Geste de la voix et théâtre du corps
145 pages
Français

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Geste de la voix et théâtre du corps , livre ebook

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Description

La voix est un geste du corps. Elle ne peut se réduire à être le support de transmission d'un code. Ce livre, à l'écoute du chant inouï qui traverse le XXe siècle, des dadaïstes à l'insurrection verbale d'Artaud, des poésies sonores protéiformes aux vocalités hybrides, questionne le rôle et la place du corps dans une vocalité élargie au "chant des technologies".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 421
EAN13 9782336279176
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Art en bref
Collection dirigée par Claire Lahuerta et Agnès Lontrade
Publiée avec la participation du centre de Recherche sur l’Image et de l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne

A chaque époque, l’art produit non seulement des œuvres qui nous fascinent, mais des discussions qui les prolongent et nous passionnent. La collection L’Art en bref souhaite participer activement à ce débat sans cesse renouvelé.
Depuis sa création, L’Art en bref est orienté vers la diffusion de textes courts et incisifs et a pour ambition particulière de publier des écrits relatifs à l’art, de type critique, esthétique et plastique.
Engagés dans le champ de la philosophie, de l’histoire et de la théorie des arts plastiques, les ouvrages sont essentiellement — mais non exclusivement — ancrés dans la sphère de l’art contemporain. Le terme art contemporain s’entend ici dans sa dimension transdisciplinaire : arts plastiques, esthétique, littérature, poésie, architecture, danse, cinéma, théâtre, scénographie plasticienne, etc.
La collection invite auteurs et chercheurs à manifester leur engagement critique par une approche pertinente d’oeuvres et de thématiques esthétiques. Mêlant art et philosophie, la collection offre la possibilité de penser l’ouvrage comme objet, en intégrant une reproduction d’œuvre en couleur libre de droit comme première de couverture, et en choisissant, en accord avec le comité de lecture, des illustrations noir et blanc, cohérentes avec le contenu de l’ouvrage.
Dernières parutions
Aline CAILLET, Quelle critique artiste ? Pour une fonction critique de l’art à l’âge contemporain, 2008.
Bruno TRENTINI, Esthétique de l’ellipse, 2008.
Olympe JAFFRÉ, Danse et Nouvelles technologies : enjeux d’une rencontre, 2007.
Salvador RUBIO MARCO, Comprendre en art, 2006
Anne BLAYO, Le néon dans l’art contemporain, 2005.
Franck DORIAC, Le Land Art... et après, 2005.
Jean-Yves MERCURY, La chair du visible. Paul Cézanne et Maurice Merleau-Ponty, 2005.
Pierre FRESNAULT-DERUELLE, Le silence des tableaux, 2004.
Geste de la voix et théâtre du corps
Corps et expérimentions vocales à la croisée des pratiques artistique du XXe siècle à nos jours

Sophie Herr
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296069749
EAN : 9782296069749
Sommaire
L’Art en bref Page de titre Page de Copyright Dedicace Ouverture Première partie - VOIX, SOUFFLE ET BATTEMENTS DU CORPS
Du grain de la voix au murmure du corps Le moule du corps et l’empreinte de l’air Du souffle au rythme du corps
Deuxième partie - LE GESTE VOCAL
Du corps au langage Geste vocal et dualisme corps/langage Le double apparaître du geste vocal
Troisième partie - UNE POETIQUE DU MATERIAU VOCAL
La voix autonome Portrait acoustique et défigurations Lutheries numériques et prothèses phoniques En guise de conclusion
BIBLIOGRAPHIE TABLE
Pour Émilie,
La solitude de l’écriture et le temps passé à la recherche ne me font pas oublier que ce projet, lorsqu’il n’en fut qu’à son stade embryonnaire et me semblait encore inenvisageable, reçut le soutien de Jacinto Lageira que je tiens ici à remercier. D’autant plus que cette recherche — et par-delà l’exercice universitaire — qui m’apparaît aujourd’hui comme la nervure de mon cursus bigarré me tenait tout particulièrement à cœur.
Une adresse et une dédicace « Man fühlt den Glanz von einer neuen Seite, auf der noch Alles werden kann » (Rilke) en ce jour, le tien — 23 janvier.
Zurich, galerie Dada, le 25 juin 1917.
« J’avais placé des pupitres à musique sur trois côtés de la scène et j’y avais disposé mon manuscrit écrit au crayon rouge… Puis je me fis porter sur scène dans l’obscurité. Après quoi je commençai sur un ton lent et majestueux : gadgi beri bimba glandridi lauda lonni cadori gadjama gramm berida… » Hugo Ball
Lichtenstein 1968.
Introduction à un récital :
« Mais le terme même de poésie me semble faussé. Je préfère peut-être : “ontophonie”. Celui qui ouvre le mot ouvre la matière et le mot n’est qu’un support matériel d’une quête qui a la transmutation du réel pour fin. (…)
En d’autres termes : je m’oralise. »
Gherasim Luca
« La prononciation d’un texte comporte la présence du corps et c’est un effet du corps. Donc, c’est déjà du théâtre en tant que tel. » Edouardo Sanguinetti
Ouverture
« La voix, le corps, là est la grande affaire à l’évidence. La voix et le corps, la voix ou le corps…, tournez çà comme vous le voudrez, comme vous l’entendrez, mais c’est bien dans cette ronde, dans ce contour que tout se joue. »
Alain Arnaud, Les hasards de la voix .

