La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mai 2010 |
Nombre de lectures | 54 |
EAN13 | 9782296256644 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
L'Avocat dans la littérature
du Moyen Âge et de la Renaissance
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11888-1
EAN : 9782296118881
Agnès AGUER
L'Avocat dans la littérature
du Moyen Âge et de la Renaissance
Mémoire établi sous la direction
de Véronique DUCHÉ GAVET dans le cadre du Master I Lettres
Modernes
Université de PAU et des Pays de l’Adour
UFR des Lettres, Langues et Sciences humaines
L’Harmattan
Ouvrage du même auteur
Les Bonnes Lettres de l’Avocat,
avec Véronique DUCHÉ-GAVET
Biarritz:EditionsATLANTICA,Mars2010
INTRODUCTION SOUS L’EGIDE DES LOIS:
LES REGLES DU JEU
Marbeuf, poète issudu MoyenÂge, jouait sur les mots:
Et lameret l’amour ont l’amer en partage,
1
Et la mer est amère et l’amour est amer
Cejeusur lapolysémieouvrelesdébatsvers lemonde
joyeuxdelalittérature du MoyenÂge :
L’avocat et la littérature du MoyenÂge ont lejeu“en
partage ”,
L’avocat doubleson “je ” et leMoyenÂgeaime lesjeux.
L’étude delalittérature intéresse l’avocat par le doute
créateur qu’il fait naître sur le droit lui-même(1).Le Moyen
Âge estunepériodeimmense dans la durée et dans lavariété
des mouvementshistoriqueset littéraires (2).C’estune
période féconde d’édificationsjuridiques (6)dont la
littérature française toute neuve peut s’emparer en guise
d’inspiration de personnages oude mise en situation car le
1
MARBEUF.InEt toi mon cœur pourquoibats-tu.ORMESSON,Jean d’.
Paris :RobertLaffont,2003, page 169
procèsestàla mode dans lemonde des lettres (3).L’avocat
dont lestatut seprécise aucœurdes institutionsjudiciaires
(6), bien qu’il soitabsentdelalittérature courtoise car la
noblesserejettel’avocatet sesvaleurs (4), aune étymologie,
commelemot« avoué », ancienne(5).
1. L’enjeu du droitdans lalittérature fait lejeude
l’avocat
Lalittératurepuise dans le droit son inspiration,s'en
empare et le dépasse encréant sa propre sphère.Selon
2
ChristianBiet lalittératurevarévéler lesfailles juridiquesde
sonépoque, va donnerun immenseréservoird'exemplesau
législateur.Plus quelemiroirdeson temps,lalittérature crée
une crise delanormejuridique en montrant queles lois sont
interprétableset qu'elles nesont pas transcendantales ;c'est le
doutesur le"juste" quiest misenexerguepar lalittérature,le
"juste" neselimitant pasauxfrontières quele droit
détermine.
Lalittératureproduit ses propres loisàtravers ses
fictions ; sielle choisit leplus souventdesoutenir les normes
sociales, c'estaunomdesapropre autonomiepar rapportàla
disciplinejuridique et par rapportaux valeurs moraleset
religieusesdeson temps.
Rivale dudroit,lalittérature estaussienconnivence avec
le droit qui,lui-mêmesoumisàinterprétation,senourritdu
doutequelejuriste adopte àsonégard :"lajustice estce
doutesur le droit qui sauvele droit"ditAlain, etGiraudoux
dansLa guerre deTroien’aurapas lieu(II, 5)faitdire à
2
BIET,Christian.DroitetLittérature.
numéro40,pages 7et suivantes
8
Littératuresclassiques,2000,
Hector:"le droitest laplus puissante desécolesde
l'imagination.Jamais poèten'ainterprétélanatureplus
3
librement qu'un juristelaréalité" .Lejuriste va découvrirdes
lois làoùil n'yaque desfaits:"jusexfacto oritur".
Laprofessiond’avocat, dont l’instrumentest le droit,joue
de cet instrumentavecle doutequi l’assaille et lerendlibre
toutàla fois.Lalittérature estdonc cemoyende douterdont
l’avocat nepeut sepasser.
2. Le cadre dujeu:MoyenÂge historique etMoyenÂge
littéraire
4
Pour leshistoriens,leMoyenÂge commence àla chute
del'Empireromaind'Occidenten476et s'achève avecla
prise de Constantinoplepar lesTurcs, en 1453.Mais le
MoyenÂgelittérairen'apas lamême extension:lapremière
œuvrelittéraire delalanguefrançaise,laCantilène(ou
e
Séquence)de SainteEulalie, date delafindu IXsiècle
seulement.D'autrepart laRenaissances'épanouit
relativement tard enFrance,sibien quelemouvement
e
littéraire du MoyenÂgeseprolongejusqu'àla findu XV
siècle.
e e
Les trois siècles s’étendantduXIIIau débutduXVI
sièclevoient laFrancepasserd'unÉtat médiévalàunÉtat
moderne, c’est-à-dire ducontratvassalique attaché àunfief à
l'apparitiondel'Étatentenduen tant qu'entitépolitique
regroupant territoire,populationetgouvernement.Ce
3
InMALAURIE,Philippe.Droitet littérature:Anthologie.Paris:Cujas,
1997,page 8
4
Mêmesi tous nes’accordent pas sur les limites temporellesdu Moyen
Âge.
9
mouvement s’accompagne d’un sentiment patriotique dont
Jeanne d’Arcseralesymbole.Lesentimentdesupériorité de
laFrancesefondesur l’idéequelepremier roi mythique de
laFrance descendraitd’Enée,fondateurdeRome et quela
France et ses rois “trèschrétiens” sont issusd’unelignée en
charge d’un royaumeprivilégiédans lesdesseinsdeDieu.Le
royaumepeut parconséquent affermir son indépendance face
auxdeuxpouvoirs qui revendiquent l’héritage deRome,la
5
papauté et l’empire.
Criseset renaissances sesuccèdentaucoursde ces trois
e e
siècles:lesXIIetXIIIsiècles sontunepériode de
développementdans tous lesdomaines.En revancheles
e e
calamitésdesXIV etXVsiècles,lapeste et la guerre de
CentAns, frappentdurement laFrance.
Aucoursdu MoyenÂge,quiest pluri linguiste(latin,
langue d’oc et langue d’oïl),lefrançaisévoluebeaucoup plus
quelesautres langues romanes non seulementdupointde
vuephonétique,maiségalementen terme demorphologie, de
syntaxe, etdevocabulaire(lesjuristes sontdirectementà
l’origine del’enrichissementdu vocabulaire).Onvoit
s’épanouirun “véritable classicismemédiéval”.Del’ancien
françaisaumoyenfrançais,lalangue française àla fin du
e
XVsiècleseraprête àprofiterdesgrandsenthousiasmesde
er
laRenaissance.FrançoisI,"Père des lettres",vainsuffler
toutuncourantd'aspirations nouvelleset par l'ordonnance de
Villers-Cotterêtsde1539va donnerun statut officielàla
languefrançaisequivaprimer sur lelatindans lesactes
officiels.
Lalittérature change devisage augré del’évolutiondela
e
langue durantcet immense chemin parcourudu IXsiècle au
5
STANESCO, Michel.Lire le Moyen Âge.Paris: Dunod,1998,page13
10
e6e
XVsiècle.Au XVIsiècleleterme"moderne"vasubirun
renversement sémantique : del'idée dela continuiténaturelle,
il signifieralesentiment persistantdelarupture entreles
7
âges.
e
Entrele MoyenÂge et le XVIsiècle,ilestdoncpossible
deparlerde continuité etdemodernité entendueausens
médiéval,parceque dans les mentalitéset lescroyances
e
religieuses,leMoyenÂgesepoursuitauXVIsiècle."Sans
douten'est-il pasdetransformation,même brusque,qui ne
supposeune continuité, c'est-à-dire des préparationsetdes
8
survivances" .
9
ManueldeDiéguez estconvaincuquelaRenaissance
ressemble au MoyenÂge :
Ceshommesetcesfemmes sont restésdes
campagnards par nature.Leurs maisons sontde grosses
fermes, aveclamare àpurinaumilieudela cour.Pas
questiondevaquer “auxpetits soinsdelavie cochonne”à
e
lamanière duXVIIIsiècle.Àtableon prendlesviandes
aveclesdoigts…Seuls les trèsgrands seigneurs possèdent
unefourchette et savent parfois s’en servir.Deuxoutrois
lits parchambre,troisdormeurs par lit.