Les crises de santé publique
164 pages
Français

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Les crises de santé publique , livre ebook

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Description

On regroupe, sous le même vocable de crise sanitaire, aussi bien de minables arrangements que d'affreuses tragédies avec deux constantes : incompétence et compromissions. Experts et médias agitent le spectre d'un désastre : la crise survient, avec ou sans malades. Les responsables politiques homologuent cette fable et achètent avec largesse le médicament miraculeux. Gouvernement et industriels nous présentent la note...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 51
EAN13 9782336367538
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines
Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Frank GUYON, France, la République est ton avenir, 2014. Guy PENAUD, Pour en finir avec l’affaire Robert Boulin , 2014.
Jean-Paul BAQUIAST, Ce monde qui vient. Sciences, matérialisme et posthumanisme, au XXI e siècle , 2014.
Nadia BOUKLI, L’échec scolaire des enfants de migrants, Pour une éducation interculturelle , 2014.
Nicole PÉRUISSET-FACHE, Pouvoirs, impostures. Du mensonge à l’encontre des peuples , 2014.
André DONZEL, Le nouvel esprit de Marseille , 2014. Félicien BOREL, Renaître, ou disparaître , 2014.
Alain RENAUD, Lyon, un destin pour une autre France, 2014.
Blaise HENRION, Eurocopter savait, La vérité sur un crash mortel, 2014.
André PRONE, La fin du capital. Pour une société d’émancipation humaine , 2014.
Philippe QUÊME, Finance et éthique. Le prix de la vertu… , 2014.
Maurice BERTRAND, Machiavel ou l’Illusion réaliste , 2014.
Cyril MARÉ & Rémi RAHER, Géopolitique de l’Arctique , 2014.
Chantal PERRAS, La coopération policière globale contre le trafic de drogue transnational, 2014.
Gaby NAVENNEC, Les souffrances sociales. De l’acceptation aux alternatives , 2014.
Julien PINOL, Essais nucléaires : 1961, une apothéose ?, 2014.
Titre
Antonio F URONE







