Les cercles nocturnes
170 pages
Français

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Les cercles nocturnes , livre ebook

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170 pages
Français

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Description

Les Cercles Nocturnes est la première des oeuvres de Thomas Teicher conçue avec le soin d'écriture qu'exige l'édition. Elle fut incarnée et mise en musique par Georges Boukoff, avec le concours de l'écrivain. Depuis, son désir est de publier d'autres recueils et d'en déchirer les pages sur les scènes de concert qu'il fréquente assidûment avec son groupe. L'air s'est épris de quelques chevelures/Noir sans fin, volupté d'une amnésie brève/Où gravite la couronne de respirants iris.../... Insouciante ivresse du regard pur./De Dionysos, mille feux se lèvent,/Se mêlent aux frissons faciles d'un sourire qui insiste/... Et l'aube alors s'accroche au coeur d'une saveur triste. (Les Cercles nocturnes).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 293
EAN13 9782296925724
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES CERCLES NOCTURNES
THOMAS TEICHER


LES CERCLES NOCTURNES


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-07777-5
EAN : 9782296-07777-5

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface acoustique
Les poèmes de Thomas Teicher font entendre le cuivre strident, la fêlure des bois, l’âpreté des tambours de fer d’une fanfare funèbre. Il y a de la tôle froissée, du sang qui jaillit comme des éclaboussures d’huile sur la toile d’un cauchemar symphonique aux instruments tordus. Quelle ardeur brutale à pourfendre ce qui lui résiste ! Dans quelle effervescence d’écriture en métal il jette sur l’enclume des pages son fer rougi d’hallucinations et d’angoisses, possédé par la hargne de son dégoût pour un monde corrompu et sa haine des imposteurs, comme s’il torturait de la chair, ou qu’il sculptait son propre corps en proie au feu de la métamorphose !

Précisément, c’est sa peau qu’il nous livre et sur laquelle il écrit. Le parchemin déroule les Cercles Nocturnes qui sont les déchirures, les écorchures d’une âme que chaque poème arrache au silence, comme si la momie du Verbe devait ressusciter de cette opération du langage passant d’un état léthargique à celui d’une incandescente fulgurance…

L’enjeu d’un péril de mort imminent ou d’une renaissance, voilà ce qui se joue chez ce jeune poète qui a vaincu l’asile avant de conquérir la pleine santé des créateurs que la psychose n’effraie plus. Thomas Teicher est passé, par la seule force de son combat contre la folie, d’une parole déchiquetée à une architecture sonore inébranlable. Le « grand malade » rimbaldien a fait place à l’artiste « voyant » que l’épreuve exalte et révèle. Cette métamorphose est possible par la beauté convulsive des sons. Les poèmes ont chacun leur texture sonore… variations sur un thème, rythmes obsédants, motifs plaintifs, dans une orchestration où se reconnaissent les couleurs et les timbres de Rimbaud et d’Artaud, comme celles de Parker et d’Archie Shepp.

La musique de Teicher est faite de la rugosité des accents de Coltrane. Ces mots résonnent comme les marteaux d’un piano ivre auquel manquerait la table d’harmonie. Il frappe sur les cordes avec l’acharnement du be bopper et le délire du Free jazz.
Ce qui surgit des Cercles Nocturnes, c’est une partition d’un genre nouveau capable d’allier la puissance percussive des phrases à la possession métaphysique du Verbe, c’est le souffle et l’écho commun au langage des mots et à celui du saxophone !
Ce quelque chose de neuf, je le nomme le « poémophone »… On ne peut l’entendre que sur scène, dans la furie des éclats de voix et d’accords… « Recueil » sonne comme « cercueil »… Thomaz tape sur les feuilles, tel Artaud sur son billot, pour extraire les cadavres exquis de l’Amour et de la Mort de leur torpeur charnelle et de leur gangue cancéreuse, et leur redonner vie dans la pulsation des cymbales !

Tourner les pages d’un livre ne suffit pas à l’ambition du poète pythagoricien qui voudrait voir l’impact des mots gicler sur les spectateurs et transpercer, comme des balles, les cuirasses du mensonge et de l’hypocrisie. Nous avons affaire à un écrivain tueur… un tueur d’insectes à pattes d’homme… qui réclame à son personnage d’incarner cet autre homme que Nietzsche voulait compositeur, philosophe et dramaturge... J’augure que Thomaz Teicher soit entendu par tous les publics et qu’à son écoute les auditeurs se transforment en danseurs et en Socrate musiciens.


