Les femmes arabes en Algérie
172 pages
Français

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Les femmes arabes en Algérie , livre ebook

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Description

Voici l'oeuvre d'une féministe, une militante passionnée, jusqu'à sa mort en 1914. Quel courage elle déploya pour exiger le vote des femmes ! Et pourtant, de son vivant du moins, le combat resta vain. En Algérie, pendant quatre ans, elle découvre le triste sort des "femmes arabes" et définit au moins deux urgences : la création d'écoles pour les filles, car il n'y en a point, et l'abolition de la polygamie, dont les Musulmanes se plaignent cruellement. Mais comment convaincre le pouvoir colonial ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 267
EAN13 9782296245228
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES FEMMES ARABES EN ALGÉRIE
COLLECTION
AUTREMENT MEMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.


« Tout se passe dedans , les autres , c’est notre dedans extérieur ,
les autres , c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi


Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Hubertine Auclert


LES FEMMES ARABES
EN ALGÉRIE

Présentation de Denise Brahimi
avec la collaboration de Roger Little


L’HARMATTAN
En couverture :
Photographie de Hubertine Auclert


© L'H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10756-4
EAN : 9782296107564

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION par Denise Brahimi
Ouvrages de Denise Brahimi
portant sur le Maghreb et sur la question des femmes

Opinions et regards des Européens sur le Maghreb aux XVI ème et au XVIII ème siècle , Alger : SNED, 1978
Requiem pour Isabelle : essai sur Isabelle Eberhardt , Paris : Publisud et Alger : OPU, 1983
Femmes arabes et sœurs musulmanes : essai de critique littéraire , historique et idéologique , Paris : Tierce, 1984 (voir surtout le chapitre consacré à Hubertine Auclert sous le titre « Féminisme 1900 », (pp. 13-36)
La vie et l’œuvre d’Étienne Dinet : étude monographique d’un peintre orientaliste , Paris : ACR, 1984
Anthologie du roman maghrébin , négro-africain et antillais et réunionnais , Paris : CILF-Delagrave, 1986
Appareillages : dix études comparatistes sur la littérature des hommes et des femmes dans le monde arabe et aux Antilles , Paris : Deux Temps Tierce, 1991
Maghrébines , portraits littéraires : essai , Paris : L’Harmattan, 1995
Taos Amrouche romancière : essai , Paris : Joëlle Losfeld, 1995
Cinémas d’Afrique francophone et du Maghreb , Paris : Nathan, 1997
Voyageurs dans la Régence de Tunis XVI ème -XIX ème siècles , Tunis : Cartaginoiseries, 2008
50 ans de cinéma maghrébin , Paris : Minerve, 2009
INTRODUCTION

Hubertine Auclert est passionnément militante : ses émotions l’inspirent autant que ses convictions politiques et intellectuelles. Viendra-t-il en France, ce jour où le mot « suffragette » cessera de ridiculiser celles qui comme elle se sont battues pendant des décennies pour que les femmes obtiennent enfin le droit de vote ? Alors qu’à notre époque, nombre de revendications féministes, dans le domaine des lois et dans celui des mœurs, ont fini par s’imposer, le mot « suffragette » fait encore surgir l’idée comique d’une grosse dame agitant férocement la plume d’autruche qui couronne son chapeau. Cela paraît difficilement croyable et pourtant...
Paradoxalement, Hubertine Auclert avait tout pour incarner ce qu’on considère comme les vertus les plus sûres de la France profonde. Née en 1848 dans la moyenne bourgeoisie provinciale du centre de la France, elle a eu droit à l’enseignement religieux qu’on considérait comme le mieux adapté aux jeunes filles de son époque, sous le Second Empire, et elle s’en est accommodée tant bien que mal, mais apparemment sans drame. C’est à partir de 1871 que se révèlent son originalité d’esprit et les engagements qui seront désormais ceux de toute une vie. À vingt-trois ans, elle entre dans l’âge adulte, ce qui dans son cas signifie qu’elle a quitté la province pour Paris et qu’ayant perdu ses parents, elle dispose d’un héritage qui lui permet d’être indépendante économiquement.
Sa situation sociale dans la France de la Troisième République a certainement eu des conséquences sur la nature de ses revendications, tant en France qu’en Algérie. Au sein du militantisme français, en dépit de tentatives assez suivies, elle a du mal à s’associer en tant que féministe avec les mouvements socialistes de type collectiviste, bien qu’elle en soit parfois assez proche, surtout dans les années 1880-1890. En Algérie, le spectacle de la misère et du dénuement lui est insupportable, et il n’est pas question pour elle d’adopter un certain mode de vie « à l’arabe » comme le fera peu après Isabelle Eberhardt (qui séjourna en Algérie de 1898 à 1904). Dans les écrits de cette dernière, on ne trouve jamais de commisération pour les pauvres, tant il est vrai qu’elle l’était elle-même, en partie par nécessité, en partie par choix. Cependant il serait absurde de reprocher à Hubertine Auclert (à cet égard moins singulière que la très étonnante Isabelle Eberhardt) son souci d’améliorer globalement la condition de vie des nécessiteux, ce qu’Isabelle Eberhardt, très aristocratique et antirépublicaine, rejette avec un profond mépris.
Dès le moment où elle est indépendante et libre de son temps, Hubertine Auclert se consacre sans réserve à différentes actions de type féministe, principalement destinées à obtenir le droit de vote pour les femmes ; une option qui même au sein du mouvement féministe n’est pas la tendance majoritaire. Elle le fait en tant que républicaine et démocrate, deux traits qui caractériseront aussi bien ses réactions face à l’Algérie coloniale.
Républicaine, elle l’est par tradition familiale autant que par conviction personnelle. Son père, qui avait eu des activités politiques en 1848, devient un opposant à Napoléon III à partir du coup d’État de 1852 et jusqu’à sa mort en 1861. La guerre franco-prussienne de 1870 provoque en elle un grand élan de patriotisme républicain et elle saura gré aux bataillons arabes recrutés en Algérie d’avoir bien aidé la France en cette occasion. En tant que citoyenne de la Troisième République, sa conviction est qu’elle vit dans un État où tous les citoyens ont un droit égal à gérer la chose publique ; sans qu’on voie aucune raison valable de priver les citoyennes de ce droit. Et c’est en ce sens qu’il lui paraît essentiel d’œuvrer pour le droit de vote des femmes, seul moyen pour que celles-ci cessent d’être des « esclaves », selon le terme de Victor Hugo qu’elle admire.
Son militantisme est actif. Elle fonde en 1876 la société Le Droit des femmes , qui devient en 1883 Le Suffrage des femmes. En 1882, elle lance un journal, La Citoyenne , qui reçoit l’appui d’une féministe aussi connue que Séverine.
Outre sa revendication continue pour le vote des femmes, elle lutte contre les dispositions légales concernant le divorce et préconise un contrat de mariage avec séparation des biens, pour que les femmes divorcées puissent disposer de leur salaire. On verra à quel point, en Algérie aussi, elle s’intéresse aux conditions légales du divorce et cherche à les améliorer.
Mais avant de la suivre dans ce pays où elle se rend en tant qu’épouse d’Antonin Lévrier, il est intéressant de savoir comment la féministe qu’elle est s’est accommodée - ou non – du mariage et de la relation privilégiée avec un homme dont on sait au moins qu’il l’a sollicitée pendant des années avant qu’elle consente à l’épouser.
Malgré son extrême discrétion sur ce sujet, Hubertine Auclert a certainement souffert de solitude affective pendant une grande partie de sa vie, tant il est vrai que ses positions extrémistes et exigeantes l’ont éloignée de beaucoup de gens – dont ses maîtres en matière de

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