Crimes à Paris
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Description

Ce livre est une descente dans les enfers de la ville, dans ses profondeurs noires, dans ses espaces glauques. Car la ville, qui se veut ordre et lumière, n'est que boues et impasses. Les archives de justice léguées par les présidents de la cour d'assises de la Seine entre 1817 et 1885 en témoignent largement. Au XIXe siècle, Paris est blême et les corps sont avariés. Le taudis occupe les littératures médicales et philanthropiques, mais aussi les romanciers : comment comprendre Fourier sans lire Les Mystères de Paris d'Eugène Sue, En famille d'Hector Malot ou Le Travail de Zola ?

Qui sont ces Parisiens au XIXe siècle ? Tourangeaux, Limousins, Auvergnats, ce sont des provinciaux attirés par cercles concentriques vers la capitale, où ils viennent louer leur force de travail ? ou cacher, pour les femmes, le fruit de leur honte. Mais ces Parisiens sont aussi des Lombards, des juifs polonais chassés par l'occupation russe ou encore des gitanes voleuses de fichus?. Avec eux, les bistrots, les bals, les lieux de plaisirs et de vices, les chambrées aux planches disjointes?. Les « crimes », et donc les « criminels », naîtront de ce petit peuple-là. Toute une matière qui permet à Yves Lemoine, magistrat et historien, de dresser une subtile et captivante histoire du crime à Paris au XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2004
Nombre de lectures 109
EAN13 9782876233393
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVERTISSEMENT
LA LOGIQUE DES VIVANTS
Ce livre est une descente dans les enfers de la ville, dans ses profondeurs noires, dans ses espaces glauques. Car la ville, qui se veut ordre et lumière, n’est que boue et impasses. Cette passion pour l’ombre et ses commerces furtifs nous a mené dans des recoins obscurs oubliés des mémoires. L’histoire de la ville est tout entière dans l’asphalt jungledont Louis Che-valier, l’historien phare de Paris, avait fait le thème d’un de ses cours à l’Université de Chicago où il enseignait parfois. Malheureusement, cet immense amoureux n’avait pas pra-tiqué les archives judiciaires. Non qu’il ne les connût pas, mais c’était un statisticien. Alors que toute son œuvre postérieure à sa thèse (Classes laborieuses, classes dangereuses) rôde sur le bi-tume et les caniveaux, il préférait les descriptions littéraires à la sécheresse des papiers de justice. Nous pensons aujour-d’hui avec affection au vieux maître au caractère impossible, perché dans son appartement parisien près de la Contres-carpe.
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C’était faire une injustice criante à la ville que de ne pas lui reconnaître sa composante de cours d’assises. Nous avons donc choisi de faire un livre de ces archives si oubliées qu’en coupant la ficelle des liasses, nous retrouvions la blancheur du papier fraîchement écrit. Le siècle qui s’offre alors à la lu-mière crue de la salle d’audience est aisément reconnaissa-ble; c’est bien celui de Balzac et de Zola, c’est celui d’Hugo, e c’est leXIXsiècle.
