Hoplophobie
298 pages
Français

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Hoplophobie , livre ebook

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Description

Mourir, c’est bon pour les jeunes, et Timéo Foissan, à quatre-vingt-seize ans, n’est pas décidé à se laisser ensevelir par une autoroute. Les quatre officiers allemands enterrés dans son jardin n’ont pas eu cette rage de vivre. Tant pis pour eux ! Pour autant, déterrer les cadavres oubliés n’est jamais une bonne idée. Daphné, jeune journaliste retorse et obstinée va vite s’en rendre compte, car, sur le fil de cette enquête, il y a décidément beaucoup, mais beaucoup trop d’oiseaux de mauvais augure. Drôle et frénétique, Hoplophobie est de ces romans qui vous dévorent plus que vous ne les lisez. Les tribulations de la jeune Daphné s’enchaînent sur un rythme effréné et les surprises déboulent aussi vite que sifflent les balles dans ce polar à tiroirs, où ce qui est n’est jamais vraiment définitif. Avec l’humour pour complice et le vitriol comme arme, Edwige nous entraîne sur le chemin délicieux d’une cavale haletante, que l’on souhaiterait sans fin.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 57
EAN13 9782748366969
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0094€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Hoplophobie Edwige










Hoplophobie






















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IDDN.FR.010.0116570.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011


Avec tous mes remerciements à
Ma maman et à mes grands-parents,
Pour leur participation financière à mon projet.
Car il ne suffit pas d’avoir des idées.
Encore faut-il avoir les moyens de les mettre en lumière !

