Carnets de route du Darfour
273 pages
Français

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Carnets de route du Darfour , livre ebook

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273 pages
Français

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Description

Ces carnets de route de Josselin Gauny sont tirés de ces pages que, soir après soir, il a rédigées en zone de guerre civile. L'auteur nous donne à lire un quotidien en humanitaire, avec ses côtés émouvants, risibles, ridicules parfois, scandaleux aussi. Il décrit un quotidien où l'enthousiasme le dispute à l'amertume, où les espérances se heurtent aux réalités d'un conflit aussi absurde qu'impitoyable. Un cahier de photographie de l'auteur accompagne ce texte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 283
EAN13 9782296933347
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Merci à ceux qui m’ont encouragé à continuer
inlassablement ce carnet sur le terrain
Toute ma reconnaissance va à Catherine, Bernard et à ma famille qui ont permis à ce carnet de commencer une seconde vie
Mes pensées vont à tous ceux que j’ai laissés sur place,
sans un adieu,et dont je n’ai plus de nouvelles
Carte du Darfour
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23 février 2008.Cinq jours après mon départ de Paris, je suis toujours en rade, dans la capitale soudanaise, attendant que les autorités autochtones me délivrent mon « travel permit», m’octroient ce droit de me jeter dans l’arène duDarfour. Le chemin pour le chantier humanitaire du plus grand pays d’Afrique est sinueux. Tel a été également le trajet par avion, qui nous a offert une dernière faveur, une immersion dans le luxe de l’aéroport deDoha au Qatar.Doha, cehubmétissé duGolfe Persique oùAsiatiques, Européens et Moyen-Orientaux se croisent puis se décroisent. Le personnel de QatarAirways témoigne de cette mixité. Ne distingue-t-on pas les traits d’un jeune homme philippin derrière ce masque à oxygène en démonstration ?Et ces mainsqui me servent un « basquaise chicken » ne sont-elles pas celles d’une native deDamas ? Le trombinoscope des passagers du volDoha-Khartoum est lui aussi éloquent. 45% d’individus qui s’apparentent à des Soudanais. 45% de Chinois qui arborent fièrement les enseignes de leurs employeurs pétroliers ou bâtisseurs.Et nous, les sixEuropéens de « Solidarités ». L’aéroport de Khartoum… Ils n’ont pas l’air d’avoir investi dans les meilleurs portiques de sécurité. J’aurais eu ungun, pas de problème.En revanche, gare à la bouteille deBourgogne tapie au fond du sac, même dans un récipientEvian. L’aéroport, très provincial, est désert ; la chaleur et la musique lénifiante émise par des amplis nous assoupiraient presque. Je n’attendais pas grand-chose de Khartoum. Heureusement. ème C) figure l’Union Jackette ville, dont le plan initial (fin 19 britannique, ne ressemble à rien. Un développement tentaculaire, à plat, inégal. Si le terre-plein de l’avenue reliant l’aéroport au centre-
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ville est couvert d’une pelouse humidifiée méticuleusement, sur les bas-côtés, les immeubles à moitié achevés viennent garnir les terrains vagues. Une poussière sableuse latente semble reposer comme une nappe de crasse sur la ville.Luminosité désagréable, absence d’élément bâti remarquable, platitude sans fin, tout concorde pour que l’arrivant n’ait aucune idée d’où il se trouve. Paysage lassant, le surgissement d’un cirque aux couleurs criardes au milieu d’une friche urbaine n’en souligne que l’absurdité.
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Vendredi, jour de repos, voilà une belle occasion de faire du tourisme hors de Khartoum. Quoi de mieux qu’une brève immersion dans la Nubie antique pour ne pas se mettre dans le bain ? D’habitude la petite virée dans la vallée du Nil est conçue comme la récompense de l’humanitaire hirsute et galeux qui vient de trimer 9 mois au fin fond duDarfour. Se l’offrir en début de mission, au moment où la pression doit être à son comble, n’est pas idéal pour la motivation. Mais trêve de culpabilité, la pyramide du roi er Avaut bien le détour.manikhabale I Le trajet, environ 300 km entre Khartoum et le site archéologique de Meroe, nous donne un premier aperçu de la signification du mot « désert » au Soudan. Passée l’isohyète des100 mm annuels de précipitations, la sècheresse enfante de vastes étendues stériles. Quelques chaos rocheux, couleur anthracite, viennent rompre la monotonie du paysage. Peu à peu la témérité des dernières herbes folles trouve sa limite et laisse place à une hégémonie de sa majesté le Sable et à ses sujets caillouteux.Et entre quelques arbustes clairsemés que Mère Nature a condamnés à une croissance ingrate, l’on distingue ici ou là un âne qui se pavane, un
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