Sur des chemins de traverse
195 pages
Français

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Sur des chemins de traverse , livre ebook

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Description

Ce sont bien des chemins de traverse que l'auteur de ce témoignage a empruntés, à ses risques et périls, sans toujours être sûr de sa mission, mais sans jamais renoncer au voyage, qui lui permit de rencontrer les innombrables égarés ou rejetés, les laissés pour compte. Plus que la seule opiniâtreté, plus que le simple courage, c'est la force des convictions, la vigueur de la foi qui peuvent expliquer le choix de cet itinéraire hors des sentiers battus.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 147
EAN13 9782336251004
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sur des chemins de traverse

Paul Bernardin
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanl @wanadoo.fr
9782296023260
EAN : 9782296023260
Sommaire
Page de titre Page de Copyright POUR GARDER MÉMOIRE LE FIL CONDUCTEUR D’UNE VIE Avertissement ou mode d’emploi —I— - POUR CONSTRUIRE UNE VIE — II — - UN CAP CHOISI ET MAINTENU — III — - UNE LONGUE MARCHE — IV — - UNE AUSSI LONGUE ATTENTE — V — - QUITTE TON PAYS — VI — - LA REMONTÉE AUX SOURCES UN TÉMOIGNAGE SANS CONCLURE REPÈRES POUR L’HISTOIRE DES PRÊTRES-OUVRIERS EN FRANCE* CHRONOLOGIE PERSONNELLE INDEX DES NOMS DE PERSONNES INDEX DES NOMS DE LIEUX
POUR GARDER MÉMOIRE
Je connais Paul Bernardin depuis plus de cinquante ans. J’ai été son condisciple durant quelque temps, puis nos chemins se sont séparés. Mais nous ne nous sommes jamais perdus de vue, même si, par suite des choix différents que nous avons faits l’un et l’autre, des circonstances, des aléas de la vie, par négligence et non certes de propos délibéré, nous avons laissé parfois les liens entre nous se distendre ou se relâcher. Régulièrement, une lettre, l’envoi d’un bouquin, un coup de fil, une rencontre nous permettaient de reprendre contact et de mesurer la solidité et la fidélité d’une amitié dont ni l’un ni l’autre, je crois, nous n’avons jamais douté.
C’est dire que j’ai suivi son parcours avec intérêt, attention, et, je puis bien l’avouer, au risque de m’attirer de sa part un haussements d’épaules, avec admiration : une telle opiniâtreté de paysan à tracer son sillon, dans un sol particulièrement ingrat, une telle constance à poursuivre une route souvent semée d’embûches et d’obstacles, une telle obstination à maintenir le cap, par gros temps et sur une mer souvent houleuse, et parfois sans même savoir si la mission avait bien été donnée de se lancer dans une telle aventure ! ... Sillon, route, course au large ou voyage au long cours : quelle que soit l’image retenue, il s’agit bien d’un cheminement, d’une route, d’une aventure, et l’itinéraire emprunté suit un tracé qui n’a rien de rectiligne. Il m’a semblé qu’un tel parcours, atypique, peu banal, effectué, pour l’essentiel, sur des chemins de traverse, d’une profonde cohérence en dépit de son apparente sinuosité, cahotant mais non chaotique, exemplaire à mes yeux par bien des aspects (et tant pis si j’encours à nouveau un haussement d’épaules !) méritait d’être relaté et qu’il fallait en garder une trace pour l’avenir : notre époque est si prompte à l’amnésie...
Compte tenu de mes liens d’amitié avec Paul Bernardin, on pourra penser que je n’étais pas le mieux placé pour mener à bien ce projet. Mais le propos n’était pas de faire œuvre de sociologue ou d’historien, ni d’entreprendre je ne sais quelle enquête. Simplement, il me semblait important de sauver de l’oubli le témoignage d’un de ces prêtres qui, par fidélité au message évangélique, et en dépit des difficultés rencontrées, décidèrent, « à cause de Jésus-Christ », seuls, dans la discrétion et l’anonymat, de partager la vie et le travail d’ouvriers dont ils se voulaient les frères.
Paul Vannier
LE FIL CONDUCTEUR D’UNE VIE
On peut se demander quelle est la logique interne d’un tel itinéraire, aussi peu classique, apparemment décousu, parti de la campagne pour une mission en monde ouvrier, écartelé entre l’étude théologique et le travail manuel, avec des alternances de solitude acceptée, voire recherchée, et des responsabilités importantes. Vie de provincial, amené à habiter successivement dans plusieurs capitales : Dakar, Rome, Paris, consacré au service d’une Eglise, avec la passion de rejoindre ceux dont elle demeure si loin.
Sans doute ce parcours déroutant reflète-t-il les aspirations déconcertantes d’une personnalité qui refuse de se couler dans un moule, un parti, un conformisme, quels qu’ils soient. Comment en percevoir le fil conducteur au travers des péripéties racontées ?
Le paradoxe d’une existence est qu’elle comporte une part considérable d’imprévus, qui en déterminent fortement le cours. Et pourtant je ne peux nier avoir fait des choix décisifs, pris des décisions importantes en connaissance de cause. N’aurais-je été qu’un fétu de paille, livré aux caprices du courant? Le hasard n’existe pas. Ma responsabilité personnelle n’est pas diluée dans un destin arbitrairement tracé d’avance. Le déroulement de notre vie ne nous échappe pas. Il nous dépasse dans une grande proportion.
Je n’en suis pas le seul acteur. Je suis pris dans un réseau complexe, long à découvrir, de rencontres, d’événements, de courants qui interfèrent avec mes projets, conditionnent mon action, influencent mes convictions : La Résistance et l’Occupation allemande, la Guerre d’Algérie, le Concile Vatican II, l’effondrement de l’Empire soviétique, la chute de la pratique religieuse, etc. Je me suis inscrit tardivement, comme un « ouvrier de la onzième heure », dans l’aventure collective, audacieuse et tourmentée des prêtres-ouvriers. Nous avons écrit ensemble — on a bien voulu le reconnaître - « de belles pages de l’histoire de l’Eglise... sans oublier les moments difficiles, ceux qui viennent de la difficulté de la mission... ceux aussi qui ont été provoqués par des méfiances ou des incompréhensions à l’intérieur de l’Eglise. » (Déclaration des évêques à la Rencontre internationale des prêtres-ouvriers de Strasbourg, 2001)

