Goumâlo, fils de bergers peuls
71 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Goumâlo, fils de bergers peuls , livre ebook

-

71 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Quand j'étais petit on m'appelait Tollogne-Tatogne. J'habite quelque part dans une savane de l'Afrique de l'Ouest et j'appartiens à la grande famille des Peuls, peuple de pasteurs nomades ou semi-sédentaires, éparpillés un peu partout dans le Sahel. On nous donne parfois des noms différents : Peuls, Foulbés ou Foulanis. A ma naissance, j'ai été rasé suivant la coutume de mes pères ; trois touffes de cheveux garnissaient mon crâne rasé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 193
EAN13 9782296697515
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Goumâlo
fils de bergers peuls
Jeunesse L’Harmattan
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland,
Joëlle et Marcelle Chassin


Dernières parutions

Guillemette RESPLANDY-TAI (sous la dir. de), Intrigues botaniques à la cour du Roi-Soleil, 2009.
Marko VOVTCHOK et Pierre-Jules HETZEL, Le voyage en glaçon. Histoires pour les enfants sages du XIXe siècle, 2009.
Lamia BAESHEN, Youssef et le palais des chagrins. Contes d’Arabie Saoudite, 2009.
Jean-Marie LE JEUNE, Dylan et le pirate des mots, 2009.
Ambass RIDJALI, mahajang@madagascar.com , 2009.
Sarah GABRIELLE et Laurent MONTEL, Eby et la Petite au Bois Dormant, 2009.
Héloïse MARTIN et Philippe FERRAN, La Baba Yaga (théâtre), 2009.
Françoise KERISEL, Teishin et le lapin de la lune, 2009.
France VERRIER, L ’ étoile et le bouleau. Conte de Finlande. Bilingue français-finnois, 2009.
Maïakovki, poèmes pour les enfants. Bilingue russe-français. Edition présentée et traduite par Carole Hardouin-Thouard, 2009.
Classe de CM2C de l’école du Centre de l’Haÿ-les-Roses-Elisabeth URBAIN, La colère gronde au Moulin de la Bièvre, 2009.
Yoanne TILLIER, Zazavavirano, la sirène de Mayotte, 2009.
Myriam MARQUET, Les cahiers bleus de Margareth-Rose. U.S.A 1939-1968, 2009.
Myriam MARQUET, Khin Kyi, femme-girafe de Birmanie, 2009.
Jérôme SUDRES, L’étemelle igname, 2009.
Hélène TCHINDA, Masango et la Bulle Géante, 2009.
Laurence LAVRAND, Mayotte-Nantes, un aller simple pour Nadjati, 2009.
Danièle CROUZATIER, La Fée aux Gros Yeux, d’après un conte de George Sand, 2009.
Claude BOURGUIGNON, Marcelo, le neveu de Goya, 2009.
Bidji Bâ

Goumâlo
fils de bergers peuls



Illustrations : Emilie Dedíeu


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11166-0
EAN : 9782296111660

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre

Q uand j’étais tout petit on m’appelait Tollogne-Tatogne. J’habite quelque part dans une savane de l’Afrique de l’Ouest et j’appartiens à la grande famille des Peuls. Nous sommes un peuple de pasteurs nomades ou semi-sédentaires, éparpillés un peu partout dans le Sahel, sur toute la bordure sud du Sahara. On nous donne quelquefois des noms différents : Peuls, Foulbés ou Foulanis. Notre langue s’appelle le Poular ou Foulfouldé. Notre peuple se subdivise en plusieurs groupes : Ourourbés, Wodâbés, Djengelbés etc. ; moi j’appartiens à la grande famille des Ourourbés.

À ma naissance, j’ai été rasé suivant la coutume de mes pères ; trois touffes de cheveux garnissaient mon crâne rasé : une sur le haut du front, une autre au milieu du crâne et la dernière sur la nuque. Pour se moquer, ma grand-mère, Mâma Delly, m’avait donné le surnom de Tollogne-Tatogne : Trois touffes ; elle disait en riant que mes touffes représentent les trois repas de la journée : le petit-déjeuner, le repas et le dîner. En certains jours aussi, grand-mère m’appelait Gorel Pogou (le petit bout d’homme du Pogou) pour rappeler que je suis né en pleine brousse, dans un Pogou, un petit enclos de branchages au pied d’un épineux, au cours d’une des transhumances de mes parents.
Ah, mais j’ai un nom, un vrai : je m’appelle Goumâlo, fils de Karel et de Codeh. J’ai dix hivernages et je suis le troisième garçon de mes parents.
Mon père, Karel, est un pasteur, mais aussi un négociant en bétail qui court les foirails de notre contrée. Nous possédons des troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres que mes frères aînés, Gallôrou et Sâssi, et moi-même conduisons chaque jour aux pâturages. Ma mère Codeh s’occupe du battage du lait de nos vaches ainsi que des autres tâches domestiques. Elle s’occupe aussi de ma petite sœur Wodji-Kôdtli (doigts rouges), l’espiègle pleurnicharde. Elle est aidée par ma sœur aînée Towa-Tîndé (front haut). Dans ma famille, les enfants portent tous des surnoms que leur a donnés ma grand-mère Mâma Delly. Ma famille se complète avec mon grand-père Diâdjé ainsi qu’avec mes deux tout jeunes frères, Bolol et Houlo.

Ma famille et moi habitons un campement fait de quelques huttes d’herbes et de branchages soigneusement tressés, une dizaine de huttes oblongues, des Djêrdjêrdou, sur un sol parsemé de bouses de vache. Tout alentour, des arbustes épineux, des herbes jaunies par le soleil pendant la longue saison sèche et la plaine immense, s’étendant à l’infini. À l’est, une longue dune barre l’horizon ; à ses pieds court la vallée morte de la Séwâ, une rivière d’autrefois. Pendant l’hivernage, le fond de cette vallée est tapissé d’un chapelet de mares où viennent s’abreuver nos vaches : c’est là que les femmes de mon campement viennent puiser l’eau et laver leur linge.
Notre contrée s’appelle Bêli, du nom des nombreux marigots de la Séwâ. Pendant l’hivernage en effet, les fonds des vallées se remplissent d’eau, formant de nombreux marigots qui font notre joie. Nous aimons beaucoup, mes compagnons de jeux et moi, barboter dans ces mares. Nous aimons beaucoup aussi Ndoungou, l’hivernage : la plaine est alors verdoyante avec ses nénuphars, ses coloquintes. Dans les fourrés, les lièvres et les écureuils pullulent ; une multitude d’oiseaux aux plumages bigarrés voltigent çà et là et le soir, des nuées de lucioles, de bousiers et des papillons multicolores vont à l’assaut des campements. Dans les marigots lointains, les croassements des grenouilles se font entendre toute la nuit. Pendant l’hivernage nos troupeaux sont beaux : ils sont gras, font des petits, donnent beaucoup de lait. La vie est belle.

Notre campement Ouro-Diâdjé (la maison de Diâdjé), du nom de mon grand-père, occupe une place primordiale à Bêli. Il est assez isolé, mais il n’est pas le seul dans la contrée ; tout autour habitent des parents et mon grand-père, que nous appelons affectueusement Pohi, est le patriarche de tout ce petit monde. À cause de leur bétail, les peuls pasteurs ne peuvent pas vivre groupés. Nous sommes pourtant unis et très solidaires. Un dicton de chez nous dit bien : éloignez vos cases, rapprochez vos cœurs ; malgré la distance, nous formons tous une même famille avec les mêmes coutumes et traditions, la même culture soudée autour du zébu, le bœuf à bosse.
Je suís Goumâlo, le fíls du zébu
T oute la vie de mes ancêtres a été consacrée au zébu, le bœuf à bosse, aux longues cornes et à la robe fauve ou noire. Les vaches donnent le lait nourricier. Comme tous les enfants peuls, j’aime bien le Birdam, le lait frais de vache. Le soir, au retour des troupeaux, j’accompagne mon père au Diofndé, l’enclos où sont parquées nos vaches. J’aime les admirer. Nous leurs avons donné à toutes des noms familiers : il y avait Olé, la vieille, la doyenne du troupeau, Féllé, Hibbé et aussi Tiahêri, le grand taureau à la robe grise et noire, le chef du troupeau. Nous avons beaucoup de vaches ; j’ai voulu un jour les compter mais mon père s’est énervé :
Poullo Sâré {1} , m’a-t-il dit, on ne compte pas le bétail. Touche du bois.

Certains jours, je conduis les veaux de ma famille à quelque distance du campement. Je n’oublie jamais à cette occasion de caresser Goûmel, le petit veau à la robe rouge, au front marqué d’une raie blanche ; il est très beau et mon père avait dit qu’il m’appartenait. Je chevauche aussi le jeune taurillon Djêm. Son caractère est très ombrageux ; il court, se cabre, cherchant à me désarçonner. Aïe ! mes pauvres os.

Tiens ! La petite chipie Wodji-Kôdtli m’avait suivi. Comme d’habitude, elle traîne les grosses sandales d’une grande personne de la maison ; et cette manière malicieuse qu’elle a de regarder partout ; ces yeux curieux et toujours cette question sur les lèvres : qu’est-ce que tu fais ?
Ce soir, blottie contre grand-mère, elle racontera à toute la maisonnée quelqu’un qui faisait du cheval sur un veau.

Notre matinée commence toujours par quelques tapes de mon père qui nous font sauter du lit de lattes tressées, le tagar, que je partage avec mon frère Sâssi. Notre frère a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents