Marseille nostalgie
176 pages
Français

Marseille nostalgie , livre ebook

176 pages
Français

Description

MARSEILLE NOSTALGIE illustration de couverture: Marseille, le Vieux-Port (1916), Macquet. Christian HARREL-CQURTES MARSEILLE NOSTALGIE Préface de Thierry Paquot Éditions L'Harmattan 5-7, rue de l'École-Polytechnique 75005 Paris Du même auteur Souvenirs, éd. Saint-Lambert, 1971 Les envoûtements de Venise, éd. Saint-Lambert, 1972 L'instant pur, éd. Saint-Lambert, 1974 La camarade privilégiée, éd. J-C. Lattès, 1981 L'arche du Paradis, éd. Menges, 1984 La matriarche, éd. J-C.Godefroy, 1985 L'armateur, éd. o. Orban, 1986 Les bateaux du bon Dieu, éd. Calmann-Lévy, 1987 Quand les bourgeois étaient rois, éd. FranceEmpire, 1988 La nymphomane, éd. Denoël, 1990 Fusées, histoire d'une revue littéraire à Marseille en 1942, éd. L'Harmattan, 1993 @ L'Harmattan 1994 ISBN: 2-7384-2436-8 Préface Le rendez-vous des amis Comment évoquer Marseille sans l'associer à l'amitié? Et comment écrire sur l'amitié sans se référer aux surréalistes, dont l'esprit hante encore la ville, et au célèbre tableau que Marx Ernst peint en 1922 et qu'il a justement intitulé: "Le rendezvous des amis"? Christian Harrel-Courtés a. rencontré André Breton, à Marseille, en 1942, lorsqu'il animait la revue de poésie, Fusées, et dont il a retracé les aventures dans son précédent ouvrage(l). Le Marseille qu'il décrivait alors était celui de la pensée et de l'audace, de l'art et de la fête, de l'esprit et du rêve.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1994
Nombre de lectures 234
EAN13 9782296287631
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARSEILLE NOSTALGIEillustration de couverture: Marseille, le Vieux-Port (1916),
Macquet.Christian HARREL-CQURTES
MARSEILLE NOSTALGIE
Préface de Thierry Paquot
Éditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 ParisDu même auteur
Souvenirs, éd. Saint-Lambert, 1971
Les envoûtements de Venise, éd. Saint-Lambert,
1972
L'instant pur, éd. Saint-Lambert, 1974
La camarade privilégiée, éd. J-C. Lattès, 1981
L'arche du Paradis, éd. Menges, 1984
La matriarche, éd. J-C.Godefroy, 1985
L'armateur, éd. o. Orban, 1986
Les bateaux du bon Dieu, éd. Calmann-Lévy, 1987
Quand les bourgeois étaient rois, éd.
FranceEmpire, 1988
La nymphomane, éd. Denoël, 1990
Fusées, histoire d'une revue littéraire à Marseille
en 1942, éd. L'Harmattan, 1993
@ L'Harmattan 1994
ISBN: 2-7384-2436-8Préface
Le rendez-vous des amis
Comment évoquer Marseille sans l'associer à
l'amitié? Et comment écrire sur l'amitié sans se
référer aux surréalistes, dont l'esprit hante encore
la ville, et au célèbre tableau que Marx Ernst peint
en 1922 et qu'il a justement intitulé: "Le
rendezvous des amis"? Christian Harrel-Courtés a.
rencontré André Breton, à Marseille, en 1942,
lorsqu'il animait la revue de poésie, Fusées, et
dont il a retracé les aventures dans son précédent
ouvrage(l). Le Marseille qu'il décrivait alors était
celui de la pensée et de l'audace, de l'art et de la
fête, de l'esprit et du rêve. Ici, il nous offre le
complément sensuel, quotidien, matériel, le
portrait d'une ville à travers son climat, sa cuisine,
ses odeurs, ses parlers, ses paysages. Car une ville
est vivante, capricieuse, changeante, et l'auteur
qui le sait trouve les mots pour le dire. Aucune
cité ne ressemble à une autre, malgré l'architecture
et l'urbanisme bâtards qui tentent d'uniformiser le
territoire. Il y a des villes aimables, prêtes aux
confidences et aux ruptures, comme il en existe de
fermées, muettes, froides, qui éteignent les éclats
7de rires et rendent honteux l'accent du pays!
Chaque ville est singulière, même celle qui n'a pas
de singularité lisible au premier coup d'oeil.
Chaque ville exige du temps pour être courtisée et
appréciée. Pour révéler ses secrets.
Marseille n'échappe pas à cette règle. Sa
physionomie, son relief, son site qui se déplie sur
la mer et s'élève sur les monts environnants,
exprime la volubilité des Marseillais et l'oralité de
sa culture. Cette ville est bavarde, mais comme par
pudeur, pour détourner l'intérêt de son
interlocuteur, pour l'orienter sur un autre
horizon. Ici, les bruits de la ville résonnent
comme des sentences. Attention aux rumeurs! Ici,
les affaires se règlent en famille. Attention aux
alliances! Ici, la fierté de l'habitant se combine
avec la gloire de sa ville. Attention à ne pas le
vexer! Le foot, l'apéro, la rue, le port, la cuisine,
etc., démontrent la solidarité de ce puzzle urbain.
Marseille est un tout. A prendre ou à laisser!
C'est du reste, cette entité compacte et variée, que
le visiteur perçoit en premier. Impossible de trier
et de s'exclamer: "je prends ceci et rejette cela!".
En errant dans la ville, de la porte d'Aix au
Vieux Port, de la Vieille Charité à l'Opéra, du
Prado au littoral, des îles du Frioul au panorama
de Notre-Dame-de-Ia-Garde, la diversité des
constructions, des couleurs, des ambiances
chantent l'unité de la métropole. Les nostalgiques
ajouteront, avec regret, "de moins en moins". Ils
n'ont pas tort. La ville et ses banlieues, les
transformations économiques, la concurrence
d'autres villes, etc., jouent - dans le sens où le bois
8usé joue - sur la ville et modifie l'agencement et la
perception de ses espaces.
Néanmoins le jugement de Madame de
Sévigné, dans une lettre à Madame de Grignan en
1673, est encore recevable: "je suis charmée de la
beauté singulière de cette ville. Hier le temps fut
divin, et l'endroit d'où je découvris la mer, les
bastides, les montagnes et la ville, est une chose
étonnante..." Une telle beauté tient certainement à
l'austérité des lieux, à leur aspect inhospitalier
qu'analyse Lucien Febvre (2) : par quelle folie les
hommes ont implanté là une ville et un port? Ce
défi lancé par une nature accidentée est
magnifiquement relevé par des hommes et des
femmes entreprenants. C'est aussi ce qui me plaît
dans cette ville, cette démarche irraisonnée.
Mon plus ancien souvenir de Marseille date de
mon enfance. Nous revenions de Menton, où un
cousin venait de se marier, et nous nous sommes
arrêtés chez une tante, habitant une cité-HLM.
Mon père - l'honnêteté personnifiée - laissa tous
les bagages dans notre automobile - une frégate -
pensant qu'ils ne craignaient rien. Erreur! Le
lendemain matin, la voiture avait été entièrement
dépouillée de ses richesses. Le commissaire de
police expliqua que cela était fréquent, la norme en
quelque sorte... J'y perdis un costume (veste et
culotte-courte) pied-de-poule qui me faisait honte.
J'en fus presque satisfait. Depuis cette
mésaventure, dans la famille, Marseille est
obligatoirement et invariablement présentée
comme le Chicago méditerranéen: un repère de
truands. C'est comme cela que la réputation,
bonne ou mauvaise, se construit! Heureusement
9de nouveaux séjours en bonne compagnie ont
corrigé une telle image et je ne sais pas si Marseille
connaît plus de vols qu'ailleurs, si la délinquance
y est plus présente. Peu importe, du reste, car le
Marseille qui me fait plaisir est celui de mes
amitiés. Amitiés vivantes d'aujourd'hui et
amitiés imaginaires ou livresques d'hier.
Pour moi, cette ville est le lieu de rendez-vous
de ceux que j'eusse aimé avoir comme amis.
J'imagine assez facilement le jeune Charles
Fourier déambuler près du port, observer les
divers mouvements qui l'animent, se scandaliser
des méfaits de la spéculation grandement
"couverte" par le pouvoir révolutionnaire - nous
sommes sous le Directoire -, s'enthousiasmer pour
sa découverte de la clef des "destinées et des
passions humaines". On sait peu de chose sur son
séjour de deux ans (1797-1799) à Marseille, on
connaît ses activités commerciales et une de ses
adresses - hôtel des Turcs, place de la Liberté - mais
on ignore tout sur ses relations, ses lectures et ses
loisirs. Une telle méconnaissance ouvre la porte à
toutes les élucubrations et pourquoi ne pas penser
que notre homme se comporte comme un
badaud? Dans une lettre à un ami, il relate les
préparatifs de l'expédition d'Egypte : "J'ai vu à
Marseille tous ces savants considérés
comme une ménagerie de bêtes de fauves (...) Je les
ai vus entrer dans le café Casati sur la place
Necker. Le public se juchait autour d'eux sur des
escabeaux pour les voir prendre leur café; et au
sortir de là, chacun de s'écrier: "j'ai vu les
Savannes l" et l'on était stupéfait de ce que les prenaient leur café comme d'autres
10hommes et qu'ils buvaient avant d'avaler. Un
curieux, mais un curieux qui veut comprendre les
mécanismes de la société et ceux de l'individu:
"un rêveur sublime", comme le désigne un autre
Marseillais de passage. Henri Beyle, dit Stendhal.
démissionne de l'armée en 1802, voyage,
échafaude divers "plans de carrière", tombe plus
d'une fois amoureux, s'enflamme pour une
actrice, Mélanie. Nous sommes en 1805. La belle
accepte un contrat pour le théâtre de Marseille, son
soupirant décide de l'y accompagner. "De quoi
vivra-t-il ?" interroge-t-elle - "Du commerce"
rétorque-t-il avec conviction. Et voici Henri Beyle,
épicier (3), rue Sainte qui débouche rue Paradis. Il
s'occupe de la comptabilité d'un commerce
d'épices et note dans son Journal: "L'esprit de
commerce, qui compte tout et ne s'enthousiasme
de rien, m'est utile". Mélanie le quitte.
Mélancolique, il reste quelques mois encore à
Marseille et s'intéresse à tous

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents