Ballets de crabes
318 pages
Français

Ballets de crabes , livre ebook

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318 pages
Français

Description

Cet ouvrage est une chronique rétrospective que nous a laissée André Persiani, musicien français. Il nous offre un témoignage incomparable sur une tranche de l'histoire musicale, sociale et politique du XXe siècle. Ecrit dans un style dont la gouaille et la causticité ne le cèdent en rien à la concision du propos, il retrace une sorte de cavalcade autobiographique et encyclopédique dans laquelle Rabelais, Michel Audiard, Pierre Dac et un critique de jazz seraient au coude à coude.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 22
EAN13 9782336337654
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

André Persiani
c deBalletsMémoires d’un musicien de jazz français crabes
Ballets de crabes
André PERSIANIBallets de crabes * Mémoires d’un musicien de jazz françaisAvant-propos de Roland Guillon
L’ÉCARLATE20 ans d’édition
Voir catalogue en fin de volume
© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Pariswww.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30546-2 EAN : 9782336305462
Avant-propos
Roland Guillon, sociologue, auteur d’essais sur le jazz
Cet ouvrage est une chronique rétrospective que nous a laissée André 1 Persiani (1927-2004) , musicien de jazz français, sur une longue période de sa vie. Reconnu sur la scène nationale et internationale du jazz, en tant que pianiste et arrangeur, il nous livre son regard caustique et concis, dans un langage fleuri, sur une tranche de l’histoire musicale, politique et sociale du e XX siècle. Fusionnant son amour intense de la vie et sa pensée libertaire, l’auteur nous entraîne dans un ballet trépidant où se croisent parents, amours, amis et musiciens. Les uns et les autres sont replacés à chaque époque d’une histoire où s’agitent autant d’acteurs que n’épargnent ni les calembours, ni les contrepèteries : aristocrates, militaires, politiciens (républicains ou non), phynanciers, ecclésiastiques, artistes (créateurs ou non), journalistes (pisse-copie), parents ou quidams. André Persiani nous livre ainsi ses souvenirs d’enfance, puis de jeunesse, pour avancer dans sa période de maturité jusqu’aux années 1960. On peut y suivre les étapes de sa formation de musicien, mais aussi d’homme de culture dont la verve populaire ne le cède en rien à l’encyclopédisme. Le lecteur fait d’abord la connaissance du père d’André, Auguste Angelo Persiani, né à Livourne en 1893, pianiste, accordéoniste par nécessité, éditeur, redevenu pianiste, auteur des fameuxMoines de Saint-Bernardin. Blanche, la maman, née en Belgique, restera toute sa vie chère au cœur d’André. Beaucoup d’autres personnages de la famille – pittoresques – comme Mère-grand, Beau-Papa Robert ou la belle cousine de Bruxelles, complètent le tableau. Les amours d’André, et successivement, sa première épouse, décédée d’un cancer à New York, puis Gwendolyn, la mère de Stéphane, sont évoquées très directement dans les coulisses du jazz. Le lecteur traverse le Paris des bals et des Grands Boulevards, celui des Ballets Russes et de l’accordéon, celui des Expos universelles, celui des Ligues et du Front Populaire, celui de l’Occupation, de la Libération, puis de e e la IV République et de la V République, avec aussi des incursions dans les colonies. Le lecteur n’oubliera pas non plus cette tournée déjantée à travers une Allemagne en pleine reddition, avec la troupe d’une revue pour GI’s.
1  Le manuscrit de cet ouvrage, écrit par l’auteur – retiré à Angers – lors de ses soixante-dixièmes années, dactylographié par les soins d’Erich Fisbach et corrigé de la main même de l’auteur, nous a été confié par son fils : Stéphane, contrebassiste et musicien de jazz. Ajoutons qu’Erich Fisbach est lui-même le petit-fils d’un des pionniers du jazz français : le saxophoniste Roger Fisbach.
