Les Harmonies Werckmeister
69 pages
Français

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Description

Le pays est en proie au désordre, des gangs errent dans la capitale. Valushka s'extasie sur le miracle de la création et se bat contre l'obscurantisme. Dans un café, il tente d'entraîner les clients ivres dans ses visions cosmologiques. Valushka court sous un ciel de plomb, le vent souffle, on est en novembre et c'est déjà l'hiver, le brouillard se répand, plus épais que jamais, la lumière est glacée, brutale, irréelle, les rues couvertes de détritus, les immeubles délabrés, des vitrines ont été brisées ; plus de médecins, plus d'écoles, l'heure du Jugement dernier serait-elle arrivée ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9791022000345
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES HARMONIES
WERCKMEISTER
Scénario : Béla Tarr, László Krasznahorkai Réalisation : Béla Tarr, Ágnes Hranitzky
Découpage plan par plan : Sylvain Angiboust
© Presses Électroniques de France - L'Avant-Scène Cinéma, 2013
D'après le roman de László Krasznahorkai :
La Mélancolie de la résistance.
Dialogues additionnels de Péter Dobai, Gyuri Dósa Kiss et György Fehér.
Générique
Le générique se compose d'une succession de cartons noirs, avec les titres écrits en blanc. Pas de musique.
La taverne, int. nuit
1 [0'01''09]. Gros plan sur la grille en fer d'un poêle à bois allumé où est inscrit « Memphis ». Après une dizaine de secondes, une main entre par la droite, ouvre la grille et éteint le feu en y vidant une chope remplie d'eau. Un travelling latéral vers la droite découvre la grande salle de la taverne. Le tenancier (Gyula Pauer) traverse la salle de gauche à droite pour retourner à son comptoir dans la profondeur. En chemin, il ramasse les bouteilles sur les tables disposées de part et d'autre de la pièce, pendant que ses clients se lèvent. Un client, visiblement saoul, s'affale sur le sol.
Le tenancier 10 heures ! On ferme !
Client n°1 Attendez, Valuska va faire une représentation.
Le tenancier Mon œil !
Le client n°1, qui était accoudé au bar, traverse la salle son verre à la main. La caméra s'approche de lui jusqu'au gros plan. Son visage, de trois quarts droite, regarde vers le hors-champ.
Client n°1 Valuska ! Vas-y ! Montre-nous.
János Valuska (Lars Rudolph) entre par la droite du cadre, face au client. Il porte sa chope à ses lèvres, en gros plan de dos. Le client le prend par l'épaule et l'emmène au fond de la salle.
Client n°1 Allez, de la place pour la représentation de Valuska !
Les autres clients s'écartent et bougent les tables, alors qu'un travelling arrière englobe l'ensemble de la pièce. Les clients se mettent contre les murs pour observer la représentation avec attention. János est un jeune homme filiforme avec une grosse tête et des yeux cernés, écarquillés comme ceux d'un enfant. Il vient placer le client n°1 au milieu de la pièce, juste en dessous d'une ampoule électrique très brillante qui descend du plafond.
János C'est toi le Soleil. Le Soleil reste immobile et il fait ça.
János lève les mains et agite ses doigts pour imiter le rayonnement. Le client fera de même jusqu'à la fin de la représentation. János va chercher un autre client à l'avant-plan gauche, suivi par un panoramique.
János Toi, tu es la Terre.
Il amène le deuxième client à gauche du « Soleil ». Un travelling avant vient cadrer János en gros plan, de trois quarts droite.
János (Il parle lentement, en faisant des gestes avec ses mains) La Terre est d'abord ici. Ensuite, elle tourne autour du Soleil. Et maintenant, nous, gens simples, allons assister à une démonstration de l'immortalité. Je vous prie donc de sortir avec nous dans un espace illimité où règnent l'immortalité, la stabilité, la paix et le vide, porteur de plénitude. Imaginez, dans ce silence infini et résonnant, une obscurité impénétrable.
János prend le deuxième client par les épaules et commence à le faire tourner sur lui-même, puis autour du Soleil, dans le sens des aiguilles d'une montre, comme une étrange valse. Un travelling latéral vers la droite accompagne leur trajectoire puis, lorsqu'ils arrivent sur la droite, un panoramique vers la gauche suit la fin de cette première boucle. La caméra repart ensuite vers la droite pour suivre le second tour.
János Alors, nous constatons un mouvement général et, au début, nous ne percevons pas les événements extraordinaires dont nous sommes témoins. La lumière brillante du Soleil diffuse chaleur et luminosité sur la face de la Terre tournée vers lui, et nous baignons dans ce rayonnement.
János reste à droite, cadré de profil en plan taille, le Soleil lui tourne le dos, alors que la Terre continue à tourner. János va chercher un client accoudé au bar et le place sur la gauche du Soleil.
János C'est la Lune. La Lune tourne autour de la Terre.
János coordonne le mouvement des deux astres autour du premier client qui tourne sur lui-même. Le drôle de ballet reprend de plus belle : les trois clients tournent sur eux-mêmes et János danse autour d'eux en faisant de grands gestes avec ses bras. La caméra se déplace autour d'eux en travelling circulaire, dans le sens inverse de leur danse. Les bruits de pas et le frottement des étoffes sont accompagnés par un léger fredonnement. János, de profil sur la gauche, fige les trois clients et poursuit son récit. Il déplace la Lune devant le Soleil pour cacher celui-ci qu'il fait ensuite s'abaisser pour figurer sa disparition.
János Tout d'un coup, nous voyons que le disque de la Lune crée une forme sombre sur le feu du Soleil. Cette forme grandit et grandit encore. Bientôt, la Lune couvre le Soleil et nous ne voyons plus qu'une étroite faucille, une faucille aveuglante. À cet instant, disons vers une heure de l'après-midi, nous sommes témoins d'un tournant dramatique car tout d'un coup l'air refroidit autour de nous.
Un travelling arrière a éloigné János désormais cadré en plan américain, de face. Il s'écarte des astres et se rapproche jusqu'au gros plan, la tête au niveau de l'ampoule électrique. Il parle d'une voix calme, craintive, avec de petits gestes des mains.
János Vous le sentez ? Le ciel se couvre, tout devient noir, les chiens se mettent à aboyer, les lapins affolés clapissent, les cerfs se mettent à courir, et dans ce crépuscule effrayant et incompréhensible, même les oiseaux sont déconcertés et s'abritent dans leur nid. Et le silence… envahit tout,
(Il marque une pause alors que débute une mélodie au piano qui durera jusqu'à la fin du plan) tous les êtres vivants. Les montagnes vont-elles s'ébranler ? Le ciel va-t-il tomber sur nous ? La terre va-t-elle se dérober ? Nous l'ignorons. C'est l'éclipse totale du Soleil.
Un travelling arrière s'écarte de János, immobile. Autour de lui, tout le monde est silencieux et immobile. La caméra prend de la hauteur et un néon éblouissant apparaît dans la partie haute du cadre. La caméra redescend et, par un mouvement symétrique, se rapproche à nouveau de János qui s'est remis à parler et à bouger. Il retourne à côté des trois astres et les remet en mouvement.
János
Oui. Il n'y a aucune raison d'avoir peur. Ce n'est pas la fin puisque la Lune glisse de l'autre côté du globe flambant du Soleil, et la lumière revient sur Terre. La Terre tourne doucement et la chaleur recommence à se diffuser. On sera profondément ému et on se sentira libéré de la pesante obscurité.
La Terre, la Lune et János, cadrés taille, tournent autour du Soleil dans le sens des aiguilles d'une montre. Travelling circulaire autour d'eux, dans le sens inverse. Tous les clients entrent dans la danse et envahissent le cadre où le Soleil occupe toujours la position centrale.
Après plusieurs tours, le patron traverse la foule d'un pas décidé et va ouvrir la porte de sortie à l'arrière-plan. Les clients arrêtent de danser, vont se rasseoir hors-champ ou sortent. La caméra s'est immobilisée devant une partie de la taverne que nous n'avons jusqu'alors jamais vue, en contrechamp de la salle telle qu'elle a été filmée jusqu'alors.
Le tenancier Ça suffit ! Dehors, bande d'ivrognes !
János traverse la salle suivi par un travelling avant qui le cadre de dos, en plan taille. Il remet son manteau et s'arrête devant le tenancier. Ils sont tous les deux filmés de profil.
János Mais, Monsieur Hagelmayer, ce n'est pas encore fini.
Le tenancier tourne la tête vers le fond de la salle et János sort dans la nuit. Le tenancier reste immobile pendant plusieurs secondes, le regard perdu dans le vague.
