11 + 1 propositions pour défendre le français
68 pages
Français

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Description

Avatar mais aussi ambassadeur de l'anglais, le globish (global English) s'arroge le terrain linguistique que défriche la mondialisation. Dans sa progression sans partage, cet outil véhiculaire lamine insidieusement les cultures en étouffant de nombreuses langues, dont le français. Il n'est pas trop tard pour doter notre langue de moyens de se défendre, voire de s'affirmer. Combat actif contre le fatalisme, cet ouvrage propose des mesures pragmatiques, pour donner à la langue française un nouveau souffle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 77
EAN13 9782296474840
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

11+1 propositions pour défendre le français
Du même auteur
L’Anglais de l’Hexagone. Constats et réflexions d’un interprète de conférence ,
Paris, L’Harmattan, 2009.
Xavier Combe
11+1 propositions pour défendre le français
L’HARMATTAN
Secrétariat éditorial et maquette : Pauline Hamet

© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56263-9
EAN : 9782296562639
« Tous les moyens de l’esprit sont enfermés dans le langage et qui n’a point réfléchi sur le langage n’a point réfléchi du tout. »
ALAIN, Propos sur l’éducation
« Défendre nos langues et leur diversité, notamment contre la domination d’une seule, c’est plus que défendre nos cultures, c’est défendre nos vies. »
Claude HAGÈGE, Combat pour le français : Au nom de la diversité des langues et des cultures
Avant-propos
Plusieurs nécessités pourraient laisser penser que la France est en proie à un écartèlement linguistique : tout en devant respecter le principe de plurilinguisme de l’Union européenne et défendre le français, il faut promouvoir l’anglais, devenu indispensable dans un grand nombre de secteurs d’activité de l’économie mondialisée.
Or ces nécessités ne s’opposent pas : il ne s’agit pas d’une équation à somme nulle.
En premier lieu, quelques constats et précisions s’imposent :
– Dans l’économie mondialisée, il est superflu de parler ou d’écrire l’anglais parfaitement bien : manifestement, le globish 1 , forme véhiculaire 2 simplifiée de l’anglais, suffit dans l’immense majorité des situations, qu’il s’agisse d’échanges techniques, scientifiques ou commerciaux, ou bien de conversations ordinaires.
Cette compétence est devenue indispensable dans de très nombreux secteurs d’activité. S’il est temps d’adopter d’autres moyens pour que son apprentissage généralisé soit plus efficace, il ne serait pas pour autant très judicieux de rendre cette priorité exclusive. En effet, elle ne devrait ni nous empêcher de préserver et de promouvoir le français, ni de nous intéresser à d’autres langues.
– Utiliser correctement le globish ne signifie ni maîtriser la langue anglaise, ni être bilingue, ni être obligé de dénigrer ou de pourfendre le français comme le font de nombreux responsables politiques et chefs d’entreprise français.
– Les autorités chargées de veiller sur notre langue, notamment l’Académie française et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture, sont d’une telle furtivité qu’elles semblent avoir pris le maquis face à l’envahisseur. La discrétion de leurs travaux confine à la stérilité.
– Les associations de défense de la langue française (Avenir pour la langue française (ALF), Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA), Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (ASSELAF), Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique (COURRIEL), Défense de la langue française (DLF), etc.) tentent de pallier ces manquements, mais, par manque de moyens, ne se font pas entendre davantage.

« Défendre » le français ?
L’attention prêtée à la langue est faible dans notre société moderne, notamment dans les entreprises. La mondialisation de l’économie et de la culture et le besoin d’une langue véhiculaire qui en découle, le culte de l’immédiateté, les correcteurs d’orthographe, les présentations Powerpoint qui inhibent la construction de phrases et la priorité accordée à l’expression visuelle constituent autant d’obstacles à l’intérêt que l’on pourrait porter à la langue.
Le français recule sur le front de la qualité. D’une part, la tolérance envers les fautes et envers la contamination de l’anglo-américain est plus grande que dans le passé, même récent. D’autre part, la richesse de l’expression semble de moins en moins prisée. Il recule aussi sur celui de la diffusion mondiale, ou du « rayonnement » comme disent certains nostalgiques.
« Défendre » notre langue consiste donc à s’opposer à ces deux formes de recul, ce qui revient à veiller à ce que le français demeure une langue d’usage et d’influence. Mais le terme même de « défense » est-il le plus juste pour décrire les efforts ou les mesures nécessaires pour parvenir à cette fin ? Sommes-nous résignés au point de ne pas envisager que le français se renforce en tant que langue d’usage et d’influence ?
Malmené, le français n’est pas pour autant menacé d’extinction imminente. Il figure parmi les dix langues les plus utilisées dans le monde, dénombrant plus de 220 millions de locuteurs.
Les soixante-dix États et gouvernements de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) représentent plus du tiers des membres de l’Organisation des Nations unies. Parmi les vingt-sept États membres de l’Union européenne, treize sont membres de l’OIF. Celleci compte, de surcroît, des pays observateurs et le français est pratiqué dans certains pays ou certaines régions qui ne sont pas rattachés à l’Organisation internationale de la francophonie.
Par ailleurs, le français a statut de langue officielle, de langue de travail ou de « langue de textes faisant foi » dans de nombreuses grandes institutions internationales.
Le terme « défendre » est donc sans doute impropre ou incomplet. L’action défensive peut signifier la peur, ou le repli, qui n’ont pas encore lieu d’être et qui ne sont pas constructifs. La langue étant vivante, il faut l’aider à se développer et non la figer ou la contraindre. Il s’agit de déverrouiller la langue française. C’est donc une démarche active, voire offensive, qui est nécessaire. Elle produirait un résultat plus efficace.
Le globish, de par son indigence lexicale, son manque patent de finesse grammaticale et l’étroitesse de son champ d’application (qui n’englobe pas le droit, les sciences humaines ou la culture – en particulier la littérature), n’a pas les moyens de supplanter le français dans toutes les situations d’expression et de communication.
En revanche, il constitue une source prépondérante, voire excessive, d’influence. Cette influence résulte d’une part de la propagation mondiale du modèle économique et culturel anglo-saxon et, d’autre part, de l’aura de la langue anglaise, dont le globish est l’avatar, mais aussi l’ambassadeur.
La critique actuelle contre l’anglo-américain n’est pas sans rappeler celle qui visait l’italien au XVI e siècle. On pourrait donc se dire qu’il s’agit d’un combat éternel et que si le français a survécu à l’agression d’autres langues, il survivra bien à celle de l’anglais. Mais aujourd’hui la menace est autrement plus importante. En effet, la diffusion de l’anglais bénéficie de moyens de communication internationale sans commune mesure avec ceux du passé. Plus de la moitié des publications périodiques à contenu technique ou scientifique, les trois quarts des courriels, et, pour ce qu’il en reste, des télex ou autres télégrammes sont en anglais. Environ 80 % des informations stockées dans les ordinateurs du monde entier sont en anglais. L’anglais est diffusé quotidiennement à des centaines de millions de téléspectateurs et auditeurs par les plus grandes sociétés de télédiffusion (CBS, NBC, ABC, CNN, BBC, CBC, etc.).
Ainsi, la pression de l’anglais est planétaire. Par ailleurs, force est de remarquer qu’elle fait l’objet d’une résistance inégale. Pour diverses raisons, celle-ci est particulièrement faible en France ; en revanche, elle est plus marquée dans d’autres pays francophones. Comme l’a fait remarquer Boutros Boutros-Ghali, « la Francophonie est née d’un désir ressenti hors de France ». C’est ainsi que les Québécois défendent leur territoire linguistique bec et ongles et mettent en application des dispositions réglementaires.

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