LA FABRIQUE DE LA POUPEE CHEZ HANS BELLMER
497 pages
Français

LA FABRIQUE DE LA POUPEE CHEZ HANS BELLMER , livre ebook

-

497 pages
Français

Description

La Poupée - autrement appelée sa " fille artificielle " - fut conçue par Bellmer peu de temps après qu'il eut assisté à une représentation des Contes d'Hoffmann mettant en scène Olympia, une poupée-automate " qui n'est que belle ". Bellmer tomba sous le charme de cette poupée (moment de sidération par l'image) et dès lors entreprit la construction d'une Poupée, véritable mécanique articulée dont le corps fut remanié - déconstruit et reconstruit-. C'est un corps physiologique, organique, imaginaire et fantasmatique qui est exploré dans cette œuvre souvent qualifiée de perverse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2000
Nombre de lectures 211
EAN13 9782296413160
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA FABRIQUE DE LA POUPEE
CHEZ HANS BELLMERCollection L 'Œuvre et la Psyché
dirigée par Alain Brun
L 'Œuvre et la Psyché accueille la recherche du spécialiste (psychanalyste,
philosophe, sémiologue...) qui jette sur l'art et l'œuvre un regard oblique.
Il y révèle ainsi la place active de la Psyché.
Déjà parus
Michèle RAMOND, La question de l'autre dans FEDERICO GARCIA
LORCA, 1998.
Jean Tristan RICHARD, Les structures inconscientes du signe pictural,
1999.
Pierre BRUNO, Antonin Artaud, réalité et poésie, 1999.
Jean-Pierre MOTHE, Du sang et du sexe dans les contes de Perrault,
1999.
Aïda HALLIT-BALABANE, L'écriture du trauma dans Les Récits de la
Kolyma de Varlam Chalamov, 1999.
Richard PEDOT, Perversions textuelles dans la fiction d'Jan McEwan,
1999.
Philippe WILLEMART, Proust, poète et psychanalyste, 1999.
Fabrice WILHELM, Baudelaire: l'écriture du narcissisme, 1999.
Elisabeth DE FRANCESCHI, Amor artis : pulsion de mort, sublimation
et création, 2000.
(Q L'Harmattan, 2000
ISBN: 2-7384-9214-2Céline MASSON
LA FABRIQUE DE LA POUPEE
CHEZ HANS BELLMER
Le «faire-œuvre perversif »,
une étude clinique de l'objet
Préface de Paul-Laurent Assoun
L'Harmattan L' Harmattan Inc
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris -FRANCE Montréal (Qc) - Canada H2Y lK9Remerciements
Je remercie très vivement Paul-Laurent Assoun, Dominique
Cup~ Christian Hoffmann, Sylvie Le Poulichet et
JeanJacques Rassial pour la lecture si fme et si créative qu'ils ont
faite de ce travail et pour leurs encouragements. Ils ont
pennis que ce livre voie le jour.
Je remercie aussi très chaleureusement Claude Maillard qui
me guide dans ma pratique clinique et qui m'a pennis d'en
entendre encore davantage du côté du travail de la Lettre.
Merci à Sarane Alexandrian pour son soutien et son amitié. à Pierre Fédida pour la qualité de sa recherche.
Enfm, je remercie mes parents à qui je dédie ce livre. Merci
encore à Roland Assara( Yvonne Milstayn et tous ceux qui
ont soutenu mes recherches.
A l'errance du lieu de l'origine
lieu du sens
qui se tisse dans les plis de la langue
Que ça parle!« De l'art, nous avons à en prendre la graine»l
1 J. Lacan propose de suivre Je sentier tracé et ouvert par J'artiste et non
d'''appliquer'' la psychanalyse à J'art. C'est bien aussi ce que suggéra Freud
lorsqu'il avoua l'impuissance de la psychanalyse à comprendre le génie
créateur tout en se laissant imprégner des émotions suscitées par l'art. C'est
dans l'après-coup de l'affect et du trouble, qu'il a pu tenté de comprendre
l'effet produit parfois, on le verra, Unheimliche. Voilà peut-être une
"entrée" possible pour en comprendre un bout fPréface
L'œuvre-symptôme
"Le psychanalyste ne détecte que rarement l'impulsion
(Antrieb) aux recherches esthétiques (asthetische Untersuchungen)".
Ainsi s'exprime le créateur de la psychanalyse, en introduction de son
essai sur L'inquiétante étrangeté. Et il précise: "et pas plus si l'on ne
restreint pas l'esthétique à la doctrine du Beau (die Lehre des
Schonen), mais qu'on la décrit comme la doctrine des qualités de
notre sentir". Le propos peut paraître un peu daté: car c'est un fait, le
psychanalyste et le clinicien détectent de plus en plus en eux une
"impulsion" à de telles recherches, qui touchent à l'art. Et le présent
travail l'illustre exemplairement.
Voyons du moins l'argumentation freudienne pour
comprendre ce qui se joue dans cette incursion de l'analyse au pays
de l'esthétique. Si l'analyste se tient assez souvent éloigné des
"recherches esthétiques", c'est que ce n'est pas, au dire de Freud, le
champ de sa pratique: lui "travaille dans d'autres couches de la vie
psychique" que celles qui constituent "la matière de l'esthétique", soit
"les motions de sensibilité inhibées quant au but, assourdies". En
contraste, le psychanalyste aurait affaire à la violence de la vie
pulsionnelle, prise dans la jouissance morbide, celle du symptôme.
L'esthétique nous transporte dans le registre pulsionnel non
seulement sublimé, mais "assourdi". Freud tient à cette idée de l'art
comme "narcotique tiède", comme il le dira dans Malaise dans la
civilisation - comme si l'art soutenait, par sa production d'artefacts
illusoires, quelque chose qui éloigne peu ou prou de la dure réalité de
la vie pulsionnelle. C'est "sur le beau", affmne-t-il même, que la
psychanalyse "a le moins à dire". Mais ne faut-il pas entendre
l'intuition qui résonne dans la Première Elégie de Duino de Rilke: "le
beau n'est que le début de l'effrayant" (Denn das Schone ist nichts
aIs des Schrecklichen Anfang)? L'œuvre d'art est bien sur la ligne de
crète entre l'horreur - que le savoir de l'inconscient situe dans le
Iregistre de la castration - et la jouissance - de la beauté - ce qui
oblige à questionner le lien entre sublimation et perversion.
C'est en ce point que l'on trouve une œuvre telle que celle de
Bellmer. Céline Masson puise dans les ressources combinées d'une
culture en histoire de l'art et d'une longue familiarité avec l'univers
bellmérien, de quoi déchiffrer l'énigme que celui-ci constitue pour la
clinique analytique même. En voici un qui fabrique "du sublimé en
fétiches" (comme d'autres "de l'or en batTes"). Sur ce chemin, on
peut être tenté en effet par une analogie entre "œuvre d'art" et fétiche.
Le fétiche a pour fonction inconsciente de préserver de la menace de
la castration, tout en en instituant le déni. C'est un compromis avec -
autant qu'un monument en l'honneur de - la castration. Cela
conflffile la piste indiquée par Freud sur la fonction "magique" de
l'art.
Le principe en est posé dans l'écrit Formulations sur le
double principe de devenir psychique: la fonction inconsciente de
l'art est de réaliser "une réconciliation des deux principes": le "retour
à la réalité" se fait à partir de ce "monde de fantaisie". Il n'y a qu'un
domaine, souligne Freud, où dans notre culture, la "toute-puissance
des idées ait été conservée", celui de l'art. Il n'y a que dans l'art qu'il
arrive qu'un homme, par des désirs, fasse quelque chose d'analogue à
la satisfaction et que ce jeu - grâce à l'illusion artistique - produise
des effets d'affects, "comme si c'était quelque chose de réel". D'où
la magie de l'art et l'artiste comme magicien (Zauber). Ce que
Wackenroder, ce profond penseur de l'esthétique préromantique,
appelait "les amulettes spirituelles", soit ces "œuvres d'art" qui
entretiennent la passion obscure - de la castration - et que l'artiste
porte en soi, contaminant les autres par leur truchement.
L'enjeu du fétiche, c'est le sexe de la mère, soit ce qu'il
cristallise de cette absence phallique dont prend acte, dans la
perplexité angoissée, l'imaginaire infantile. Et "L'Origine du monde"
de Courbet pourrait en être la version la plus scandaleuse, moins pour
l'attentat aux bonnes mœurs qu'il constitue, que comme
l'insupportable divulgation du "fait" in-déniable que l'art ne cherche
qu'à exprimer - à condition de l'occulter -, cela que le tableau met
au premier plan, ce sexe de femme qui obture le champ perceptif du
IIspectateur - qui, dès lors se voit dévoiler le "pot aux roses" de toute
création artistique.
D'où le pont proposé par Lacan. Lui place la sublimation du
côté de la Chose (donc sur le versant de la sublimation): une
satisfaction différente de son but, qui a rapport avec das Ding comme
telle, "la Chose en tant qu'elle est distincte de l'objet". Fonnule la
plus générale de la sublimation: "elle élève un objet... à la dignité de
la Chose". La sublimation consiste à élever l'objet à la dignité de la
Chose (das Ding) - à la "Dignéité", et par là-même à la dignité. Il
s'agit d'une révélation de la Chose, au-delà de "l'ob

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