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IMAV Editions
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illustré par
Jean-Jacques Sempé
scénarisé par
René Goscinny
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Description
Sujets
Informations
Publié par | IMAV Editions |
Date de parution | 14 juin 2013 |
Nombre de lectures | 135 |
EAN13 | 9782365900751 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
On a apprivoisé M. Courteplaque
À LA MAISON nous avons tous été très étonnés quand M. Courteplaque a sonné à notre porte, ce matin. M. Courteplaque est notre nouveau voisin, il paraît qu’il est chef de rayon des chaussures aux magasins du « Petit Epargnant », troisième étage, il a une femme qui joue du piano tout le temps, et une petite fille de mon âge, Marie-Edwige, qui est très chouette, je crois qu’on va se marier plus tard, et M. Courteplaque, quand il a emménagé, s’est disputé avec papa et depuis il ne nous parlait plus, et c’est pour ça qu’on a été tous très étonnés à la maison ce matin, quand M. Courteplaque a sonné à notre porte. « Est-ce que vous pourriez me prêter une échelle ou un escabeau ? a demandé M. Courteplaque, j’ai l’intention d’accrocher des tableaux et des miroirs sur mes murs. » « Mais certainement, cher monsieur, avec plaisir », a dit papa, et il a accompagné M. Courteplaque dans le garage pour lui donner la grande échelle, celle sur laquelle je n’ai pas le droit de monter quand on me regarde. « Merci », a dit M. Courteplaque, et il a souri.
C’est la première fois qu’il fait ça depuis qu’il est venu habiter dans la maison à côté de la nôtre. « Il n’y a pas de quoi, entre voisins, voyons ! » a dit papa. Après que M. Courteplaque soit parti, papa était très content : « Tu vois, il a dit à maman, notre voisin s’humanise, avec un peu d’amabilité, nous parviendrons à l’apprivoiser complètement. » Moi, j’étais content aussi, parce que si son papa s’est apprivoisé, je pourrai jouer avec Marie-Edwige.
Et puis, on a sonné de nouveau et c’était encore M. Courteplaque.
« Je suis confus, il a dit, de vous déranger une nouvelle fois, mais malheureusement, les crochets que j’ai achetés pour y suspendre mes tableaux ne conviennent pas du tout. Or, comme nous sommes dimanche, les magasins sont fermés, et... » « Venez avec moi dans la cave, a dit papa. J’ai une boîte pleine de clous et de crochets, je suis persuadé que nous trouverons là-dedans ce qu’il vous faut. » Papa et M. Courteplaque sont descendus dans la cave et quand ils sont remontés, ils étaient tous les deux très contents. M. Courteplaque avait plein de crochets dans les mains. « Vous êtes sûr que ça ne vous prive pas, au moins ? », a demandé M. Courteplaque. « Pensez-vous, entre voisins », a répondu papa, et M. Courteplaque est parti. « Au fond, a dit papa à maman, il n’a pas si mauvais caractère que ça, c’est le genre ours au cœur d’or. » Et il est allé se changer, parce que dans la cave, il avait glissé sur le charbon et il avait sa chemise toute noire.
Quand on a sonné de nouveau, papa m’a dit : « Va ouvrir, Nicolas, c’est sûrement M. Courteplaque. » « Je suis confus, a dit M. Courteplaque quand je lui ai ouvert, j’abuse vraiment… » « Mais non, mais non », a dit papa. « Figurez-vous, a dit M. Courteplaque, que je ne parviens pas à retrouver mon marteau, vous savez ce que c’est avec tout ce fouillis du déménagement. » « Ah ! la la ! ne m’en parlez pas, a dit papa, ma femme pourra vous dire que quand nous avons emménagé dans cette maison, c’est tout juste si nous n’avons pas égaré Nicolas ! » Papa, maman, M. Courteplaque et moi, nous nous sommes mis à rigoler. « Attendez, je vais vous chercher le marteau », a dit papa. Il est monté dans le grenier, et puis il est descendu avec le marteau qu’il a donné à M. Courteplaque. « Et surtout, il a dit papa, n’hésitez pas si vous avez encore besoin de quelque chose. » « Je ne sais pas comment vous remercier », a dit M. Courteplaque, qui est parti avec le marteau. Papa s’est frotté les mains.
« C’est un homme tout à fait charmant, a dit papa, il ne faut pas se fier aux premières impressions. D’ailleurs, moi j’ai vu tout de suite que ses dehors de revêche n’étaient que le fait d’une grande timidité.