La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2008 |
Nombre de lectures | 192 |
EAN13 | 9782296200456 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 4 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
DU MÊME AUTEUR
De Gaulle par l’affiche(en collaboration avec Pierre Lefranc), Institut
Charles de Gaulle, Plon, 1980.
De Gaulle et les mass media, l’image du Général,(préface de Maurice
Schumann, de l’Académie française), France-Empire, 1985.
L’appel au père, De Clemenceau à de Gaulle,Lettres du Monde, 1992.
De Gaulle face aux crises (1940-1968),Le Cherche Midi Editeur, 2000.
Àma mère,
ÀJean-Gabriel et Jean-Charles.
La tourmente, il[Paul Reynaud]
l’affronta avec une solidité d’âme
qui ne se démentit pas.
Charles de Gaulle.
Mémoires de guerre, L’Appel.
INTRODUCTION
SOMMAIRE
I. Le politique du corps cuirassé « de Gaulle »
II. Face à la montée des périls – 1935-1939
III. Ministre des Finances de la « drôle de guerre »
IV. L’avènement et l’accord du 28 mars 1940
V. La stratégie périphérique et ses désillusions
VI. Prélude au désastre – 10-15 mai 1940
VII. Le choc de Sedan – 16 mai-28 mai 1940
VIII. Tentative de résistance – 29 mai-14 juin 1940
IX. La chute – Bordeaux – 15-16 juin 1940
EPILOGUE : Reynaud entre deux mythes
NOTES
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
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19
41
77
109
137
189
211
273
359
393
409
449
457
INTRODUCTION
Lors d’une ultime rencontre, en mars 1959, sur la Côte d’Azur, avec
l’exPremier ministre britannique, Sir Winston Churchill, Paul Reynaud s’entendra
dire par levieuxLion, évoquantles années de guerre, qu’il estimaitavoir eu
beaucoup plus de chance que son collègue français,voué jusque-là, selon lui, à
un sortinjuste. En effet, alors que le nom de Churchill setrouvaitdésormais
associé à la Victoire des Alliés, celui de Reynaud restaitattaché à la défaite de
la France. Mais l’ancien Premier britannique soutintà son interlocuteur qu’il ne
devaiten aucun cas désespérer, parce que l’Histoire sauraitreconnaître ses
grands mérites, sa clairvoyance, notamment, – n’avait-il pas pour ainsi diretout
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prévu? – etqu’à sa place personne n’auraitpumieuxfaire .
Cependant, jusqu’à présent, l’histoire elle-même ne semble pas avoir ratifié
cette appréciation de Winston Churchill.
*
Entémoignentla place restreinte accordée à Paul Reynaulesd dans
manuels scolaires etles dictionnaires, etla nature des commentaires deson
activité politique quiyfigurent. Ceux-ci se limitentgénéralement, en effet, à le
présenter comme le successeur de Daladier en mars 1940, à signaler son
opposition à l’armistice età rapporter que, mis en minorité par les partisans de
l’arrêtde la lutte, il démissionna le 16juin 1940, « laissantla place aumaréchal
Pétain ».
Estégalementsignificative la rareté destravauxhistoriques qui lui ontété
consacrés. Contrairementauxdeuxprésidents duConseil qui l’ontprécédé,
LéonBlum et Edouard Daladier, son action en tant que chef de gouvernement
n’a donné lieu à aucun colloque universitaire.
Seulement deux ouvrages sont parus sur lui à l’étranger, l’un, américain, en
1977, traitant de sa contribution à la Défense nationale française, l’autre,
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allemand, en 1996, s’intéressant à son rôle de leader libéral enFrance .
*
Né àBarcelonnette (Basses-Alpes ; Alpes deHaute-Provence aujourd’hui) le 15 octobre 1878 et
décédé à Neuilly-sur-Seine le21 septembre 1966.
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Quant aux biographies françaises de Paul Reynaud, elles ne se comptent, à
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ce jour, qu’au nombre de deux, la première ayant été publiée en 1998 .
Ce que l’on pourrait donc qualifier de déficit historique à l’égard de celui
qui présida auxdestinées de la France auxheures les plustragiques qu’elle
connut, représente bel etbienune énigme.
Car Paul Reynaud n’a pas été désigné pour porter les plus hautes
responsabilités, en mars 1940, après quelque septmois de «drôle de guerre »,
duseul faitduhasard. C’estque l’onvoyaitalors, en lui, sinonun «nouveau
Clemenceauno» –us observerons quel poids le passé de la Grande Guerre
exerça en ces circonstances –, dumoins le seul homme politique ayantles
capacités de conduire la France à lavictoire.
Etcela, en raison, d’abord, d’une personnalité jugée particulièrement
brillante. « Pour ce qui concerne Paul Reynaud, commentera Charles de Gaulle,
en mai 1943, je persiste à penser qu’il était très supérieur par l’esprit et par le
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caractère à tout le personnel politique concurrent . » Partageant, sur ce point,
entièrement l’opinion du chef de la France Combattante, Raymond Aron,
écrira : « Paul Reynaud, il faudrait être aveugle oude mauvaise foi pour le nier,
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futle plus intelligentdes hommes politiques de l’entre-deux-guerres . »
En considération, ensuite, d’un certain parcours, ponctué de courageuses
*
prises de position – concernant, entre autres, la dévaluation dulafranc ,
création d’un corps cuirassé, la politique extérieure, qu’ilveutsans concessions
face auxdictatures, le renforcementde l’alliance franco-russe – critiquées par
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nombre de ses pairs, à commencer par ses propres amis politiques ,mais dont
les faits s’étaientchargés de démontrer le bien-fondé.
En raison, enfin, duredressementéconomique etfinancier,toutà fait
remarquable, accompli par lui entantque ministre des Finances duCabinet
Daladier, à partir de novembre 1938, et qui devaitpermettre à la France de
financer son effortde guerre.
Remarquantque Reynaud avaitété appelétroptardivementaupouvoir pour
***
être en mesure de sauver la France dudésastre, André François-Poncet,
s’interrogera sur les causes de ce retard dansun article intituléPaul Reynaud
l’intrépideLes lec: «teurs desMémoireset, surtout, les plus jeunes
demanderont, sans doute, pourquoiun homme doué de l’intelligence la plus
aiguë, appuyée surune riche information et une intuition pénétrante, courageux,
énergique, lucide, faitpour l’action etles responsabilités, excellentorateur, de
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surcroît, a ététenulongtemps à l’écartdupouvoir etn’a été, finalement,
*
Qu’il préconise, en opposition à la ruineuse politique de déflation, alors envigueur.
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Depuis son entrée à la Chambre des députés, entantque représentantdesBasses-Alpes, en
1919, Reynaud appartient à l’Alliance démocratique, formation centriste issue de l’aile libérale
des républicains « progressistes », qui avaient suivi Waldeck-Rousseau en 1899.
***
Ambassadeur deFrance à Rome de 1938 à 1940.
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Il étaitavocat de formation.
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appelé à la tête du gouvernement qu’à l’heure où des craquements sinistres
annonçaient des catastrophes prochaines. La réponse à cette question n’est pas
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facile . »
Il semble qu’il faille rechercher une première explication de cette mise à
l’écart de Reynaud, dans son positionnementmême, souventà contre-courant
de l’opinion dominante sous la IIIe Républiquc’ese :t, sans conteste,
volontairement, qu’il a sacrifié l’avancementde sa carrière politique à la
défense des idées qu’il croyaitjustes, avec la préoccupation permanente de faire
passer l’intérêtdupays avantles partis. « La noblesse de lavie politique,
écrira7
t-il, estde se battre seul, quand on senten soiune conviction profonde . »
Etducoup, l’ironie cruelle de l’histoire lui fera assumer les conséquences
des manquements de ses prédécesseurs, qui n’avaient vouluprendre en compte
ni ses avertissements, ni ses préconisations.
S’efforçantde comprendre les raisons de la réprobation dontReynaud
semble avoir été l’objet, Alfred Sauvyqui fut, dès 1934, le principal conseiller,
e *
sur le plan économique, du député du 2Arrondissement de Paris , observera :
« Ilest peu d’hommes aussi mal connus que Paul Reynaud. Aux yeuxde ses
contemporains, il a encouru, avant tout, le détestable sortduporteur de
mauvaises nouvelles, celles de juin 1940surtout, donc l