Dans la rue, ext. nuit
2 [0'10''45]. Suite musique. Plan d'ensemble. Il fait nuit noire et János marche au milieu de la route, face à la caméra qui s'éloigne de lui en travelling arrière. Les rares lampadaires créent des ombres très allongées vers l'avant. À la fin du plan, János n'est plus qu'une minuscule silhouette dans la partie supérieure du cadre, environnée de ténèbres.
Maison de Gyuri Eszter, int. nuit
3 [0'12''00]. Plan rapproché sur une fenêtre aux rideaux transparents, avec des piles de livres au premier plan. La musique continue quelques secondes puis s'arrête lorsque János entre dans le champ par la droite, derrière la fenêtre. Il passe dans la rue et fait le tour de la maison. La caméra effectue un demi-tour vers la droite : János continue son chemin au travers des autres fenêtres. Il ouvre une porte qui grince et entre par la droite du cadre, en plan large. Le salon est dans l'obscurité mais, dans l'enfilade, la salle à manger est allumée. Au fond, on devine la salle de bain, avec une baignoire.
János pose ses affaires dans la cuisine puis rentre dans le salon. La rotation vers la droite reprend et l'accompagne vers une porte fermée à laquelle il toque puis ouvre sans attendre la réponse. Il est cadré de trois quarts dos.
János entre dans le bureau, suivi par un travelling avant. Sur la droite, un piano. Au fond de la pièce, un vieil homme (Peter Fitz) est endormi dans son fauteuil. János se tient à la droite du cadre et va éteindre le magnétophone à bandes posé près du vieil homme, retire le livre posé sur ses genoux et le réveille. Plan rapproché.
János Monsieur Eszter ! Hé, Monsieur Eszter ! Oncle Gyuri, venez, vous allez prendre froid. Venez.
János l'aide à se lever. Ils tournent sur la droite, longent le piano et entrent dans la chambre dont la double porte est ouverte. Un panoramique de 90° sur la droite accompagne leur sortie puis un travelling avant entre dans la chambre où János aide Eszter à se déshabiller. Un panoramique sur la gauche vient les cadrer de face, en gros plan, puis la caméra s'écarte jusqu'au plan américain. Eszter enfile sa chemise de nuit et János plie ses vêtements avant de disparaître un instant dans le bureau, sur la gauche. Eszter s'assoit sur son lit et János ressort du bureau après en avoir éteint la lumière. Il s'agenouille pour aider le vieil homme à retirer son pantalon et le plie. Eszter prend une pilule, un verre d'eau et János se baisse à nouveau pour retirer ses chaussettes.
János Vos chaussettes aussi.
Eszter s'allonge, János le borde et éteint la lampe de chevet.
János Dormez bien.
János passe dans la salle de bain, encore éclairée, accompagné par un panoramique à 90° sur la gauche, puis par un travelling avant qui pénètre à sa suite dans la pièce étroite, jusqu'au pied de la baignoire. János va s'agenouiller derrière la baignoire, qui masque ce que l'on imagine être un poêle que János remplit avec du bois pris dans un panier à côté. On entend János souffler pour attiser les flammes puis refermer la porte du poêle.
János se relève et passe de la salle de bain à la salle à manger, après avoir éteint la lumière. Panoramique vers la droite puis travelling avant dans la salle à manger. János, en plan américain, va jusqu'à une fenêtre au fond à gauche qu'il obscurcit avec des couvertures. Il prend des assiettes sur un meuble au premier et les emmène dans la cuisine. Jusqu'alors cachée, la cuisine se situe, dans le prolongement de la salle de bain. Un panoramique à 90° sur la gauche accompagne le mouvement de János puis la caméra reste immobile pendant qu'il range la vaisselle dans la pénombre, en plan de demi ensemble.
János ressort de la cuisine : panoramique vers la droite symétrique du précédent. Plan d'ensemble de la cuisine, avec tout au fond la fenêtre du salon sur laquelle le plan s'est ouvert. János reprend ses vêtements sur le portemanteau, s'habille, prend son sac accroché au dos d'une chaise, ses clés sur la table, éteint la salle à manger et passe hors champ en tournant sur la gauche. On l'entend sortir de la maison.
Dans la pénombre, la caméra effectue un travelling avant à travers la cuisine jusqu'au salon, en direction de la fenêtre.
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