L âme écorchée
207 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

207 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Comment vivre lorsqu'on est pris dans une guerre civile et des conflits fratricides ? Comment vivre quand on a vu son père se faire tuer sous ses yeux, sa soeur se faire emmener par les soldats ? L'histoire de Chouman Kinkonzi est édifiante ; elle nous montre ce que fut l'horreur dans le Congo des années 1990. Au milieu des tueries, un jeune Africain essaie de s'en sortir. Il finit par quitter le pays pour la France ; c'est alors l'émerveillement mais aussi le racisme. Heureusement il ya la danse...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2007
Nombre de lectures 202
EAN13 9782336281667
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Seydou Nourou MBODJI, A mes frères des rues , 2007.
Issaka Herman TRAORÉ, Le boa qui avale sa queue , 2007.
Jean-Philippe STEINMETZ, La pirogue blessée , 2007.
Marne Pierre KAMARA, Les appétits féroces , 2007.
Sylvie NTSAME, Mon amante, la femme de mon père , 2007.
Christian DURIEZ, Zamane , tradition et modernité dans la montagne du Nord-Cameroun , 2007.
Géraldine Ida BAKIMA POUNDZA, Expatriés en Guinée Conakry , 2007.
Alexandre DELAMOU, Les 32 jours de grève générale en Guinée , 2007.
Edna MEREY-APINDA, Ce soir, je fermerai la porte , 2007.
Emmanuel F. ISSOZE-NGONDET, Un ascète dans la cour , 2007.
Thérèse ZOSSOU ESSEME, Pour l’amour de Mukala , 2007. Philomène OHIN-LUCAUD, Au nom du destin , 2007.
Serge Armand ZANZALA, Les « démons crachés » de l’autre République , 2007.
W. L. SAWADOGO, Les eaux dans la calebasse. Roman , 2007.
Jean-Marie V. RURANGWA, Au sortir de l’enfer , 2006.
Césaire GHAGUIDI, Les pigeons roucoulent sans visa ..., 2006.
Norbert ZONGO, Le parachutage , 2006.
Michel KINVI, Discours à ma génération. La destinée de l’Afrique , 2006.
Tidjéni BELOUME, Les Sany d’Imane , 2006.
Mamady KOULIBALY, La cavale du marabout , 2006.
Mamadou Hama DIALLO, Le chapelet de Dèbbo Lobbo , 2006. Lottin WEKAPE, www.romeoetjuliette.unis.com , 2006.
Grégoire BIYIGO, Orphée négro , 2006.
Grégoire BIYIGO, Homo viator , 2006.
Yoro BA, Le tonneau des Danaïdes , 2006.
Mohamed ADEN, Roblek-Kamil, un héros afar-somali de Tadjourah , 2006.
Aïssatou SECK, Et à l’aube tu t’en allais , 2006.
Arouna DIABATE, Les sillons d’une endurance , 2006.
L'âme écorchée
Mémoires d'un Congolais réfugié en France

