Verdi et moi
225 pages
Français

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Verdi et moi , livre ebook

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225 pages
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Description

Le dessein de cet ouvrage tend à célébrer un compagnonnage associant un artiste, son œuvre et un simple admirateur. Dans mon existence, la "rencontre" avec Giuseppe Verdi prit effet très tôt. Depuis lors, sans répit, la densité humaine et la puissance créatrice du maestro ont su m'interpeller, m'enchanter, m'éclairer... D'œuvre en œuvre, Verdi a su tracer un subtil parcours où se côtoient passion et humanisme, drame et fantaisie, grandeur et humilité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 224
EAN13 9782296716704
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Verdi et moi
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
 
http://www.librairieharmattan.com  
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13913-8
EAN : 9782296139138
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Gérard Royer
 
 
Verdi et moi
 
Variations thématiques
 
 
AVERTISSEMENT
 
Le titre de cet ouvrage ne relève, chez l’auteur, ni d’un penchant égotiste, ni d’un syndrome mégalomaniaque ! Seul, un intense sentiment de reconnaissance à l’égard de Verdi a inspiré le choix de l’intitulé.
Il va de soi qu’au sein du binôme retenu, Verdi s’impose comme l’unique et génial émetteur. Je ne revendique, pour ma part, que le rôle d’heureux récepteur, voire de sempiternel débiteur… Depuis un demi-siècle, cette position m’a rempli d’aise !
Le récit qui va suivre, élaboré comme un libre parcours balisé ( ! ), n’aura d’autre ambition que celle de célébrer celui qui m’a tant apporté, tant en révélations artistiques qu’en enseignements connexes.
Telle sera ma manière de m’acquitter d’une dette ô combien réjouissante et en continuel accroissement !
 
PRELUDE
 
 
Une rencontre précoce
Et Verdi opéra…
 
 
« Présence réelle – que cette voix si proche –
dans la séparation effective. »
(Marcel Proust)
 
