Sage-Femme : Du corps au coeur
150 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Sage-Femme : Du corps au coeur , livre ebook

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150 pages
Français

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Description

L'auteur, exerçant le métier de sage-femme depuis plus de trente ans, en interroge l'évolution. Lorsque l'identité des sages-femmes ne se légitime plus qu'au seul regard d'une compétence médicale, lorsque les sages femmes ne peuvent plus ou ne savent plus accompagner les futures mères et les nouvelles accouchées, n'est-ce pas aux femmes elles-mêmes et à l'être humain que l'on porte atteinte ? L'évènement de la maternité nécessite attention, égards et respect.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296477193
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SAGE-FEMME : DU CORPS AU CŒUR
Histoire de Vie et Formation
Collection dirigée par Gaston Pineau
avec la collaboration de Bernadette Courtois, Pierre Dominicé,
Guy Jobert, Catherine Schmutz-Brun, André Vidricaire et Guy de Villers

Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s’ouvrant aux productions qui cherchent à articuler "histoire de vie" et "formation". Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique.
Le volet Formation s’ouvre aux chercheurs sur la formation s’inspirant des nouvelles anthropologies pour comprendre l’inédit des histoires de vie. Le volet Histoire de vie , plus narratif, reflète l’expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens.

Dernières parutions

Volet : Histoire de vie

M. CAMEY, Chirurgien de l’impossible. 54 ans à l’Association française d’urologie , 2011.
P. GALVANI, Y. de CHAMPLAIN, D. NOLIN, G. DUBE (coord.), Moments de formation et mise en sens de soi , 2011.
Jean FERREUX, Prise de ris[que]. Pamphlet autobiographique , 2011.
Julie DOLLÉ, Vaincue, parfois… Résignée, jamais ! , 2011.
Jacques SERIZEL, Armelle ROUDAIRE, André de Peretti : rencontres et compagnonnages franco-marocains. Entretien avec Gaston Pineau , 2011.
Yves NIGER, La roue du hamster , 2010.
Jean-Pierre WEYLAND, L’imparfait du subjectif , 2010.
SAPHIRA X, Mémoires d’une fille paumée , 2010.
Anne-Marie PIFFAUT, Les secrets de Lina, Persévérance , 2010.
Maurice ANDRE, Récit de vie d’un marin , 2010.
Maryvonne CAILLAUX, Comme des orpailleurs. De la misère à la pauvreté, les relations comme chemins de libération , 2010.
Martine LANI-BAYLE et Marie-Anne MALLET (dir.), Evénements et formation de la personne, Tome 3, 2010.
ORELIA, Le prix du silence , 2009.
Christine FENAUX


SAGE-FEMME : DU CORPS AU CŒUR

Pour que demeure l’essentiel


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56630-9
EAN : 9782296566309

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À mes proches,
« La parole trouve sa justesse
au cœur du silence,
et la pensée, lorsqu’elle surgit,
du tréfonds de la non-pensée. »
Maître Taisen D ESHIMARU


« Car si la vie est la pensée,
la mort est le contour qui l’exprime. »
Ilarie V OLONCA
Prologue
J’ai décidé de franchir le pas.

Une page blanche, c’est une possibilité qui s’offre, un peu comme une nouvelle vie, et les nouvelles vies, ça me connaît ! Elles sont au cœur de mon travail car j’exerce la profession de sage-femme depuis plus de trente ans, déjà…

Aujourd’hui, j’ai envie d’autre chose, j’ai longtemps fait silence, observé. Maintenant je voudrais tenter de dire…

Une nouvelle page, tourner la page… Le rapport entre écriture et renouveau apparaît ici clairement. Aller de l’avant suggère de l’avoir déchiffrée, cette page que l’on tourne, de l’avoir parcourue d’une manière ou d’une autre en lecture ou en écriture. On peut aussi sauter la page, pressé d’atteindre le dénouement de l’histoire, mais dans ce cas il manquera ce qui permet de faire lien avec la suite du récit, de percevoir les rebondissements qui, au fil du temps, constituent la trame d’une saga sans fin puisque notre histoire à nous, sages-femmes, se lie indissociablement à celle de l’humanité.

Me voici parvenue au moment de la mise en pages, celle de mon expérience, de la réflexion, des interrogations qui en découlent et s’inscrivent dans le temps et le lieu où la croisée des hasards m’a fait naître, ceux de notre époque, de notre société avec ce qui la caractérise dans le mouvement qui la constitue. Mouvement dont je fais partie, au même titre que vous, avec cette singularité propre à chacun d’entre nous.

Ainsi, le rapport à la vie se constitue en point d’énigme avec lequel nous composons, à notre façon, comme nous pouvons…

***

« La parole est d’argent mais le silence est d’or… »

Cette maxime, je l’ai lue à chaque fois que je recherchais un numéro de téléphone dans l’agenda familial. Une valeur s’inscrivait là, sous mes yeux, sans que j’y prenne garde. Une invite à la réflexion sur le poids et la valeur des mots en fonction du silence qui les habite ? Un avertissement humoristique dans le but d’inciter à un échange allant droit à l’essentiel, à ne pas se perdre dans d’interminables et souvent futiles bavardages ? Ce message me revient aujourd’hui en mémoire au moment même où je décide de franchir le pas : j’ai envie de prendre la parole pour parler de ma profession, pour parler de ce qui m’a animée pendant toutes ces années de pratique.

J’ai envie de parler des femmes, de l’être humain lorsqu’il est dans l’une des plus extrêmes des épreuves de sa vie : celle de sa naissance.

Faire silence, pour être au plus près de la vérité, d’une vérité, la mienne toute relative, subjective par essence. Faire silence pour féconder les pensées, leur permettre de se saisir de mots pour exister, faire silence avant de témoigner et ainsi nouer le passé à demain en interrogeant le présent.
PREMIÈRE PARTIE Témoignage
1 Au moment de décider
Je ne me destinais pas à devenir sage-femme ! Lorsque j’étais adolescente, je voulais embrasser la même carrière que celle de ma grand-mère paternelle : herboriste. Elle tenait un magasin, rue de Flandres, dans la ville de C., assistée de mon grand-père lorsque les horaires décalés de celui-ci le lui permettaient. Enfant, mon regard se posait souvent sur les mystérieux bocaux de pétales de fleurs séchées qui trônaient au-dessus du buffet. Mon grand-père me racontait le comptoir en chêne soigneusement ciré, les jolis tiroirs en bois, les poignées doucement luisantes de cuivre où le nom de chaque variété de plantes était calligraphié à l’encre violette. Petite fille, en écoutant mon grand-père, j’avais la sensation de respirer les senteurs si particulières qui embaumaient le magasin. J’imaginais la balance qui pesait délicatement les divers ingrédients et Madeleine les agençant pour concocter sur mesure de savants mélanges.
« Diplôme inutile ! » décréta sèchement l’oncle Léon, docte pharmacien de son état. Cette sentence péremptoire ne dissuada pas ma grand-mère d’acquérir son diplôme. Le contact avec ses fidèles clientes, les échanges, les confidences reçues, mais aussi la satisfaction du résultat obtenu, le soin apporté à l’agencement du magasin constituaient, dans le discours de mes grands-parents, autant d’éléments qui m’attiraient vers cette profession. Ce fut une grande déception de découvrir qu’une loi promulguée sous le régime de Vichy avait orchestré la suppression du diplôme en 1941.

Scolarisée alors en troisième, j’opte pour une décantation temporaire de mes projets d’avenir. Les élèves de terminale me paraissent des adultes, je suis encore à mille lieues de leur société. Bien que dotée d’un tempérament littéraire, je suis orientée en seconde scientifique. Imprégnée du discours familial et de l’ambiance de l’époque sur la préséance des scientifiques (hélas cela n’a guère évolué), je ne me pose pas de questions malgré un niveau des plus médiocres en mathémathiques !

En première, taraudée par la perspective du bac, des études à entreprendre et surtout à choisir, je songe très sérieusement à devenir orthophoniste. Mon frère, à l’âge de six ans, avait consulté un phoniatre ; je ne sais pour quelles raisons mystérieuses j’ai conservé le nom de ce médecin en mémoire ainsi que le souvenir de ce rendez-vous auquel toute la famille au complet s’était rendue. Expédition qui avait nécessité plusieurs bus ! Je me souviens de cet homme blond, grand, les cheveux frisés, dont le cabinet était installé dans une de ces vieilles demeures familiales dont l’atmosphère semble chargée de l’histoire des générations précédentes… Il avait très bien accueilli mes parents. Mon frère, grâce aux séances de rééducation prescrites par ce médecin, avait vaillamment vaincu le défaut qui entravait son élocution. Oui ! Je serai orthophoniste, ma décision est prise et demeure inébranlable… Jusqu’à ma participation à une réunion des métiers organisée par le lycée. Initiative louable qui, dans le meilleur des cas, con

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