Essai sur l architecture militaire au Moyen Âge
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Français

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Essai sur l'architecture militaire au Moyen Âge , livre ebook

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Description

Extrait : "Ecrire une histoire générale de l'art et de la fortification depuis l'antiquité jusqu'à nos jours est un des beaux sujets livrés aux recherches des archéologues, et nous ne devons pas désespérer de le voir entreprendre ; mais on doit convenir qu'un pareil sujet exigerait des connaissances très variées, car il faudrait réunir à la science de l'historien la pratique de l'art de l'architecte et de l'ingénieur militaire."

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Nombre de lectures 32
EAN13 9782335034660
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335034660

 
©Ligaran 2015

Écrire une histoire générale de l’art de la fortification depuis l’antiquité jusqu’à nos jours est un des beaux sujets livrés aux recherches des archéologues, et nous ne devons pas désespérer de le voir entreprendre ; mais on doit convenir qu’un pareil sujet exigerait des connaissances très variées, car il faudrait réunir à la science de l’historien la pratique de l’art de l’architecte et de l’ingénieur militaire. Il est difficile de se rendre un compte exact d’un art oublié quand on ignore l’art pratiqué dans le temps présent ; et pour qu’un ouvrage de la nature de celui que nous espérons voir entreprendre fût complet, il faudrait qu’il fût fait par un homme à la fois versé dans l’art moderne de la défense des places, architecte et archéologue. Nous ne sommes point ingénieur militaire, à peine archéologue, ce serait donc une grande présomption de notre part de vouloir donner ce résumé autrement que comme un essai, une étude de l’une des phases de l’art de la fortification, comprise entre l’établissement du pouvoir féodal et l’adoption du système de la fortification régulière opposée à l’artillerie à feu. Peut-être cet essai, en soulevant le voile qui couvre encore une des branches de l’art de l’architecture du Moyen Âge, déterminera-t-il quelques-uns de nos jeunes officiers du génie militaire à se livrer à une étude qui ne pourrait manquer d’avoir un grand intérêt, peut-être même un résultat utile et pratique ; car il y a toujours quelque chose à gagner à connaître les efforts tentés par ceux qui nous ont précédés dans la voie, à suivre la marche du travail de l’homme depuis ses premiers et informes essais jusqu’aux plus remarquables développements de son intelligence et de son génie. Voir comment les autres ont vaincu avant nous les difficultés dont ils étaient entourés, est un moyen d’apprendre à vaincre celles qui se présentent chaque jour ; et dans l’art de la fortification où tout est problème à résoudre, calcul, prévision, où il ne s’agit pas seulement de lutter avec les éléments et la main du temps comme dans les autres branches de l’architecture, mais de se prémunir contre la destruction intelligente et combinée de l’homme, il est bon, nous le croyons, de savoir comment, dans les temps antérieurs, les uns ont appliqué toutes les forces de leur esprit, leur puissance matérielle à détruire, les autres à préserver.


Lorsque les barbares firent irruption dans les Gaules, beaucoup de villes possédaient encore leurs fortifications gallo-romaines ; celles qui n’en étaient point pourvues se hâtèrent d’en élever avec les débris des monuments civils. Ces enceintes, successivement forcées et réparées, furent longtemps les seules défenses des cités, et il est probable qu’elles n’étaient point soumises à des dispositions régulières et systématiques, mais qu’elles étaient construites fort diversement, suivant la nature des lieux, des matériaux, ou d’après certaines traditions locales que nous ne pouvons apprécier aujourd’hui, car de ces enceintes il ne nous reste que des débris, des soubassements modifiés par des adjonctions successives.
Les Visigoths s’emparèrent, pendant le V e  siècle, d’une grande partie des Gaules ; leur domination s’étendit, sous Vallia, de la Narbonnaise à la Loire. Toulouse demeura quatre-vingt-neuf ans la capitale de ce royaume, et pendant ce temps la plupart des villes de la Septimanie furent fortifiées avec grand soin, et eurent à subir des sièges fréquents. Narbonne, Beziers, Agde, Carcassonne, Toulouse furent entourées de remparts formidables, construits d’après les traditions romaines des bas temps, si l’on en juge par les portions importantes d’enceintes qui entourent encore la cité de Carcassonne. Les Visigoths, alliés des Romains, ne faisaient que perpétuer les arts de l’empire, et cela avec un certain succès. Quant aux Francs, ils avaient conservé les habitudes germaines, et leurs établissements militaires devaient ressembler à des camps fortifiés, entourés de palissades, de fossés et de quelques talus de terre. Le bois joue un grand rôle dans les fortifications des premiers temps du Moyen Âge. Et si les races germaines, qui occupèrent les Gaules, laissèrent aux Gallo-Romains le soin d’élever des églises, des monastères, des palais et des édifices publics, ils durent conserver leurs usages militaires en face du peuple conquis. Les Romains eux-mêmes, lorsqu’ils faisaient la guerre sur des territoires couverts de forêts, comme la Germanie et la Gaule, élevaient souvent des remparts de bois, sortes de logis avancés en dehors des camps, ainsi qu’on peut le voir dans les bas-reliefs de la colonne Trajane.


Dès l’époque de César, les Celtes, lorsqu’ils ne pouvaient tenir la campagne, mettaient les femmes, les enfants et ce qu’ils possédaient de plus précieux à l’abri des attaques de l’ennemi, derrière des fortifications faites de bois, de terre et de pierre. « Ils se servent, dit César dans ses Commentaires, de pièces de bois droites dans toute leur longueur, les couchent à terre parallèlement, les placent à une distance de deux pieds l’une de l’autre, les fixent transversalement par des troncs d’arbre, et remplissent de terre les vides. Sur cette première assiette, ils posent une assise de gros fragments de rochers formant parement extérieur, et lorsque ceux-ci sont bien joints, ils établissent un nouveau radier de bois disposé comme le premier, de façon que les rangs de bois ne se touchent point et ne portent que sur les assises de rochers interposées. L’ouvrage est ainsi monté à hauteur convenable. Cette construction, par la variété de ses matériaux, composée de bois et de pierres formant des assises régulières, est bonne pour le service et la défense des places, car les pierres qui la composent empêchent les bois de brûler, et les arbres, ayant environ quarante pieds de long, liés entre eux dans l’épaisseur de la muraille, résistent aux efforts du bélier et ne peuvent être rompus ou désassemblés que très difficilement. »
César rend justice à la façon industrieuse dont les Gaulois de son temps établissaient leurs défenses et savaient déjouer les efforts des assaillants, lorsqu’il fait le siège d’Avarique (Bourges). Les Gaulois, dit-il, opposaient toutes sortes de ruses à la merveilleuse constance de nos soldats : l’industrie de cette nation imite parfaitement tout ce qu’elle voit faire. Ils détournaient nos faux avec des lacets, et lorsqu’ils les avaient accrochées, ils les tiraient en dedans de leurs murs avec des machines. Ils faisaient effondrer nos chaussées (de contrevallation) par les mines qu’ils conduisaient au-dessous d’elles ; travail qui leur est familier, à cause des nombreuses mines de fer dont leur pays abonde. Ils avaient de tous côtés garni leurs murailles de tours recouvertes de cuir. Nuit et jour ils faisaient des sorties, mettaient le feu à nos ouvrages, ou attaquaient nos travailleurs. À mesure que nos tours s’élevaient avec nos remparts, ils élevaient les leurs au même niveau, au moyen de poutres qu’ils liaient entre elles… . »
Les Germains établissaient aussi des remparts de bois couronnés de parapets d’osier. La colonne Antonine, à Rome, nous donne un curieux exemple de ces sortes de redoutes de campagnes.


Mais ce n’étaient là probablement que des ouvrages faits à la hâte. On voit ici l’attaque de ce fort par les soldats romains. Les fantassins, pour pouvoir s’approcher du rempart, se couvrent de leurs boucliers et forment ce que l’on appelait la tortue  : appuyant le sommet de ces boucliers contre le rempart, ils pouvaient saper sa base ou y mettre le feu à l’abri des projectiles. Les assiégés jettent des pierres, des roues, des épées, des torches, des pots à feu sur la tortue, et des soldats romains, tenant des tisons enflammés, semblent attendre que la tortue se soit approchée complètement du rempart pour passer sous les boucliers et incendier le fort. Dans leurs camps retranchés, les Romains, outre quelques ouvrages avancés construits en bois, plaçaient souvent, le long des remparts, de distance en distance, des échafaudages de charpente qui servaient soit à placer des machines destinées à lancer des projectiles, soit de tours de guet pour reconnaître les approches de l’ennemi. Les bas-reliefs de la colonne Trajane présentent de nombreux exemples de ces s

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