Suzy Online
75 pages
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Description

Lou rêve de devenir écrivaine. Lorsque son idole, la grande romancière Suzy Biggs, décède, Lou découvre que son fantôme a trouvé refuge dans son ordinateur. Suzy propose alors à la jeune fille de poursuivre son oeuvre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782364753877
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SUZYONLINE Alix Carmin © Editions Voy’el 2017 Merci d’avoir téléchargé ce titre des Editions Voy’el. En achetant ce livre sur une plateforme légale, vou s contribuez à la création artistique. La distribution, la diffusion et la mise en place sur les plateformes numériques représentent jusqu’à 50% du prix de ce livre. Nos auteurs gagnent, pour chaque téléchargement, entre 20 et 30% du prix de vente de leur roman ou recueil de nouvelles au format numérique. N’oubliez pas que chaque livre téléchargé sur une p lateforme légale est aussi pour eux une reconnaissance de leur travail. Respec ter leur œuvre, c’est leur permettre d’inventer de nouvelles histoires, pour notre plus grand plaisir. Les Editions Voy'el bénéficient du soutien de Ciclic-Région Centre dans le cadre de l’aide aux entreprises d’édition imprimée ou numérique.
PROLOGUE Suzanne Legrand dévissa le capuchon du thermos rose à petites têtes de vaches posé sur son bureau. Les yeux fixés sur son écran, elle se versa une grande rasade de café et poussa un juron lorsque le liquide chaud inonda ses genoux. Elle avait manqué de quelques centimètres le mug à oreilles de lapin. Elle attrapa une poignée de mouchoirs en papier pour éponger le désastre. Tant pis pour sa tenue : le vieux jogging informe qu’elle portait pour écrire ne risquait plus grand chose. Elle gloussa à l’idée de la tête que feraient les fans de Suzy Biggs, toujours pimpante sous son grand chapeau de cow-boy assorti à ses bottes, s’ils la voyaient en ce moment, avachie devant son écran, ses cheveux rouges en bataille et des cernes noirs sous les yeux. Trois nuits qu’elle veillait pour terminer ce fichu roman, dont le dénouement persistait à se refuser à elle. Elle se servit une nouvelle dose de café et se massa l’épaule, relisant les dernières lignes qu’elle avait écrites. « Ce n’est pas encore ça, murmura-t-elle, contrariée. Je peux trouver un meilleur moyen... » Une crampe soudaine dans la poitrine lui coupa le souffle. Voilà ce qui arrivait lorsqu’on restait des heures immobile devant son clavier, songea-t-elle en s’étirant. Son chat Watson, jusqu’alors allongé sur une pile de papiers à gauche du bureau, se redressa, comme piqué par une épingle, et poussa un miaulement déchirant. Suzanne sentit son cœur se serrer sous l’effet de l’horrible son. On aurait dit que l’animal hurlait à la mort. La douleur dans sa poitrine s’intensifia alors qu’un faux mouvement faisait défiler sur son écran le contenu du dossier « projets ». Tant d’histoires, tant de personnages qui attendaient qu’elle leur donne vie... D’un index raidi par l’effort, elle passa de nouveau à l’écran du
Jeu de l’araignée. Elle devait finir ce soir, coûte que coûte. « Maxime se sentait in... » Elle n’acheva jamais sa phrase. Sa tête s’effondra sur le clavier et l’écran devint noir, à l’exception des deux lettres « in » qui clignotaient comme les lampes d’une guirlande de Noël. Watson se tut soudain. Il renifla les cheveux de la femme inanimée, puis l’écran. Une odeur d’ozone flottait dans l’atmosphère. Le chat sauta à terre, traversa la pièce, se faufila par la fenêtre entrouverte, puis disparut dans la nuit.
CHAPITRE1. MORTDUNEIDOLE Assise devant la table ronde de la salle à manger, Louisiane Voltage, dite Lou, feuilletait le dernier numéro de People et potinstout en enfournant de façon machinale des céréales dans sa bouche. À vrai dire, elle ne raffolait pas du goût de fraise artificielle desPink Loops,mais depuis qu’elle avait entendu son idole, la romancière Suzy Biggs, déclarer qu’il s’agissait de ses préférées, elle refusait de manger quoi que ce soit d’autre au petit déjeuner. Elle avala une grande rasade de jus de pomme pour faire descendre le tout et soupira. Elle avait terminé le dernier livre de Suzy la veille au soir, à presque minuit, avec la lampe de poche sous sa couette, et se sentait déjà en manque. La sortie du prochain n’était prévue que pour dans trois mois ! Tant pis, il ne lui restait plus qu’à relire les premiers depuis le début. Même si elle les connaissait par cœur, au point de pouvoir réciter les répliques de tous les protagonistes, elle ne s’en lassait pas. Au grand dam de sa mère, d’ailleurs, qui aurait bien aimé la voir lire « des choses plus intellectuelles que ces romans pour minettes en manque de sensations fortes ». Jugement d’autant plus injuste qu’Armelle n’en avait jamais lu un seul, rebutée par les jaquettes noires frappées de lettres aux couleurs criardes. Lou remit le magazine dans son sac de cours pour le rendre à Mégane, sa meilleure amie. L’article sur Suzy ne faisait qu’une dizaine de lignes et elle se fichait pas mal de la vie des autres célébrités. Un coup d’œil à l’horloge du salon lui apprit qu’il était déjà huit heures. Ni son père ni son petit frère n’étaient encore levés, ils allaient encore arriver en retard ! Sa mère était déjà partie à son travail de laborantine.
Arrangement qui convenait parfaitement à Lou dans la mesure où il leur évitait de se disputer sur sa tenue. Armelle n’approuvait guère que sa fille se rende au collège affublée des mêmes bottes de cuir et robes trapèze aux coloris vifs que son idole. Elle rêvait de lui voir porter les jeans de marque et les ballerines légères qu’elle continuait de lui acheter, dans l’espoir qu’elle abandonnerait cette lubie. Son père, en revanche, n’aurait même pas remarqué si elle était partie en pyjama et chaussettes. Au moment où elle déposait son bol dans l’évier, Pierre Voltage fit son apparition, les yeux brouillés par le sommeil, ses cheveux blonds dressés sur sa tête comme un champ de pissenlits et une barbe de trois jours dissimulant la fossette de son menton. Son premier geste, comme chaque matin, fut de brancher la radio à fond. Lou sursauta sous le volume sonore, puis elle capta le nom de Suzy Biggs et elle ne fut plus qu’attention. «… La célèbre romancière Suzanne Legrand, internationalement connue sous le pseudonyme de Suzy Biggs, a été retrouvée morte chez elle tôt ce matin, apparemment foudroyée par un infarctus. Âgée de cinquante-huit ans, Suzy Biggs s’était spécialisée dans l’écriture de romans policiers fantastiques pour adolescents et avait acquis un véritable fan-club à travers le monde. Elle vivait seule avec son chat Watson dans un petit appartement de Vincennes...» Quoi ? QUOI !? Lou vérifia la date sur le calendrier accroché à côté du réfrigérateur. Il indiquait bien le huit novembre et non le premier avril. L’émotion lui coupa les jambes et elle se raccrocha au bord de l’évier pour ne pas tomber. Son père n’avait rien remarqué et continuait de préparer son café comme si le ciel ne venait pas de leur tomber sur la tête. Impossible. Suzy ne pouvait pas être morte. Il lui restait des centaines de livres à écrire ! Lou ne
voulait même pas envisager ce que serait sa vie sans les sorties régulières de ses ouvrages. Le journaliste avait dû se tromper, voilà tout. Des centaines de personnes habitaient Vincennes, il s’agissait d’une voisine, d’un homonyme, d’une méprise. Si seulement elle possédait les coordonnées de la romancière, elle aurait pu vérifier tout de suite ! Mais elle avait beau les avoir sollicitées des centaines de fois auprès du fan club, celui-ci s’était obstiné à ne lui fournir qu’une adresse postale bidon au nom de Suzy Biggs, alors que tout le monde savait qu’elle s’appelait en réalité Suzanne Legrand. Elle avait lu qu’il s’agissait d’un choix éditorial, afin de faciliter les ventes à l’étranger. En tout cas, Suzy n’avait jamais répondu aux dizaines de lettres qu’elle lui avait envoyées via cette adresse. Ou alors, c’était parce que celles-ci étaient bourrées de fautes d’orthographe. Lou avait de petits soucis avec le français. La faute à ses parents qui avaient eu l’idée saugrenue de la prénommer Louisiane, sous prétexte qu’ils avaient passé leur voyage de noces là-bas. Du coup Lou passait son temps à expliquer « Louisiane avec un seul n, oui, comme l’État américain, mais vous pouvez mettre Lou, ça ira très bien ». Ils auraient dû carrément lui donner un prénom à consonance américaine, comme par exemple, Suzy. D’ailleurs elle se débrouillait presque mieux avec l’anglais que le français, un comble. Sa prof de français, Madame Petitbonhomme, affirmait qu’il s’agissait d’un blocage qui finirait bien par se lever. Tu parles. En attendant elle était la risée de la classe à chaque fois qu’on rendait les dissertations. Ce n’était pas demain la veille qu’elle pourrait marcher sur les traces de son idole. « Lou, mais qu’est-ce que tu fabriques ? Tu as vu l’heure ? Dépêche-toi ! » Lou sursauta. Huit heures trente. Ils étaient en retard ! Elle jeta un regard affolé à son père, qui avait boutonné sa
chemise de travers et arborait encore une trace de crème à raser derrière l’oreille droite. Quant à Damien, son petit frère, il portait un pantalon trop court, un t-shirt vert pomme trop long ayant appartenu à sa grande sœur, et des sandales en plein mois de novembre. Il lui sourit d’une bouche barbouillée de Nutella. Lou bondit en direction de l’entrée, puis ralentit. Quelle importance d’arriver en retard alors que Suzy Biggs était morte ? Elle ne comprenait même pas comment les autres pouvaient continuer d’agir comme si de rien n’était. *** Pierre la laissa devant la grille dix minutes après la fermeture. Alors qu’elle filait au bureau des surveillants pour la vingtième fois depuis le début de l’année, Lou envia son frère qui au moins, bénéficiait des excuses directes de leur père. Pour sa part, elle écopa d’un nouveau sermon ainsi que d’une invitation à se montrer plus sérieuse, avant qu’on l’autorise à rejoindre la salle des 4eC. Comble de chance, elle commençait ce jour-là par du français avec leur professeur principal. « Lou, enfin ! s’exclama Madame Petitbonhomme lorsqu’elle se présenta. Tu devrais t’acheter un réveil. » Lou se dirigea vers la seule place disponible au premier rang, à côté d’Axel, persuadée que la prochaine phrase commencerait par « quand tu seras au lycée ». « Quand tu seras au lycée, il faudra te montrer plus sérieuse. — Suzy Biggs est morte, marmonna-t-elle. — Qui ? demanda l’enseignante alors que rires et murmures s’élevaient dans la classe. — Suzy Biggs. Ils l’ont dit aux nouvelles.
— Eh bien, à moins qu’il ne s’agisse d’une personne de ta famille, cela ne constitue pas une raison valable pour arriver en retard. Ouvre tonTartuffela page douze, nous à reprenons. » Au moment où elle se penchait pour sortir le livre de son cartable, Lou sentit une piqûre au cou et se retourna, furieuse. Sofiane ne manquait jamais l’occasion de lui envoyer des boulettes de papier. Mégane prétendait que c’était parce qu’il en pinçait secrètement pour elle, mais à son avis, c’était juste parce qu’il s’agissait d’un sombre crétin. Il ne manquait rien pour attendre, à la récréation. Elle plaqua le livre sur son bureau avec une énergie qui fit voler les feuilles de son voisin. « Pas étonnant que tu aies d’aussi mauvais résultats si tu n’es même pas fichue d’arriver à l’heure en cours », siffla celui-ci en récupérant ses notes. Lou ne répondit pas. La seule personne qui l’énervait encore plus que Sofiane, c’était Axel. Le meilleur élève de la classe écrivait aussi des histoires que sa tante, employée dans une imprimerie, reliait sous forme de petit journal. Axel les vendait deux euros à la récréation, avec la complicité des surveillants qui fermaient les yeux sur son petit trafic. Par malheur, ses récits de science-fiction rencontraient un grand succès auprès des garçons ; quant aux filles, Lou les suspectait de s’intéresser davantage au joli minois de l’écrivain qu’au contenu de son œuvre. Normal, songeait-elle avec rancœur, les deux parents du chouchou étaient professeurs d’université, il pouvait se permettre d’écrire avec une orthographe impeccable, lui. Quand elle pensait que Madame Petitbonhomme l’avait forcée, en début d’année, à s’asseoir à côté de lui sous prétexte qu’elle bavardait trop avec Mégane ! Sûr que pareille chose ne risquait pas de se produire avec Axel : ils ne s’adressaient plus la parole depuis qu’elle avait eu le malheur de critiquer la fin d’une de
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