Devenir des universités
221 pages
Français

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Devenir des universités , livre ebook

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Description

L'université et la recherche sont les points de départ de ce numéro de L'homme et la société. Université publique mise à mal aujourd'hui en France dans ce qui s'annonce comme réforme décisive. Recherche publique dont la mort est régulièrement annoncée. Une grande confusion caratérise la réception de la Loi LRU dans l'université. Ce numéro tente de faire le point sur cette nouvelle norme et sur la foi en l'impossible d'un autre rapport à l'étude, au regard de son historicité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 66
EAN13 9782296465466
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’homme et la société
Revue internationale
de recherches et de synthèses en sciences sociales


Devenir des universités
Ramener la foi en l’impossible


Coordonné par

Marie Cuillerai et Sophie Wahnich


Revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du
CNRS et le CNL


L’Harmattan
L’homme et la société
Revue internationale
de recherches et de synthèses en sciences sociales


Fondateurs
Serge J ONAS et Jean P RONTEAU †

Directeurs
Claude D IDRY et Michel K AIL

Comité scientifique
Michel A DAM , Pierre A NSART , Elsa A SSIDON , Solange B ARBEROUSSE , Denis B ERGER , Alain B IHR , Monique C HEMILLIER -G ENDREAU , Catherine C OLLIOT -T HÉLÈNE , Catherine C OQUERY -V IDROVITCH , Christine D ELPHY , René G ALLISSOT , Michel G IRAUD , Gabriel G OSSELIN , Madeleine G RAWITZ , Colette G UILLAUMIN , Serge J ONAS , Serge L ATOUCHE , Jürgen L INK , Richard M ARIENSTRAS , Sami N AÏR , Gérard R AULET , Robert S AYRE , Benjamin S TORA , Nicolas T ERTULIAN .

Comité de rédaction
Marc B ESSIN , Laurence C OSTES , Christophe D AUM , Véronique D E R UDDER , Claude D IDRY , Jean-Pierre D URAND , Jean-Pierre G ARNIER , Gaëtan F LOCCO , Bernard H OURS , Aziz J ELLAB , Michel K AIL , Pierre L ANTZ , Margaret M ANALE , Louis M OREAU DE B ELLAING , Numa M URARD , Nia P ERIVOLAROPOULOU , Thierry P OUCH , Pierre R OLLE , Laurence R OULLEAU -B ERGER , Monique S ELIM , Richard S OBEL , Sophie W AHNICH , Claudie W EILL .