Chouman Kinzonzi
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion. harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296046207
Sommaire
Ecrire l’Afrique - Collection dirigée par Denis Pryen Page de titre Page de Copyright Avant-propos I — Quand des concitoyens s’entretuent II — Le départ d’un père III — Travailler à l’école, chanter au foyer IV — Courir pour Bacongo V — Le coup du Destin VI — Danser pour ne pas mourir VII — Le rêve brisé, les milices VIII — La famille face à la maladie IX — Deuxième guerre civile X — Un voyage de trop à Pointe-Noire XI — Echapper à la tuerie XII — Survivre au milieu de la mort XIII – Une seule solution : quitter le Congo XIV – Les surprises de la France XV — Danser, travailler, s’intégrer Conclusion Remerciements
Avant-propos
Je n’avais jamais raconté mon histoire à personne. Je suis quelqu’un de pudique et ni ma nature ni mon éducation ne m’incitent à parler de ce que j’ai vécu. Avec le temps, j’ai appris à mettre des mots sur mes souffrances, et à tenter ainsi de me libérer de mes démons.
Aujourd’hui, mon souhait est de mettre par écrit une partie de ma vie, c’est-à-dire une partie de moi. Je n’ai qu’une trentaine d’années, mais j’ai déjà une expérience relativement conséquente, et il me paraît important de témoigner. Mes souvenirs sont nombreux et précis. Mon histoire est douloureuse en bien des points. Mais j’ai également de merveilleuses images en tête. Ma vie est une succession d’émotions extrêmes : amour, haine, joie, souffrance, bonheur, violence, bêtise.
Né au milieu des années 1970 à Brazzaville, capitale du Congo, issu d’une famille très modeste, je suis l’aîné d’une fratrie de six enfants. Après moi est né Destin, mon seul frère, puis suivent mes deux premières sœurs, et enfin les petites jumelles. Nous avons tous grandi au Congo, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960. Notre pays est majoritairement chrétien, mais les croyances en tous genres sont omniprésentes dans notre culture.
Malgré les richesses naturelles du pays, la population est pauvre. Le travail est rare et, à l’heure actuelle, vivre au Congo dans une famille ordinaire est assez difficile ; cela nécessite du courage, de l’organisation, une bonne gestion des ressources et surtout une grande capacité à utiliser le système D.
Le Congo a connu plusieurs guerres atroces qui ont détruit le pays et causé de terribles dégâts dans les familles. De nombreux citoyens furent tués. Enfants et vieillards n’étaient pas épargnés, les femmes non plus, même quand elles étaient enceintes ou qu’elles allaitaient. Ces tueries ont souvent eu lieu sous les yeux des proches qui n’avaient le temps ni de fuir ni de détourner leur regard. J’en ai vu beaucoup.
Le Congo ne se résume pas à ces horreurs. Il est aussi porteur d’espoir, de joie, de messages de paix et de tolérance. Il représente l’Afrique, avec les images, les sons et les couleurs que l’on imagine. Du Congo, viennent beaucoup d’artistes, qui apportent jusqu’en Europe le soleil, la chaleur et la joie de vivre. Moi-même, je pratique la danse ; je tente ainsi de partager une partie de ma culture avec les étrangers qui le désirent. L’échange et le mélange sont deux aspects fondamentaux de ma culture et de mon éducation, que je souhaite préserver. Ils font partie intégrante de la philosophie de vie qui est la mienne.
Si j’utilise ici l’écriture, c’est dans ce même but d’échange et de partage. En racontant ce que j’ai vécu, je veux transmettre : une histoire, une expérience, un témoignage. Ceux qui le souhaiteront pourront réagir. Et tout simplement savoir : savoir ce que c’était que de vivre au Congo à la fin du XX e siècle.
I — Quand des concitoyens s’entretuent
Le 3 novembre 1993, l’opposition politique organisait une manifestation afin de signifier au gouvernement son désaccord avec une de ses décisions. Très rapidement, la manifestation prit une mauvaise tournure : les militaires commencèrent à tirer sur les citoyens, et les coups de feu ne tardèrent pas à se généraliser.
Ce conflit politique prit immédiatement une dimension ethnique dans la mesure où le Président de la République était Bémbé alors que le responsable de l’opposition, à l’origine du défilé, était Lari. C’est ce jour-là qu’éclata une guerre ethnique à Brazzaville.
Cela provoqua des déchirements dans toute la ville. Auparavant, nous nous considérions tous Congolais, sans distinguer en fonction des origines ethniques. Des Laris étaient mariés à des Bémbés, nous étions voisins et amis. Subitement, on devait se séparer. Les pressions furent telles que les quartiers ont très vite été fermés, certains réservés aux Laris et interdits aux Bémbés, d’autres réunissant des Bémbés et n’acceptant pas de Laris, sous peine de mort.
Très rapidement, de nombreux civils, aussi bien Bémbés que Laris, ont pris part au conflit, qui impliqua de plus en plus de personnes. Des familles obligeaient des femmes à quitter mari et enfants parce qu’ils appartenaient à l’autre ethnie, afin de rejoindre le quartier où elles devaient se trouver. Mes copains Bémbés ont dû fuir le quartier. Leur départ s’imposait s’ils ne voulaient pas se faire tuer. Un Bémbé vu dans le quartier lari risquait la mort, et inversement.
Dans les deux camps, tous les magasins et les maisons appartenant à des personnes de l’autre ethnie étaient pillés et détruits. Ainsi, dans le quartier bémbé par exemple, tout ce qui était la propriété d’un Lari était volé. Des Bémbés allaient là où vivaient des Laris afin de s’approprier les biens et de détruire les maisons. Si un Lari n’avait pas encore pris la fuite, il était tué. Il en était de même pour les Bémbés habitant le quartier lari. La haine et le racisme venaient de s’installer alors que, jusqu’à la veille, Laris et Bémbés vivaient ensemble, en toute simplicité.

Une partie de Brazzaville est devenue morte en quelques jours. Dans mon quartier, les habitants s’enfermaient chez eux. Plus personne ne pouvait partir travailler, plus aucun enfant n’allait à l’école, le marché n’avait plus lieu... Les rues étaient désertes. De l’intérieur de nos maisons, nous n’entendions que des bruits de balles, des bombardements, des cris et des pleurs. Nous ne pouvions rien

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents