La musique au cur des enjeux de la société française (1896-1956)
144 pages
Français

La musique au cur des enjeux de la société française (1896-1956) , livre ebook

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144 pages
Français

Description

Dans la France de la fin du XXe siècle et du premier XXe siècle, plusieurs musiciens et intellectuels se sont mobilisés pour impliquer directement la musique dans les enjeux de société. À travers six études de cas, cet ouvrage se propose de faire revivre ces expériences musicales passées et de mettre en lumière les différentes modalités d'articulation entre vie musicale et vie sociale. Malgré la diversité de leurs positionnements et de leurs actions, une même volonté de faire et de faire face anime ces hommes et dessine un horizon qui exclut la soumission à l'ordre établi et aspire à une humanité réconciliée dans la musique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140034633
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le développement de l’industrie culturelle à la fin du
de valeurs. À l’inverse, dans la France de la fin du
c’est enfin l’attachement à un civisme éducatif, garant de la transmission
Michèle Alten
La musique au cœur des enjeux de la société française (1896-1956)
mus ques en question(S)
histoire de la musique - société
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La collectionMusiques en question(s)pour vocation de a mettre en lumière des compositeurs, musicologues et interprètes souhaitant enrichir la réflexion sur la musique savante par des propositions originales ou innovantes.
La collection souhaite notamment participer activement au débat sur l’évolution de l’art musical en invitant les auteurs à manifester leur engagement critique par une approche argumentée et pertinente.
Les ouvrages de la collection adoptent des configurations très diverses : esthétique, histoire, théorie, analyse, corres-pondance, biographie, mémoires, essai, roman, etc.
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Anthony Girard,Minos. Les dédales de l’expérience créatrice, 2016. Louis-Noël Belaubre,Pour un cinquième âge de la musique, préface de Philippe Malhaire, 2016. Émile Goué,Demain, je t’écrirai en majeur, 2016. Zélia Chueke,Face à l’inconnu. Les pianistes et la musique de leurs temps, préface de Jean-Yves Bosseur, 2017.
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© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-11487-3 EAN : 9782343114873
Sommaire Introduction
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5 7
/D PXVLTXH DX VHUYLFH GX FKDQJHPHQW VRFLDO e Une dénonciation des inégalités sociales au XIX siècle : lesChansons rouges17de Maurice Boukay Le parti communiste français et la vie musicale de 1945 à 1954 : les musiciens au service du peuple 28 Conclusion de la première partie 43
/D PXVLTXH DX VHUYLFH GHV YDOHXUV VSLULWXHOOHV Attractivité et rayonnement de la Schola Cantorum avant et après la Première Guerre mondiale (1900-1925) À Cœur Joie : du chant scout à l’ambition polyphonique (1945-1956) Conclusion de la deuxième partie
/D PXVLTXH DX VHUYLFH GHV LQVWLWXWLRQV pGXFDWLYHV L’inspection générale de l’enseignement primaire et la musique dans les années 1930 Tenir et maintenir : le Conservatoire de Paris dans la tourmente de l’Occupation (1940-1942) Conclusion de la troisième partie
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Index

