De la Castille médiévale à l Amérique latine contemporaine
196 pages
Français

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De la Castille médiévale à l'Amérique latine contemporaine , livre ebook

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Description

Parmi ces études, les cinq premières portent sur de grands classiques espagnols comme La Célestine ou le Don Quichotte et reviennent sur certaines interprétations qui en ont été données. Les suivantes nous plongent dans l'histoire controversée du regroupement des indiens dans les réductions jésuites du Paraguay et les rapports privilégiés que les Guaranis entretiennent avec la musique. Les huit dernières nous emmènent à Cuba, avec, notamment le poète José María Heredia, José Martí et le romancier Alejo Carpentier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 14
EAN13 9782336387871
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Recherches Amériques latines
Collection dirigée par Denis Rolland
et Joëlle Chassin

La collection Recherches Amériques latines publie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili.

Dernières parutions

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Javier PEREZ SILLER et Jean-Marie LASSUS, Les Français au Mexique, XVII e -XXI e siècle (vol. 2), Savoirs, réseaux et représentations , 2015.
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Hélène FINET et Francis DESVOIS, Chili 1973-2013. Mémoires ouvertes , 2014.
Pénélope LAURENT, L’œuvre de Juan José Saer. Unité, cohérence et fragmentations , 2014.

La liste complète des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr
Titre
FRANÇOISE ET ROLAND LABARRE





DE LA CASTILLE MÉDIÉVALE
À L’AMÉRIQUE LATINE CONTEMPORAINE

Seize études d’histoire et de littérature
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73798-0
AVANT-PROPOS
Ce recueil regroupe seize études, dont treize d’entre elles publiées précédemment dans diverses revues ont bénéficié dans cette réédition de nombreuses retouches et, dans deux cas, d’une traduction à partir de l’original espagnol. Sans doute y appréciera-t-on, au-delà de leur diversité, la liberté d’esprit qui leur est commune.
Les cinq premières reviennent sur de grands classiques de la littérature espagnole tels que l’oraison funèbre de Jorge Manrique à la mémoire de son père, la Célestine , le Lazarillo de Tormès , le Don Quichotte , le Colloque des Chiens et, en association avec trois autres comédies pleines de gaieté, le Timide à la Cour de Tirso de Molina. Les trois suivantes portent un regard critique sur l’histoire très controversée des réductions jésuites du Paraguay. Une autre retrace la vie trépidante du révolutionnaire Brutus Magnier, auquel le romancier Alejo Carpentier fait très brièvement allusion, sans le nommer, dans Le Siècle des Lumières. Les sept dernières, consacrées à l’histoire et à la littérature de Cuba, apportent un éclairage neuf sur le poète romantique José Maria Heredia, sur l’épisode esclavagiste le plus atroce du XIX e siècle, sur la pensée politique de José Martí et sur les sources d’inspiration d’Alejo Carpentier dans Le Siècle des Lumières et Le Recours de la méthode.
SUR DEUX DOUZAINS DE JORGE MANRIQUE 1
Qu’est-il, le roi Jean, devenu
Et les deux infants d’Aragon
Que le sont-ils ?
Que sont les galants devenus
Et toutes les inventions
Qu’ils déployèrent ?
Que furent sinon des chimères
Et quoi de plus que la verdure
Des terres vaines
Toutes les joutes, les tournois,
Les parements, les broderies
Et les cimiers ?

Que sont les dames devenues,
Leurs coiffures, leurs vêtements
Et leurs parfums ?
Que sont les flammes devenues
Des feux ardents qui embrasaient
Leurs amoureux ?
Que sont les tensons devenues
Et les ballades cadencées
Qu’elles jouaient ?
Que sont les danses devenues
Et les robes à chamarrures,
Qu’elles portaient 2 ?

