Le dispositif photographique chez Maupassant, Zola et Céard
194 pages
Français

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Le dispositif photographique chez Maupassant, Zola et Céard , livre ebook

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Description

Si aujourd'hui à l'ère numérique, la photographie est un produit banal, dans la seconde moitié du XIXème siècle, elle apparaît comme un objet nouveau et complexe, à la fois symbole et instrument de la modernité conquérante. Hugo la considérait comme une technique révolutionnaire; Baudelaire la tenait en piètre estime. Modèle esthétique pour les uns, anti-modèle pour les autres, la violente querelle révèle dès son apparition, en 1839, qu'elle a su pénétrer l'imaginaire littéraire d'une manière profonde et souvent inattendue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 77
EAN13 9782336359434
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
laboratorio@francesisti.it

laboratorio@francesisti.it
Collection dirigée par Mariagrazia Margarito
La collection laboratorio@francesisti.it réalise une initiative parmi les plus importantes de la Société italienne universitaire des Professeurs de Langue et Littérature française (S.U.S.L.L.F.) : le soutien à la recherche de jeunes spécialistes par la publication des études les plus innovantes dans les domaines de la langue et de la littérature françaises.
Titre
Andrea Schincariol







Le dispositif photographique chez Maupassant, Zola et Céard


Chambres noires du naturalisme
Copyright






















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70954-3
Citations








« Ce qui caractérise les sociétés dites avancées, c’est que ces sociétés consomment aujourd’hui des images, et non plus, comme celles d’autrefois, des croyances. »
Roland Barthes, La Chambre claire , 1980.
« Les révolutions techniques déterminent à plus ou moins long terme les évolutions institutionnelles et mentales. »
Régis Debray, Introduction à la médiologie , 2000.
Présentation
Le volume d’Andrea Schincariol inaugure la collection laboratorio@francesisti.it concrétisant une initiative parmi les plus importantes de la Société italienne universitaire des Professeurs de Langue et Littérature française (S.U.S.L.L.F.) : le soutien à la recherche de jeunes spécialistes par la publication des études les plus innovantes dans les domaines de la langue et de la littérature françaises.
Le dispositif photographique chez Maupassant, Zola et Céard se penche sur les relations entre l’image argentique et la parole littéraire dans l’œuvre de quelques auteurs de la fin du XIX e siècle, notamment Maupassant, Zola et Céard. Dès son invention, la photographie, par sa reproduction fidèle et exacte, a marqué une révolution dans les habitudes perceptives de l’homme. Miroir doté de mémoire selon Jules Janin, refuge des peintres manqués selon Charles Baudelaire, l’image est rapidement entrée en relation avec la littérature, créant de nouveaux personnages devenus célèbres, comme M. Carcassonne – le perruquier inexpert que Champfleury transforme en photographe magicien dans la Légende du daguerréotype . Elle innove tout aussi bien l’évocation littéraire de la mémoire, du temps et de la mort par une exploration inédite des limites ontologiques et autobiographiques de l’écriture que l’on retrouve, à plus d’un siècle de distance, dans La Chambre claire de Roland Barthes. Entre-temps, la valence purement documentaire de l’image a été complètement dépassée, la complexité sémiotique et culturelle du nouveau médium s’étant imposé comme une évidence.
L’étude de Schincariol se situe dans le sillage des travaux sur la photolittérature que Philippe Ortel a entamés depuis 2002, considérant l’influence du modèle esthétique photographique comme une révolution invisible qui conditionne profondément les structures littéraires, à partir de la découverte de Daguerre que François Arago divulgue et légitime dans son célèbre discours à l’Académie des Sciences et des Beaux-Arts en 1839. Dans La littérature à l’ère de la photographie , Philippe Ortel infère, à partir de nombreux exemples échelonnés de Lamartine à Gide, une théorie photolittéraire qui est pour Andrea Schincariol la référence méthodologique par excellence qu’il adopte pour observer la mutation des dispositifs de représentation et leur impact sur l’œuvre des écrivains naturalistes choisis. Par une analyse de l’énonciation littéraire précise, toujours pertinente, bien documentée et riche en suggestions, l’auteur se propose d’illustrer comment l’image photographique s’inscrit dans le texte et de rechercher la configuration du récit qui serait la conséquence de cette nouvelle technique de représentation.
