La parentalité décryptée

Catherine Sellenet

Description

Chaque discipline a sa définition de la parentalité, sa lecture plus ou moins partielle qui légitime la présence d'un professionnel autour du berceau. En fait, que cache la notion de "compétence parentale", devons-nous éduquer les parents à la parentalité ? Existe-t-il de "bonnes pratiques", quels sont les outils de transmission d'un savoir sur ce métier que Freud disait impossible ?

Sujets

• Psychiatrie
• Psychologie
• Éducation
• Pédagogie
• Psychanalyse

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2007
• Nombre de lectures: 316
• EAN13: 9782336282213
• Langue: Français

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] harmattan [e-mail]
9782296040151
EAN : 9782296040151
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Introduction 1 - La constitution d’un paradigme 2 - La parentalité et ses enjeux théoriques 3 - Clinique de la parentalité, 4 - La parentalité support de l’action publique 5 - Le soutien à la parentalité, nouveau credo des professionnels 6 - Parentalité et protection de l’enfance 7 - Et l’enfant dans cette histoire ? Conclusion Bibliographie Savoir et formation
La parentalité décryptée

Catherine Sellenet
Du même auteur
Sellenet C. (1997), La résistance ouvrière démantelée , Paris, L’Harmattan.
Sellenet C. (2001), Avoir mal et faire mal. Approche des violences en famille et en institution, Paris, Hommes et perspectives.
Sellenet C. (2002), Les puéricultrices au cœur de l’enfance, Paris, Hommes et perspectives.
Marinopoulos S., Sellenet C., Vallée F. (2003), Moïse , Œdipe et Superman, de l ’ abandon à l’adoption, Paris, Fayard.
Sellenet C. (2003), Assistantes maternelles, qui êtes- vous ? Paris, TPMA Propages.
Sellenet C. (2004), Animer des groupes de parole de parents . Silence...On parle ! Paris, L’Harmattan.
Sellenet C. (2005), Les pères vont bien , Paris, Flammarion.
Sellenet C. (2006), L’enfance en danger. « Ils n’ont rien vu » ? Paris, Belin.
Sellenet, C. (2006), Les assistantes maternelles, de la garde à l’accueil éducatif, Paris, L’Harmattan.
Sellenet, C. (2006), Nuovi papà, bravi papà. Éditions Fabbri, Roma.
Sellenet C. (2006), Le parrainage de proximité pour enfants. Une forme d’entraide méconnue. Paris, L’ Harmattan.
Sellenet C. (2007), Les pères en débat (sous la direction) . Paris, Érès.
David D., Sellenet C., Thomère C. (2007), La médiation familiale. Paris, Belin.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Introduction 1 - La constitution d’un paradigme 2 - La parentalité et ses enjeux théoriques 3 - Clinique de la parentalité, 4 - La parentalité support de l’action publique 5 - Le soutien à la parentalité, nouveau credo des professionnels 6 - Parentalité et protection de l’enfance 7 - Et l’enfant dans cette histoire ? Conclusion Bibliographie Savoir et formation
Introduction

« Toute la question de la science sera de prendre conscience des distances critiqués de ce bien connu si mal connu, d’étudier ce qu’on sait désormais qu’on ne sait pas, avec les moyens du bord qui sont les moyens de toute science : nos concepts qui sont nos prises ; nos méthodes qui sont nos chemins ; nos théories qui sont nos outillages, grandis appareils pour voir: théoria, c’est vision ; pour voir et déduire : théoria, c’est aussi procession... Tout cela qui bien composé, peut nous permettre de défricher le petit canton d’inconnu, où s’agrandira le petit domaine, si petit encore, du connu... » Michel Verret (1994)
En France, la parentalité est devenue au cours des vingt dernières années une notion familière, tant il en est question dans les programmes politiques et dans les actions menées sur le terrain. La notion nourrit les discussions sur l’avenir de la famille et contribue au moins en partie au renouvellement des actions auprès des parents et de leurs enfants. Ne parle-t-on pas de soutien à la parentalité, de re-parentaliser des parents jugés trop peu investis ? Le mot se décline en parentalisation, parentification, paternalité, maternalité... quand il ne fait pas l’objet de jeux de mots faciles comme « parent-alité ». Chacun propose sa représentation et la prolifération du terme ne fait somme toute que traduire une vive inquiétude sur l’avenir de la famille qui devient selon certains auteurs « incertaine » (Roussel, 1989), menacée voire menaçante si elle ne sait plus contenir les débordements de ses « sauvageons ». Pour redonner un peu de cohérence à ce terme « saturé de sens, de non-sens et de contresens », à l’identique de ce que signalait Julien Freund pour la notion d’exclusion qui connaît le même engouement et la même banalisation, nous nous proposons de faire un détour par son contexte d’apparition, puis d’effectuer un tour d’horizon des multiples approches de la notion selon les différentes disciplines. Comme le souligne Jean-Claude Kaufmann, « les concepts comme les hommes ont un cycle de vie...il est donc utile de savoir où ils en sont dans leur histoire. La naissance est la phase la plus confuse, les hypothèses (formes originales des concepts) apparaissent de façon très diverses... L’âge adulte est celui de la stabilisation définitive, et de la confirmation de cette identité stabilisée par la communauté des pairs, âge où la simple hypothèse devient par cette vertu concept. Stabilisé, le concept n’en demeure pas moins très actif jusqu’à sa vieillesse, instrument allègrement manipulé par le chercheur pour construire son objet. »
Pour avoir été membre du groupe dirigé par le Professeur Houzel, désigné par le ministère de la Famille et de la Solidarité en 1993, nous pouvons témoigner des balbutiements de sa conceptualisation, des premiers pas de l’utilisation publique de cette notion, de l’engouement des professionnels de terrain pour une approche plus positive de l’aide en direction des familles, puis de l’entrée dans l’ère de la désillusion, de la critique, de la division sur le terrain comme dans les sphères universitaires. La communauté scientifique peut certes interroger le caractère équivoque de la notion et son usage polysémique, mais ces mêmes chercheurs ne peuvent toutefois rester étrangers au débat de fond que révèle cette notion de parentalité, sur les mutations de la famille et les attentes vis-à-vis des parents. La notion de parentalité traduit à sa façon une inquiétude des observateurs de la société vis-à-vis de la plus petite cellule d’intégration, ce qui ne veut pas dire pour nous qu’elle. soit la seule, ni première. Cette inquiétude n’a rien d’étonnant dans un contexte de polarisation sur la question du lien social.
Le terme parentalité révèle aussi, et ceci est plus surprenant, des tensions entre les disciplines pour délimiter des sphères d’expertise. La famille est soudain devenue un objet incontournable de recherche que chacun tente d’investir, soit en contestant l’usage du terme parentalité, soit en le revendiquant. La jeunesse d’un concept est donc une période féconde mais incertaine. Celle du terme parentalité fut particulièrement mouvementée. Elle se prolonge mais pas davantage que celle de termes également polémiques comme celui d’exclusion, de désaffiliation... Le temps nous semble venu de procéder à notre tour à un état des savoirs, non pour clore le débat mais pour lui donner une nouvelle impulsion. Le temps est aussi venu, à titre personnel, de rassembler les nombreux textes que nous avons écrits au cours de ces années sur ce sujet, des textes éparpillés au gré des colloques mais ne permettant pas de saisir la continuité de la pensée et des travaux menés. Tels les cailloux du petit Poucet jetés le long du chemin de ces dix dernières années, ils sont censés nous ramener à bon port.
Le terme parentalité révèle des enjeux théoriques mais aussi pratiques qu’il conviendra de repérer. Ce n’est que secondairement que nous irons à la rencontre du terrain et des professionnels qui utilisent cette notion pour légitimer leurs interventions. Les réseaux de soutien à la parentalité, les structures de médiation familiale, les maisons de la parentalité, ont fleuri sur notre territoire, avec des logiques différentes. Le champ de la protection de l’enfance a, de même, intégré l’exigence du soutien à la parentalité dans l’organisation des structures d’accueil des enfants. Mais cette appropriation du terme est-elle de surface ou a-t-elle modifié les pratiques de suppléance ? La question mérite d’être posée. Enfin, nous verrons comment s’opère un glissement de la parentalité, aux « bonnes pratiques » parentales, nouvelle version d’un concept qui peut à n’en pas douter être le vecteur de pratiques normatives voire sécuritaires. La vigilance du chercheur est alors de mise pour que la recherche ne soit pas instrumentalisée et alimente des initiatives contraires à son éthique.
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La constitution d’un paradigme
Les mots, ces collan