La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 octobre 2016 |
Nombre de lectures | 57 |
EAN13 | 9782140019524 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
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Ce n’est un secret pour personne, les Julien Barret
Français sont attachés à leur langue. Ils
entendent la défendre, l’honorer, ils la
révèrent et n’oublient jamais de pointer
les fautes de ceux qui l’écorchent. De
l’ouvrier à l’académicien, de l’ado révolté
au prof, chacun parle d’un point de
vue inconsciemment bourgeois, voire
aristocrate. On s’observe, on s’écoute, on
se corrige.
Cet élitisme inconscient des Français, et peut-être de la
plupart des locuteurs du français, je dis qu’il relève de notre
inconscient linguistique – collectif, partagé.
Il n’est pas question de se lancer dans un énième livre pour
stigmatiser les usages de l’époque, ni d’écrire une nouvelle
grammaire prescriptive sur le mode du « ne dites pas mais
dites », qui prolongerait une tradition en vogue depuis
Vaugelas.
Il s’agit de décrire la langue d’un point de vue de linguiste
et de faire entendre qu’elle doit servir sans asservir.
Concrètement ? On peut tout dire du moment qu’on se
comprend. La langue s’enrichit, évolue, bref, se transforme.
C’est le signe même qu’elle est en vie.
Auteur de deux livres, l’un consacré au rap et l’autre à la poésie
orale, fondateur du site www.criticomique.com spécialisé dans
la critique de la scène comique actuelle, Julien Barret est auteur
et journaliste.
Essai sur la langue française
d’aujourd’hui
L’illustration de couverture a été réalisée par
Mathieu Grelle (mathieugrelle.com / Witzel).
ISBN : 978-2-343-09981-1
12,50 €
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u ps bn la f e !
Julien Barret
« Tu parles bien la France ! »
Julien Barret
« Tu parles bien la France ! »
Essai sur la langue française
d'aujourd'hui
Du même auteur
chez le même éditeur
Le rap ou l'artisanat de la rime.
Stylistique de l'egotrip, 2008.
Écrire à voix haute.
Rencontre entre un poète et un linguiste, 2012.
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-09981-1
EAN : 9782343099811
Sommaire
Introduction : une langue bourgeoise 9
Petite histoire du français 15
La réforme de 1990 21
Orthographe ou syntaxe 29
Vie et mort du français 37
Changer les règles 41
Combien de mots ? 45
Le parisien 49
Le verlan 53
Abstraction et pédantisme 57
Une langue de l'élite 63
Polémiques 69
Le fossé entre le parlé et l'écrit 73
La règle et l'exception 83
La tyrannie du bon usage 89
Conclusion : l’arroseur arrosé 95
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Introduction : une langue bourgeoise
La scène se passe dans les années 1980, dans un
quartier populaire de Paris, à l'école primaire de la rue
Bretonneau, près de l'hôpital Tenon. Moussa à la
cantonade : « C'est la sœur à Virgile ! » Tarek à Moussa :
« Ouais, c'est ça, tu parles bien la France ! » Cette
réflexion qui reproduisait un réflexe tout juste intériorisé,
je l'entendais souvent dans la cour d’école, parfois, comme
ici, dite par un gosse d'immigré à un autre. Façon
condescendante de considérer celui qui fait des fautes ou
ignore telle ou telle règle. Un accent étrange, une tournure
anormale, une langue qui fourche et c'est la sanction. La
règle qu'on maîtrise n'est jamais celle de l'autre, et chacun
voit midi à sa porte.
Vingt ans plus tard, dans les années 2000, j'écrivais des
articles pour The Source, la version française d'un
magazine hip hop de référence aux États-Unis. Les journalistes,
payés au lance-pierre comme souvent dans la presse
spécialisée, écrivaient des articles à peine corrigés et
semés de fautes d'orthographe et de typographie. Les
vannes fusaient entre rédacteurs issus des origines les plus
diverses, chacun cherchant à légitimer sa maîtrise du
français, aussi bien à l'écrit qu'à l'oral, fût-ce avec les codes de
la rue. Je me souviens en particulier d'un journaliste
antillais. Dès qu'il prononçait un mot contenant des « r »,
certains lui demandaient de répéter ces « r » qu'il articulait
mal. Et ils se marraient en soulignant son défaut de
prononciation, comme aurait fait une armada de profs
armés de feutres rouges, endossant le rôle de ces instances
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