Secrétariat de rédaction
Jean-Jacques D ELDYCK


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55209-8
EAN : 9782296552098

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Éditorial
De l’actuel
Deux actualités, de statut très différent, fournissent l’occasion de cet éditorial. La publication en français de l’ouvrage de Jack Goody, Le Vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde (Paris, Gallimard, « Essais », 2010), initialement paru à Cambridge University Press, en 2006, sous le titre The Theft of History, d’une part, et les soulèvements populaires, tunisien et égyptien, d’autre part.
Qu’est-ce qui justifie un tel rapprochement ?
Rien, selon la logique éditoriale d’une revue universitaire, puisque le livre de Jack Goody relève de la rubrique « comptes rendus », tandis que le traitement à chaud de l’actualité n’entre tout simplement pas dans le cahier des charges de ce type de publication. Or, L’homme et la société est assurément une revue universitaire. Si donc elle devait traiter des processus révolutionnaires, tunisien et égyptien, ce serait à la suite d’un long temps de réflexion, après avoir élaboré un projet de numéro, lancé un appel d’offres, sélectionné et organisé les articles. Travail indispensable, auquel nous nous consacrerons sans aucun doute. Qui ne saurait cependant interdire une prise de position. Laquelle, oserions-nous prétendre, est une condition épistémologique de l’activité d’analyse dans le champ des sciences sociales. Plus largement, un gage de lucidité.
Or, nous ne pouvons manquer d’être frappé par l’évidence selon laquelle le caractère autoritaire des régimes, tunisien et égyptien, change de registre, tant dans l’ordre de la connaissance que dans l’ordre politique, dès lors qu’il est mis en cause (c’est-à-dire mis en demeure de se justifier) par la mobilisation des peuples, tunisien et égyptien. Si, antérieurement à ce soulèvement, les analyses les moins complaisantes pouvaient bien sûr saisir l’« être » de cet autoritarisme, la critique populaire le fait « exister ». Cette distinction, que nous allons tenter de préciser, vaut, annoncions-nous, dans l’ordre théorique comme dans l’ordre politique. Plus précisément, elle tient son efficience de l’articulation qu’elle entretient entre le politique et le théorique, du va-et-vient qu’elle suscite de l’un à l’autre.
L’analyse objective, sinon objectiviste, de l’autoritarisme, tunisien ou égyptien, « signifie » ce réel à la seule lumière des catégories sociopolitiques que l’analyste met en œuvre en fonction des éléments qu’il recense : circuit très restreint de la prise de décision qui n’implique que quelques individus voire un seul, enrichissement personnel des membres de l’élite gouvernante, captation de la rente et redistribution très sélective en vue de s’assurer de la reconnaissance de celles et ceux qui en bénéficient, gestion répressive de la moindre revendication populaire, économique ou sociale, par exemple. Autant de caractéristiques qu’il met en relation avec des considérations géopolitiques : principalement, en l’espèce, celle de la stabilité politique de ces pays, quel qu’en soit le prix pour les populations concernées, faisant obstacle à la montée des islamistes. Islamisme interprété alors avant tout comme une menace pour l’Occident. Ces quelques indications suffisent à identifier le discours moyen raisonnable, véhiculé par les médias et alimenté par les « experts », recrutés dans le champ des sciences sociales. La logique même de cette analyse objective gomme, indépendamment des options idéologiques de l’analyste, ce qu’il y a pourtant d’inadmissible dans la réalité à laquelle le terme d’« autocratie » fait référence, en investissant l’autocrate d’une fonctionnalité « déresponsabilisante » : s’il s’oppose aux exigences populaires, c’est qu’il doit mener une tâche autrement plus décisive que celle qui consisterait à les satisfaire, faire barrage à la déferlante islamiste ; en d’autres termes, sauver la civilisation occidentale dont un des joyaux est la démocratie. Soit un raccourci saisissant : l’autoritarisme moyen-oriental comme condition de possibilité de la démocratie occidentale. Inutile d’insister sur les préjugés qu’une telle analyse objective assume : les masses arabes ne peuvent manquer d’être sensibles aux sirènes islamistes et ne sauraient y résister par elles-mêmes, comme si elles étaient enfermées dans une essence dont la crédulité serait un des traits saillants, et comme si l’islamisme existait en soi. Et bien d’autres encore.
À partir du moment où il a eu lieu, le soulèvement populaire contre l’autoritarisme interdit de rayer, par l’invocation de quelque fonctionnalité que l’on voudra, son inadmissibilité. Entendons bien que notre propos ne vise pas ici à reproduire l’inquiétude qu’exprimait Primo Levi selon laquelle comprendre reviendrait à justifier, ni même d’évoquer la distinction entre expliquer et comprendre, mais bien de soutenir que c’est la prise en compte de cette inadmissibilité qui autorise une vue éclairante sur les sociétés, tunisienne et égyptienne, en même temps que sur les sociétés qui, comme la société française, s’accommodaient de la dictature en lui conférant une telle fonctionnalité. Le refus par les masses, tunisienne et égyptienne, de subir plus avant l’autoritarisme de leurs gouvernants commande, ou devrait commander, l’analyse de ces sociétés. Lesquelles pouvaient sembler être figées dans une forme de déterminisme. Sans doute l’étaient-elles ! Mais un tel déterminisme n’a pu contenir le sentiment du « ça suffit » qui a émergé avec le mouvement de protestation. « N’a pu contenir » au sens de « n’a pu empêcher, faire obstacle » ; la preuve de cette incapacité étant fournie par le fait même du soulèvement populaire, qui s’est nourri de lui-même, a défini et précisé ses objectifs au fur et à mesure de son développement. Autonomie qui l’a dispensé de recourir à des leaders, au grand étonnement des observateurs. « N’a pu contenir » également au sens où aucun déterminisme ne pourrait rendre compte de ce surgissement de la colère populaire, laquelle est précisément synonyme de suspension de l’efficacité d’un tel déterminisme. Le fait qu’il convient de dévoiler et de proposer à l’analyse est l’évanouissement de la croyance en la force de ce déterminisme ; ce que nombre de manifestants exprimaient en déclarant avec conviction : &#

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