Écrire sur le crime dans Paris, c’est rechercher comment les « objets » sont devenus accessibles à l’analyse et ont per-mis à un nouveau domaine de connaissance de se constituer, de se vertébrer. La nature de ces objets n’est pas seulement exprimée, elle est surexposée jusque dans le titre de notre ou-vrage. Nous avons pris mille précautions pour baliser notre ter-rain d’étude. Ainsi dans « L’enfer des anges », la première partie de notre travail, nous exposons dans un premier temps les moyens que nous avons choisis pour diriger notre obs-ervation. Nous y décrivons le « tourbillon criminel » que for-ment, entremêlées dans une même histoire, la ville elle-même et les ombres qui y maraudent. Il y a donc un lien de néces-sité entre ce tourbillon criminel et ce que nous examinons dans un second temps: les multiples « facettes, terreaux et ma-trices » que la ville nous offre, compliquée, fuyante, infernale. L’objet de notre étude est une suite sans cesse recom-mencée de méfaits: la seconde partie de notre essai, « La lec-ture des juges », en atteste largement. Coordonnés, organisés, ces méfaits forment une opération, constituent un domaine que la pensée s’efforce d’explorer. Elle cherche à y instaurer un ordre, elle tente de constituer un monde de relations abstraites en accord avec les observations – les nô-
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e tres ou celles des contemporains de ceXIXsiècle étudié. En rapport aussi avec les pratiques, les valeurs et les interpréta-tions en vigueur. En cela, notre étude entre dans le champ de l’Histoire. Plusieurs lectures de ces liasses, traces d’un quotidien éva-noui, sont possibles: géographique, sociologique, crimino-logique autant que littéraire ou artistique… Autant dire que nous sommes pleinement dans l’objet de notre recherche et dans le sens que nous voulons lui donner: un espace de ré-flexion entre l’accidentel et le profond, entre l’événementiel et le sens que lui donne sa répétition. Notre hésitation entre accidentel et profond, événement et structure, nous procure angoisse et plaisir. Plaisir de sui-vre le cours des jours, les accointances des rues avec les in-cidents, les rencontres, les scènes vécues. Plaisir de ce sentiment d’aller à pied dans un Paris encombré de futailles et de chevaux qui glissent et ploient sous le charroi. De croi-ser les hommes en blouse, cette blouse qui constitue aussi bien un habit de combat qu’un habit de travail, comme l’écrivait dans ses « souvenirs » A. de Tocqueville. Mais an-goisse aussi de perdre le fil qui nous guidera dans ce vivant bouillonnement. Car les archives de la cour d’assises de la Seine n’offrent d’abord à lire qu’un désordre de dossiers et de notes, que va organiser un déchiffrage attentif.
Nous avons choisi ici d’« exprimer » (au sens premier du terme) ce que nous donnent à lire les archives de justice, plus écrites que les écrous de police. Nous avons razzié aux Ar-chives nationales tout ce que nous trouverions: la série F7 tout d’abord, des dernières années de la Révolution à l’Empire, puis l’incomparable BB20. Dans cette seconde série, les dos-siers étudiés couvrent les années 1817-1848 et sont rédigés par
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les présidents de la cour d’assises. Ils sont constitués de ta-bleaux détaillant par session chaque affaire traitée, donnant ainsi des renseignements (devenus classiques) sur le lieu de naissance, l’âge, la profession… du « criminel ». Selon son importance, l’affaire décrite fait l’objet d’un commentaire de quelques mots ou de plusieurs paragraphes. Cette source est ininterrompue jusqu’en 1848, année où le nombre d’affaires prit une telle ampleur qu’il devint impossible aux présidents de la cour d’assises de dresser ces tableaux. Enfin, dernière 8 source utilisée, la série D2 U , série départementale un peu dépareillée mais encore abondante, constituée des dossiers criminels sauvés de l’incendie du Palais de Justice de 1871. Les affaires retenues couvrent les années 1867-1885. Les délits et les crimes jugés par la cour d’assises n’ont pas, pour leurs contemporains, le sens que nous pouvons leur donner avec le recul du temps. Cette succession de meurtres, de viols, de vols et d’entôlages dessine cependant le terreau même de la ville. Ses facettes y sont parfaitement lisibles. Le raboteur peint par Caillebotte ira, le soir venu, rejoindre la fille à l’absinthe de Renoir qui, dans sa jeunesse, livrait ses ap-pâts dans le foyer de l’Opéra, fille dont Degas restitue le vi-sage usé. Le bourgeois, lui, traverse encore en famille, protégé par un vaste parapluie, le carrefour des rues de Turin et de Moscou dans le nouveau quartier Saint-Lazare. Mais lorsque sa prudence naturelle l’abandonne, il va voir les « dames » dans les quartiers populaires que son or, cousu à l’intérieur de son gilet, lui a fait déserter pour les quartiers riches de la ville. Entre chien et loup se joueront alors des drames que nous lirons à travers les mots et les notes des juges.
