Luigi Nono et les chemins de l écoute: entre espace qui sonne et espace du son
139 pages
Français

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Luigi Nono et les chemins de l'écoute: entre espace qui sonne et espace du son , livre ebook

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Description

Luigi Nono (1924-1990), compositeur vénitien et l'une des figures les plus marquantes de la musique du vingtième siècle, continue d'alimenter non seulement la réflexion sur la pratique musicale, mais aussi sur le rapport entre l'Art et l'Humanité. Cette analyse de "No hay caminos Hay que caminar... Tarkovskij" s'appuie sur l'idée que l'œuvre actualise non seulement la pensée du compositeur au plan des méthodes de composition, mais qu'elle en constitue également une application au plan de la perception.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 388
EAN13 9782296934719
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Luigi Nono et les chemins de l’écoute:
entre espace qui sonne et espace du son
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN: 978-2-296-11955-0
EAN: 9782296119550

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
J immie L EBLANC


Luigi Nono et les chemins de l’écoute:
entre espace qui sonne et espace du son


Une analyse de
No hay caminos Hay que caminar... Tarkovskij, per 7 cori
(1987)
Univers Musical
Collection dirigée par Anne-Marie Green

La collection Univers Musical est créée pour donner la parole à tous ceux qui produisent des études tant d’analyse que de synthèse concernant le domaine musical.
Son ambition est de proposer un panorama de la recherche actuelle et de promouvoir une ouverture musicologique nécessaire pour maintenir en éveil la réflexion sur l’ensemble des faits musicaux contemporains ou historiquement marqués.


Déjà parus

Michel VAN GREVELINGE, Profil hardcore, 2010.
Michel YVES-BONNET, Jazz et complexité. Une compossible histoire du jazz , 2010.
Walter ZIDARIČ, L’Univers dramatique d’Amilcare Ponchielli, 2010.
Eric TISSIER, Être compositeur, être compositrice en France au 21 ème siècle, 2009.
Mathilde PONCE, Tony Poncet, Ténor de l'Opéra: une voix, un destin , 2009.
Roland GUILLON, L'Afrique dans le jazz des années 1950 et 1960 , 2009.
H.-C. FANTAPIÉ, Restituer une œuvre musicale , 2009.
Christian TOURNEL, Daniel-Lesur ou l'itinéraire d'un musicien du XX e siècle (1908-2002), 2009.
Franck FERRATY, La musique pour piano de Francis Poulenc ou le temps de l'ambivalence , 2009.
Christophe CASAGRANDE, L'Energétique musicale, 2009.
Françoise ROY-GERBOUD, La musique comme Art total au XX e siècle , 2009.
Ziad KREIDY, Takemitsu, à l'écoute de l'inaudible, 2009.
Roland GUILLON, Le Hard bop, au cœur du jazz moderne, De Chicago, Detroit, Pittsburgh, Philadelphie à New York , 2008.
Eric HUMBERTCLAUDE, Empreintes. Regards sur la création musicale , 2008.
Françoise ESCAL, Espaces sociaux, espaces musicaux , 2008.
Marcel VAL, Lexique d'acoustique , 2008.
Jérémie KROUBO DAGNINI, Les origines du reggae: retour aux sources. Mento , ska, rocksteady, early reggae , 2008.
REMERCIEMENTS


