Tunisie, dessine-moi une révolution
296 pages
Français

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Tunisie, dessine-moi une révolution , livre ebook

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Description

Avec les élections législatives et présidentielles de 2014 et la nomination d'un nouveau gouvernement en février 2015, la Tunisie vient de parachever une période de transition démocratique. L'ouvrage présente les témoignages de citoyens tunisiens qui racontent ce qu'a représenté pour eux cette période de leur histoire. Les récits rendent compte de la complexité du seul processus transitoire abouti dans les pays du "Printemps arabe".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2015
Nombre de lectures 27
EAN13 9782336371061
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Hatem NAFTI





Tunisie,
dessine-moi une révolution

*

Témoignages sur la transition
démocratique (2011-2014)


Préface de Pierre Puchot
Copyright























© L’ HARMATTAN , 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72117-0
Dédicaces


Aux êtres chers qui nous ont quittés en cette terrible année 2013.
A mon père qui m’aurait certainement traité de gauchiste candide mais qui aurait été tellement fier de moi.
A Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et Mohamed Belmufti.
Aux soldats et membres des forces de l’ordre tombés en martyrs pour défendre la belle Tunisie.
Remerciements
Mes remerciements vont d’abord à ma mère qui, au-delà d’un travail minutieux de relecture et de correction, a toujours trouvé les mots qu’il fallait pour m’encourager.
Je tiens également à exprimer ma gratitude à Pierre Puchot qui a accepté de préfacer cet ouvrage.
Je remercie toutes les personnes qui ont accepté de fournir leur témoignage sur cette période si cruciale de l’Histoire de ce beau pays qu’est la Tunisie. La liste n’aurait jamais été aussi étoffée sans le concours de Sahar Belhaj, Selim Ben Abdesselem, Mongi Rahoui, Shiran Ben Abderrazak, Haythem El Mekki, Nawel Bizid, Sami Aloulou, Amal Haouet, Leyla Touil, Leila Riahi, Ghassen Mzoughi et Faiez Fakhfakh.
Ma reconnaissance va également à Elyes Gherib, Hanène Bouguerra, Oussema Bouguerra et Dalila Chtourou qui ont accepté de faire de leurs domiciles des ateliers d’écriture.
Enfin, qu’il me soit permis de témoigner ma reconnaissance à tous ceux qui m’ont moralement soutenu lors de ce véritable chemin de croix que constitue l’écriture d’un premier livre, en particulier Eya Bessa, Sabra Staali, Lobna Gaayeb, Hamza Zarrouk, Khaldoun Aissaoui, Ons Mzali, Selim Bouraoui et Quentin Dutheil.
Préface de Pierre Puchot
Grand reporter à Mediapart, Pierre Puchot a consacré quatre ouvrages à la Tunisie. Deux essais, Tunisie, une révolution arabe (Galaade, 2011), La Révolution Confisquée (Actes Sud, 2012), un roman : La Traversée du chien (Galaade, 2014), et Les Frères musulmans et le pouvoir (Galaade, 2015), ouvrage qui réunit les travaux de 13 chercheurs sous sa direction. En mars 2015, il publie La paix n’aura pas lieu, disent-ils , récit de la faillite du processus d’Oslo au Proche-Orient (Don Quichotte).
Que fait-on de la mémoire d’une révolution ? En ce début d’année 2015, la Tunisie disparaît peu à peu des radars de l’actualité, alors que s’achève avec l’élection à la présidence de Béji Caïd Essebsi un premier cycle ouvert par les manifestations de décembre 2010. Début 2015, que reste-t-il de la révolution tunisienne ? Derrière l’apparente sérénité donnée par un processus électoral sans fraudes massives, du moins au profit d’un camp unique, les acquis sont minces. La condamnation parmi d’autres du journaliste Yassine Ayari à une année de prison ferme pour « outrage à l’armée » démontre que la liberté d’expression demeure elle-même restreinte, encadrée par des corps constitués (ministère de la l’intérieur, justice, armée) que les précédents gouvernements n’ont réformé qu’à la marge et dont les pratiques demeurent inspirées de l’ancienne dictature de Ben Ali.
Sur ce thème, le rapport de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et de l’ONG tunisienne Freedom without borders (FWB) est accablant. Rendu public début janvier 2015 et intitulé Torture en Tunisie : justice, année zéro 1 , le texte souligne que « depuis la révolution, des centaines de Tunisiens ont été torturés par les forces de police. (…) La justice tunisienne participe elle aussi à l’impunité dont jouissent les tortionnaires (…). Aucun juge ni médecin n’a, à ce jour, été poursuivi alors qu’ils ont été nombreux à aider les tortionnaires à camoufler leur crimes.
Sur le plan politique, le bilan est moins sombre, mais il comporte aussi ses zones d’ombre. Amorcé à partir de 2013 pour sortir de la crise exacerbée par l’assassinat des opposants politiques Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi, le processus de dialogue national a permis de réunir l’ensemble des parties impliquées dans la transition politique, y compris le syndicat UGTT, tout en s’organisant à l’extérieur des institutions représentatives légales. Ce fut une réussite, de même que l’adoption d’une nouvelle constitution tunisienne instituant un régime parlementaire mixte.
Néanmoins, quatre ans après le début de la révolution, l’échec patent des forces démocratiques de gauche pèse sur le bilan global de la transition. Ces forces auraient dû accompagner les lendemains révolutionnaires. Elles n’ont cependant pas réussi à percer sur le plan électoral, ni à peser sur les débats. La « troisième force » tant attendue pour briser le tête à tête entre le parti musulman conservateur Ennahda et les forces de l’ancien régime – composantes majeures du parti Nida Tounes du nouveau président Béji Caïd Essebsi – est encore un mirage. En l’absence d’un véritable pluralisme, le système politique tunisien est aujourd’hui prisonnier d’une bipolarisation qui, à terme, menace de l’étouffer.
A côté du parti Ennahda, qui est parvenu à construire une organisation hiérarchisée et, pour l’heure, unifiée, les partis tunisiens demeurent avant tout des clubs , pour reprendre l’expression du chercheur Chokri Hmed, de réflexion et de notabilité. Des clubs qui fonctionnent par cooptation, et demeurent dépourvus de base militante solide et de programme cohérent. Ces clubs ont pour l’heure échoué à animer le débat public, et réduit par la même les ambitions du projet postrévolutionnaire. Les derniers résultats électoraux, quand aucun d’eux n’a passé la barre des 20 sièges (sur 217 que comptent l’assemblée) démontrent leur extrême faiblesse, à laquelle fait écho la relative désaffection des Tunisiens pour le processus électoral (environ 3,2 millions d’entre eux ont voté aux scrutins de la fin de l’année 2014, soit la moitié des électeurs inscrits, pour un pays de 11 millions d’habitants).
Or la démocratie ne repose pas seulement sur des élections libres et l’écriture d’une Constitution. Elle suppose une pratique des institutions, une culture de débat, de respect de l’altérité et aussi la régulation pacifique du conflit. Autant de critères qui font aujourd’hui défaut. Confrontée à toutes ces insuffisances, la Tunisie expérimente aujourd’hui un processus de construction démocratique de basse intensité, au sein duquel la transition politique n’a rien d’irréversible.
Face à ce paysage contrasté et des forces de l’ancien régime qui n’attendent que de tourner la page révolutionnaire, la responsabilité des gouvernements et président de la transition est engagée. Très symboliquement, l’exécutif s’est montré incapable de clarifier les évènements d’une révolution dont il a portant tiré sa légitimité. Malgré toutes les informations à leur disposition, les précédents exécutifs n’ont rien fait pour reconnaître officiellement ce qui s’est passé à Tunis le 14 janvier 2011, jour du départ de l’ancien président Ben Ali, dont le déroulement est pourtant largement connu depuis trois années maintenant 2 . En entretenant la suspicion autour des épisodes clés du soulèvement populaire, les autorités ont ouvert la porte à toutes les calomnies, imprécisions et mensonges qui font le jeu des adversaires du projet démocratique. Quatre ans après la chute de la dictature, les petits Tunisiens n’apprennent toujours pas l’histoire de leur révolution à l’école.
Dans ce contexte, toute initiative qui vise valoriser la mémoire de la révolution, tels les parcours des Tunisiens qui nous sont donnés à lire dans le présent ouvrage, ne peut qu’aider à maintenir le cap sur les ambitions de dignité et de justice sociale qui étaient celles de la révolution. Pour ne pas oublier le prix qu’ont payé tant de Tunisiens dans l’espoir de se construire un horizon démocratique. Pour inventer l’avenir, en se souvenant de sa révolution.
Pierre Puchot
1 https://www.acatfrance.fr/public/rapport_tunisie_justice_annee_zero_acat.pdf
2 Lire à ce propos le chapitre premier de l’ouvrage de Pierre Puchot La révolution confisquée, enquête sur la transition démocratique en Tunisie , Actes Sud, 2012

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