À l’aube du siècle précédent, s’élèvent encore portées par l’acoustique complice des théâtres lyriques, les voix, dépourvues d’artifices technologiques, amples et sonores des chanteurs. Patiemment modelées par un long travail, les vocalises s’élancent puissantes jusqu’au dernier siège. « Cosa naturale » disent les anciens maîtres. Naturalité qui pourtant s’accompagne de la plus haute technique, et toute la technique du bel canto vise cette « projection » maximale de la voix à partir des seules ressources du corps. Très tôt, ils apprennent à placer la voix « dans le masque ». Lentement le corps résonnant s’organise autour de cette zone cruciale du visage — le loup vénitien — vers laquelle converge toute l’énergie à l’œuvre dans l’émission vocale, maîtrise de la colonne d’air à l’appui. Apprendre alors à localiser les sensations coenesthésiques dans les sinus maxillaires et frontaux et opérer dans le secret de la cavité buccale une nette élévation du voile du palais pour que puisse reposer sur la seule technique du corps l’amplification maximale de la voix. C’est le masque, sorte de « micro intégré » qui porte la voix au-dehors.
Dès le XX e siècle, l’apparition des technologies d’amplification et de manipulation de la voix détend le lien causal à l’organe vocal. Les technologies s’insèrent entre le corps et la voix et transforment les habitudes corporelles de phonation. Elles permettent l’actuelle tendance à la démesure des nouveaux théâtres qui oblige même les artistes lyriques à avoir discrètement recours aux technologies d’amplification du son. En passant du « masque » au micro, le travail d’amplification devient extérieur au corps humain. Par ce prolongement technologique des résonateurs naturels, le moindre murmure gonfle à en être assourdissant. « De la même façon qu’on peut atteindre les côtés subjectifs des choses via des zooms ou des grands angles, écrit Rudolf Arnheim, on pourrait dans le champ acoustique enregistrer la voix d’un récitant à une distance telle qu’elle semblerait atteindre l’auditeur comme un faible grondement, ou de si près qu’elle nous conduirait vers la plus grande intimité du récitant, au point d’entendre ses chuchotements, ses soupirs, sa respiration même 1 . » Le micro remplace la technique vocale et les voix « non cultivées » se font à leur tour entendre. Relayées par la technologie, les voix « abîmées », rauques, ou « cassées » font vibrer les zéniths et autres salles au gigantisme notoire. Les technologies de fixation et d’amplification de la voix s’ajoutent aux seules ressources du corps, et deviennent les véritables protagonistes du spectacle, lorsque dans le play-back, le corps mime le geste vocal et ressemble à un pantin suspendu à l’enregistrement de sa voix. Les récentes innovations numériques précipitent le divorce entre la voix et le corps humain. Synthétisée, loin de la chair, elle s’en tient aux logiciels d’ordinateurs. L’intégration d’un troisième terme − la machine − ébranle la dialectique corps-voix. Ce constat inaugural me conduit à questionner le rôle et la place du corps humain dans une vocalité élargie au « chant des technologies ».

Après avoir surgi de l’imaginaire des poètes et des écrivains, de Jules Verne à Kafka, les technologies de fixation, de manipulation et de numérisation de la voix offrent de nouveaux outils de création. Les inventions scientifiques et techniques se succèdent rapidement : 1876 : le téléphone, 1877 : le phonographe, 1855 : le laryngoscope, 1948 : le magnétophone portable. Au début du siècle, une nouvelle physique du langage se développe, la linguistique et la science phonétique sont créées. Le Nouvel Institut de phonétique expérimentale inaugure les « archives de la parole ». Les pionniers Apollinaire ou Béla Bartok entrevoient l’usage art

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