Après une brève introduction théorique au système des dispositifs appliqués à la littérature photographique, Andrea Schincariol consacre les trois chapitres à l’analyse littéraire de détail du modèle photographique dans sa fonction de modélisation du champ littéraire réaliste-naturaliste, ancrant soigneusement l’étude par une réelle prise en considération des données historiques. Le Horla de Guy de Maupassant est l’occasion pour l’auteur de mettre en relation la notion de fantastique avec celle du dispositif photographique. En effet, dans son journal l’aliéné se propose de visualiser, à travers l’écriture, l’être surnaturel qui le hante. Deux scènes sont révélatrices : la séance d’hypnose, pendant laquelle le héros tire de sa poche son portrait photographique que sa cousine, assise devant lui, entrevoit grâce à une carte de visite fonctionnant comme un miroir et celle de l’absence de reflet dans le miroir qui plonge le héros, qui voulait tendre un piège au Horla, dans le désarroi le plus profond. Désarroi à part, il n’en reste pas moins que toute la nouvelle est disséminée de marques de la logique de la chambre noire, qui sont mises en relief dans l’étude critique et qui paradoxalement mettent en question le bien fondé du mimétisme photographique. Andrea Schincariol se focalise ensuite sur Nana d’Émile Zola qui devait incarner, aux yeux du maître de Médan, le corps naturaliste par excellence. Parti à la recherche des transformations du texte en appareil scopique, l’étude interprète le roman zolien comme la répétition d’une même scène de séduction qui constituerait la première émergence de la dimension du désir véhiculée textuellement par le regard. La présence du théâtre dans l’ incipit offre à l’analyse des éléments importants, à partir du rideau-diaphragme à l’encadrement des personnages dévoilant la pulsion scopique qui caractérise le roman. Les références dans le roman à un atelier photographique que Nana aperçoit d’une fenêtre et aux vitrines luisantes dans la galerie d’un Passage parisien, contribuent à mettre en valeur la représentation du corps de la femme par une dissémination massive de son reflet et de son image photographiée qui se transforme ainsi en un corps-spectacle totalisant, glorifié par une représentation particulière de la lumière. Henry Céard par contre, dans ses œuvres, anticipe la représentation contemporaine de la photographie qui est contemplée et décrite dans le mécanisme romanesque avec le but d’en disqualifier les fonctions mimétiques de reproduction du monde. Ses deux romans – Une belle journée et Terrains à vendre au bord de la mer – se caractérisent par une analyse psychologique marquée. Selon Andrea Schincariol le régime de vision qu’Henry Céard met en acte est ambigu car il vise à dépotentialiser la vision comme compréhension du monde et à faire percevoir au lecteur ce qui se cache derrière les apparences, enfin ce qui ne peut pas être vu. Ainsi l’étude d’Andrea Schincariol nous accompagne-t-elle vers la mise en question de la fonction mimétique accordée habituellement à l’image, anticipant les récits contemporains où la rencontre entre le scriptural et l’iconique est le lieu de l’impossible exactitude et où la valeur probante inhérente à la photographie laisse la place à une désillusion incontournable, le modèle mimétique se révélant fragile et décevant face aux nouveaux défis modernistes de la représentation littéraire.
Valeria Sperti et le Bureau SUSLLF 2010-2013
(Mariagrazia Margarito, Letizia Norci Cagiano, Domenica Iaria, Valeria Sperti, Valerio Cordiner, Mario Marcon)
INTRODUCTION
La découverte de la photographie, que l’on fait traditionnellement coïncider avec la présentation officielle de la technique du daguerréotype aux Académies des Sciences et des Beaux-Arts en 1839, eut un impact considérable sur les habitudes perceptives de l’homme. Pour le dire avec les mots de Charles Grivel, cette image mécanique transforma en très peu de temps et de manière radicale « l’idée que nous nous faisons de ce que nous sommes et de la réalité au sein de laquelle no

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