Georges Boukoff

Fondateur du Festival des droits humains et des cultures du monde
Avant-propos
Il faut retrouver le mystère, l’ombre maléfique, l’inconnu de la soif, en finir avec cette lumière néonisée, cette excroissance de l’aufklarung qui projette sa déliquescence blafarde, sa réverbération dictatoriale sur l’entiereté de nos organes voués à se tordre sur eux-mêmes comme une colonie de lombrics.
Il faut redonner aux visages leurs contradictions, leurs contrastes, leurs contrariétés, sans quoi la laideur totale risque bien de démêler l’infinie frustration de ce siècle inapte.
J’attends de l’art qu’il soit obscur et terrifiant, insondable et terrestre, qu’il brûle, même et surtout dans son silence, l’homme de raison, l’homme limpide de nos technocraties pour que l’étrange voile de l’imaginaire renaisse, pour que de la cendre émane la déraison, la démesure, le désir infini, le dérèglement de nos mémoires-la pensée en somme…

Thomas Teicher
Ascendance des forces
Sphère de feu, effervescence cyclopéenne,
Cristal d’or et d’Orient qui de l’ombre se prévaut,
Par delà l’entassement flou de prairies bleues d’aile,
S’élève sur le Safran des levants matinaux.

Les dorures magmatiques de ses cratères,
Eruption irréelle d’écarlate folie,
Par de barbaresques rayons se desserrent,
Annoncent d’Horus, des luxuriances et l’inertie.

Souplement d’un cil se soulevant du sol
Toisant les tremblantes rosées de ses rayons ocres
Et semblant l’hostie circulaire d’une prière folle
Qui catalyse le corps d’un viol en horde,

Tu entames la marche enflammée d’une débauche,
Exaltant des conquêtes victorieuses, la faim
- fertile aimantation des convoitises d’un fauve -
Pour soumettre nos destins au repos de ton sein.

Tu conserves au creux de ta main l’effusion
D’un amour bref comme la caresse d’un rayon,Le voile d’une allusion au visage divin
Qui ne se voit que par dessus le pâle humain

Et ton apogée en la croix blanche de l’azur,
sonne le pas d’un silence d’ambre sidéral
Par où le sang se lave des veines de pluies impures
Par où la gesticulation grégaire s’éraille…
Crépuscule
Au bal ! Salle de supplices, de cuisses,
Formes de la prescription lisse,
Sol blanc des avenirs avenants,
Au son de l’abruti transant.

Jeunesse qui s’étale en ignorance
Joyeuses filles de noces qui s’allongent
Pieux oisifs sans autre songe
Que l’or et la chasse au triangle.

Accourez ! Pur beurre de culs blancs
Car l’avenir sans cœur se cache
Sous le pli des charmes de l’argent
Et feignez le besoin de cash.

En salle ! Faune inculte et fourchue
Qui se force de maquillage,
Des signes figés de la mue
Pour l’élection des plumages,

Qui se grime d’une gorge rauque
D’un hoquet d’orge que frôleLa langue dardée d’édulcorant
Pour l’hymne au plus souriant.

Vos oreilles clapotent d’un binaire
Cérumen que condense l’alcool
En hostie de prostration folle,
Vos âmes sont néant en serre

Vous qui dansez près des grandes sciences
Des expériences par échéance
Hors des devoirs qui incombent
Quand l’onde acoustique vous sonde

Quand la mémoire se repait
Sur des flots chimiques, des ions
Quand le soir stupide et surfait
Enseigne la chair rose au néon…

Alors il vous vient le blasphème,
Qui libère les moutons anxieux
Et, sans tuteur, certes courageux –
De vos couilles vous faites un thème.

Par le rail, la rose et le cri,
La gène de vos acnés pourpres
Et les rapports qui vous recoupent,
Sont amnésie sous félonie…

Au bal ! Séniles et blancs destins,
S’étranglant de cécité joyeuse
Attendant le commerce enfin
Et l’or qui pare la moelle osseuse

Vos futurs sont un égout
Que trace la ferveur d’une mante
Par l’unique voie qui soude
- Le diktat du ventre comme centre

Car vieux déjà vous êtes, l’encre,
Coule noire sur vos veines
Et vos yeux en forme de ventre,
Roulent comme des baves pleines

De prévisibles intestins
Se nouent à votre maigre faim
Qui patiemment tissent l’isthme
D’une terre de greffes et de lignes…

Mais je vous vois ! Blêmes de ma joie,
Vous, vieux, dans une maison sale,
Des couvertures étouffent vos râles,
Et la poussière masque vos croix..

Dessus vos têtes de squelette,
Frémit une pendule désuète
Qui perfore vos blancs souvenirs
Et le bal… s’en va agonir…
Corons
Indifféremment la ville joint
Au ciel trouble de miroirs de vins
Un chaos de songes invisibles,
Des ardoises, diagonales, grises,

Emmurée dans la dérision,
Dans la chaume du sadique espion,
Elle, aux toits de traumatisme,
Mange l’espoir au creux

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