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Chaque moment est l’occasion de retracer avec précision la geste et la réception du jazz en France. Hommage est ainsi rendu aux pionniers du jazz en France comme Hugues Panassié et Charles Delaunay. De même que l’auteur évoque ses compagnonsmusicosavec humour et chaleur. On retrouve ainsi l’explication de son surnom Pépé, acquis dès l’âge de 22 ans par les soins d’un guitariste, "FistonMirval", ainsi que l’orthographe de son nomPersiany, consacrée par une critique louangeuse d’Hugues Panassié, parue dans un numéro de la revueJazz Hotde 1946. On retrouve aussi, à de multiples reprises, nombre de musiciens français, parmi lesquels se détachent les liens d’amitié du pianiste avec trois saxophonistes : Guy Lafitte, Michel De Villers et Marcel Zanini. Sans oublier d’autres pointures que sont, entre autres, le pianiste Bernard Peiffer, le saxophoniste Hubert Fol, le trompettiste Roger Guérin, le violoniste Stéphane Grappelli ou le clarinettiste Sidney Bechet. On revit aussi les sets et les nuits des Trois Mailletz ou du Club Saint-Germain, ainsi que plusieurs tournées en province ou en Europe (avec le trompettiste Buck Clayton, le chanteur de blues Big Bill Broonzy, ou les clarinettistes Mezz Mezzrow et Sydney Bechet). Sans oublier des arrangements écrits pour le compte de Boris Vian ou Henri Salvador. Des moments importants de la geste jazzistique d’André Persiani sont, bien sûr, ses deux séjours aux Etats-Unis – le premier de 1956 à 1958 et le second, de longue durée, à partir de 1961, pendant les années 1960. Ils seront l’occasion pour lui de travailler avec une pléiade de talents du jazz états-unien : le clarinettiste Tony Parenti, le batteur Zutty Singleton, le trompettiste Jonah Jones, ainsi que le saxophoniste Bud Freeman, et bien d’autres encore. C’est à New York qu’André avait appris que le disque qu’il avait enregistré avec Guy Lafitte pour lesJazz Stars Series deColumbiaavait obtenu le Grand Prix de l’Académie du disque français en 1956. L’amateur de jazz trouvera donc une mine de renseignements livrés par l’expérience et le regard pointu d’André Persiani – en ce qui concerne notamment son admiration de jeunesse pour le style du pianiste et organiste Milt Buckner, avec lequel il devait jouer plus tard, ou encore son flair sur l’émergence de nouveaux talents pianistiques (Martial Solal, Georges Arvanitas, René Urtreger, Michel Sardaby ou Keith Jarrett).
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Chapitre 1
D’après les Anciens, en ce samedi 19 novembre 1927, on pouvait lire dans les gazettes, que Monsieur Georges Leygues, ministre de la Marine, grand comique de l’Etat avait prononcé un beau discours sur la renaissance de ladite Marine Française. Il était temps depuis Trafalgar ! Parait même qu’en profitant de l’occasion, le drôle aurait ajouté, verre à la main : "Il était temps petit navire…", mais je doute fort, vu que le ministre ne buvait que …de la flotte. On apprenait également qu’à l’Olympia, le fakir Blacaman, devant l’engouement de son public, se faisait dévorer par ses lions en matinée et en soirée…, et qu’un neuvième personnage avait été arrêté dans l’affaire des titres hongrois. Hongrois rêver… Il fallait bien admettre à la lecture des pages publicitaires que les Parisians Pills étaient radicales contre l’impuissance…, qu’indéniablement les Produits Pageol « étaient indétrônables concernant les blennorragies et autre calamités de l’amour (sic)…, que le cabinet Roussel (gaz à tous les étages) vous faisait divorcer à crédit »… Sans doute payait-on moitié comptant, l’autre moitié en colère… Enormes les Chibres d’affaires d’après les Anciens… Comment peut-on se vautrer dans le romantisme après ça, sans sombrer dans la plus franche rigolade ? Seul un certain Marcel Aymé a tenté en vain de nous sortir du pétrin. Il a expliqué « l’amour est sensé être un sentiment par lequel le cœur se porte vers ce qui l’attire fortement ». Une ventouse, par exemple ? Perplexes, on reste… Il raconte également que l’amour est une disposition de l’âme et que ce matériau est le principe même de la vie. Là je m’interroge : Ame… pure abstraction… « Il n’y a pas âme qui vive »… Nul n’a jamais entendu parler d’une âme sidatique… ou d’une tumeur à l’âme… d’une âme éthylique… sirop positive… Que faire ? Aimer de tout son être ? Le boute-en-train maison – noces et banquets – a vainement tenté d’ajouter du poil partout, histoire d’émailler ce triste tableau… le bide complet il s’est ramassé… vu que la famille est totalement allergique à cet humour primaire… Poil aux genoux. Peu de crétins du show-biz ou d’ailleurs vous le diront, à cause de leur statut de crétin précisément, que le parler de soi sans plonger dans l’outrance – « Dieu que c’est moi ! » – relève plutôt de la gageure que de la choucroute garnie vu qu’on gamberge illico au blaireau confortablement installé devant son merveilleux nombril unique au monde… tout en tentant de prendre à son avantage les diverses phases de sa misérable existence de légume à deux
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