Patrimoine et valorisation des territoires
306 pages
Français

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Patrimoine et valorisation des territoires , livre ebook

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Description

Le patrimoine apparaît comme une alternative possible aux modèles industriels classiques et un moyen d'aller vers de nouveaux modèles de développement culturels. Les processus de "valorisation des territoires" mobilisent autant la question économique que celle des territoires ou celle des pratiques. Loin d'être un héritage passivement assumé, le territoire est une ressource qui peut être activement mobilisée.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296507555
Langue Français
Poids de l'ouvrage 21 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Patrimoine et valorisation des territoires
Sous la direction de Laurent Sébastien FOURNIER, Dominique CROZAT, Catherine BERNIÉ-BOISSARD, Claude CHASTAGNER
Patrimoine et valorisation des territoires
Patrimoine et valorisation des territoires
PATRIMOINE ET VALORISATION
DES TERRITOIRES
CollectionConférences universitaires de Nîmes dirigée par Olivier Devillers
Le but principal de cette collection est de rendre compte des recherches qui sont menées au Centre Universitaire de Nîmes – ou en association avec lui – dans le domaine des sciences humai-nes, sociales et artistiques. Une caractéristique est, conformément à l’identité d’un établissement où se côtoient des spécialistes de domaines divers, leur interdisciplinarité : il s’agit de croiser, autant que possible, plusieurs approches. Dans cette mesure, la présente collection réservera une grande place aux ouvrages collectifs et le terme de « conférence » qui figure dans son intitulé est presque à entendre dans son sens étymologique de « mise en commun ». Les questions de « représentation » et de « fait culturel », qui sont à la rencontre de différen-tes disciplines, retiendront particulièrement notre attention : comment l’histoire est-elle vue par la littérature ? Comment les traditions s’inscrivent-elles dans l’espace urbain ? Comment un artiste réagit-il à l’actualité ? Autant de thématiques qui pourraient être multipliées et qu’il convient d’inscrire dans un temps et dans un espace. Pour ce qui est de cette première dimension, l’apport des approches diachroniques ne peut être négligé : étudier l’évolution et les mutations d’une même « représentation » des origines à nos jours permet d’aborder et de clarifier les problèmes essentiels de la transmission et de la survie. Pour ce qui est de la seconde, sans être pour autant exclusifs, nous accorderons un intérêt plus marqué aux études languedociennes. C’est autour de ces traits – interdisciplinarité, intérêt pour la représentation des faits culturels, régionalisme languedocien – que nous entendons bâtir cette collection.
Dans la même collection : Autour de Nîmes et de sa région sous la direction de Catherine Bernié-Boissard et Danièle Julien Tauromachies et identités locales sous la direction de Catherine Bernié-Boissard Peurs et risques contemporains. Une approche pluridisciplinaire sous la direction d’Emmanuel Gleyse Tauromachies, sport, culture. Regards croisés sur les publics sous la direction de Laurent Sébastien Fournier, Catherine Bernié-Boissard et Jean-Pierre Michel Tauromachies, cultures du Sud sous la direction de Catherine Bernié-Boissard et Laurent Sébastien Fournier La Fête au présent. Mutations des fêtes au sein des loisirs sous la direction de Laurent Sébastien Fournier, Dominique Crozat, Catherine Bernié-Boissard, Claude Chastagner Développement culturel et territoires sous la direction de Laurent Sébastien Fournier, Dominique Crozat, Catherine Bernié-Boissard, Claude Chastagner
Pour tout contact Rencontres universitaires de Vauban Bibliothèque du Centre universitaire de Nîmes Rue du Dr Salan 30021 NÎMES Cedex 1 buvauban@unimes.fr
sous la direction de Laurent Sébastien Fournier Dominique Crozat Catherine Bernié-Boissard Claude Chastagner
PATRIMOINE ET VALORISATION DES TERRITOIRES
L’Harmattan
Cet ouvrage présente une sélection de textes issus du colloquePatrimoine culturel et désirs de territoirequi s’est tenu à l’université de Nîmes les 24-27 février 2010, à l’initiative de l’équipe CNRS Acteurs-Ressources-Territoires dans le développement (ART-Dev, UMR 5281), avec le soutien de l’Université Paul Valéry-Montpellier 3, du Conseil général du Gard et du Conseil régional du Languedoc-Roussillon. © L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00478-5 EAN : 9782336004785
SOMMAIRE
Laurent Sébastien Fournier, Dominique Crozat, Catherine Bernié-Boissard, Claude Chastagner VALORISATION DU PATRIMOINE, VALORISATION DES TERRITOIRES
PREMIÈRE PARTIE ACTEURS ET SYSTÈMES TERRITORIAUX DU PATRIMOINE
