L écriture du politique dans le roman camerounais
232 pages
Français

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L'écriture du politique dans le roman camerounais , livre ebook

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Français

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Description

L'image de l'autorité politique et administrative, dans le roman africain contemporain, n'est pas des plus reluisantes. [...] Du pouvoir colonial à ce qu'on a fini par appeler néo-colonialisme, les changements ne se sont pas opérés là où le peuple les attendait. Le roman démontre ces carences. Le discours romanesque se fait mise en accusation.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 23
EAN13 9782296480926
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’écriture du politique
dans le roman camerounais
FEMMES ET SAVOIRS
Collection dirigée par Alice Delphine TANG


La collection « Femmes et savoirs » intègre tous les ouvrages qui contiennent des savoirs diffusés par les femmes, des savoirs diffusés pour les femmes et des savoirs diffusés sur les femmes. Dans ces rubriques se retrouvent aussi bien les œuvres de fiction (roman, nouvelle, poésie, théâtre, épopée, conte, etc.) que les essais littéraires, philosophiques, ethnologiques, anthropologiques, sociologiques et mythologiques. La collection « Femmes et savoirs » est un espace scientifique dont le but est de donner une grande lisibilité des écrits réalisés par les femmes ou portant sur les femmes.

Déjà parus

A. FAHA TALENG et Paule S. NANFAH, L’hydre dans le verger. Poèmes , 2012.
Marie Françoise ROSEL NGO BANEG, Méandres. Roman , 2011.
Marie-Rose ABOMO-MAURIN et Alice Delphine TANG, L’A-Fric de Jacques Fame Ndongo et la rénovation de l’esthétique romanesque , 2011.
Eustache OMGBA AHANDA, Soupirs de l’âme. Poésie , 2011.
Jean-Paul ADA BEKOA, Misères publiques, Poésie , 2011.
Sylvie Marie Berthe ONDOA NDO, La réécriture de l’histoire dans les romans de Romain Gary et d’André Malraux , 2010.
Marie-Rose Abomo-Maurin


L’écriture du politique
dans le roman camerounais


Préface de Jean Derive
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55917-2
EAN : 9782296559172

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PRÉFACE
La production romanesque d’Afrique francophone est, ainsi que l’ont souligné de nombreuses études critiques, une production éminemment politique : dénonciation de l’ordre colonial avant 1960, satire des nouveaux régimes mis en place après les indépendances, thème resté majeur jusqu’au moins à la fin du siècle dernier. C’est cette seconde période que Marie-Rose Abomo-Maurin a choisi de mettre en exergue dans le présent ouvrage.
L’originalité de son étude, par rapport à celles qui l’ont précédée sur le sujet, tient au moins à deux choses.
Tout d’abord au corpus sélectionné pour analyser l’écriture du politique. L’auteure est une grande spécialiste du roman africain francophone qu’elle a eu l’occasion d’enseigner aux universités d’Orléans et de Yaoundé 1, domaine à propos duquel elle a aussi écrit plusieurs sections d’ouvrages collectifs et de nombreux articles. C’est ce qui explique que son étude fasse ponctuellement allusion à toute une kyrielle de romanciers francophones du continent (en tout cas les plus emblématiques d’entre eux : Alioum Fantouré, Sony Labou Tansi, Tierno Monénembo, Henri Lopès, Ahmadou Kourouma). Mais elle a choisi cette fois de se focaliser sur la production romanesque du Cameroun, le pays dont elle est originaire. Au sein même de cet ensemble, dont elle ne recense pas moins d’une quarantaine de romans, elle en a retenu dix pour faire l’objet d’une analyse plus approfondie. Ce choix a été dicté en fonction du caractère emblématique de chacun de ces romans pour illustrer les différentes façons dont ces œuvres peuvent être imprégnées d’une dimension politique. Le grand mérite du noyau dur de ce corpus, c’est qu’à côté des grands noms du roman camerounais tels Mongo Beti, Francis Bebey, Bernard Nanga, Calixthe Beyala, sont ici convoqués des romanciers beaucoup moins connus qu’on n’a pas l’habitude de rencontrer dans ce genre d’étude. Ce sera une bonne occasion pour le lecteur de découvrir tout ou partie de leur œuvre.
L’intérêt du livre tient aussi à la façon très personnelle de l’auteure, d’aborder la question du politique. Professeur de lettres, elle a enseigné aussi la communication et la théorie littéraire. Elle est donc parfaitement au fait de ce qu’est un texte romanesque, de la façon dont il fonctionne et elle ne commet pas la naïveté de prendre le roman pour le « miroir qu’on promène le long d’un chemin ». C’est pourquoi elle ne se contente pas ici d’un panorama thématique juxtaposant les différentes représentations du politique dans les romans. À ce propos, le titre de l’ouvrage est tout à fait significatif : L’Écriture du politique, de 1960 à 1990 : une relecture du roman camerounais francophone.
C’est donc bien une « écriture du politique » qu’il s’agit de cerner, c’est-à dire non seulement une peinture de la situation et des mœurs politiques, mais aussi les manières de les peindre susceptibles de correspondre à différentes formes d’engagement politique. Aussi, à côté du recensement des aspects sociopolitiques représentés dans ces fictions (la structure étatique, l’oligarchie, le chaos social…), Marie-Rose Abomo-Maurin envisage-t-elle une typologie de régimes d’écriture par lesquels les romanciers concernés cherchent à atteindre leur but : écriture de l’ironie, de l’allégorie, de l’indignation, de l’épique etc.
On est donc en présence d’une analyse qui va beaucoup plus loin que le simple recensement thématique et qui aboutit à une véritable étude « poétique » susceptible de concerner aussi bien le littéraire que le spécialiste du discours intéressé par la communication politique.
Jean Derive
INTRODUCTION {1}
Écrire sur la politique est devenu, depuis les années soixante-dix, un lieu commun du roman africain. Nanga reconnaît que « la colonisation n’avait jamais préparé la relève. La formation scientifique et technique était fermée aux indigènes […] parce qu’on avait décidé qu’ils en étaient incapables. Cela permettait au colon de rester maître » {2} . Les conséquences ont été immédiates. Les indépendances ont déçu, les nouveaux hommes au pouvoir, issus de l’école coloniale, en essayant de calquer leur structure gouvernementale sur celle des anciens maîtres, ont raté leur départ. Le sentiment qui domine est celui du dégoût. L’État semble incapable de susciter de la confiance. L’art de gouverner convoque la caricature à travers l’hyperbolisation du fonctionnement de la machine administrative. Le pouvoir africain devient alors chez certains auteurs une excroissance physique. C’est du moins ainsi que le voit Sony Labou Tansi dans La Vie et demie (1979) et L’État honteux (1981).
Le romancier camerounais avait déjà ouvert les hostilités envers les chefs d’États africains une dizaine d’années à peine après les indépendances. Ainsi, dans son ouvrage Vive le Président. La fête africaine, Daniel Éwandé développe une longue diatribe contre le pouvoir. Dans ce texte où, dès les premières lignes, s’entrechoquent oxymores et antiphrases, l’auteur ouvre la voie d’une critique acerbe. Le président, dès le titre, se signale comme la principale cible. Le registre ironique et la tonalité sarcastique auxquels recourt Éwandé inaugurent un style. Mongo Beti, qui avait déjà donné le ton dans ses premiers romans contre l’administration coloniale sous toutes ses formes, reprend la charge dans sa nouvelle trilogie, avec Remember Ruben (1974), Perpétue et l’habitude du malheur (1974) et La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1975). Après avoir dénoncé les abus de Baba Toura dans les deux premiers textes, il simulait non seulement la chute du dictateur, mais aussi la naissance d’un nouvel État, géré par les anciennes forces militaires d’opposition de Ruben.
L’image de l’autorité politique et administrative, dans le roman africain contemporain, n’est pas des plus reluisantes. Dans un de ses articles, Jacques Chevrier {3} fait l’autopsie d’une Afrique en mal d’elle-même et de ses enfants. Du pouvoir colonial à ce qu’on a fini par appeler néocolonialisme, les changements ne se sont pas opérés là où le peuple les attendait. C’est une impression générale de raté qui prévaut. Les combattants des indépendances évoquent pour la plupart l’inutilité de leur lutte pour l’acquisition de la liberté et de la souveraineté du pays. En effet, le Cameroun semble s’aliéner dans des intérêts autres que ceux qui échoient à la préservation de sa population.
Le décryptage du substrat politique

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