Une jeunesse en Haute-Bretagne
193 pages
Français

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Une jeunesse en Haute-Bretagne , livre ebook

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Description

Bruz 1932. Le petit village mène une vie traditionnelle et paisible dans l'écrin vert du bocage breton. La population ne se doute pas du destin tragique qui va la frapper une dizaine d'années plus tard. L'histoire se renouvelle et la tempête menace à l'horizon. Rescapé de Verdun, l'instituteur de l'école publique est installé depuis deux ans à Rennes quand les Allemands entrent en vainqueurs dans la ville... L'auteur nous livre le témoignage d'une période cruciale de notre histoire, qui a débouché sur la disparition d'un mode de vie archaïque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 69
EAN13 9782296714946
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une jeunesse en Haute-Bretagne
1932-1947
 
Graveurs de mémoire
 
Dernières parutions
 
Claude CROCQ , Une jeunesse en Haute-Bretagne, 19321947, 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest , 2010.
Jean PINCHON , Mémoires d'un paysan (1925-2009), 2010,
Freddy SARFATI, L'Entreprise autrement , 2010.
Claude ATON, Rue des colons , 2010
Jean-Pierre MILAN , Pilote dans l'aviation civile. Vol à voile et carrière, 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire , 2010.
André HENNAERT, D'un combat à l'autre , 2010.
Pierre VINCHE, À la gauche du père , 2010,
Alain PIERRET, De la case africaine à la villa romaine. Un demi-siècle au service de l'État, 2010.
Vincent LESTREHAN, Un Breton dans la coloniale, les pleurs des filaos, 2010.
Hélène LEBOSSE-BOURREAU, Une femme et son défi , 2010.
Jacques DURIN, Nice la juive. Une ville française sous l'Occupation (1940-1942) , 2010.
Charles CRETTIEN, Les voies de la diplomatie , 2010.
Mona LEVINSON-LEVAVASSEUR, L'humanitaire en partage. Témoignages, 2010,
Daniel BARON , La vie douce-amère d’un enfant juif , 2010.
M. A. Varténie BEDANIAN, Le chant des rencontres. Diasporama , 2010.
Anne-Cécile MAKOSSO-AKENDENGUE, Ceci n’est pas l’Afrique. Récit d’une Française au Gabon , 2010.
Micheline FALIGUERHO , Jean de Bedous. Un héros ordinaire , 2010.
 
Claude CROCQ
 
Une jeunesse en Haute-Bretagne
1932-1947
 
Du même auteur
 
Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, 2007.
Le pin arole, Actes Sud, 2000.
Le casse-noix moucheté, Lechevalier-Chabaud, 1990.
 
 
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2011
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13710-3
EAN : 9782296137103
Remerciements
 
Je remercie de tout cœur, Marie-France, Henri et Stéphanie Crocq qui ont bien voulu relire le manuscrit et dont les remarques et les annotations m’ont été des plus utiles.
 
Avant-propos
 
 
1931. Avec la prestigieuse Exposition coloniale internationale, la République atteignait à un sommet de sa gloire. Le pays tentait de se remettre de la terrible saignée à laquelle il avait livré sa jeunesse et pensait pouvoir s’endormir sur les lauriers de sa récente et coûteuse victoire. Tout occupé par sa politique intérieure, il ne voulait pas voir monter les nuages sombres à l’horizon. Ces nuages qui allaient bientôt s’assembler en une tourmente aussi brutale qu’imprévue, et étendre sur le pays surpris et désemparé une chape de honte impuissante et de misère.
 
Nos parents partirent à Paris visiter l’Exposition. A l’époque, c’était une véritable expédition, surtout avec cinq enfants de 1 à 10 ans. D’abord en calèche pour rejoindre la gare du tortillard vers Rennes, ensuite par le train sur Paris.
 
Je n’ai conservé aucun souvenir de ce voyage. Ce n’est, que dépassé mes deux ou trois ans, que je me revois, dans le cadre paisible d’une école publique, celle du bourg de Bruz, proche de Rennes. Un village enserré par le bocage breton, puzzle de prairies verdoyantes et de champs plantés de pommiers, bordés de haies de chênes soigneusement émondés, qui faisaient suite à ceux de la vieille forêt ancestrale.
 
Nous quittâmes ce bourg auquel devait être réservé quelques années plus tard un destin particulièrement dramatique lors d’une attaque de l’aviation américaine. Notre père avait obtenu un poste à Rennes. Nous étions à peine en train de nous initier aux règles et usages de cette vie citadine que survint la bourrasque.
 
Commencèrent alors des années grises, grises comme les rues mornes de Rennes sous le crachin hivernal. Quatre années interminables, sombres et dures, marquées par les restrictions, les tickets d’alimentation, les queues devant les magasins, les acrobaties auxquelles devait se livrer la mère de famille pour nourrir tant bien que mal sept bouches, dans une maison où l’on grelottait pour faire les devoirs le soir, les pièces à peine éclairées pour se plier au règlement d’un couvre-feu sévère.
 
A cette époque, les couleurs se confondent en un vert-de-gris omniprésent qui fait naître la méfiance, la crainte, la révolte devant les réquisitions, l’étalage de la force brutale et la domination des vainqueurs d’outre-Rhin. Quatre années durant, où le système D., le troc étaient érigés en moyens indispensables de survie. Déplacements à vélo dans les campagnes où l’on retrouvait d’anciennes relations prêtes à nous aider. On revenait en ville, rapportant clandestinement – gare aux gendarmes – dans une valise sur le porte-bagages la douzaine d’œufs ou le kilo de farine qui permettait de manger un peu mieux durant quelques jours.
 
Pour éviter les bombardements, il fut décidé de replier le lycée à la campagne. Souvenirs épiques de la vie des pensionnaires et de leurs professeurs dans des anciens baraquements militaires aux portes d’un village de Haute-Bretagne.
 
Puis, le débarquement, le front qui se rapprochait, après les durs combats de Normandie, et la délivrance toute proche. La ville allait-elle être pilonnée et rasée comme les malheureuses villes normandes ? Fuite à la campagne, intermède de couleur verte, dans l’intimité d’un village gallo.
 
Ils arrivent, les Américains, l’air décontracté, mais à la tête d’une logistique formidable. La liesse est générale même si les restrictions durent encore quelque temps et qu’on sort péniblement des années de grisaille.
 
15 années de vert et de gris, je ne les raconte pas, car elles ne sont pas liées dans mon souvenir. Je préfère les évoquer et les faire revivre, telles que les scènes, les anecdotes, sont restées accrochées à ma mémoire, comme des feuilles ou des lambeaux d’étoffe accrochés à une clôture par un jour de vent. Il en est de plaisantes, d’autres qui le sont moins. En faisant ressurgir ces souvenirs épars, j’aimerais donner une idée du bouleversement qui s’est opéré après la guerre, dans la vie des gens, en particulier ceux de la campagne, en si peu de temps. Plus rapidement sans doute que jamais dans le passé. Les quatre années d’occupation avaient figé encore pour un temps les anciennes mœurs, l’ancien mode de vie. Mais ils n’ont pu se maintenir longtemps après la Libération et se sont effacés devant l’irruption d’un monde en attente, celui que nous connaissons. Véritable rupture, mutation inéluctable, au cours de laquelle dans les campagnes gallèses, comme en bien d’autres régions, les pans encore debout de l’Ancien Régime, du Moyen Age, et sans doute même de la vieille Gaule se sont définitivement écroulés.
 
I. L’école et le village de Bruz
 
 
J’accompagne ma mère dans le pré. Je suis encore petit et le sol semble bien peu éloigné de mon regard. Je vois les beaux chapeaux soyeux des rosés-des-prés se hausser dans l’herbe. Nous les cueillons ici et là et les plaçons dans un panier d’osier.
 
Nous traversons des prairies. Plus loin, c’est la gare. Des chevaux tirent péniblement un wagon, que des hommes au parler rude dirigent sur une voie d’attente.
 
Non loin, le paisible village de Bruz, dans son écrin de velours vert, rêve encore sa vie traditionnelle. Il ignore tout du destin qui va le frapper une dizaine d’années plus tard. Un raid de l’aviation alliée sur cette gare et sur une tréfilerie. Le bourg écrasé sous les bombes, la population décimée.
 
1932, 33, 34, 35… l’entre-deux-guerres. Pour le pays, temps de paix et de convalescence.
 
Dans l’enceinte de l’école, une présence permanente, un homme en blouse grise, encore jeune. Un visage aux traits réguliers, à l’expression ferme et pacifique, une moustache taillée, des lignes de cheveux noirs rabattus sur un début de calvitie. Mais un œil de verre, une jambe raide montrent que la guerre est passée par là. Esquinté, comme beaucoup d’autres de sa génération. Il s’aide d’une canne pour se déplacer. Il ne peut s’accroupir qu’avec difficulté. La canne est inséparable de l’homme. Quand nous quittons l’école et le bourg et que nous pé

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