Cahier d un retour au pays natal Aimé Césaire
271 pages
Français

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Cahier d'un retour au pays natal Aimé Césaire , livre ebook

-

271 pages
Français

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Description

L'approche ethnostylistique développée dans cet ouvrage éprouve le texte césairien à l'aune d'une analyse novatrice. L'étude contextualise le texte et met en évidence ses spécificités linguistiques, socioculturelles, littéraires et historiques. L'ethnostylistique se voit ici théorisée et appliquée pour permettre de comprendre la pensée d'un poète dont le verbe a inspiré bien d'utopies sociales et de mythes. La rigueur de l'outil épistémologique sondant les symbolisations et analysant le discours rend lisible et intelligible une prose poétique rébarbative.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 322
EAN13 9782296255494
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahier d’un retour au pays natal
Aimé Césaire


Approche ethnostylistique
Gervais Mendo Ze


Cahier d’un retour au pays natal
Aimé Césaire


Approche ethnostylistique


Préface de Jacques Fame Ndongo


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11785-3
EAN : 9782296117853

Fabrication numérique : Socprest, 2012
PREFACE
Aimé Fernand David Césaire (1913-2008) est incontestablement l’une des figures les plus attachantes et les plus représentatives à la fois des Antilles, de l’univers francophone et du monde. Il a marqué le XX e siècle de son écriture poétique, de son engagement politique, de son idéal philosophique. Jusqu’au crépuscule de sa vie, le poète insoumis a placé la liberté de l’Homme – pas seulement de l’homme noir – au centre de ses préoccupations.
Son œuvre est traversée par de nombreuses traces mémorielles de grands événements traumatiques du passé comme le génocide amérindien, l’esclavage, le colonialisme, qui ont brisé l’histoire de l’humanité et compromis la dignité de l’Homme. Ecrire pour en témoigner, faire de sa bouche, celle « des malheurs qui n’ont point de bouche » : voilà défini le désir rayonnant, ou, concrètement, l’influence radiante qui structure la parole scripturale césairienne, et qui se laisse analyser à travers le Cahier d’un retour au pays natal , sa toute première œuvre, mais aussi la plus dense, la plus porteuse de la fibre identitaire bafouée, ostracisée ou mésestimée par une certaine causalité complaisante ou malveillante de l’histoire de ces cinq derniers siècles.
Le retour au pays natal suppose, en effet, un voyage en soi, vers soi, une quête de ses origines, une reconnexion avec ses solidarités primordiales, pour reconstruire ce qui a été brisé, pour retrouver l’équilibre perdu par la faute d’une altérité altérante ou prédatrice. Le soi identitaire césairien pourrait alors être envisagé dans sa dimension chronocentrique et logocentrique à travers « un univers référentiel qui convoque, non seulement la Martinique, lieu de destination de ce retour au pays natal, mais aussi plusieurs parties du monde, ainsi que les diverses situations de l’homme, non seulement dans son pays natal, mais à travers les espaces où vivent les personnes concernées par l’inspiration torrentielle et péléenne du poète martiniquais dont l’ensemble des connaissances, croyances, système de représentation et d’évaluation de l’univers référentiel transparaît dans l’œuvre ».
On a peu abordé l’œuvre d’Aimé Césaire dans la perspective ethnostylistique objet de cet ouvrage qui fait du texte un lieu idéologique, esthétique et symbolique, celui-ci ne pouvant judicieusement mieux se comprendre en dehors de son environnement contextuel et des circonstances de son énonciation. Il s’agit, toute proportion gardée, de la logogenèse du texte césairien : les locutions idiomatiques de la langue française parlée aux Antilles de Césaire – idiomatismes culturels – constituent des topiques discursives communes et fonctionnent comme des référents implicites ou explicites que Césaire relexicalise et remotive dans sa prose poétique. Cahier d’un retour au pays natal apparaît alors comme une quête inventive de la culture et de l’identité qui fait corps avec une langue française maniée avec dextérité et sans complexe. La sémiosis césairiennne combine ainsi la mémoire latente des formules expressives exploitées parfois par les anciens esclaves dans l’imaginaire populaire, et la référence à une pratique (créole ?) particulière de la langue française pour produire une combinatoire sémio-culturelle qui réinvente les valeurs telluriques désirées.
L’approche ethnostylistique développée dans cet ouvrage, qui fera certainement écho dans les études linguistico-littéraires, éprouve le texte césairien à l’aune d’une analyse novatrice. Elle consiste à contextualiser l’étude textuelle afin de mettre en évidence les spécificités linguistiques, géographiques, historiques, sociologiques, culturelles et esthétiques qui traversent le texte littéraire. C’est par cette mise en tension des aspects développés que l’auteur a su aborder un tel sujet dans sa complexité : non pas sous l’angle d’une critique parcellaire, mais par une vision à la fois transversale et abyssale tenant compte du maillage d’un ensemble de lieux-source énonciatifs, d’ethno-stylèmes, d’idéosèmes et d’épistémèmes intrinsèquement liés.
Nous n’ignorons pas combien le texte africain nécessite des déchiffrements particuliers qui vont au-delà du discours trop tenu sur l’oralité. La critique a, en effet, longtemps privilégié la recherche des traits identitaires dans la production littéraire écrite de l’Afrique subsaharienne et des Caraïbes, en s’intéressant aux formes culturelles de l’oralité comme l’une des sources d’inspiration de la création littéraire. L’ethnostylistique, elle, interroge la part de l’épistémè, de l’ethno et du logos dans le texte littéraire, recherche la particularité et l’idiolecte de l’auteur afin de mieux déterminer les lieux-cibles de l’énoncé en rapport avec sa significativité.
Le Professeur Gervais Mendo Ze étudie de manière remarquable et magistrale un auteur aux facettes multiples, un poète dont le verbe a inspiré bien d’utopies sociales et de mythes de notre temps. Il a le mérite de l’aborder avec rigueur et méthode, sondant les symbolisations les plus anodines de son discours dans la pure orthodoxie de l’ethnostylistique qu’il a créée et qu’il s’efforce de rendre lisible et intelligible en l’appliquant ici au Cahier d’un retour au pays natal. Un tel travail, fait avec une réelle honnêteté intellectuelle et un engagement infaillible à satisfaire les exigences de recherche scientifique dans nos universités, ne peut qu’être salué et encouragé.
Ţ r. Jacques Fame Nd ğ ng ğ ,
Ministre de l’Enseignement su ţ ẓ rieur
Camer ğ un
INTRODUCTION
Le texte est saisissable comme unité pratique de l’étude stylistique. Il est l’objet éminemment majeur des préoccupations en sciences du langage et/ou en littérature. Qu’il soit court ou long, oral ou écrit, théâtral ou romanesque, poétique ou épistolaire, le texte est sujet aux études littéraires et linguistiques. C’est l’ensemble des énoncés soumis à l’analyse. Né au 12 e siècle, le mot texte vient du latin tessere , qui veut dire tisser (du participe passé textus d’où est dérivé tissu) au sens figuré d’un tissu qui comporte une chaîne et une trame. La chaîne, dispositif vertical sur lequel opère transversalement la trame, comporte des anneaux. Dans une tapisserie, une variété de chaînes et de trames colorées constitue des figurations appelées patterns. Le texte est un tissu de relations formant une structure, un système, une dynamique.
La linguistique textuelle définit certaines notions telles que la cohésion et la cohérence du texte ainsi que la progression thématique et la typographie textuelle.
La cohésion désigne un ensemble de phénomènes langagiers repérables par les marques spécifiques permettant aux phrases d’être liées pour former un texte. Selon Sarfati (1976 : 4 ; trad.),
La cohésion intervient quand l’interprétation d’un élément du discours dépend de celle d’un autre. L’un présuppose l’autre en ce sens qu’il ne peut être effectivement compris que par recours à l’autre. Quand cela a lieu, une relation cohésive est établie, et les deux éléments, le présupposant et le présupposé, sont potentiellement intégrés dans un texte.
La texture du discours est donc l’organisation formée du texte. Les relations entre les phrases sont signalées par des expressions ou des constructions répertoriées en cinq familles de relations : les relations de référence, de substitution, d’ellipse, de conjonction et de cohésion lexicale s’organisant à leur tour en trois plans : phrastique, transphrastique et supra-phrastique :
le plan phrastique étudie les marqueurs de reprise (anaphore) ou d’anticipation (cataphore), analyse l’emploi des temps ainsi que les phénomènes de conjonction (coordination, subordination) ;
le plan transphrastique s’intéresse aux mots de liaison (adverbes, connecteurs), au phénomène d’inférence ainsi qu’aux diverses formes de reprise ou de répétition ;
le plan supra-phrastique s’attache aux marqueurs concernant l’ensemble du texte. Un lien existe entre cohésion et progression. C’est ce

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