En finir avec l école de la république
284 pages
Français

En finir avec l'école de la république , livre ebook

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284 pages
Français

Description

Tout le monde se réclame de l'École de la République bien qu'elle ne parvienne pas à réaliser les promesses républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité. Cet ouvrage plaide pour une "démocratie apprenante" soutenue par un service public d'enseignement répondant aux besoins des usagers afin de s'extraire de la déploration permanente de la "crise de l'éducation" et contribuer à la mutation de l'École, plus réaliste et ouverte au monde social.

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Publié par
Date de parution 01 octobre 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782140047749
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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ES
Jean-Charles Huchet ns contemporaines ENQFINIR AVEC L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE
Questions contemporaines
En finir avec l’École de la République
Questions contemporaines Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions Florence SAMSON,Agriculture. Un monde à plusieurs vitesses et sous pression, 2017. Max MEMMI,Être ou ne pas être Juif. Telle est la question. Pourquoi ?,2017. José COHEN-AKNINE,Déliquescence et renaissance de l’Etat, 2017. Olivier PIACENTINI,Le crépuscule de l’Occident. Chronique d’une décadence, 2017. Noël JOUENNE,L’expérience corbuséenne d’un habitat collectif sous contrôle, 2017. Michel DUPEUX,L’université 2.0. La réussir – y réussir, 2017. Michel JOUARD,Les naufragés de Perrache. Les souffrances et la révolte des réfugiés de Lyon 2012 – 2013. Chronique sociale, 2017. Érik LESCAR,:Le discours de Poutine Métamorphoses et continuité,2017. Laurène RENAUT,Le président qui voulait être normal, 2017. Jean-Christophe TORRES,L’esprit démocrate, 2017. Ado-Dieumerci BONYANGA BOKELE,Le défi de l’autodétermination africaine. Problème d’organisation, 2017. Jean-François KESLER,Institutions et politique française, 2017. Eric AGBESSI,la loi sur les droits civiques deEtats-Unis : 1964, 2017.
Jean-Charles Huchet En finir avec l’École de la République
Du même auteur La politique peut-elle refonder l’Ecole ?,Saint-Denis, Edilivre, 2017. Essais de clinique littéraire du texte médiéval, Orléans, Paradigme, 1998. L’étreinte des mots. Flamenca, entre poésie et roman, Caen, Paradigme, 1993. Mort à Crédit de L. F. Céline. Une naissance payée comptant, Paris, PUF, 1993. Nouvelles occitanes du Moyen Age, Paris, Flammarion, GF, 1992. Le roman occitan médiéval, Paris, PUF, 1991. Littérature médiévale et psychanalyse, Paris, PUF, 1990. Tristan et le sang de l’écriture, Paris, PUF, 1990. Flamenca. Roman occitan du XIIIe siècle, Paris, 10/18, 1988. L’amour discourtois, Toulouse, Privat, 1987. Le roman médiéval, Paris, PUF, 1985. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13107-8 EAN : 9782343131078
« Ma pensée anxieuse, assiégée par les désaccords et les rivalités, cherche sans repos le moyen d’échapper à la politique. »  (Nithard,Histoires)
1 Introduction L’Ecole et la République, un couple en crise ? Au lendemain de l’attentat contreCharlie Hebdo et le magasin hyper-casher de la porte de Vincennes, dans son discours du 13 janvier 2015 devant l’Assemblée nationale, M. Valls, Premier ministre, rappela une des composantes 1 de la doctrine politique de son gouvernement : l’Ecole et la République ne font qu’un : « La République n’est pas possible sans l’Ecole, et l’Ecole n’est pas possible sans la République ». Les acclamations accueillant cette déclaration et la Marseillaise qui la couronna donnèrent à l’équivalence (l’Ecole = la République) le caractère d’une évidence et d’un consensus politique construit dans la douleur. Il s’agissait là d’un rappel d’une équivalence fondatrice, à laquelle le contexte dramatique des attentats donnait un caractère sacré, interdisant qu’il fût mis en question et a fortiori débattu. L’émotion du moment permettait au Premier ministre de rappeler que, dans la tradition française, l’Ecole, parce qu’elle fait cause commune avec la République, est une question politique et qu’elle bénéficie d’un statut d’exception parmi les institutions. On évoque à l’envi l’Ecole de la République, mais on ne parle pas de la « Justice de la République », de la « Santé de la République », de la « Culture de la
1 L’Ecole (majuscule) désignera l’institution scolaire et se distinguera de l’école (minuscule), maternelle, élémentaire ou primaire, renvoyant er à une unité éducative du 1 degré.
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République », institutions tout autant fondamentales pour la concorde publique. Les circonstances ne justifiaient pas uniquement l’équation posée par E. Valls, celle-ci structure également le récit politique du quinquennat de F. Hollande qui, dans son discours d’investiture du 15 mai 2012, mentionnait la consubstantialité de l’Ecole et de la République, la première recevant sa forme de la seconde, avant de souligner la fonction politique de cette Ecole : « c’est le fondement de mon engagement pour l’Ecole de la République car sa mission est vitale pour la cohésion de notre pays, la réussite de notre économie ». L’Ecole se voyait ainsi dotée (ou confortée) d’une mission sociale et 2 économique, relevant normalement du politique, mais occultant sa fonction intrinsèque : assurer un accès aux savoirs du monde et contribuer à la construction (subjective, citoyenne …) des êtres parlants. Cet embrigadement de l’Ecole en faveur de causes qui ne sont pas les siennes, constitutif d’un détournement de mission, représente une constante du discours politique sur l’Ecole. Le cynisme de l’instrumentalisation partisane ou de l’exploitation idéologique se dissimule ainsi derrière la reconnaissance d’une fonction universelle, thaumaturgique, donnant à penser que l’Ecole peut et doit non seulement tout guérir, mais prévenir.
2 On distinguera « le politique » de « la politique ». Le premier terme désignera à la fois le champ où se déploient les pratiques politiques et le principe d’intelligibilité d’un certain ordonnancement du monde, de la place et du rôle qu’y occupent les êtres parlants, soit ce que M. Foucault appelait la « gouvernementalité ». La politique désignera l’ensemble des pratiques d’acquisition et de conservation du pouvoir, dont la gestion des affaires courantes de la cité constitue une modalité, un moyen et non une fin. Les sujets de ces pratiques seront indifféremment appelés « acteurs politiques », « personnel politique » ou génériquement « les politiques ».
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L’instrumentalisation politique de l’école se trouve confortée et développée dans l’hommage de F. Hollande à J. Ferry, prononcé le même jour, au cours duquel le tout nouveau président plaça sa politique éducative sous l’égide de la figure tutélaire et symbolique que demeure J. Ferry dans le panthéon politique de la République. Sans doute se souvenait-il du geste de F. Mitterrand saluant, dès son arrivée au pouvoir en mai 1981, les lois scolaires du même J. Ferry. Une double filiation se trouvait ainsi mise en valeur grâce à l’Ecole : à l’intérieur de l’histoire de la gauche et à l’intérieur de l’histoire de la République. L’hommage de F. Hollande, rendu « en cet instant où commence un temps nouveau pour notre pays », redonnait vigueur à une conception politique et morale de l’Ecole définie comme « émancipation », « lieu de la véritable égalité », « arme de la justice », autant d’expressions laudatives transformant l’Ecole en pure abstraction. Politique, morale et abstraite, l’Ecole de la République est avant tout un produit de la rhétorique politique. Quelle prise peut-elle dès lors avoir sur la réalité de l’Ecole, celle vécue par les élèves, les enseignants et les parents d’élèves ? A l’évidence bien peu, si l’on examine avec attention l’état concret de l’Ecole, indépendamment des déplorations polémiques et des discours inquiets ou satisfaits des politiques. En finir avec l’Ecole de la République ne cherche qu’à retrouver l’Ecole vécue, le système éducatif réel, en-deçà ou au-delà de sa projection idéale, passée ou future, dans sa diversité et ses contradictions vivantes. En finir donc avec l’idéal politique de l’Ecole. Posée comme un principe a priori transcendant, l’équivalence entre l’Ecole et la République ne tient qu’à être nouée par un troisième terme : la laïcité, le « seul enjeu qui importe » pour reprendre la formule de M. Valls
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