Merci à Serge Provost, pour le dialogue toujours orienté vers l’atteinte de la plus haute rigueur/souplesse intellectuelle, ainsi que pour le souci jamais démenti de rendre justice aux œuvres et compositeurs étudiés. Merci au Conservatoire de musique de Montréal, d’offrir un cadre où la prise en charge de son identité artistique reste une valeur dominante. Merci à V. pour son exigence de profondeur, son appui constant, sa confiance, ainsi que pour sa patience amoureuse. Merci à toute ma famille d’avoir cru en la valeur de mon travail, encore et toujours; et pour ce qui fait de chacun de nous des êtres uniques.
Merci à Luigi Nono... réinventant la musique pour de nouvelles tectoniques de l’écoute...
AVANT-PROPOS
Au confluent de l’histoire et de la philosophie, de la littérature, des arts et de la musique, Luigi Nono a su se forger une conscience élargie de son rôle de compositeur-citoyen-du-monde. Né le 29 janvier 1924 à Venise, il meurt des suites d’un cancer le 8 mai 1990. Ayant voué sa vie à la réalisation d’une musique qu’il a ultimement projetée dans l’errance infinie du Wanderer, il nous laisse dans un émerveillement ému devant cette quête paradoxale de l’inachèvement. Le caractère politique de sa pratique des années cinquante et soixante n’est plus à démontrer ( Canto Sospeso, Intolleranza 1960), et il est fascinant de voir comment cet engagement militant s’est graduellement prolongé, au cours des deux décennies suivantes, dans une intériorisation décisive de son expression musicale. Le quatuor à cordes Fragmente/Stille-an Diotima (1979-1980) fut notre porte d’entrée dans ce nouvel univers empreint de silence et de solitude. En regard des aspects révolutionnaires de sa musique antérieure, cette introspection radicale surprend et donne à penser qu’elle résulterait peut-être d’une grande déception devant la chute des idéaux sur lesquels s’appuyaient les mouvements communistes, une sorte de repli désenchanté sur un silence démissionnaire, une apologie du fragment comme culture en ruines. Or, l’attitude du compositeur qui se tourne vers le tragique de l’écoute apparaît plutôt comme une nouvelle urgence silencieuse, tout aussi impliquée et revendicatrice que l’extase révolutionnaire. À cet égard, il est frappant de voir comment cette forme d’isolement sonore nous invite à un surcroît d’attention, à une hypertrophie de notre sensibilité devant les infinies possibilités du réel, exigeant une prise en charge existentielle de l’expérience musicale, et par extension, du monde.
Environ huit ans après le quatuor à cordes Fragmente/Stille-an Diotima , Nono écrit No hay caminos Hay que caminar... Tarkovskij , une œuvre commandée par le Suntory Center de Tokyo; nous sommes en 1987 {1} Seconde d’un cycle de trois pièces {2} , cette œuvre pour sept chœurs instrumentaux constitue déjà la somme d’une expérience musicale fort singulière. Comme on peut le lire dans un texte de Paolo Petazzi, extrait du programme du Festival d’automne à Paris 1999 où la première exécution du cycle complet fut rendue:

« On retrouve dans les trois œuvres certains traits significatifs de la pensée du compositeur dans les années 80: tendance de plus en plus marquée à une intériorisation inquiète, à une progression fragmentaire, à une interrogation constante, à des étonnements sans réponses, à une tension visionnaire orientée vers une dimension toujours plus essentielle. Nono travaille sur le son et l'espace, pour une réévaluation radicale des relations possibles entre ces deux dimensions. »

L’opéra Prometeo - tragedia dell'ascolto {3} est déjà derrière (1984), et les pistes ouvertes par le quatuor à cordes sont largement approfondies. Nono dispose plus que jamais d’un langage musical qui permet à l’auditeur de vivre une expérience viscérale de l’écoute, et ainsi de parcourir un monde musical dont la relation à l’espace constitue l’un des fondements.
Bien au fait des questions soulevées par la dramaturgie scénique au XX e siècle (Meyerhold, Brecht) que l’on en juge par ses réflexions sur le concept d ’azione scenica, il semble que Nono se soit graduellement orienté vers la notion d’espace de la perception , tournant définitivement le dos à la conception traditionnelle d ’espace de la représentation {4} . À propos de la genèse du Prometeo, où l’enjeu prend la forme d’une tragédie de l’écoute, Luigi Manzione parle « d’une attention soutenue au thème de l’espace [qui] semble se conjuguer avec un vif intérêt pour l’écoute. (...) En réaction à une idée d’espace comme forme pure, a priori, émerge l’intention de restituer l’espace même à la dimension de l’écoute (...). Il faut épurer donc l’œuvre de toute apparence figurative pour laisser affleurer l’« invisible du son » (selon Cacciari) dans sa plénitude. » {5} Dans la foulée des penseurs de l’indicible (Jabès, Celan, Lévinas, Wittgenstein), Nono contribue à la réflexion sur les logiques illusoires du langage en faisant de l’espace non pas le lieu d’une représentation, mais bien l’objet central d’une expérience musicale fondée sur un tragique inédit de la perception: l ’écoute comme errance, dans l’esprit d’une « sereine inquiétude pour l’Autre ».

Situant le projet esthétique de Luigi Nono au cœur de toutes ces considérations, notre désir fut de produire une analyse qui réussirait à montrer comment ce tragique de l’écoute repose essentiellement sur une relecture radicale du concept d’espace musical. Quelque part entre « espace qui sonne » et « espace du son », entre le son qui dévoile l’espace et l’écoute du phénomène sonore comme espace, la poétique musicale nonéenne se déploie comme un foisonnement infini de possibilités expériencielles, une multiplicité de chemins de l’écoute. Ainsi, notre recherche s’appuie sur l’

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