Ecrire en régime médiatique
344 pages
Français

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Ecrire en régime médiatique , livre ebook

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Français

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Description

Avec l'émergence d'une société structurée par la communication de masse, le statut de l'écrivain s'est modifié. L'omniprésence des différentes formes d'expression médiatique a aussi transformé les formes et les enjeux de l'écriture littéraire. Le rapprochement des œuvres de Marguerite Duras et d'Annie Ernaux représente une voie d'accès privilégiée pour saisir l'ampleur de ces évolutions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336400327
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Espaces Littéraires
Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions

Naïma RACHDI, L’art de la nouvelle entre Occident et Orient, Guy de Maupassant et L’Égyptien Mahmûd Taymûr, Influence de la littérature française sur la littérature arabe moderne , 2015.
Augustin COLY, Duplications et variations dans le roman francophone contemporain , 2015.
Marie-Denis SHELTON, Eloge du séisme , 2015.
Marie-Antoinette BISSAY et Anis NOUAIRI, Lorand Gaspar et la matière-monde , 2015.
Thierry Jacques LAURENT, Le roman français au croisement de l’engagement et du désengagement , 2015.
Moussa COULIBALY et Damien BEDE, L’écriture fragmentaire dans les productions africaines contemporaines , 2015.
Jean Xavier BRAGER, De l’autre côté de l’amer, Représentations littéraires, visuelles et cinématographiques de l’identité pied-noir , 2015.
Isabelle CONSTANT, Le Robinson antillais. De Daniel Defoe à Patrick Chamoiseau , 2015.
Tiannan LIU, L’image de la Chine chez le passeur de culture François Cheng , 2015.
Jakeza LE LAY, Le Parnasse breton. Un modèle de revendication identitaire en Europe , 2015.
Servilien UKIZE, La pratique intertextuelle d’Alain Manbanckou. Le mythe du créateur libre , 2015.
Elena BALZAMO, « Je suis un vrai diable ». Dix essais sur Strindberg , 2014.
Fatima AHNOUCH, Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles , 2014.
Céline BRICAIRE, Une histoire thématique de la littérature russe du XX e siècle. Cent ans de décomposition , 2014.
Elisabeth SCHULZ, Identité séfarade et littérature francophone au XX e siècle , 2014.
Jelena NOVAKOVIĆ, Ivo Andrić. La littérature française au miroir d’une lecture serbe , 2014.
Przemyslaw SZCZUR, Produire une identité , le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitie du XIX e siècle (1859-1899) , 2014.
Nabil EL JABBAR, L’œuvre romanesque d’Abdelkébir Khatibi , 2014.
André NOLAT, Les figures du destin dans les romans de Malraux , 2014.
Titre
Marie-Laure ROSSI






Écrire en régime médiatique

Marguerite Duras et Annie Ernaux

Actrices et spectatrices de la communication de masse
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-75043-9
Dédicace

À la mémoire de ma grand-mère,
Toussainte Rossi

C’est dans sa maison
Qu’eut lieu ma première rencontre avec Marguerite Duras,
Sous la forme d’un exemplaire de L’Amant ,
Publié chez France Loisirs en 1985.
Le plus souvent mené dans la solitude, un travail de recherche n’en est pas moins profondément ancré dans le monde. Il se nourrit avec intensité de tous les échanges professionnels, amicaux et familiaux, sources d’intuitions et de contradictions, à partir desquels s’affermit la démarche intellectuelle. Cette étude ne serait pas ce qu’elle est sans l’entourage très diversifié qui a été le mien pendant ces années de réflexion.

Je tiens tout d’abord à remercier infiniment Nathalie Piégay qui m’a accompagnée avec énormément de disponibilité, de rigueur et de tact. En partageant avec moi ses goûts et ses interrogations, elle m’a ouvert la voie d’une littérature très diverse et toujours très vivante.
Je tiens aussi à témoigner ma profonde reconnaissance à Marie-Hélène Boblet, Thomas Hunkeler et Dominique Rabaté, premiers lecteurs de cette étude, pour leur bienveillance, leurs encouragements et leurs conseils avisés.

Qu’il me soit permis aussi de remercier particulièrement Annie Ernaux pour son amicale attention à mes travaux depuis 2009. En janvier 2012, elle a eu la gentillesse de m’accorder un entretien inoubliable pour moi, par un glacial après-midi, dans un café bruyant. Au moment de faire aboutir cette publication, elle a accepté sans hésiter de me fournir la photographie qui illustre la couverture de ce livre. La joie que j’ai ressentie à chacun de nos échanges constitue l’une des plus grandes récompenses du travail que j’ai réalisé.

Enfin, que Michaël Irsutti reçoive ici la marque de ma gratitude pour son soutien inconditionnel dans les remous de la vie quotidienne. Cette recherche n’aurait pu voir le jour son oreille attentive et coopérative.
Introduction
La communication de masse est un phénomène social relativement ancien, puisqu’elle se développe par les moyens de l’industrialisation de la France au cours du XIX e siècle. En même temps que le territoire se couvre de chemins de fer reliant les bassins économiques en expansion, tout un ensemble d’informations circule aussi, donnant naissance à une presse qui devient partie prenante de la conscience nationale née de la Révolution. Le XX e siècle verra ces échanges s’accentuer par l’émergence de moyens de communication audiovisuels, la radio puis la télévision, dont le rôle historique dans les guerres mondiales et l’avènement de la société de consommation n’est plus à expliciter. Il n’en reste pas moins qu’aux alentours de 1980, une nouvelle page se tourne dans l’histoire des médias. Avec l’éclatement de l’ORTF en plusieurs chaînes distinctes, en 1974, et l’installation progressive d’un secteur de diffusion privé, la conception du rôle social de la médiatisation change. Au lieu d’être un moyen politique au service de l’information, elle est déterminée par les visées marchandes d’une économie qui se révèle progressivement comme le véritable pouvoir structurant des sociétés modernes.

Avec le fractionnement en 1974 de l’organisme unique, les conditions sont désormais créées pour que les sociétés privées, déjà présentes dans la production d’émissions, prennent pied dans la programmation et imposent peu à peu à tous leurs conceptions : l’audiovisuel est un domaine voué à faire de l’argent, un domaine composé de nombreuses entreprises « comme les autres ». Il s’ensuit que le public est constitué de consommateurs auxquels il faut apporter des produits qui l’attirent, dont il a besoin dans le moment présent, sans autre préoccupation 1 .

Le destinataire de la diffusion médiatique troque le statut de citoyen susceptible d’être informé, voire instruit, par les médias nationaux contre celui de consommateur qui trouve dans la communication de masse l’espace d’un divertissement perpétuel.
Ce basculement est d’autant plus aigu que, dans le même temps, le champ médiatique change de nature par l’accroissement de la place dévolue à la télévision. En effet, la presse écrite, triomphante au XIX e siècle, créatrice la matrice journalistique, subit un réel déclin depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Au contraire, les médias audiovisuels connaissent un développement et un succès très importants. L’offre de la télévision et de la radio s’élargit par la création de chaînes privées, mais aussi par l’extension progressive de la diffusion sur la journée complète. La télévision, surtout, devient le lieu principal de la consommation médiatique. Selon les historiens Fabrice d’Almeida et Christian Delporte, les années 1980 sont caractérisées par un accroissement phénoménal du temps passé devant le petit écran 2 . En 1988, 94,3% des foyers sont équipés d’un téléviseur. En outre, alors que le temps moyen hebdomadaire passé devant le petit écran s’était maintenu à 16 heures entre 1973 et 1981, il est passé à 20 heures en 1988, puis 21 heures en 1997. Forte de ses audiences et de son statut économique, la télévision devient la source privilégiée de l’information et du débat public, transformant le récit de l’actualité quotidienne en un spectacle déterminé par les exigences du direct .
C’est au cours de cette même période que le terme conceptuel de « média » a été adopté par le langage courant. Il recouvre, en fait, un ensemble de manifestations extrêmement plurielles dans la vie de tous les jours. Si l’on envisage uniquement la diffusion, il désigne des moyens de communication répondant à des fonctionnements et à des usages différents, souvent concurrents, ou, du moins complémentaires : la presse écrite, constituée d

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