières avec lesquelles les peintres du XVII e , âge d’or des Nocturnes, travaillaient, ont-elles un lien avec celles particulières des néons, que nombre d’artistes utilisent dans leurs rxuvres ?
Si nous lisons les Nocturnes du XVII e siècle sous un éclairage spirituel et religieux, au xx e siècle qu’en est-il ? La spiritualité de la lumière s’est-elle seulement transmuée dans ces œuvres de néon, en lumière spirituelle, au sens pris au pied de la lettre de « qui a de la vivacité, qui sait briller et plaire » 3 ou, en une spiritualité moderne qui réfléchirait l’histoire de la nuit insondable, en art.
Comme Prométhée, les artistes dérobent le feu urbain pour le donner à l’art, le mettre en lumière ou en abîme.
Des ombres, ces fantômes blancs de la nuit, ont rodé en mon esprit. Très subjectivement ce sujet s’est esquissé, son rythme s’est intuitivement développé.
J’ai convoqué l’essai pour livrer le déroulement de ma pensée. Ai choisi d’évoquer rapidement dans « Révolution des planètes et des idées », la première partie, les correspondances entre le XVII e siècle et le XX e siècle aux niveaux scientifique et philosophique, puis ai suivi le fil de la spiritualité et de la nuit à travers les œuvres au néon d’artistes contemporains depuis les années soixante ; « Le néon dans tous ses états » s’y découvre. Enfin, avec «Le parti pris des choses », j’ai souhaité confronter des scènes de nuit ou apparentées, du Caravage et de La Tour avec des œuvres en néon.
Cette étude voudrait vérifier mon hypothèse : le néon dans l’art contemporain serait-il attribut de la nuit ?
Révolution des planètes et des idées
Révolution des planètes
Mais quel est l’entendement de la lumière au XVII e , le nôtre rayonnerait-il différemment ? Quelles illusions, certitudes, hésitations ont traversé le temps ?
Considérant deux peintres illustres, Caravage et La Tour, spécialistes, presque inventeurs des « Nocturnes », je vais tenter de résumer les conceptions alors vacillantes que l’Eglise de leur époque cultivait alors même qu’une perception radicalement moderne se détachait des observations de savants astronomes. En effet activités astronomiques, et artistiques vivaient en étroites relations.
Au XVI e siècle, le schéma de Ptolémée ( 100 - v.170) qui imaginait la terre fixée au centre de l’Univers, expliqué par un système cosmologique ingénieux, puis adapté aux Ecritures, semblait une théorie achevée, dogmatisée par l’Eglise. Pourtant Ptolémée avait remarqué qu’en admettant la rotation terrestre, les calculs s’harmonisaient mieux. Une telle hypothèse contredisait tellement les apparences immédiates et la physique d’Aristote, qu’il s’autocensura. Nicolas Copernic (1473-1543) revient sur ces idées. Il publie en 1543, un traité De revolutionibus orbium coelestium, libri VI, dans lequel il émet l’hypothèse d’un système héliostatique. Luther le traitera dans ses Propos de table, de « fou qui veut mettre tout l’art de l’astronomie à l’envers » 4 , et notera que ces idées sont incompatibles avec les Ecritures. Alors que le concile de Trente (1543-1563) se lance dans une Contre-Réforme et réactive la Sainte-Inquisition, l’Eglise ne semble pas réagir à cette publication. Pourtant elle réaffirme que seul le sens littéral de l’Evangile sera admis, et que la Scolastique donne l’unique interprétation du monde qui nous entoure. Et Dieu dit : « Que

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