Petite histoire de Biarritz
93 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Petite histoire de Biarritz , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
93 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Depuis le XVIe siècle, la contemplation de la mer et des plages de Biarritz est source d’inspiration. Chacun à leur manière, Ambroise Paré, Malesherbes, Victor Hugo, Flaubert ou encore Pablo Picasso, ont mis en valeur le rôle essentiel de l’élément marin dans la réputation du site. Bien sûr, sans l’impératrice Eugénie et Napoléon III, Biarritz ne serait jamais devenue une station balnéaire internationale. Grâce à eux, les « têtes couronnées » d’Europe découvrent et vantent la beauté de ce littoral. Pour les accueillir, des équipements touristiques et des demeures de style éclectique sont établis le long d’un front de mer qui participe aussi au charme de Biarritz. Ville singulière du fait d’être construite en amphithéâtre autour de plages nichées au pied de pentes et de falaises attaquées par la lame, Biarritz a toujours considéré la mer comme son propre miroir. En témoigne le succès récent du surf qui rajeunit l’image du lieu tout en plongeant le regard du contemplateur au-delà de la plage, au large de la mer, dans les vagues du puissant océan.


20140416

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2014
Nombre de lectures 30
EAN13 9782350685458
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alain Puyau
 
 
Petite Histoire de Biarritz
 
ENTRE MER ET OCÉAN
 
 
Collection « Petite histoire des villes  »,
dirigée par Jean-François Soulet.
 
 

 
 
 
Photographie de couverture : © Poullenot/Aquashot
 
 
À Maryline, Pierre et François
 
 
Introduction
 
Au commencement, vers 1150, le cartulaire de l’Église de Bayonne mentionne la paroisse de Saint-Martin qui revient à Galindus de Beariz, dont le patronyme fournit la première évocation du lieu. Les origines basques de ce toponyme sont évidentes mais des incertitudes demeurent sur sa signification. Certains étymologistes pensent que le mot est issu de « bi haritz  » qui signifie « les deux ch ê nes  » , ou de «  miarritx  » , l’ortolan, la chair de ce petit oiseau é tant tr è s pris é e. À toutes, je préfère le mot basque « bi harri  » qui d é signe deux rochers, qui étaient peut-être ceux de l’Atalaye et du Cap Saint-Martin (Isidore Lagarde, 1859), ce qui établit indéniablement le lien avec la mer.
Depuis le milieu du XIX e  siècle, ce petit territoire d’un peu moins de douze kilomètres carrés attire et inspire tous ceux qui goûtent à l’écriture, à la peinture, à la photographie et éprouvent le désir de commenter la métamorphose du site. Village de quelques âmes, pêcheurs miséreux en bord de mer et agriculteurs plutôt prospères sur les hauteurs, qui devient sous le second Empire la destination privilégiée des « t ê tes couronn é es  » , d’une bourgeoisie de pouvoir et d’affaires, d’Européens en général, importateurs du cosmopolitisme et de l’éclectisme architectural. Dès lors, le climat, la qualité de l’air, la diversité des plages, la « distinction  » de la population sont autant d’él é ments qui retiennent l’attention du narrateur pour vanter les vertus des bains de mer pour la santé, puis pour vendre des guides de voyage ou des cartes postales. Mais, mis à part la description qu’en fait Victor Hugo en 1843, l’étendue marine n’a jamais été considérée comme l’élément déterminant, caractéristique du site en quelque sorte. Il faut cependant reconnaître qu’au cours de ces dernières années, en relation avec le grand désordre climatique qui semble mettre à mal la survie des espèces vivantes, l’océan s’invite dans la Cour des Grands et a plutôt récupéré la place que lui avaient ravie les princesses et les rois.
Si j’ai distingué le mot «  mer  » de celui d’ «  oc é an  » , terme qui s’impose aujourd’hui dans la plupart des publications, c’est parce je pense qu’ils n’ont pas tout à fait le même sens, qu’ils ne renvoient pas au même regard porté sur le large ni aux mêmes pratiques nautiques. Certes, c’est bien la « mer-spectacle  »  qu’admirent le vill é giateur du XVIII e  siècle comme le touriste actuel, ce paysage observé du rivage qu’Alain Corbin a si bien présenté (Corbin, 2005). Telle un « grand lac  » (Augustin Chaho, 1856), la mer s’invite dans la ville et, selon l’humeur, dévoile sa « s é r é nité mélancolique et ses convulsions effrayantes  » (Louis de Joantho, 1885) ou au contraire « console de toutes les laideurs  » (Marie Darrieussecq, 2012). Mais il contemple aussi l’oc é an, son é tendue, les voiles des navires qui se perdent à l’horizon, l’océan dévoreur des marins et leur servant de sépulture, l’océan qui sépare encore Biarritz de Montevideo ou la vague, venue d’on ne sait où, qui porte le surfeur.
Cette nouvelle histoire de Biarritz s’est donc écrite au fil de l’estran et son objectif est de mesurer la profondeur historique du lien qui unit la ville à la mer et/ou l’océan. Au fond, il s’agit de savoir s’il est fondé de présenter de nos jours Biarritz comme une « ville oc é ane  » . Suivant une trame chronologique, ce livre est d’abord une histoire du littoral qui accorde une place limitée aux quartiers de la cité balnéaire, éléments pourtant indissociables de son charme et de son identité, tout en restant à l’affût du moindre signe trahissant les relations de Biarritz avec l’élément marin.
 
 
Sur la côte enserrée par les flots au grondement sonore,
Là où contre d’immenses blocs de pierre
La vague se resserre pour franchir les brèches du rocher,
Biarritz au Pays des Basques de feuillage frais recouvert.
Wilhehm Von Humbodt, Journal de Voyage en Espagne, 1799
 
 
La domestication du rivage
 
 
1. Mer laborieuse, mer dangereuse
 
Aux origines, la baleine…
Tout le long du littoral de Biarritz, avec discrétion ou tel un mastodonte, la baleine signale sa présence. Centrale dans le blason de la Ville comme dans celui du golf du Phare, elle s’expose au Musée de la mer, donne depuis 1958 son nom au sentier qui relie l’esplanade du Port-Vieux à la Perspective des Basques et figure encore à l’entrée sud de Biarritz sur une fresque où elle essaye d’échapper au harpon d’un pêcheur. Au fil du temps s’est donc imposée l’image du monstre et du peuple de pêcheurs – il vaut mieux dire de chasseurs – de baleine alors même que le cétacé est devenu rare dans le golfe de Gascogne à partir du XVII e  siècle. Cette mémoire de l’animal marin trouve sa raison d’être dans l’Histoire.
C’est grâce à la baleine que Biarritz entre dans l’histoire. En effet, nous ne savons pas grand-chose de la vie que menaient les premiers hommes au néolithique et à l’âge du fer sur la terrasse de Chabiague, près d’Ilbarritz, dans les grottes du Cap Saint-Martin ou à la Négresse. Les quelques tessons, grattoirs et silex retrouvés par les archéologues ne permettent pas d’établir le rapport que ces primo-occupants entretenaient notamment avec la mer (Biarritz au vent du large, 1997 ; Cl. Chauchat, Cl. Thibault, Bulletin de la Société préhistorique française – 1978). Il faut attendre la fin du XII e  siècle, période de domination anglaise dans le duché de Gascogne, pour trouver une documentation qui fasse référence au droit du suzerain sur les baleines péchées par les marins de Biarritz. Ce droit est une source de revenus appréciables et son application donne quelques indications sur l’importance du port de Biarritz. Ainsi, le 6 septembre 1199, un propriétaire de Biarritz, Vital de Bielle reçoit du roi Jean Ier d’Angleterre le droit de tirer 50 livres angevines sur la prise de deux baleines en échange d’un revenu cédé par le même Vital sur ses sécheries de poisson dans l’île de Guernesey. À une date qui doit être assez proche, le même personnage obtient la dîme sur toutes les baleines et baleineaux pris à Biarritz, privilège dont il fit don à sa mort au chapitre cathédral de Bayonne. En 1268, le fils de Vital, Pierre Vital de Pouillon, revend au sénéchal de Guyenne le droit concédé à son père par Jean Ier, contre une somme de 1500 sous morlaas mais trois jours plus tard, le 7 décembre 1268 , l’officier royal revend ce droit aux habitants de Biarritz et d’Anglet qui s’engagent à payer 40 livres morlaas sur chaque baleine et 10 livres sur chaque baleineau, la somme devant être versée au château de Bayonne dans les quinze jours après la capture. Jusqu’à la fin du XV e  siècle, les habitants de Biarritz acquittent la dîme à l’évêque et au chapitre de Bayonne mais en 1496, ce droit est remis en question en invoquant la disparition des baleines et la dangerosité de cette pêche pour des marins peu expérimentés, une justification qui est certainement exagérée si on tient compte des prises observées au XVI e  siècle. Le 31 janvier 1499, un accord est conclu en la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (près de l’actuelle Sainte-Eugénie) entre le représentant de l’évêque et le maire-abbé de Biarritz qui réduit au vingtième le prélèvement de l’Église de Bayonne. Cette date marque finalement le recul d’une activité régulière et déjà, les marins de Biarritz voguent sur les mers du Nord, à la poursuite des baleines et autre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents