Anthropologie de l exclusion ou l exil de la condition humaine
316 pages
Français

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Anthropologie de l'exclusion ou l'exil de la condition humaine , livre ebook

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Description

Ce livre est conçu comme un essai sur la nécessité, en éducation et en travail social, d'adopter un changement stratégique de paradigme envers ceux qui devraient être les objectifs de tout projet concernant la formation et l'aide aux personnes. Dans tous les cas, il s'agit de comprendre que la réalisation, aussi bien que la réorganisation des itinéraires de vie, exigent la capacité d'affronter des aléas, des phases indéfinies, des mutations, des fluctuations, etc., qui n'ont rien à voir avec la rigidité des principes abstraits, ni avec la consistance des pratiques stables, ni avec la sécurité des comportements convenus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 23
EAN13 9782336358222
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler ,
Jacques Poulain, Patrice Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique oracle de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation qui nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.

Dernières parutions

Ewerton RIBEIRO, La théorie pragmatique de l’action , 2014.
Fabrice AUDIE, Spinoza. Problèmes de l’idée vraie , 2014.
Jean PERISSON, Une vie de héraut, Un chef d’orchestre dans le siècle , 2014.
Rosemarie FERENCZI, Kafka. Subjectivité, histoire et structures , 2014.
María Beatriz GRECO, Une autorité émancipatrice, Un parcours de la pensée de l’égalité chez Jacques Rancière , 2014.
Auguste EYENE ESSONO, Le mythe, l’écriture et la technique , 2014.
Michaela FIŠEROVÁ, Partager le visible, Repenser Foucault , 2013.
Titre
Adalberto Dias de Carvalho





Anthropologie de l’exclusion
ou l’exil de la condition humaine



Préface de Didier Moreau
Copyright

Antropologia da Exclusão ou o Exílio da Condição Humana, Porto,
Porto Editora, 2012

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-70833-1
Dédicace

Pour Rodrigo et Mariana
PRÉFACE
La présentation aux lecteurs francophones de l’ouvrage d’Adalberto Dias de Carvalho est une étape importante pour saisir l’orientation nouvelle prise par la philosophie de l’éducation dans la reconquête des questions, des thématiques et des concepts qui concernent le champ des pratiques de l’éducation, de la formation et du travail social. Cette reconquête redonne une légitimité à la démarche philosophique quand on en était venu à penser que les sciences sociales positives suffisaient seules, désormais, à décrire et orienter les pratiques éducatives. Mais, au sein même de la philosophie, elle confirme que, par cette reconquête, l’éducation redevient un foyer de réélaboration des interrogations sur notre situation contemporaine, en cessant d’être la discipline subalterne, annexée à la philosophie politique, dans laquelle une certaine tradition l’avait réduite, en France, en réaction à la pensée critique des années 60-70.
Adalberto Dias de Carvalho nous aide dans cette reconquête parce qu’il possède deux atouts biographiques majeurs. Au sein de la pensée philosophique de langue portugaise, c’est un connaisseur extrêmement averti de la philosophie et des sciences humaines francophones. Il a lu, travaillé et fait connaître à ses étudiants, non seulement des textes actuellement considérés comme majeurs, mais également, avec une curiosité infatigable, des publications dont la pertinence se manifeste au fil du travail critique qu’elles permettent. De ce point de vue, il nous éclaire de sa proximité éloignée sur nos propres rapports aux concepts et aux références qui constituent notre paysage intellectuel. Mais son deuxième atout, plus personnel, mobilise l’intérêt du premier dans le champ propre de la réflexion éducative. Adalberto Dias de Carvalho est un grand voyageur, au sein du monde lusophone et francophone, parcourant les continents pour soutenir les recherches et l’enseignement de la philosophie de l’éducation. L’itinérance, la notion centrale qu’il développe dans son ouvrage, est donc pour lui une pratique quotidienne, dans l’hétérogénéité des mondes issus du colonialisme, de l’exposition à la pauvreté et à la fragilité des populations, exacerbées par la violence des formes économiques et politiques qui s’y déploient. C’est dire que les thématiques qu’il explore sont nourries d’expériences concrètes, de réflexions autour de situations dont la complexité exclut tout dogmatisme et toute réponse assurée. Il a ainsi construit, je pense, ce paradigme de l’interrogation éthique qu’il nomme « dilematização », et que l’on rend ici par le néologisme de « dilemmatisation ». Car l’itinérance géographique est le double de l’itinérance conceptuelle, hors des frontières institutionnellement convenues.
La question centrale que pose Adalberto Dias de Carvalho me paraît être la suivante : Sur quoi peut-on fonder l’action éducative et le travail social, lorsque les références de la métaphysique classique ont cessé d’être pertinentes ? Ce qui revient, conceptuellement, à réinterroger la tradition humaniste dans laquelle la pensée institutionnelle les enracinait. Un humanisme – post-métaphysique ou détaché de l’ontothéologie – est-il concevable ? C’est une question que je partage avec lui et qui me paraît effectivement l’une des urgences de la philosophie de l’éducation. Si l’on se refuse à la poser, on ouvre la voie royale au positivisme des éthiques sociologiques et, pis encore, à l’invasion fascinatrice des neurosciences en éducation, paralysant l’action éducative entre le relativisme des valeurs sociales et le déterminisme absolu des modèles neuronaux.
Or, ce que nous montre l’auteur dans une argumentation particulièrement convaincante, est qu’il faut endurer cette question de la présence de l’homme à travers un mouvement, qui, au lieu de rechercher une essence centrale de l’homme, en recueil des manifestations à la marge, là où la frontière entre l’humain et l’inhumain dévoile le sens de cette présence fragile et menacée : le paradigme de l’exclusion, comme passage de l’intérieur à l’extérieur, doit devenir l’objet d’une méditation philosophique. Et l’on comprend très vite que l’exclusion est incluante, dans un autre monde, comme l’inclusion dans un nouveau monde est aussi l’exclusion de ce qui nous a formé. C’est le point fort de ce livre, qui constitue ce que je pense être sa contribution décisive à la nouvelle orientation de la philosophie de l’éducation.
Plutôt que la recherche de la vérité de son essence, la quête d’une conversion en vue de son salut, la vie individuelle se définit alors comme une itinérance qui peut être saisie à travers des anthropologies pratiques multiples, dont chacune déroule en quelque sorte une manifestation de la finitude humaine. Cette multiplicité exige une double rupture relativement aux perspectives positivistes des sciences sociales que le livre engage, en référence à Michel Foucault et à Paul Ricœur, respectivement sur le plan épistémologique et herméneutique.
La position philosophique ici conquise me semble ainsi particulièrement cohérente : à la compréhension de la complexité du monde doit répondre pratiquement le recours à la problématisation chère à Michel Fabre, qu̵

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