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L’ENFER DES ANGES
« Paris, la splendide et riante capitale du monde, Paris qui chante et qui danse, le beau Paris, 1 Enfer des anges et paradis des diables . »
Le temps d’une ville est fait de mille permanences aux-quelles on ne pense jamais. Ce sont elles cependant qui font la ville: l’eau jetée chaque matin et chaque soir sur un trot-toir quand un commerçant « nettoie devant sa porte », rue 2 de Bretagne . De l’eau destinée à nettoyer, dans cette vieille rue de Paris qui borne vers l’ouest les plus anciennes rues Volta et aux Ours. Elle a connu des flaques de soleil trempées dans l’eau des maisons ou dans l’eau livrée des porteurs qui la criaient: « Porteur d’eau! Porteur d’eau! » Il faut nettoyer, car la ville est en état de saleté permanente; et il faut « net-toyer devant sa porte », parce que le petit commerçant ou la
1. Henri Heine, «Babylonische Sorgen», 1848, trad. Dolf Oehler. 2. Jadis rue de la Corderie du Temple et de Bretagne, quand elle longeait les terres de culture du Temple.
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gardienne d’immeuble est à l’origine d’une des sociabilités verbales les plus tenaces. C’est une ville qui s’ouvre et qui se ferme. En déclinaison, quartier par quartier, maison par mai-son, il y eut longtemps cette ouverture et cette fermeture. Toutes les deux d’ailleurs marquées par ce même geste qui ritualise l’ouvert et le fermé à l’intérieur du « propre » – pro-pre tellement imaginaire cependant qu’il s’agit plutôt du « lustral ». Peur de la nuit, peur du crime, peur du « tour-billon criminel » qui s’engouffre dans les ruelles, qui pue dans les tapis francs des vieilles impasses de la cité pas encore éven-trées par Haussmann. Cette permanence-là est solide à ce moment précis où on « jette l’eau devant sa porte ». Il reste que, même lorsque nous n’avons pas la chance de nous approprier cet instant, il s’y passe le même geste, multiplié par le nombre de commerces et d’immeubles dans cette même rue quand il y a un soleil encore frais. Nous ne raconterons pas l’histoire de cette flaque de soleil réverbérée dans les eaux jetées. On ne raconte pas l’instant, même s’il se répète depuis des siècles. Nous ne raconterons l’émotion qu’à la manière de Proust devant la Vue de Delftde Vermeer, « petit pan de mur jaune avec un au-3 vent, petit pan de mur jaune … » Le tournoiement du tourbillon de la ville se nourrit des étrangers qui viennent y chercher de l’ouvrage: Orléanais, Cantaliens, Aveyronnais, filles perdues de Normandie qui viennent « se refaire », loin des familles honteuses. Il y a là une géographie humaine rarement permanente, soumise à l’aléa du travail et de la journée, durant laquelle il faudra trou-ver un gîte de quelques sous. Le travail, c’est le vol, l’entôlage occasionnel. Est-il saisonnier, durable? Tout cela à la fois. La ville, matrice de tous ces désordres, est tout entière contenue
3.À la recherche du temps perdu,La Prisonnière(1922).
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dans les mille éclats d’eau jetée sur son seul vrai terreau: la boue des trottoirs. Rien de tout cela pourtant ne livre la vérité de la ville. Sa vérité tourbillonnaire. La ville est un typhon, un tourbillon. Elle est faite de mille instants, des larcins, de la fureur des émeutes, du coup de surin silencieux dans la nuit. Juge-t-on la ville? Oui. Les romanciers l’ont fait avec gourmandise, tout comme les peintres et les feuilletonistes, mais aussi l’hygiéniste, l’architecte du fouillis des ruelles ou le comptable des friponneries…
LE TOURBILLON CRIMINEL
Paris est la « ville » par excellence. Plus peuplée, plus riche, et donc plus misérable, que les autres villes du monde. Une ville née de la marchandise, celle qui se peuple de la pauvreté e des campagnes. Elle n’est pas, dans ceXIXsiècle objet de notre étude, la capitale du monde marchand. C’est Londres. C’est Londres aussi qui sera la plus peuplée, la plus criminelle, la plus violente. Mais il ne faut pas se méprendre. Si les deux villes sont peu distantes, un univers les sépare. L’univers des quartiers parisiens n’a rien à voir avec celui desburroughslon-doniens. Londres est un conglomérat de villes qui ne s’interpénètrent pas. Paris est une. Certainement aussi, plus constante dans le fait d’être « ville », lieu du marché, du mé-decin. Lieu de la vente et du soin. Lieu aussi du fléau social par excellence: l’épidémie, qui court des quartiers défavorisés vers la demeure des riches. La ville, c’est l’accumulation, la chance de la « survie » et donc le risque de la mort. Le principe moteur de la « ville » est, dans une certaine mesure, de donner la maladie et de la
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soigner. En cela, elle demeure invariable. On retrouvera tou-jours ces doublets: maladies sexuelles/hôpital, crime/soin. Maladies sexuelles parce que toutes sont suspectées de l’être. En dehors de ces deux ville-masse, aucune autre ville en Europe ne saurait leur être comparée. Ces deux villes blêmes sont faites pour et par la misère. Elles sont peuplées de mi-sères et ces misères sont fourrières de maladies, de brutales épidémies. Aussi les classes miséreuses, par qui tout le mal existe, sont responsables des épidémies aux yeux des élites. En février 1832, le choléra envahit Paris. En avril, toute la ca-pitale est gagnée. Pas une classe sociale, pas un quartier qui ne soient épargnés. C’était la vengeance de Dieu contre le petit peuple des révolutions. Le choléra est le « solde divin » qu’il faut payer; c’est la colère du Dieu de Justice contre la ville de la Révolution qui n’avait pas hésité à saccager l’archevêché. Le peuple, lui, a une autre explication: le cho-léra est semé par les riches. La preuve? Le camphre, dont les vertus sont souveraines, voit son prix grimper. Le choléra ac-compagne la « révolte des chiffonniers », dont les femmes sont le plus souvent lavandières à la pièce; il accompagne la révolte des prisonniers de Sainte-Pélagie. Le bourgeois ré-torque que l’épidémie accompagne la criminalité et les mau-vaises mœurs. 100000 morts. Périodiquement aussi revient la variole: 1847, 1865, 1871. Il y eut trois fois plus de morts de la variole pendant le siège de Paris que durant la Commune. La petite vérole, elle, n’atteint pas, tout au long du siècle, que les villes portuaires. Elle est enkystée dans les quartiers lépreux de Paris et jusqu’à Lille. Cet enkystage dans les faubourgs et les cours lépreuses marginalise l’épidémie. La figure du médecin, qui succède au physiologiste, apporte un début de réponse. On com-mence à croire aux soins, en ville du moins. Restent les deux 4 catastrophes majeures de la fin du siècle : la syphilis et la phti-
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sie. La syphilis s’attrape avec les « filles » – celles du foyer de 5 l’Opéra comme celles des bordels et des pierreuses des trot-toirs. Le mari bourgeois et volage contamine sa vertueuse épouse. La phtisie, ou tuberculose, mène aussi sûrement à la mort, avec lenteur, mais avec des causes semblables. C’est une maladie au charme vénéneux que les femmes élégantes, mais « mal nées », transmettent au fils du notaire normand venu à Paris « faire son droit ». Enfin, la phtisie ne va pas sans l’alcool. Comme un syphi-litique, un phtisique qui ne boit pas n’est qu’à moitié guéri. Mais les uns comme les autres boivent les plus atroces des al-cools. L’alambic moderne créé une industrie de transfor-mation totalement mortifère. Au premier rang l’absinthe, qui triple sa production entre 1830 et 1880. La fraude peut pous-ser la multiplication jusqu’à dix. Clément Lépidis l’écrit dans Des dimanches à Belleville; même si la scène se situe cinquante ans plus tard et si l’alcool est du vin rouge, elle vauta fortiori pour les années qui suivent la Commune: « J’ai vu, au niveau de la Bellevilloise, à l’angle de la rue Rampal, une prolonge sur laquelle on avait amarré plusieurs fûts de vin rouge rompre ses attaches par la chute du che-val. J’ai vu les tonneaux rouler avant de faucher plusieurs pas-sants et trois marchandes des quatre-saisons. Le canasson tenta bien de se relever sous les cris du cocher devenu fu-rieux, mais la pauvre bête exténuée, fourbue, la bave aux lè-vres et le pelage fumant, luisant de sueur, n’en pouvait plus. Elle ne se redressa qu’après une volée de coups de fouet au
4. Voir Yves Lequin, « De la bourrasque épidémique à l’infection microbienne », dansLe Malheur des temps. Histoire des fléaux et des calamités en France(Jean Delumeau et Yves Lequin, éd. Larousse, 1987, p. 427 et suiv.). e 5. Le terme de « pierreuse » est apparu au tout début duXIXsiècle, par référence aux « pierres » des chantiers de construction. Il désigne à l’origine les prostituées au plus bas de l’échelle de leur profession, celles qui exerçaient sur les chantiers. Puis il s’étendit à celles qui faisaient la « pierre », c’est-à-dire la bordure des trottoirs.
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ventre et sur les flancs. Je pourrais citer de ces exemples par dizaines. Il ne se passait pas un jour sans qu’une voiture ne se retournât, sans qu’un cheval ne tombât sur un revêtement de bois rendu gluant par la pluie […]. Entre le cheval et l’ivrognerie la marge d’insolite n’était pas importante. Images d’un autre temps que celles de ces gens atteints dedelirium tremenset qui, brusquement, s’affalaient sur le bitume d’un trottoir comme une masse en proie au pire tremblement. Secoué de spasmes, l’alcoolique se recroquevillait sur lui-même puis allongeait les jambes, raidi, tandis que de la mousse sortait de sa bouche. Un cer-cle de passants l’entourait et assistait silencieux et passif à ce drame que personne ne pouvait empêcher. Il fallait attendre que cela finisse. L’affaire durait un bon quart d’heure, quel-quefois moins; alors l’homme vidé de sa bave, les vêtements tachés de salissures, se relevait, groggy, bien sûr, le temps de 6 reprendre ses esprits puis continuaient son chemin .» Ville blême, corps avariés. L’âge du taudis recouvre exac-e tement tout leXIXsiècle européen. On le retrouve dans tou-tes les littératures médicales et philanthropiques. On le retrouve dans les gravures et chez les romanciers (plus Hugo que Balzac et Zola, bien sûr). C’est cela qui a fait, tout au long e du siècle, naître – en réalité elle était déjà née auXVIIIsiècle – et prospérer « l’utopie du logement », le bonheur d’habi-ter. Connaît-on encore de Louis-Sébastien MercierL’An 2440, rêve s’il en fut jamais(1770)? Livre étonnant où les toits go-thiques sont remplacés par des terrasses, où les ponts sont dé-barrassés des maisons. Décevant néanmoins. Mercier n’a pas e de vue d’ensemble. Il faut, en effet, attendre leXIXsiècle pour que la pensée prenne toute son ampleur: Fourier bien sûr, et peut-être le premier, joue ce rôle déterminant. Mais
6. Cl. Lépidis,Des dimanches à Belleville, ACE, 1998, p. 25-27.
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