Les Encyclopédies
404 pages
Français

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Les Encyclopédies , livre ebook

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Description

Les encyclopédies sont un des lieux de rencontre privilégiés de la philosophie et des disciplines. C'est ce lieu que cet ouvrage a pour objet d'étude. Ici, le terme « encyclopédies » renferme aussi bien les biographies, nomenclatures, répertoires, sommes, glossaires, lexiques, recueils, dictionnaires, codex, ou encore miroir du monde, etc. Dans ces aspects multiples l'enkuklios paideia est abordée dans l'Antiquité avec l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, oeuvre encyclopédique fondatrice jusqu'à Wikipédia, encyclopédie en ligne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 179
EAN13 9782296806832
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENCYCLOPÉDIES
Construction et circulation du savoir de l’Antiquité à Wikipédia
Martine GROULT

LES ENCYCLOPÉDIES

Construction et circulation du savoir de l’Antiquité à Wikipédia

L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54718-6
EAN : 9782296547186
INTRODUCTION
Qui n’a jamais ouvert un dictionnaire ? Qui parmi nous n’a jamais utilisé dans ses recherches une encyclopédie ? On y trouve tout ou, plus exactement, on en a besoin. Au fond, que sont ces œuvres ? Les encyclopédies sont d’abord un des lieux de rencontre privilégiés de la philosophie et des disciplines. C’est ce lieu que cet ouvrage a pour objet d’étude. Autrement dit, ce livre n’étudie pas une encyclopédie particulière ni même toutes les encyclopédies comme cela a été le cas respectivement dans L’encyclopédisme au XVIIIe siècle de Françoise Tilkin et L’encyclopédisme d’Annie Becq, il étudie une problématique, à savoir celle de la construction et de la circulation des connaissances dans des ouvrages qui se sont voulu des « touts » et que nous appelons les encyclopédies. Le choix d’analyser quelques ‘encyclopédies’ sans fixer une définition de départ vise à expliquer l’objet sans être prisonnier du mot. Le terme « encyclopédies » renferme aussi bien les biographies, nomenclatures, répertoires, sommes, compilations, catalogues, glossaires, lexiques, recueils, vocabulaires, dictionnaires, codex, ou encore allégories, miroir du monde etc..., c’est-à-dire toutes ces formes encyclopédiques destinées à rassembler les connaissances. Pour Diderot, « c’est par ces ouvrages que les facultés des hommes ont été rapprochées & combinées entre elles », ils sont « l’énergie de l’espèce » 1 . Ces aspects multiples de l’ enkuklios paideia convoquent ainsi la question cruciale des sources et l’enjeu spéculatif de l’ordre de l’assemblement.
Il faut préciser également que nous mettons sous le terme de disciplines toutes les sciences et tous les arts autres que la philosophie. Ce qui veut dire aussi que dans ce livre les auteurs sont tous des philosophes qui proposent une réflexion sur les divers processus encyclopédiques. Quant aux acteurs que sont les mots, les choses, les idées, les rapports entre un tout et des parties, ils sont analysés dans les réflexions philosophiques et scientifiques d’une époque à partir parfois d’ouvrages ne portant pas le titre d’encyclopédie mais traitant des mêmes concepts fondamentaux. Dans leur configuration qui présente un tout formé de parties, les encyclopédies s’apparentent aussi au système philosophique. La partie n’est alors pas un morceau détaché mais elle est elle-même une totalité particulière. Hegel l’a pensée dans ce sens où la philosophie peut être envisagée comme un tout fait de plusieurs sciences particulières1. Le cercle, « tout philosophique » des parties, se ferme sur lui-même et est lui-même une totalité. Le système hégélien se plaît dans le lieu encyclopédique, certes lieu à la mode en 1817 mais tout de même choisi pour présenter le penser . De la plupart des projets philosophiques d’encyclopédies se détache aussi la question de savoir comment les mots et les choses expliquent la Nature. C’est dire que cette question est apparue à tous les siècles et dans tous les pays. Il nous a malheureusement été impossible de rassembler autant d’études qu’il y a d’encyclopédies. Combien d’ouvrages n’ont pas été ici analysés ? c’est même impensable d’en envisager une liste. C’est la raison pour laquelle le groupe de travail à l’origine de cet ouvrage s’est réuni en Atelier (Workshop) 2 et a mis l’accent sur la problématique.
L’Atelier s’est ouvert en 2007 avec une question destinée à délimiter une problématique afin, nous l’avons dit, qu’aucune forme encyclopédique ne soit privilégiée sur une autre. Il va de soi qu’étant spécialiste de l’ Encyclopédie et organisatrice de cet atelier j’ai posé une question partant du point de vue de l’ordre encyclopédique du savoir tel qu’il est organisé par d’Alembert et Diderot dans le projet philosophique de l’ Encyclopédie mais je n’ai pas orienté les débats, bien au contraire, laissant la voie libre pour toutes les autres formes encyclopédiques. La question était : « Transmettre ou diffuser le savoir ? de la différence entre l’encyclopédie et le dictionnaire ». Autrement dit, lorsqu’on parle de livrer la connaissance est-ce qu’on vise à la diffuser ou à la transmettre ?
Dans la préface de la Cyclopaedia Chambers écrit : « Si nous cherchions à savoir qui le premier ouvrit la voie des dictionnaires, voie si fréquentée ces derniers temps, nous trouverions très probablement à la source un petit grammairien ; et de ses vues et de ses desseins particuliers, s’ils étaient connus, nous déduirions probablement la forme générale et même les circonstances particulières des productions modernes qui sont placées sous ce nom »1. Il n’était pas question de chercher qui a écrit le premier dictionnaire mais plutôt de rechercher à quel moment apparaît la différence entre une encyclopédie et un dictionnaire. Chambers établit un lien direct entre l’auteur et le dictionnaire. Le lexicographe est décrit comme un analyste qui ramène les assemblages d’idées opérés par ses prédécesseurs à leur simplicité naturelle. Le dictionnaire fournit l’état de la langue à une époque précise. Il est statique et l’auteur rend compte de l’état de la langue ou de la chose. Pour Diderot et d’Alembert, un lexicographe est à l’opposé d’un encyclopédiste. Une encyclopédie rapporte le mouvement des mots, l’évolution de la science. Toutefois il semblerait que cette distinction existe essentiellement dans l’ Encyclopédie des Lumières – peut-être uniquement pour se distinguer des lexicographes comme Chambers –. Ma question voulait dire qu’une encyclopédie transfère les connaissances et un dictionnaire les diffuse. L’encyclopédie fournit la méthode pour aborder et comprendre une démarche heuristique, alors qu’un dictionnaire donne immédiatement les définitions des choses. Le rapport des mots aux choses est immédiat au lieu d’être analytique.
Il y avait aussi derrière cette interrogation le fait que dans les présentations électroniques de programmes scientifiques, il est question de la diffusion de la connaissance, la transmission n’apparaissant pas ; comme si elle consistait dans une affaire interne et que la diffusion concernait le travail à faire vers l’extérieur par ceux à qui on avait auparavant transmis la connaissance. Ceci rappelle le point de vue de Chambers, sur lequel nous revenons ci-après dans notre article, qui est celui du guide c’est-à-dire de celui qui a le savoir et qui le diffuse dans un dictionnaire - qu’il ne nomme pas encyclopédie -. Le savoir est chose acquise et indépassable. En revanche, les encyclopédistes ont commencé par évoquer la méthode et ils ont focalisé Prospectus et Discours préliminaire sur la classification arbitraire des sciences. On se souvient aussi que le plan du Discours préliminaire comporte trois parties et qu’il commence par l’encyclopédie. La première partie consiste dans l’histoire philosophique de l’origine de nos idées ou exposition métaphysique de l’origine et de la liaison des sciences. La deuxième concerne le dictionnaire raisonné. Elle expose l’ordre des connaissances. Enfin la troisième est consacrée aux savants qui ont collaboré à l’ Encyclopédie . C’est dire qu’on ne peut faire un dictionnaire sans poser auparavant l’origine métaphysique et la liaison des sciences (sciences et arts sont ici confondus). C’est pourquoi le dictionnaire ne pouvait être que raisonné.
L’interrogation qui commençait l’Atelier comportait donc de fortes bases dix-huitiémistes. Cependant elle était proposée à un auditoire qui n’était pas entièrement dix-huitiémiste loin s’en faut. Tous les participants, chercheurs, enseignants et doctorants, travaillaient soit sur l’Antiquité soit sur la Renaissance, soit étaient impliqués dans les formes contemporaines encyclopédiques ou philosophico-psychanalytiques. Car il faut d

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