Introduction Catherine Bernié-Boissard
Chapitre 1 Sylvie Christofle
Chapitre 2 Hovig Ter Minassian
Chapitre 3 Letizia Bindi
Chapitre 4 Hélène Douence
Chapitre 5 Cristina Grasseni
Chapitre 6 Sandrine Sintas
Chapitre 7 Corinne Pardo
Introduction Laurent Sébastien Fournier
Chapitre 8 Jean-François Charnier
DEUXIÈME PARTIE MISES EN SCÈNE
Chapitre 9 Pierre Couturier
Chapitre 10 Jocelyne Mathieu
Chapitre 11 Martine Roberge
Chapitre 12 Émmanuel Paris
Chapitre 13 Dominique Crozat
Introduction Dominique Crozat
TROISIÈME PARTIE ENJEUX POLITIQUES DE LA PATRIMONIALISATION
Chapitre 14 Isabelle Lefort, Ghada Salem
Chapitre 15 Martine Assénat, Daniel Bartement
Chapitre 16 Géraldine Djament Tran
Chapitre 17 Marion Krüger
Chapitre 18 Laetitia Cochet
VALORISATION DU PATRIMOINE, VALORISATION DES TERRITOIRES
Laurent Sébastien FOURNIER Dominique CROZAT Catherine BERNIÉ-BOISSARD Claude CHASTAGNER
Les conceptions traditionnelles du patrimoine en faisaient essentiellement un e outil de prise en compte du passé. Ainsi, auXIXsiècle, le champ du patrimoine s’est-il surtout constitué en réaction aux risques de destruction ou de vandalisme et a-t-il proposé la sauvegarde raisonnée de biens culturels réputés remarquables – objets et œuvres d’art, monuments historiques, etc. – dont on pensait qu’ils devaient être soustraits à l’usure du temps, inventoriés et protégés par des lois. Les institutions muséales et les États-nations naissants ont joué un rôle majeur dans ce contexte. Aujourd’hui, cette façon de penser le patrimoine a vieilli, le patrimoine est de plus en plus associé aux projets de territoire, intégrant des dimensions tout à la fois sociales, culturelles, économiques et politiques. Dégagé de l’obligation de poser la signification du passé comme objet premier, le patrimoine renvoie bien souvent à la volonté de susciter un développement mis en péril par la crise, qu’elle soit économique ou identitaire ; le « goût » immodéré du patrimoine est le fruit des crises que notre époque utilise pour donner l’illusion de rythmer cet éternel présent qu’elle s’est inventé en fuyant l’histoire. Mais dans le même temps, le patrimoine ouvre ainsi sur le futur et rejoint la prospective. Il apparaît comme une alternative possible aux modèles industriels classiques et comme un moyen de se projeter vers de nouveaux modèles de développement culturel. Cela constitue un enjeu important, en particulier pour des régions périphériques ou politiquement instables qui tentent, en dépit de leurs difficultés économiques ou démographiques, de faire valoir leurs compé-tences comme leurs spécificités, et au final, leur attractivité. Cela justifie aussi une étude compréhensive des modes de valorisation patrimoniale et de leur inci-dence sur la valorisation des territoires.
LES NOUVEAUX ENJEUX DU PATRIMOINE
Dans ce contexte, le patrimoine renvoie en premier lieu à la question des iden-tités : parce qu’il est réputé favoriser la construction d’identités collectives terri-torialisées, il s’articule avec un ensemble de désirs qui s’expriment socialement
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PATRIMOINE ET VALORISATION DES TERRITOIRES
autour d’une telle construction. Malgré les risques de standardisation et de globa-lisation qui guettent une notion appliquée à l’échelle universelle, le patrimoine peut donc être associé au maintien de la diversité culturelle. Cette ambiguïté explique sans doute en partie que le patrimoine constitue à la fois une garantie d’inviolabilité des biens culturels transmis et une injonction au développement touristique. De plus, l’assomption patrimoniale contemporaine participe aussi bien de la transformation de la vie quotidienne, que de la redéfinition des cadres mentaux et de l’expérience des lieux. Le patrimoine, pris dans le jeu des désirs sociaux, se donne à voir comme un nouvel argument de développement, ce qui invite à réfléchir aux déterminations et aux origines des discours et des opérations de valorisation patrimoniale. Mais l’examen des « désirs d’identité » qui sont à l’origine de la patrimonia-lisation ou qui l’accompagnent ne peut se suffire à lui-même. Il invite en effet à un examen plus approfondi des processus mêmes de la « valorisation des terri-toires » consécutive à la patrimonialisation. Ces processus mobilisent différents types de questionnements : – La question économique: quels sont les indicateurs qui témoignent d’une évolution du patrimoine culturel et de son adaptation à de nouveaux paradig-mes ? Peut-on vraiment mettre en valeur un enrichissement économique, voire même un réel développement économique au moyen de ces processus de patri-monialisation ? – La question territoriale: en quoi les références au patrimoine servent-elles le « marketing des lieux », la gestion de l’espace et la construction de nouveaux espaces