Évoquant l’épisode fondateur de la sortie d’Egypte, douze siècles avant le Christ, Gay Riobé nous disait « fils de l’événement ». C’est à travers les drames de notre histoire que Dieu réalise son mystérieux projet, et se fait peu à peu connaître de nous. Jésus est parti annoncer la bonne nouvelle du Royaume tout proche, a été condamné et crucifié « sous Ponce Pilate ». Cela n’est contradictoire qu’en apparence. Aux commandes de son appareil, le pilote doit sans cesse s’adapter aux conditions de la navigation, aux vents porteurs ou contraires, aux brouillards et aux orages qui tantôt le favorisent et tantôt lui font obstacle pour accomplir son vol, mais peuvent aussi l’obliger parfois à se dérouter, voire à se poser ailleurs que prévu.
Quand ils relisent, et même recomposent à la fin du premier siècle, l’aventure des premiers apôtres, les Actes en attribuent l’initiative à l’Esprit promis par Jésus. Il les inspire, les guide, leur ouvre la route, ou au contraire leur fait rebrousser chemin. Ils témoignent que leur mission d’aller «jusqu’aux extrémités» du monde alors connu s’accomplit irrésistiblement, en dépit de mille difficultés : oppositions, contestations, persécutions, qui paraissent à tout moment tout compromettre. Deux disciples, qui n’avaient pas encore reconnu le Seigneur sur leur route, s’en allaient désespérés le soir de Pâques : « Nous espérions que ce serait lui qui libérerait Israël... Mais voici trois jours que cela s’est passé ! »

C’est bien moi qui ai voulu devenir prêtre, choisi de partir outre-mer à vingt ans, demandé avec insistance à être prêtre-ouvrier. Mais je n’avais aucune raison de prévoir ma rencontre avec un des premiers prêtres-ouvriers, ni d’espérer pouvoir reprendre des études à trente ans passés, ni d’envisager une responsabilité à l’âge de la retraite.
Je n’ai jamais connu une vie facile, ni aisée, ni enviable. Je ne le souhaitais pas non plus. A défaut de la facilité qu’on m’attribue à tort, j’ai travaillé d’arrache-pied, aussi bien intellectuellement que manuellement, avec le souci exigeant de remplir au mieux le contrat, et de ne pas manquer à la confiance des gens qui comptaient sur moi. Je n’ai jamais considéré que les autres étaient à mon service, ni voulu leur demander ce que je pouvais faire moi-même. J’ai évité autant que possible de vivre à leurs dépens.
J’ai enragé plus d’une fois de ne pas disposer des moyens humains qui me paraissaient nécessaires pour réaliser ce qui me semblait souhaitable. Je n’ai pas bénéficié de la confiance, ni du soutien des responsables, que je n’ai pas cherché à courtiser. J’ai éprouvé de rudes déceptions et souffert de pénibles blessures. J’ai connu une solitude habituelle, rigoureuse, qui me convenait finalement bien. Je ne porte au cou la trace d’aucun collier, qui m’eût retenu à la solde d’un maître, d’un groupe ou d’un parti. Je crois avoir été libre, sans cesser d’être fidèle. J’en ai payé le prix sans marchander.
J’ai eu, tous comptes faits, bien de la chance. J’en rends grâce à Dieu et aux amis exceptionnels et généreux, à qui je sui

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