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Dès les années 1930, des intellectuels, écrivains, responsables éducatifs, philosophes, se penchent sur les mutations culturelles à l’œuvre dans les sociétés industrielles. Ils prennent conscience que le développement du cinéma, du disque, de la radio et de la presse induit une nouvelle forme de rapport à l’art. Face à la montée de l’industrie du divertissement, les éducateurs de la Ligue de l’enseignement se mobilisent. Il ne faut pas, disent-ils, que le loisir, fruit de la civilisation, tue la 1 civilisation même . Pour cela, ils préconisent l’organisation d’activités culturelles ambitieuses à destination de la jeunesse et créent une nouvelle structure, l’Union des fédérations d’œuvres laïques pour l’éducation artistique. En 1930, l’écrivain Georges Duhamel dénonce les divertissements d’ilotes et les passe-2 temps d’illettrés . En 1934, Aldous Huxley se penche sur les causes de la vulgarité artistique inhérente à la civilisation 3 industrielle et, en 1939, Walter Benjamin diagnostique une réception par la distraction, de plus en plus sensible dans tous les domaines de l’art et symptôme elle-même d’importantes 4 mutations de la perception . À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la réflexion se poursuit et s’approfondit. Plusieurs ouvrages majeurs sont publiés dans les années 1960. DansLa crise de la culture, Hannah Arendt développe l’idée que l’on ne peut parler de culture de masse, qui n’existe pas, mais de loisir de masse, se 5 nourrissant des objets culturels du monde . En effet, pour elle, les articles offerts par l’industrie des loisirs font l’objet d’une
1 L’Action laïque, n° 27, juillet-août 1933, p. 369. 2 Georges Duhamel,Scènes de la vie future, Paris, Fayard, Mille et une nuits, 1992, p. 39. 3 Aldous Huxley,Des Caraïbes au Mexique, Paris, La Table ronde, 1992, p. 217. 4 Walter Benjamin,Œuvres III, Paris, Gallimard, 2000, p. 313. 5 Hannah Arendt,La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, p. 263.
consommation comme les autres et servent à passer le temps. Un temps qui n’est pas celui de l’oisiveté libre pour le monde et la culture, mais celui de la vie biologique, qui intègre désormais le travail et le repos dans un même processus de consommation et de distraction, qui se nourrit des choses en les dévorant. En 1962, le sociologue Edgar Morin, dansL’esprit du temps, 6 constate l’émergence de l’hyper-individualisme privé . L’indi-vidu, atomisé et infirme face aux grands pouvoirs, cherche désormais, par la consommation et le loisir, à consommer sa propre vie. C’est un homme privé de passé et privé d’avenir, qui valorise le présent, dans le double objectif de jouir et de s’accomplir. Mais les perspectives de ce bonheur terre à terre trouvent leurs limites dans leur incapacité à répondre à une question fondamentale : que peut, que doit faire un homme de sa vie, lorsqu’il débouche hors du cap de la nécessité ? On s’aperçoit alors que si la culture de masse peut tarir les réalités humaines portées par la religion, l’État, la nation, le parti, elle ne peut les appréhender. L’angoisse de la mort, le besoin de structures sociales et de participations collectives ne peuvent être comblés par la culture de masse. L’ouvrage se conclut sur une incertitude devant les perspectives inconnues ouvertes par les avancées scientifiques et techniques. Quelques années plus tard, Jean Baudrillard reprend le sujet, en étudiant la consommation comme mode actif de relation aux objets, à la 7 collectivité et au monde , constituant ainsi une réponse globale sur laquelle se fonde tout notre système culturel. En 1984, l’historien Pierre Nora fait le constat d’un changement profond dans le rapport de la société au passé. Le présent n’est plus un passé reconduit, actualisé, conjuré, vécu sur le mode d’une filiation mais un présent en rupture complète 8 avec le passé . Et de la même façon, le futur n’est plus une projection du présent, mais un avenir imprévisible et immaîtrisable. En 1983, le philosophe Gilles Lipovetsky décrit, 6 Edgar Morin,L’esprit du temps, Paris, Grasset, 1962, p. 254. 7 Jean Baudrillard,Le système des objets, Paris, Gallimard, 1968, p. 275. 8 Pierre Nora, Les Lieux de mémoire, La République, Paris, Gallimard, 1984, XXXI.

dansL’ère du vide, une nouvelle étape de la société de consommation, fondée sur le narcissisme, avec une rétractation des visées universelles, une subjectivation de toutes les activités 9 et une volonté de communiquer à tous son expérience intime . Il explore ce champ dans plusieurs ouvrages successifs et, en 2013, il analyse les stratégies du «capitalisme artiste», destiné à créer de la valeur économique par le biais de la valeur esthétique et expérientielle. Dans un contexte de compétition intense et mondialisée, il s’agit de doper les ventes à travers des expériences consommatoires ludiques et émotionnelles, aptes à 10 divertir et à procurer des plaisirs éphémères . La ruse esthétique de la raison marchande conduit à modeler une société de réjouissance de masse, aux plaisirs et aux émotions sans cesse renouvelés. Si l’individu hypermoderne n’est lui-même que dans la communication permanente de ses inclinaisons personnelles changeantes, c’est que les référentiels collectifs durables, la nation, la classe sociale, la religion, la politique, ont perdu leur puissance régulatrice. Face à ces tous ces constats, qui relèguent la connaissance historique au rang de savoir incapable désormais de faire dialoguer le présent et le passé, faut-t-il se résigner ? Comme le rappelle Antoine Prost en citant Carl Becker, «pour être préparé à ce qui vient vers nous, il est nécessaire non seulement de nous rappeler certains évènements passés, mais d’anticiper le futur. Le souvenir du passé et l’anticipation des événements 11 futurs marchent ensemble, vont main dans la main» . Il en conclut que, sans éducation historique des acteurs et sans analyse historique des problèmes, il n’y pas de projet collectif possible. Et, pour lui, une société sans histoire est incapable de projet. Dans le domaine de la musique, certaines expériences musicales passées peuvent-elles être restituées pour questionner le présent, en donnant à voir d’autres fonctions exercées par la 9 Gilles Lipovetsky,L’ère du vide, Paris, Gallimard, 1983, p. 20. 10 Gilles Lipovetsky, Jean Serroy,L’esthétisation du monde, Paris, Gallimard, 2013, p. 45. 11 Antoine Prost,Douze leçons sur l’histoire,Paris, Seuil, 1996, p. 305.

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