attractifs dans différentes régions du monde ? La question des pratiques: comment le patrimoine se construit-il au croise-ment des regards des experts et des acteurs sociaux engagés dans la réalisation de performances artistiques et culturelles de différentes natures ? Quelles sont les relations entre la construction d’images et de mondes virtuels, le réel et le patrimoine culturel ? Peut-on parler d’une abstraction croissante du patri-moine ? Tout est-il patrimonialisable ? Le patrimoine est-il devenu un double commode de la société permettant d’échapper aux contingences du réel ? À ce titre, il participerait alors d’un nouveau mode de construction identitaire, recon-figurant les imaginaires, et donc l’utopie, depuis la recherche d’un progrès devenu illusoire jusqu’à une valorisation locale à vocation plus conservatrice : la recherche d’un « équilibre » censé garantir une permanence temporelle dans la globalisation. Mais cela induit alors deux dimensions particulièrement impor-tantes issues de cette évolution : la standardisation et la naturalisation. La question de la globalisation: cette utilisation de la patrimonialisation pour réinventer la diversité et s’adapter à l’intensification des échanges née de l’imposition de ce paradigme global (changement global dans les champs éco-nomique mais aussi environnemental et surtout culturel) pose cependant la question de sa standardisation selon des normes elles-mêmes globales. À qui appartient le monde ? À l’ICOMOS, producteur des normes de labellisation UNESCO ? Aux émigrés reconfigurant les fêtes de leur territoire d’origine et
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VALORISATION DU PATRIMOINE,VALORISATION DES TERRITOIRES
de référence culturelle ? Aux touristes qui viennent constater et consommer ces territoires garantis « autres » ? Comment réinventer la différence quand on la nie par ailleurs ? La question de la naturalisation: en insistant sur une permanence et la réfé-rence à une stabilité sur la longue durée, la patrimonialisation participe d’un processus de naturalisation de la vie territoriale construite sur le conservatisme. On peut y voir le danger d’une conception des territoires en rupture avec le modèle hérité des Lumières qui les envisageait bâtis sur le contrat collectif autour d’un projet. Émergerait alors une vision des systèmes territoriaux qui les imaginerait comme des unités biophysiques, stables et attachéesad libitumà la reconquête du même. Le patrimoine serait alors en résonnance avec d’autres topiques du discours de la globalisation autour de la recherche d’un « équili-bre » inquiétant ; cette proximité avec les discours environnementaux ou écono-miques expliquerait, depuis une génération, la forte valorisation des patrimoines naturels mais aussi celle des pratiques et usages économiques issus de modèles économiques disparus. Ces questionnements fondamentaux, qui doivent être croisés avec l’examen concret des dimensions politique, commerciale, voire imaginaire de la patrimo-nialisation, ouvrent un champ de réflexion très vaste. Pour comprendre ce que ce champ recouvre, une réflexion sur le fonctionnement même des processus de valorisation patrimoniale semble alors utile.
COMMENT FONCTIONNENT LES PROCESSUS DE VALORISATION PATRIMONIALE
?
Des analyses récentes ont fait valoir que l’étude des processus de constitution du patrimoine était aussi importante que l’étude des éléments constitutifs de ce même patrimoine (Rautenberg, Micoud, Bérard et Marchenay, 2000 ; Davallon, 2002). En termes sociologiques en effet, une telle perspective permet d’identifier des logiques d’acteurs et des stratégies de patrimonialisation, et ainsi de penser le patrimoine en termes d’usages sociaux dynamiques plutôt qu’en termes de corpus finis et objectifs. Plus précisément, les processus de valorisation patrimo-niale sont caractéristiques en ce qu’ils empilent plusieurs couches de reconnais-sance culturelle, aboutissant à une requalification sociale et symbolique totale des éléments patrimonialisés. Sur un territoire donné, le processus de patrimonialisation se construit ainsi en suivant une série d’étapes successives (Fournier, 2010). La première étape prend souvent la forme d’une relance culturelle, consécutive à un sentiment de perte. Expositions, visites à thème, fêtes inventées et animations diverses sont caractéristiques de cette première étape et construisent une première image de l’élément patrimonialisé, le rendant disponible auprès d’un public élargi. Une fois que le patrimoine est constitué, il constitue une potentialité que les acteurs locaux mobiliseront à diverses fins. D’autres étapes se succèdent alors, valori-sant des aspects que la première étape avait en général ignorés ou écartés. La
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