Merci du fond du cœur


Un



Timeo est un vieux monsieur. Si vieux, à vrai dire, que
sa peau se parchemine sur ses pommettes saillantes. Que
son teint devient cireux. Qu’il finit de plus en plus par
ressembler à une gravure étiolée d’homme antique ; sortie
tout droit d’un livre oublié au fin fond d’une bibliothèque
poussiéreuse du siècle dernier.
A cet instar, Timéo en devient presque aussi
transparent. Aussi improbablement immatériel et terne…
Et si ce n’était de ses filles qui lui rappellent son âge à
tout bout de champ, Timéo aurait presque l’impression de
ne plus appartenir au temps. D’échapper à sa condition
terrestre. Et de déroger au contrat de tout bon humain qui
se respecte, à savoir de devoir un jour laisser sa place. Un
peu comme s’il se contentait d’observer le monde au
travers de parenthèses immortelles et de n’en avoir de
comptes à rendre à personne. Protégé dans une sorte de
bulle aussi intouchable qu’intemporelle.
Mais ses gamines veillent au grain. Timéo va sur son
siècle d’existence. Et soit, elles s’impatientent de le voir
perdurer aussi longtemps, soit elles craignent de s’éteindre
avant lui. Toujours est-il que les demoiselles ne lui laissent
pas tellement de répits. Et semblent vouloir le pousser
toujours plus vite vers le tombeau de famille. Du moins,
c’est comme cela qu’il ressent les choses. Qu’il le vit.
Pourquoi sinon, ne cesseraient-elles de le harceler avec
cela ? Une bonne fois pour toute ? Car Timéo n’aime pas
du tout l’idée de la mort. Et pour tout dire, elle le terrorise.
Un peu comme s’il était trop âgé pour cela. Qu’il avait
passé son tour…
9 Mourir, c’est bon pour les jeunes. Ils ne savent pas
encore vraiment ce qu’ils perdent. Et ont plus de courage que
lui, de toutes manières. Car plus le temps passe, plus
Timéo se sent frileux à la perspective de devoir bientôt
rendre son extrait de naissance. Pour lui, cela n’a pas de
sens. Pourquoi aurait-il tellement perduré si c’est pour tout
annihiler maintenant ? Si ce n’est pas pour rester ?
Ces murs sont à lui depuis la nuit des temps. Ils ont
même appartenus à ses aïeux avant lui. Il est né dans cette
maison. Il y a grandit. S’y est marié. Y est devenu père. Y
a perdu sa chère femme. Et a continué d’y vieillir. Tout
seul peut-être, mais bel et bien là ! De chair et de sang,
entre ces pierres qui semblent vouloir lui faire partager le
secret de leur longévité.
Et après tout ce temps passé ici, pourquoi la mort
voudrait-elle l’en déloger ? Ce serait presque aussi idiot que
de vouloir anéantir les chutes du Niagara, par exemple. Ou
que de vouloir raser la dune du Pilla. Car dénaturer un tel
lieu de villégiature ne semble aucunement plausible. Et de
ce fait, Timéo fait comme un peu partie du paysage, lui
aussi. Comme une sorte de repère humainement temporel
pour les générations qui passent. Un point de sauvegarde
de l’espèce. Un patrimoine à conserver. Et rien que cela
devrait suffire à conférer à Timéo le droit de ne pas
mourir ! Le droit de ne rien changer aux choses…
Ce qui peut en partie expliquer que quand la
municipalité lui a amputé le fond de sa prairie pour y faire passer
son projet d’autoroute, Timéo a bien failli en faire un arrêt
cardiaque… Obnubilé par des mots tels que : insensé,
inimaginable, impossible…
Il s’est alors senti comme floué, lésé par le destin.
Victime d’une terrible erreur judiciaire. Ou pire encore, être
l’objet passif d’une machination visant à le déposséder de
son arrangement passé avec la mort. De son propre pacte
signé avec le diable !
10 Or, de cela, il n’en est pas question ! Timéo n’a pas
autant vécu pour se laisser déposséder de cette manière ! Il
va se battre. Et perdurer encore un bon moment ! Car de
toutes manières, que feraient ses gamines de
soixantequinze printemps d’une demeure comme la sienne ? Elle
n’est pas assez bien pour elles ! Pas assez cossue. Pas
assez dans les normes ! D’ailleurs, les péronnelles ne se
privent pas de la critiquer tout leur saoul, lorsqu’elles
daignent entrer dans ce musée de l’ancien temps ! Pérorant
qu’elles ne voudraient pas d’une maison sans salle de bain.
Où il faut faire sa toilette sur la pierre. A l’aide d’un broc
chauffé au feu de bois. Oubliant qu’elles y ont vécu.
Qu’elles y ont été heureuses, tout comme lui ! Qu’elles ont
leurs racines entre ces vieux murs…
Ses filles… ses enfants… comme il les a chéries,
pourtant ! Comme il a été fier d’elles ! Avant qu’elles ne
fassent toutes ces simagrées quant à leur standing.
Qu’elles ne revendiquent le droit de péter plus haut que
leur adorable petit cul ! Car maintenant, ce sont des filles
modernes à tous points de vue ! Avec eau chaude,
électricité et chauffage à volonté. Frigidaire, télévision, radio et
congélateur ! Il paraitrait même qu’en plus, elles
possèdent maintenant un ordinateur…
Seigneur ! Mais pour quoi faire, diantre ? A quoi cela
peut-il bien leur servir ? Encore une marque flagrante de
leur volonté à vouloir à tous prix se démarquer ! D’assurer
leur supériorité populaire… Comme si l’être humain avait
eu besoin de toute cette technologie idiote pour survivre
jusqu’à maintenant ! Non mais vraiment ! Quelle
stupidité !
Alors franchement, que feraient-elles de cette antique
maison ? Où rien ne leur correspond ? Elles la
revendraient, c’est certain. Ou bien entreprendraient des travaux
de restauration. Dénaturant l’essence même de cette
ancestrale demeure…
11 Frustré, Timéo s’en mord doucement le bout de la
langue. Après tout, ses filles sont un peu comme ces chacals
de la mairie. A toujours brandir leur bannière de
modernisme pour mieux pousser le vétuste aux oubliettes. Et le
pire, c’est que lui, Timéo, n’a rien eut à redire à cet état de
fait. Un peu comme lorsqu’ils lui ont annoncé que le fond
de sa propriété était réquisitionnée pour y faire passer une
fichue voie ultra rapide. Où des jeunes ultras modernes
conduiront des véhicules ultra performants et novateurs, à
une vitesse ultra sonique. Concurrençant l’imaginaire.
Tout cet artifice pour réussir à quoi, tout compte fait ?
Mieux se perdre ? Folie !
Timéo frissonne en se demandant à quoi ressembleront
ces jeunes, en cas d’accident. Frisonne en imaginant son
décès, à lui. Fris

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