Et ce cadavre !
130 pages
Français

Et ce cadavre ! , livre ebook

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130 pages
Français

Description

Deux disparitions mystérieuses dans la tribu de Rukoto-Buye. La vieille Nashaza attend en vain le retour de Migina partie puiser de l'eau à la source. Elle attendra encore plusieurs années, mais elle ne reverra plus jamais le sourire de sa petite fille. La tribu vient d'être frappée par un autre malheur: la disparition de Rukoto-Buye, le chef des chasseurs. Cette calamité entraînera haines et suspicions, accusations mensongères et tortures, condamnations injustes et bûchers...Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2014
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336359151
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ET CE CADAVRE !Roman
JeanNépomucène Bunoko
ET CE CADAVRE !
Collection « Croire et savoir » dirigée par Benjamin SOMBEL SARR et Claver BOUNDJA Cette collection veut être un lieu d’analyse du phénomène religieux en Afrique dans ses articulations avec le social, le politique et l’économique. L’analyse du phénomène religieux, ne saurait occulter les impacts des conflits religieux dans la désarticulation des sociétés africaines, ni ignorer par ailleurs l’implication des religions dans la résolution des conflits sociaux et politiques. L’approche religieuse plurielle de cette collection a comme objectif d’une part, d’étudier les phénomènes religieux à l’œuvre dans les sociétés africaines dans leurs articulations avec les grandes questions de société, et d’autre part de procéder à une étude scientifique et critique de la religion dans le contexte africain. Elle essaiera de déceler dans la religion non ce qui endort le peuple, mais les énergies créatrices et novatrices capables de mettre l’Afrique debout. Ainsi veut-elle montrer que si la religion peut être un frein au développement, elle est aussi acteur de développement. Le relèvement de l’Afrique doit se fonder sur des valeurs, et la religion est créatrice et fondatrice de valeurs. Déjà parus Benjamin SOMBELSARR,Théologie de la vie consacrée.Questions d’inculturation,2014. Hippolyte D.A. AMOUZOUVI,La religion comme business en Afrique. Le cas du Bénin, 2014. Jean-Maurice GOAIBO,Spiritualité chrétienne et développement en Afrique, 2014. ABBAYECŒUR IMMACULE DEMARIE DEKEURMOUSSA,Actes du colloque « Penser la veille Dakar » 10-12 avril 2013, 2013. ANDELY-BEEVE,Les chrétiens face aux valeurs sociales et éthiques dans la société congolaise, 2013. Séverin YAPO,Spiritualités antique et chrétienne en dialogue. Thomas d’Aquin, héritier spirituel d’Artistote, 2013.
JEAN-NÉPOMUCÈNEBUNOKO, O.P. ET CE CADAVRE ! Roman
© L’Harmattan, ʹͲͳͶ ͷ-͹, rue de l’École-Polytechnique ; ͹ͷͲͲͷ Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanͳ@wanadoo.fr ISBN : ͻ͹ͺ-ʹ-͵Ͷ͵-04225-1EAN : ͻ͹ͺʹ͵Ͷ͵042251
Pourquoi cet homme est-il tourmenté ? Il erre, il court, il sanglote. Il traverse des déserts, des forêts et des lagons. Il s’appelle lui-même « le maudit », et il assiste à des scènes immondes et cuisantes : les viols faits aux jeunes filles, les violences faites aux femmes, les gibets, les bûchers, les femmes-caméléons… Cet homme aime beaucoup sa femme et il la fuit. Pourtant c’est un homme naturellement affable, compatissant, véridique et courageux. Il aime beaucoup sa femme et a horreur d’adultère… Plus tard il découvrira que tous les moines ne sont pas des saints et que les lois ne sont pas le droit. Il découvrira aussi que passer de la cruauté à la clémence est une comédie des niais. Mais ce qui l’étrangle le plus c’est cette gibecière qui le fait errer et qui l’accuse sans répit ; il ne pourra plus dormir, il mourra dans l’errance. L’auteur.
Migina et sa grand-mère. Drôle de rêve ! Toutes les jeunes filles du village de Nashaza rêvaient épouser un jour un homme beau, riche et fort. Chacune d’elles se considérait comme la plus adorable du village. Pour se faire plus belles, elles taillaient leurs dents et se mettaient de la suie sur les sourcils pour plaire aux garçons aux allures lascives. Un jour, vers la fin de la matinée, des jeunes filles rentraient de la forêt portant avec elles du bois de chauffage. Elles chantaient en reprenant les mélodies apprises de leurs grands-mères ou de leurs amies. Toutes étaient attifées, mais au lieu des corps boudinés on voyait des âmes innocentes et vierges au visage radieux et agréable. Migina était l’une de ces jeunes villageoises. Comme sa grand-mère, les gens de son village la chérissaient beaucoup. Souvent on disait qu'elle était venue au monde sans couleur, sans haine et sans orgueil. Elle mangeait quand les enfants de son voisinage étaient rassasiés et avait une profonde compassion pour ses amis. Pourtant elle était orpheline. La seule parenté qui lui restait était sa grand-mère Nashaza et sa tante qui habitait un autre village. Malgré le poids de son âge, Nashaza se chargeait de la cuisine et faisait tout pour que sa petite fille grandisse dans la dignité et dans le bien. Elle y était presque parvenue parce que Migina était distinguée des autres filles de son village ; elle n'était pas de ces filles qui ont une bosse invisible tournée vers l'intérieur.
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Elle n'avait que huit ans. Toutefois elle était un modèle pour les adolescentes de son village. Pour sa grand-mère, Migina était un trésor. Elle était une aide indispensable ; c'est elle qui allait chercher le bois de chauffage, l'eau à la source, les récoltes dans les champs…Elle était pour Mémé toute sa vie. Malgré tout ce travail, on ne l'avait jamais entendue maudire les vieux jours ou s'opposer aux souhaits de sa grand-mère. Jeune qu'elle était, elle savait déjà que désobéir injustement aux vieillards c'est les enterrer prématurément. Mémé quant à elle, avec un petit sourire sur les lèvres qui faisait dévoiler des ridules sur son front, embrassait tendrement sa petite fille et caressait ses cheveux mouillés par l'eau de la source ou colorés par le pollen des fleurs sauvages. Un jour, Migina venait de déposer son fagot derrière la cuisine. La matinée avait été bonne dans la forêt couverte d'acajous. Tout à coup, son cœur commença à battre vivement. Nashaza vint la trouver là où elle avait déposé le fagot. Elle n'était pas parvenue à aller plus loin. Elle s'approcha d'elle et lui demanda: -Qu'est ce qui se passe Migina? -Rien Mémé, je vais très bien. -Je t'ai toujours interdit de porter un tel fagot, tu es encore petite, tu as besoin de bien grandir. -Ce fagot ne m'a fait aucun mal. J'avais seulement peur que vous ne soyez pas à la maison. -Allez, viens, je crois que tu as faim. Viens, je te donne à manger.
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Migina entra dans la maison avec sa grand-mère. Celle-ci lui présenta une assiette de mil moulu, couvert de tilapia. Migina se laissa emporter par les appétits de la mi-journée ; elle vida très rapidement sa ration. Comme il n'y avait plus d'eau dans la maison, elle proposa à sa grand-mère d'aller en puiser à la source. Mémé s'inquiéta beaucoup parce que Migina était encore fatiguée. En outre, la source se trouvait loin de la maison. Les puiseurs d’eau devaient aussi traverser une savane où les chasseurs du village des "Bahigi" traquaient leur gibier : des serpents venimeux, des antilopes et des gnous. Migina tranquillisa sa grand-mère : -Je ne suis pas du tout fatiguée, Mémé. C'était une routine pour la petite fille d’aller puiser l'eau à la source dans ces conditions. Elle pouvait même y aller deux fois en une journée. Parfois elle rentrait à l’heure où on ne pouvait plus distinguer le loup du chien. Migina prit sa marmite fabriquée en bois et fila vers la source. Nashaza la regarda disparaître derrière les arbres et se dit : « Pourvu que rien de mal ne lui arrive. » Nashaza savait très bien que Migina aimait travailler. Sa propension était de travailler toute la journée : moudre le mil, balayer la maison, puiser l'eau, chercher le bois de chauffage, visiter les amies. Le travail était sa passion. Mémé la laissait faire, sauf quand elle pressentait un danger pour sa vie. Cette vieille femme avait bien compris qu'éduquer un enfant a plus besoin de souplesse que de raideur, de tendresse que de violence. Mémé devait gérer chez sa petite fille ses sentiments de pudeur et de dégoût, ses aspirations morales et esthétiques. Elle devait l'aider à être
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