Penser la pédagogie
120 pages
Français

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Penser la pédagogie , livre ebook

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Description

La pédagogie a le plus grand mal à trouver son statut épistémologique. Dans le mouvement de trente années de réflexion sur le phénomène pédagogique, qu'il n'a cessé de creuser à ses origines dans l'Emile de Rousseau et à travers l'œuvre de Pestalozzi, Michel Soëtard réunit ici ses pensées autour du rapport qu'entretient la pédagogie avec les sciences de l'homme en formation, puis autour de l'action par laquelle s'articulent ces deux dimensions du savoir pédagogique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296477889
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PENSER LA PÉDAGOGIE
Une théorie de l’action
Pédagogie : crises, mémoires, repères
Collection dirigée par Loïc Chalmel, Michel Fabre,
Jean Houssaye et Michel Soëtard


La collection « Pédagogie : crises, mémoires, repères » répond à un triple objectif :

1 – Elle se propose de soumettre à la réflexion théorique les problématiques et les situations de crise qui agitent le monde pédagogique.
2 – Elle vise à vivifier les mémoires historiques capables d’éclairer le pédagogue pour l’action présente.
3 – Elle entreprend de décrypter les repères philosophiques, éthiques, politiques qui portent le pédagogue en avant des réalités.


Déjà parus

Baptiste JACOMINO, Alain et Freinet. Une école contre l’autre ? , 2011.
BILLOUET Pierre, L’éducation scripturale. De la plume au clavier, 2010.
JANNER-RAIMONDI Martine, Surgissements démocratiques à l’école primaire. Analyse de conseils d’élèves , 2010.
TROUVE Alain, Penser l’élémentaire. La fin du savoir élémentaire à l’école ?, 2010.
BILLOUET Pierre (coord.), Figures de la magistralité. Maître, élève et culture , 2009.
CHARBONNIER Sébastien, Deleuze pédagogue. La fonction transcendantale de l’apprentissage et du problème , 2009.
MICHEL SOËTARD


PENSER LA PÉDAGOGIE

Une théorie de l’action
Ouvrages du même auteur

Pestalozzi ou la naissance de l’éducateur , Éd. P. Lang, 1981 (épuisé, mais disponible en version numérique au Centre de Documentation et de Recherche Pestalozzi d’Yverdon).
Friedrich Fröbel. Pédagogie et vie, Éd. A. Colin, 1990.
J.H. Pestalozzi. Mes recherches sur la marche de la nature dans l’évolution du genre humain , trad. et éd., Lausanne : Éd. Payot, 1994.
Qu’est-ce que la pédagogie , Éd. ESF, 2001.
Manifeste pour les pédagogues (avec J. Houssaye, D. Hameline, M. Fabre), Éd. ESF, 2002.
J.H. Pestalozzi. Le chant du cygne , trad. et introduction, Éd. Fabert, 2009.
Rousseau et l’Idée d’éducation, Essai suivi de Pestalozzi juge de Jean-Jacques , Éd. Champion/Slatkine, 2011.


Illustration de couverture :
Mes enfants
P.J. Crook
(Gloucester City Museum and Art Gallery).


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56879-2
EAN : 9782296568792

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Claudine, Joachim et Pierre.
Introduction
« La seule chose qui justifie un environnement de professeurs vivants au lieu de simples terminaux d’ordinateurs, de vidéos et de reproducteurs de notes, c’est que les étudiants ont besoin de voir la liberté représentée devant leurs yeux par des êtres humains réels. »
R. Rorty, Philosophy and Social Hope.


Il est temps de s’occuper sérieusement de la pédagogie. Non pas pour donner cent recettes de plus qui devraient améliorer la pratique, et qui ne font en réalité que la mettre en présence de problèmes sans fin. Ni non plus pour générer une nouvelle idéologie éducative qui se satisferait d’élans généreux, en laissant les choses en l’état. Mais bien simplement pour essayer de comprendre en profondeur ce qui se passe dans l’acte pédagogique.
Car la pédagogie est essentiellement une action. Le mouvement pédagogique ne me démentira pas : même l’ Émile , qui se présente comme la rêverie d’un visionnaire de l’éducation, met en scène une seule et grande action qui n’est jamais en repos, pas même pour contempler la nature. Et, de Pestalozzi à Freinet, les pédagogues dits « historiques » n’ont eu de cesse que de pousser une action à travers chemins et obstacles, et s’ils ont éprouvé le besoin d’écrire, ce fut le plus souvent pour mieux agir par-delà la rencontre d’un obstacle. Et le plus ordinaire instituteur, entrant en « sciences de l’éducation », est toujours en peine de mettre la construction théorique à laquelle on l’oblige en lien avec une pratique qu’il sent à mille lieues de celle-là.
Mais il n’est pas moins vrai que la pédagogie doit être pensée. Elle ne peut se laisser aller au fil de la pratique sans courir tous les risques du va à vau-l’eau : du caprice d’un jour, de l’humeur d’un moment, ou encore de la conformité sociale ou de l’idéologie servie clefs-en main. Et l’on ne connaît depuis Platon qu’un moyen pour échapper au piège de l’opinion aliénante : la réflexion pour elle-même. Réfléchissons donc la pédagogie !
Le grand problème est que la pédagogie ne se laisse pas réfléchir comme un théorème de mathématique ni comme une doctrine philosophique. L’une comme l’autre présupposent un « monde intelligible » qui se monnaye ici en science, là en philosophie. La pédagogie, elle, met en œuvre la relation entre deux personnes, l’une se chargeant de conduire l’autre à son développement le plus complet. Mais elle ne le fait pas à la façon du berger qui mène son troupeau d’oies : la personne qui conduit comme celle qui est conduite sont précisément des personnes, c’est-à-dire des êtres qui demandent reconnaissance, respect de ce qu’ils sont, ouverture vers ce qu’ils veulent devenir, qui sont en un mot des êtres libres et qui attendent de l’éducation qu’elle développe cette liberté, lui forge des instruments d’action et permette finalement à l’éduqué d’aller seul son chemin. La pédagogie est essentiellement l’accompagnement d’un tel processus.
Il est bien nécessaire, pour cela, de connaître le sujet qui est à éduquer. Il ne fait aucun doute que les sciences humaines, en particulier celles qui s’intéressent à l’enfant et à ses processus d’apprentissage, ont enrichi, au fil de leur développement, un arsenal qui permet d’asseoir la pédagogie sur une meilleure connaissance des comportements. Mais le sujet spécifique de la pédagogie, l’être infans , essentiellement en devenir, mu par une liberté essentielle, n’est pas sans poser de problèmes à celui qui prétend le saisir « positivement ». La « science de l’enfant », dont on a pu rêver à une époque, existera-t-elle jamais ? Est-elle seulement pensable et souhaitable pour le pédagogue, qui travaille dans une autre perspective ? La question occupera le premier chapitre.
Autre réflexion. La pédagogie porte un projet qui n’est pas inscrit dans les faits : celui de mener l’éducable à un point d’accomplissement où il pourra prendre lui-même ses affaires en main : un métier qui lui convienne, mais tout autant une juste relation à l’autre, et d’abord un bon rapport à soi-même dans une autonomie pleinement assumée. La qualité de ces fins n’est pas inscrite dans sa condition, qui reste celle d’un être entièrement déterminé. Et pourtant, l’homme ne veut pas se résigner à rester ce qu’il est, et il compte bien sur l’éducation pour le hisser par-delà ces déterminations. Quel statut accorder à ce devoir-être en liberté ? C’est une question philosophique. Mais c’est aussi une question à la philosophie, pour autant que celle-ci accepte difficilement de sortir de sa circularité pour envisager de se penser par rapport à une origine qui lui échapperait, et que l’enfant incarne. Il faudra alors examiner de près ce rapport délicat de la pédagogie à la philosophie : ce sera l’objet du chapitre 2.
Le problème de la mise en œuvre de l’autonomie est donc central. Ni la science, qui ne fait qu’éclairer la condition humaine, ni la philosophie, qui ne peut qu’en garantir le sens, n’y suffisent. Il faut alors revenir vers l’action pédagogique pour mesurer comment elle peut parvenir à articuler en l’homme le projet et la condition. Ce sera l’objet du chapitre 3 où je m’efforcerai de tracer les linéaments d’une théorie de l’action pédagogique.
Cette réflexion qui articule fait humain, sens en liberté et action, a elle-même éclos au point d’aboutissement d’une histoire de la pensée pédagogique qui a connu une lente maturation, jusqu’à sa floraison dans l’ Émile

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