Par quels phénomènes un premier contact devient-il l’amorce d’une grande histoire, l’annonce d’une rencontre durable ? Que cela touche aux relations humaines ou aux affinités intellectuelles, il est bien malaisé de déceler comment opère pareil prodige tant se tisse, ici comme là, tout un maillage où amour et empathie prennent, le plus souvent, le pas sur un déterminisme par trop démonstratif. Si, en l’espèce, de doctes raisonnements sont à même de vertébrer le propos, des jeux de résonances s’avèrent plus approprié pour en révéler la substantifique moelle.
Je me souviens en quelle occasion et sous quelle apparence la voix de Verdi est tôt venue à ma rencontre. Au lycée, en classe de quatrième, le professeur de musique utilisait abondamment l’électrophone pour illustrer la vie et l’œuvre des grands compositeurs. C’est ainsi que l’air du Trovatore, « Un balen del suo sorriso », vint me faire signe sans que rien, a priori, ne me prédestine à ressentir l’appel de l’opéra et, notamment, celui de la vocalité verdienne. Verdi ne figurait pas au Panthéon artistique dudit professeur. Celui-ci, féru de musique de chambre, n’accordait quelque intérêt à notre musicien qu’en raison de l’occasionnel quatuor à cordes apparu au lendemain d’ Aïda  ! Bref, si l’aria de baryton du Trouvère sut, d’emblée, me captiver, m’entraînant à en savoir plus sur un Verdi encore vilipendé par un certain establishment culturel, c’est bien que, pour moi, cette voix faisait sens.
Tout penchant mélodramatique mis à part, j’ai souvent pensé que mon « sort d’orphelin » avait contribué à me rapprocher d’un art aussi puissant, aussi émotionnel, aussi exigeant que l’est l’opéra. Il est sûr, en tout cas, qu’en ce début des « années 60 » mon penchant musical refusait de se confondre avec un produit de divertissement. Il réclamait sa part de sublimation et d’enivrement (à l’instar de l’ « Enivrez-vous » de Baudelaire ! ). Dès lors, les inoffensives vacuités « artistiques » des chanteurs yé-yé, alors en vogue auprès de mes contemporains, ne pouvaient répondre à mes aspirations. Même Brel, Brassens ou Ferré ne semblaient pas assez persuasifs pour retenir durablement mon écoute de l’époque.
Le décalage propre à mon goût musical ne visait pas à revendiquer une quelconque supériorité – d’autant que mon affinité avec l’art lyrique se plaisait dans une certaine confidentialité. Aucun snobisme dans mon « orientation esthétique », non, plutôt une dépendance assumée envers un genre capable d’embrasser la sensibilité et la gravité propres au « mal d’orphelin ».
Grâce à l’opéra, je comblais, sans le percevoir clairement, l’absence d’une voix maternelle trop tôt éteinte. Ces divas atteignant des sommets de beauté (bel canto ! ), glorifiant un éventail d’émotions extrêmes, exprimant des destins bouleversés où la Mort tient lieu de « suprême ornement » me donnaient à vivre une autre humanité. Elles m’aidaient ainsi à oublier (ou, mieux, à transformer) l’insupportable manque. L’acmé sonore du chant lyrique ne tentait-elle pas d’occuper la place abandonnée par la parole-mère ? Le langage étranger (opéra italien oblige) rendu lisible par les sortilèges de la mélodie prenait le relais d’un impossible dialogue dont l’empreinte conservait une éloquence d’autant plus grande. La grandiloquence d’opéra au secours d’un irrémédiable écroulement, comme une vague ardente célébrant la cité à jamais engloutie… Aujourd’hui encore, loin de ces temps déclencheurs, je reste convaincu que la même fascination répond au même malaise, certes adouci par l’érosion des années mais toujours tapi au coin de l’âme.
Sans tarder, ma curiosité à l’égard du « Sommo Maestro » se mua en passion gourmande. Je traquais ce qui avait trait à ses œuvres dans les programmes du France Musique d’alors et passais des moments enchanteurs à découvrir La force du destin , Aïda ou Le bal masqué comme autant d’incontournables révélations. France IV – c’était le nom de la station – devenait dispensatrice de la beauté et de l’émotion qui n’ont cessé d’inspirer ma quête opératique. Comme l’aurait dit le poète (encore Lui ! ) {1} , la musique de Verdi me prenait vraiment « comme une mer » (mère ? )…
A cette même époque paraissait au Seuil, dans la collection « Solfèges », une des premières biographies « modernes » du Maître signée Pierre-Petit. Je me faisais offrir l’ouvrage et découvrais, admiratif, que la stature de l’homme égalait celle de l’artiste. Du même coup, Verdi dont le flot sonore palliait déjà mon « vide maternel », m’offrait, de surcroît, une image paternelle idéale. Cette double fonction ne pouvait, bien sûr, nuire au préadolescent « bousculé » que j’étais. Avec le recul, puis-je ajouter que Verdi et son œuvre ont alors modelé mon équilibre et stimulé, chez moi, goût de vivre et appétit de connaissance.
L’opéra à la radio permettait, certes, d’étoffer ma culture, « à petit prix » -atout non négligeable pour un lycéen – mais n’ouvrait pas à la dimension théâtrale propre au genre lyrique. C’est autour de ma quinzième année que j’allais « dépasser le mur du son » et parvenir dans l’espace scénique ! Un soir d’hiver, grâce à une subite opportunité, je gravissais les marches du « Temple », le Palais Garnier, et découvrais Carmen, dans la fameuse mise en scène de Raymond Rouleau. Cette nouvelle « première fois » me confirmait, avec la force de l’évidence, que l’opéra serait bien mon domaine privilégié.
Je me souviens d’une autre représentation, bien différente, dans une petite salle de Saint Germain en Laye. Après Carmen, je passais, ce soir-là, du versant dramatique de l’opéra à ses dehors enjoués, d’une grandiose mise en scène à une mise en espace avec costumes, d’un orchestre au grand complet à une formation de cinq ou six musiciens…Qu’importe ! Le génie de Rossini conservait toute sa sève et Le barbier de Séville (auquel participait la grande basse Huc-Santana) brillait de tous ses feux.
Bizet, Rossini : mon champ d’intérêt s’élargissait peu

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