Berlin, le Paris de l Allemagne ?
162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Berlin, le Paris de l'Allemagne ? , livre ebook

-

162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

1784 est l'année du demi triomphe de Rivarol, dont la dissertation sur l'universalité de la langue française est distinguée par l'Académie de Berlin, mais il est lauréat ex-aequo avec l'Allemand Schwab. C'est aussi l'année où une querelle du français, qui a débouté en 1780 dans la capitale prussienne, atteint son acmé : deux Français s'opposent, tout aussi fiers de leur langue. Le premiers est le Bauld de Nans, qui prône un français libre d'évoluer ; le second Jean Charles de Laveaux, sectateur de la langue classique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296453364
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel Cohen éditeur
www.editionsorizons.com

Universités – Domaine littéraire

Collection dirigée par Peter Schnyder


Conseillers scientifiques : Jacqueline Bel – Université du Littoral – Côte d’Opale – Boulogne-sur-Mer • Peter André Bloch – Université de Haute-Alsace – Mulhouse • Jean Bollack – Paris • Jad Hatem – Université Saint-Joseph – Beyrouth • Éric Marty – Université de Paris 7 • Jean-Pierre Thomas – Université York – Toronto – Ontario • Erika Tunner – Université de Paris 12.
La collection « Universités / Domaine littéraire » poursuit les buts suivants : favoriser la recherche universitaire et académique de qualité ; valoriser cette recherche par la publication régulière d’ouvrages ; permettre à des spécialistes, qu’ils soient chercheurs reconnus ou jeunes docteurs, de développer leurs points de vue ; mettre à portée de la main du public intéressé de grandes synthèses sur des thématiques littéraires générales.
Elle cherche à accroître l’échange des idées dans le domaine de la critique littéraire ; promouvoir la connaissance des écrivains anciens et modernes ; familiariser le public avec des auteurs peu connus ou pas encore connus.
La finalité de sa démarche est de contribuer à dynamiser la réflexion sur les littératures européennes et ainsi témoigner de la vitalité du domaine littéraire et de la transmission des savoirs.


ISBN : 978-2-296-08775-0
© Orizons, diffusé et distribué par L’Harmattan, 2011

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Berlin, le Paris de l’Allemagne ?

Une querelle du français
à la veille de la Révolution (1780-1792)
Dans la même collection


• Sous la direction de P ETER S CHINYDER :
L’Homme-livre. Des hommes et des livres – de l’Antiquité au XX e siècle, 2007 .
Temps et Roman. Évolutions de la temporalité dans le roman européen du XX e siècle, 2007.
Métamorphoses du mythe. Réécritures anciennes et modernes des mythes antiques, 2008.
• Sous la direction de T ANIA C OLLANI et de P ETER S CHNYDER :
Seuils et Rites, Littérature et Culture, 2009.
Critique littéraire et littérature européenne, 2010.
• Sous la direction d’A NNE B ANDRY -S CUBBI :
Éducation – Culture – Littérature, 2008.
• Sous la direction de L UC F RAISSE , DE G ILBERT S CHRENCK ET DE M ICHEL S TANESCO † :
Tradition et modernité en Littérature, 2009 .
• Sous la direction de G RETA K OMUR -T HILLOY :
Presse écrite et discours rapporté, Théorie et pratique , 2009.
• Sous la direction d’É RIC L YSØE : Signes de feu, 2009.
• Sous la direction de G EORGES F RÉDÉRIC M ANCHE :
Désirs énigmatiques, Attirances combattues, Répulsions douloureuses, Dédains fabriqués, 2009.


• A NNE P ROUTEAU , Albert Camus ou le présent impérissable, 2008.
• R OBERTO P OMA , Magie et guérison, 2009.
• F RÉDÉRIQUE T OUDOIRE -S URLAPIERRE – N ICOLAS S URLAPIERRE Edvard Munch – Francis Bacon, images du corps, 2009.
• M ICHEL A ROUIM , Arthur Rimbaud à la lumière de C.F. Ramuz et d’Henry Bosco, 2009.
• F RANÇOIS L ABBÉ , Querelle du français à Berlin avant la Révolution française, 2009
• G IANFRANCO S TROPPIN DE F OCARA , L’amour chez Virgile : Les Bucoliques, 2009

D’autres titres sont en préparation.
François Labbé


Berlin, le Paris de l’Allemagne ?

Une querelle du français
à la veille de la Révolution (1780-1792)
Claude-Étienne Le Bauld-de-Nans
Portrait maçonnique, probablement de Anton Graf
(Avec l’aimable autorisation de la loge Royale York de Berlin).



Portrait de Jean-Charles de Laveaux (Vers d’Étienne Mayet)



Autre portrait de Jean-Charles de Laveaux
(Pastel de Joseph Ducreux, début XIX e s.)
Préface
L a France possède (encore) le réseau culturel international le plus important au monde : l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), la Mission laïque française, l’Alliance française…, gèrent quantité d’écoles réparties dans tous les pays ou peu s’en faut ; les centres culturels, les bureaux spécialisés, les bibliothèques complètent ce maillage.
Le français est en outre la langue officielle de beaucoup de pays et nombreux sont ceux qui y ont recours. Une partie des nations l’utilisant forme un ensemble que l’on désigne par le terme de « francophonie » {1} . Dépassant le seul cadre linguistique, le Haut conseil de la francophonie est une plateforme d’échanges qui touche un tiers des pays de la planète. Une estimation récente évalue à environ 265 millions le nombre de personnes capables de parler français dans le monde.


Langue d’origine latine comme plusieurs autres langues européennes, le français remplace le latin en tant qu’idiome international XVII e siècle alors que dès le tout début du XVI e siècle il devient la langue officielle d’un pays qui s’unifie dans le cadre d’une monarchie de plus en plus centralisée. L’Ordonnance de Villers-Cotterêts (15 août 1739) sur le plan politique, la Deffense et Illustration de la langue françoyse (1549) de Joachim Du Bellay sur le plan littéraire, font partie des textes fondateurs. Les efforts de Richelieu – le groupe des cinq, l’Académie, puis les auteurs qu’on qualifiera par la suite de « classiques », les travaux de Vaugelas, le Dictionnaire de l’Académie… – donneront à cette langue son statut national et sa réputation universelle. En 1685, Pierre Bayle peut ainsi déjà écrire que le français est « le point de communication de tous les peuples de l’Europe ». Si, au début du règne de Louis XIV les textes des traités de Westphalie (24 octobre 1648) sont en latin, le traité de Rastadt (6 mars 1714) marquant la fin de la guerre de Succession d’Espagne une année avant la mort du grand roi est rédigé uniquement en français !
La prépondérance de cette langue est alors évidente et, au XVIII e siècle, une grande part de l’aristocratie européenne la parle et goûte une littérature dont on vante la perfection.


Cependant, la langue est l’expression de l’âme d’un peuple. Ce sont les membres d’une communauté donnée qui attribuent à un signifiant (image vocale ou acoustique) un signifié (image mentale ou concept). La langue est par conséquent l’expression d’une vision du monde pour ne pas dire d’une idéologie. À rebours de tout cratylisme, on sait qu’elle se définit comme « un ensemble de conventions nécessaires adoptées par le corps social pour permettre l’usage de la faculté du langage chez les individus ». Ainsi, lorsque Claude Favre de Vaugelas (1585-1650) entend fournir la grammaire de la langue de la partie saine de la cour , il entend la langue de l’aristocratie courtisane, seule population digne d’attention à ses yeux.
Saussure montrera plus tard que le signifiant est l’empreinte psychique d’un son, et le signifié, l’idée à laquelle renvoie cette image. Le signifié, ce à quoi réfère le signifiant, n’est donc pas la « chose », mais le « concept ». (De même, le signifiant n’est pas le mot). Le signe linguistique est donc, non le rapport d’un nom et d’une chose, ce qui serait un rapport « objectif », mais le rapport arbitrairement choisi et interne entre deux éléments psychiques.
Il était évident qu’à une époque où les nations se constituent sur le plan politique et économique, la place prise par la langue française ne va pas sans poser quelques problèmes.
Le français est en effet à la fois un idiome à prétention universelle et une langue nationale, qui plus est, en cette fin de XVII e siècle – mais cela va de pair –, la langue de l’État le plus puissant. Langue et hégémonie sont donc très liées. Bien sûr, une certaine ambiguïté est entretenue : le français succède au latin ; par ses perfections, il en aurait toutes les prérogatives. Il paraît être avant tout langue supranationale. Ainsi, lorsque le marquis


Louis-François de la Tierce reçoit en 1733 de ses mandants anglais la mission de traduire les constitutions maçonniques en français pour favoriser la diffusion de la franc-maçonnerie sur le continent, il le fait expressément parce que c’est là la langue internationale par excellence {2} .
Pourtant, comme la langue est l’expression d’une culture particulière, comme elle traduit une vision du monde, il semble paradoxal d’évoquer la possibilité d’une langue universelle (qui ne serait pas une création ex cathedra comme le sera l’espéranto). Dans le dialogue de Platon, Cratyle affirme certes que le mot exprime les propriét

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents