Je(ux) narratif(s) dans le roman africain
224 pages
Français

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Je(ux) narratif(s) dans le roman africain , livre ebook

224 pages
Français

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Description

Si le constat de la multiplicité, de l'éclatement du Je dans le roman africain des trente dernières années est indéniable, peu d'études d'envergure sur l'aventure littéraire du Je ont été entreprises pour lire, analyser et proposer un cadre historique et axiologique de cette évolution. C'est cette question d'une sorte de "procès en personnalisation" du Sujet africain qui est l'objet central de ce livre articulé autour du roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 424
EAN13 9782336660462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Critiques littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Diané Véronique ASSI, Intertextualité et transculturalité dans les récits d’Amadou Hampâté Bâ , 2013.
Gasser KHALIFA, L’autobiographie au féminin dans L’Amant de Marguerite Duras et Perquisition de Latifa Al-Zayyat , 2013.
Nicolas GELAS, Romain Gary ou l’humanisme en fiction. S’affranchir des limites, se construire dans les marges , 2012.
Kahiudi Claver MABANA, Du mythe à la littérature – Une lecture de textes africains et caribéens , 2012.
Gérard DUPUY, Xie Lingyun, Poèmes de montagnes et d’eaux . L’expérience poétique du paysage dans la Chine du V e siècle , 2012.
ZHAO Jia, L’ironie dans le roman français depuis 1980. Echenoz, Chevillard, Toussaint, Gailly , 2012.
Gilles GUIGUES, Rilke, l’existence en figures. Étude philosophique du poétique , 2012.
Jeanne-Marie CLERC, Etty Hillesum écrivain. Écrire avant Auschwitz , 2012.
Ali ABDOU MDAHOMA, Le roman comorien de langue française, 2012.
Mehana AMRANI, La poétique de Kateb Yacine. L’autobiographie au service de l’Histoire , 2012.
Tommaso MELDOLESI, Textes et poèmes autour de l’accident ferroviaire de Meudon, 1842. Une poésie de la catastrophe , 2012.
Jean-Louis CLUSE, Saint-John Perse, le poète en ses miroirs. Le même, l’autre et le multiple , 2012.
Mamadou KALIDOU BA, Nouvelles tendances du roman africain francophone contemporain (1990-2010). De la narration de la violence à la violence narrative, 2012.
S. SEZA-YILANCIOGLU (dir.), Nedim Gürsel. Fascination nomade , 2012.
Myriam TSIMBIDY et Aurélie REZZOUK (sous la dir. de), La jeunesse au miroir. Les pouvoirs du personnage , 2012.
Richard Laurent OMGBA et Désiré ATANGANA KOUNA (dir.), Utopies littéraires et création d’un monde nouveau , 2012.
Titre
Sous la direction de Roger Tro Dého, Adama Coulibaly et Philip Amangoua Atcha








Je(ux) narratif(s) dans le roman africain
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66046-2
D’entrée de Je(ux)
À propos de Je , Jean Rousset écrivait en 1973 déjà qu’il était « ce pronom si commun et pourtant si étrange, si rebelle à la saisie en raison de sa complexité et de sa mobilité… » 1 . Je est complexe en raison de l’intimité qu’il établit entre l’énonciateur et l’énonciation, par ses différentes fonctions et par ses jeux dans le récit. Si, dans l’histoire de la pensée, la haine du moi conseillée par Pascal et le calvaire de la conscience de soi décrit par Hegel ont été « des machines de guerre contre les prérogatives du moi narcissique obnubilé par ses pouvoirs » 2 , nos sociétés, post-modernes¸ ou postcoloniales, elles, semblent bien proclamer et légitimer le règne d’un « individualisme hédoniste et personnalisé » 3 .
L’une des formes de cet empire du moi en construction est la multiplication de la palette des offres de la typologie du Je. Roman à la première personne, biographie, autobiographie, autofiction, roman autobiographique…ils sont nombreux les types que peuvent prendre les récits du Je. Je même peut porter diverses robes, incarner des rôles, dirait la sémiotique, adopter diverses postures où Je n’est plus Je ou, à tout le moins, problématise et interroge les formes de la subjectivation. Ailleurs, la critique commence à cerner cette percée. Dans Le Pacte autobiographique (1975), Philippe Lejeune établit, la triple équation : auteur = narrateur, auteur = personnage et narrateur = personnage, forme canonique du roman autobiographique, roman du Je . Deux ans plus tard, Serges Doubrovsky procède à une auto-théorisation du romancier dans Fils (1977) et en 1999, André Belleau étudie les représentations du romancier fictif quand Philippe Gasparini décrit, dans Est-il je ? (2004), la combinaison des registres de la fiction et de l’autobiographie. Chacun, à son niveau, avec ses armes et ses perspectives de recherche, ces critiques ont abordé, la question du Je dans son fonctionnement littéraire, sans l’épuiser pour autant. D’ailleurs, le corpus analysé par ces textes est exclusivement occidental.
Dans le domaine spécifique du roman africain, les études d’envergure sur les aventures littéraires du Je sont rares. Partons de deux positions fondatrices d’Achille Mbembé. Dans « Écrire à partir d’une faille » 4 , il fait valoir la nécessité de penser le Sujet africain à partir des distorsions historiques, ce qu’il nomme « failles ». Toutefois, il refuse le « malheur généalogique » et sa filiation à l’Afrique en terme de « dette » à rembourser ou de « malédiction » à laver : problématique du Sujet postcolonial de se penser dans l’histoire et tentant d’échapper à son emprise morbide (une chronocité paralysante) pour se réfléchir en sujet social. Mais cette tentation première n’est pas sans faire penser à des sujets déséquilibrés et perturbés. Avec « À propos des écritures africaines de soi » 5 , Achille Mbembé ouvre le débat, à la fois épistémologique et politique, sur les représentations africaines de soi. Après un état des lieux historique des principales idéologies soutenant l’« accès du sujet africain à la plénitude de soi » 6 , l’auteur arrive à la conclusion que « les représentations africaines de soi se forgent à l’interface de l’autochtonie et du cosmopolitisme » 7 . Les conclusions de l’article de Mbembé éclairent les aventures et l’évolution du profil du sujet – celui qui dit « Je » – dans le roman africain.
Dans le registre de la création romanesque africaine singulièrement, chez les auteurs dits de la première génération, la conception et la perception du sujet, inspirées par une sorte de mystique de l’« autochtonie » se faisaient sur un mode collectif ; le « nous » de la communauté primant sur le Je de l’individu, très souvent au nom de la tradition. Dans ces romans, lorsque le sujet disait « Je » , à l’instar du jeune Laye racontant son enfance dans L’Enfant noir , il représentait, en réalité, un Je-nous , c’est-à-dire un Je qui n’avait d’existence, d’essence et de sens que relativement à un Nous . L’individualisme contemporain ayant sûrement dételé le Sujet africain de ses ancrages historiques et culturels, on assiste plutôt dans les romans africains de la nouvelle génération à la mise en avant d’un Sujet individuel et indivis qui se positionne autrement. Sur un axe thématique et idéologique, il tente, en effet, de cesser d’être collectif, pour être lui-même, un sujet individuel, subjectif, voire spéculaire, et fragmentaire.
Dans ces conditions, Je n’incarne plus le héros ou, s’il en est un, il s’agit, le plus souvent, d’un héros désincarné, « pas comme les autres », narcissique à souhait, puisque héros pour sa propre cause ou malgré lui. Ce Je en jeu dans bien des romans africains contemporains a conscience de sa centralité et participe, de plus en plus, de la technicité d’une écriture égo- centrée dont les formes varient d’un auteur à l’autre, d’un texte à l’autre et selon que « Je raconte », « est raconté » ou « se raconte ».
Le présent ouvrage part du présupposé qu’il y a une évolution du Sujet, et singulièrement du sujet parlant, de sa représentation, dans le roman africain : Je est inscrit dans la société, dans son histoire et dans la langue qui conditionnent l’émergence, la pertinence et la particularité des figures qu’il peut endosser, des traits qu’il peut arborer…
Pour analyser cette sur-présence du Je qui pourrait bien être un des lieux du tournant de l’écriture romanesque, ce collectif s’est s’arrêté sur la figure du narrateur, particulièrement, sur les formes et jeux du narrateur-je , celui dont l’identité et la « prise de parole » s’expriment par l’emploi des premières personnes du singulier et du pluriel. À partir de ce repère, les contributions s’inscrivent globalement dans deux perspectives.
Une série de textes problématise le rapport des Je(ux) narratif(s) aux écritures africaines de soi. Cinq contributions analysent les modes et l

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