Les crises de Santé publique

Entre incompétence et compromissions
Copyright
























© L'H ARMATTAN , 2015
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN : 978-2-336-71764-7
Dédicace
Au Professeur André DEMICHEL qui, en guidant mes recherches en droit médical, a encouragé ma curiosité et mon intérêt pour un champ toujours plus large, celui d’un véritable humanisme des sciences politiques, économiques et sociales.
I NTRODUCTION Nous sommes tous concernés par les crises
La santé publique n’est pas une notion vague, une invention bureaucratique. Elle représente la somme des santés de chacun d’entre nous : notre espérance de vie, les conditions physiques dans lesquelles nous passons nos quatre-vingts et quelques années de vie, nos maladies et accidents et leurs remèdes. Tous ces faits nous affectent directement et personnellement, que nous soyons jeunes ou vieux, malades ou bien-portants à l’heure où nous lisons ces lignes.
Les actes liés à ces faits nous touchent également, de façon au moins aussi directe et personnelle : chacun de nous – ou presque – finance ces conditions et ces remèdes. Chacun est confronté à l’hospitalisation, à l’accessibilité des soins et, plus généralement encore, au passage de la force juvénile à la faiblesse sénescente, qui détermine des données aussi diverses que la pyramide des âges, les facteurs de production, les services à la personne ou l’habitat, sans oublier, dans la dimension collective de ce passage, dans son ampleur, l’état moral de la population. Avec une moyenne jeune et vigoureuse, elle n’envisage pas l’avenir avec la même vision que lorsqu’elle est vieille et fatiguée.
Nous sommes ainsi concernés par la gestion de la santé publique, non seulement en tant que citoyens contributeurs et, par conséquent, sujets de la santé publique, mais aussi comme patients, vieillards, accidentés, et par là même objets de cette santé publique. Cette dernière reflète donc à la fois nos choix publics, ou en tout cas elle est censé le faire, et notre perception intime du destin de notre corps, jusque dans son déclin et sa fin. C’est pourquoi nous acceptons de consacrer, à titre individuel comme à titre collectif une partie importante de nos ressources, soit près de 12 % de la richesse nationale, et de notre confiance à un système complexe et très hiérarchisé de décisions politiques, de compétences scientifiques, d’investissements matériels et d’organisation administrative.
Or chacun a connaissance de crises qui, à intervalles réguliers, secouent la perception que nous avons de la gestion publique de nos santés : sang contaminé, hormone de croissance, vache folle, H1N1, autant d’incompréhensibles cacophonies dans un système que nous imaginons bien huilé, solidaire, techniquement au point. À chaque crise, la terre tremble. Pourtant, même secoué de part en part, l’édifice reste toujours debout. La surface se tient tranquille quelque temps jusqu’à la secousse suivante, puis le scandale se lève, pour retomber bien vite, comme si cette succession de crises constituait un mode de fonctionnement réglé comme papier à musique.
En a-t-il toujours été ainsi ? Évidemment non ! La santé publique est, depuis l’Antiquité, au centre des préoccupations des gouvernants. Mais ces préoccupations sanitaires ont elles-mêmes varié du tout au tout au fil du temps. Et la crise a changé de nature. Elle était accidentelle, elle est devenue normale : elle s’est faite institution.
C HAPITRE I Qu’est-ce que la santé publique ?
A. U NE BRÈVE HISTOIRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE
1) Une dure leçon qui marque les esprits depuis vingt-cinq siècles
A quand faire remonter la mesure même de santé publique ? Au IV° siècle av.JC. Le récit de l’historien grec Thucydide de la fameuse Peste d’Athènes inaugure une prise de conscience qui va changer les mentalités politiques à tout jamais.
Désormais, au moins en Occident, tous les gouvernements auront le souci d’éviter à tout prix la désorganisation de leur autorité, par des fléaux microbiens ou bactériologiques. Tous essaieront de garder une population saine. Mais qu’est-ce à dire ?
Ce qualificatif ne recouvre absolument pas la même chose dans la Grèce de Périclès et dans la France de François Hollande.
Il reste néanmoins un objectif essentiel depuis deux mille cinq cents ans, et toute rupture brutale de la représentation politique et sociale de ce qu’est une population saine entraîne une crise sanitaire. On peut ainsi définir la crise sanitaire comme une déchirure brusque de l’image que se fait une population quelconque d’un idéal physique, à un moment donné. Cet idéal peut être une tyrannie de la minceur, une exaltation de la force musculaire, une prédilection générale pour l’embonpoint, voire un accroissement accéléré de la population. Peu importent la représentation et même l’objectif de la santé publique. Les ruptures de cet idéal forment autant d’occasions de crises.
Leurs apparitions et leurs caractéristiques revêtent donc d’innombrables formes, parce que la santé publique a des significations très différentes selon les époques et les gouvernements, mais toutes requièrent une extrème attention des autorités. Pourquoi ?
Dans son Histoire de la guerre du Péloponèse, Thucydide fait de la maladie une cause première de la défaite d’Athènes. Il lui attribue dès l’abord des conséquences qui pèseront sur toute la durée d’un conflit de vingt-sept ans. L’épidémie va apparaître en 430, au tout début de la guerre, puis en 426.
Elle comporte, selon le célèbre récit, deux effets :
D’une part, elle est très meurtrière, parce que généralisée.
La Fontaine se serait inspiré de cet épisode pour ses « Animaux malades de la peste » :
« … ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient atteints … ».
Dès le commencement des hostilités, l’appareil militaire est numériquement très diminué. En outre, les rangs clairsemés de la ligne ionienne, convalescents, pour ce qu’il en reste, sont frappés de faiblesse et les efforts physiques fournis par les soldats restent très en deçà du niveau habituel. Le coup décisif d’emblée, sur quoi comptait Athènes, ne peut être donné.
Enfin, l’économie, facteur primordial de la puissance athénienne, avec un trésor de mille talents gardé sur l’Acropole au moment de la déclaration de guerre, pâtit de cette énorme ponction humaine, de la désorganisation et de la baisse d’activité qu’elle induit. Les récoltes ne rentrent plus, le

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