C’est une idée largement reçue que Jorge Manrique aurait exprimé, dans ces deux douzains les plus commentés de l’oraison funèbre qu’il consacra à la mémoire de son père, l’émotion qui l’aurait saisi au souvenir des brillants divertissements de la cour de Jean II de Castille. Parmi les critiques célèbres qui ont le plus contribué à l’accréditer, nous mentionnerons Marcelino Menéndez y Pelayo, qui crut percevoir dans les interrogations du poète « quelque chose qui émeut encore, écrivait-il, les fibres de son âme » 3 ; Augusto Cortina qui caractérisait ces vingt-quatre vers comme une « évocation mélancolique de sensualités auliques » 4 ; Francisco Rico, selon qui « l’émotion s’est concentrée sur ces chansons, ces danses, ces habits brochés uniques et irretrouvables » 5 ; Antonio Serrano de Haro, pour qui « Jorge Manrique, mûr et ferme, lançait un regard de tendresse posthume sur les belles frivolités dont il n’avait pas joui » 6 . Mais le plus convaincu de tous fut, et de loin, Pedro Salinas, qui maniant tout à tour l’interrogation rhétorique (« Qui ne sent que ces plaisirs ne lui furent pas étrangers ? ») et l’affirmation gratuite (« et il fut lui-même un des jongleurs de cette incessante jonglerie de cour »), déboucha sur cette conclusion péremptoire :

Il y a dans ces vingt-quatre vers un frémissement, un tressaillement qui les distingue et les sépare du reste de l’élégie, un trémolo charnel, le frémissement de la sensibilité, le frémissement des plaisirs des sens… La haute vision ascétique qui se maintient si fermement dans tout le poème faiblit un moment sans le vouloir, et entre les déclarations et les intentions édifiantes sourient, anciennes sirènes, les tentations 7 .

Pour notre modeste part, au risque de passer pour des béotiens congénitalement dépourvus de flair poétique, nous nous appuierons très prosaïquement sur la biographie du poète pour récuser cette interprétation qui met plus ou moins nettement en cause la cohérence de ses propos de moraliste sur « les choses après lesquelles nous marchons et courons » :

1°– Né vers 1440, il ne put évidemment voir lui-même ni les grandes festivités de 1428 où se distinguèrent « les Infants d’Aragon », ni même celles qui marquèrent en 1440 le mariage du futur Henri IV de Castille avec Blanche de Navarre, et comme, par la suite, son père ne cessa pratiquement plus de guerroyer contre Jean II puis contre Henri IV, il n’eut pas davantage le loisir de jongler devant la cour ni de s’extasier sur son raffinement 8 .

2°– Élevé au sein d’une famille réputée pour son austérité – puisque chez son père, selon Hernando del Pulgar, « il ne se faisait ni ne se disait nulle mollesse, ennemie du métier des armes » 9 , et que son cousin germain, premier duc de Nájera, « jamais ne porta gants ambrés ni autrement parfumés et disait qu’il en irait bien mal des Manrique quand ils s’adonneraient aux senteurs et parfums » 10 , – il ne put vraisemblablement pas être enclin à goûter et à célébrer les voluptés de la cour.

3°– Rien moins que tendre à l’égard de son épouse qui, pour récupérer sa dot lorsqu’elle devint veuve, allégua que, pour soutenir les entreprises guerrières de son père, il l’en avait dépouillée par la contrainte 11 , il est bien difficile à imaginer sous les traits d’un sentimental s’apitoyant sur les belles du temps jadis.

4°– Pétri de vénération pour un père qui « ne laissa pas de grands trésors / ni ne gagna grandes richesses / ni vaisselles / mais fit la guerre aux Maures », il ne put éprouver que de la haine et du mépris pour les courtisans favorisés par les « présents démesurés » et follement livrés aux « plaisirs et douceurs ».

Aussi oserons-nous finalement affirmer que, bien loin d’être empreint de regret ou de mélancolie, le ton de ces deux douzains est celui, plein de sarcasme, d’un rude guerrier qui s’érigeait en moraliste d’autant plus acerbe que les futilités qu’il dénonçait étaient celles des ennemis de sa famille ou de ses alliés qui l’avaient déçu. Rien ne s’y apparente avec la complainte de Rutebeuf déplorant la disparition de ses amis, ni avec la ballade de Villon célébrant la mémoire de « Jeanne la bon

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