Le Bien et la loi morale
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Le Bien et la loi morale , livre ebook

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Description

Extrait : "Qu'est-ce que le bien ? Une pareille question peut paraître oiseuse. Il semble, tout d'abord, qu'elle soit aisée à résoudre ; que tout le monde doive tomber d'accord sur sa solution ; que chacun, tout au moins, ait sur ce point des idées claires, nettes, faciles à exprimer." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 36
EAN13 9782335075687
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335075687

 
©Ligaran 2015

Préface

Scit enim Deus quod in quocumque die comederitis, ex eo aperientur oculi vestri ; et eritis sicut dii, scientes bonum et malum .
(Genèse, ch. III, § 5.)
Tandis que toutes les sciences physiques, et les procédés industriels qui en sont l’application, font des progrès rapides, nos sciences morales, au contraire, restent stationnaires. Elles se perdent dans des discussions d’école où, personne ne pouvant fournir de preuves rigoureusement déduites de principes évidents, chacun garde son sentiment, sans pouvoir démontrer en quoi il est préférable aux sentiments contraires d’autrui. La philosophie, l’éthique, la sociologie tout entière, sauf en ce qui concerne certaines questions purement économiques, sont encore à l’état d’intuitions de conscience, mêlées de préjugés héréditaires et de tendances passionnelles qui résultent, toujours plus ou moins, des intérêts et des égoïsmes de certaines collectivités spéciales.
En vain, certains philosophes allemands ont essayé de renouveler la morale sur les bases nuageuses et flottantes de leur métaphysique subjective. Ils n’ont abouti qu’au nihilisme de Schopenhauer qui ne conçoit, comme but final de l’activité humaine, que l’anéantissement volontaire des êtres conscient dans un nirvana inconscient.
C’est ce qu’un écrivain nommait récemment la Philosophie du désespoir faisant appel au génie français pour donner au monde une Philosophie de l’Espérance .
Cette philosophie de l’espérance est la nôtre. La loi morale, telle que nous la résumons ici, est la loi du progrès vers le bonheur .
Une loi morale faisant du bonheur le but et la fin de l’activité de tous les êtres, tous pour chacun et un pour tous, était impossible en partant de l’ancienne hypothèse dualiste des cartésiens qui, considéraient le monde comme livré à une guerre éternelle entre deux principes irréductibles et antinomiques ; l’esprit et la matière.
Les principes chrétiens, qui ont inspiré les philosophes modernes, sciemment ou à leur insu, étaient également en contradiction avec une doctrine où tout être, à la fois fin et moyen, a un égal droit d’être heureux.
Pour la formuler, il manquait à l’épicurisme de mieux connaître les lois physiques du monde et l’école anglaise de l’égoïsme bien entendu n’y pouvait atteindre, ne pouvant conclure qu’à la guerre universelle des égoïsmes rivaux.
Quant au stoïcisme, il était trop exclusivement passif pour concevoir que toute moralité est avant tout une activité et qu’agir vaut mieux que s’abstenir. Le stoïcisme n’a jamais su que laisser le monde livré aux Césars, ou lui donner l’exemple de fakirs, en adoration devant leur nombril, s’exerçant à exister le moins possible, jusqu’à ce qu’ils rentrent dans le non-être de Schopenhauer.
Du reste, une véritable science morale ne pouvait se constituer qu’après les sciences physiques. Plus généralement, la sociologie, ou l’ensemble des sciences morales et politiques, qui comprend la philosophie de l’humanité, ne peut prendre rang parmi les sciences exactes, qu’après le développement complet d’une philosophie de la nature.
En effet, la loi qui doit régir l’humanité ne peut se dégager que d’une notion véritablement scientifique de la nature de l’homme lui-même, de sa véritable place dans la série organique et de ses rapports avec les autres êtres vivants.
L’anthropologie, ce dernier anneau des sciences physiques, qui la relie à la série des sciences morales, devait donc être fondée, pour servir de base à la morale, elle-même principe du droit et de la législation. Mais l’anthropologie ne pouvait se dégager que d’une vue d’ensemble de la biologie. Ce sera la gloire d’Auguste Comte d’avoir constaté cette vérité méthodique, contrairement à ceux d’entre ses disciples qui refusent à l’anthropologie une place spéciale dans les sciences, parce que du vivant du maître, elle ne l’occupait pas encore.
La morale, en somme, ne peut donc être que la conclusion dernière d’une philosophie de la nature complète, adéquate à tous les faits réels et à toutes les lois qui les gouvernent. Toute erreur dans la conception totale du monde a pour conséquence des erreurs corrélatives dans la conception du rôle de l’humanité et de la loi qui doit la régir. Pour savoir ce que doit l’homme, il faut savoir ce qu’il est.
Pour qu’une sociologie et une morale vraie fussent possibles, il était donc nécessaire que la théorie héliocentrique, due à Copernic, à Galilée et à Newton, eût remis à sa place dans l’univers la petite planète sur laquelle nous gravitons ; et que la théorie de l’évolution, due à Lamarck, à Geoffroy Saint-Hilaire et à Ch. Darwin, eût également montré que l’homme n’a qu’une supériorité relative dans l’ensemble des êtres vivants terrestres.
Telle était déjà notre conviction, lorsque nous nous sommes donné pour tâche d’élaborer une philosophie nouvelle, d’accord avec les données de la science, répondant aux besoins de notre génération, pouvant satisfaire ses curiosités intellectuelles et servir de règle de conduite aux générations à venir.
Ce livre n’est que la conclusion dernière de cette philosophie, à la fois théorique et pratique, dont j’ai conçu l’idée fondamentale dès l’année 1859 et dont j’ai déjà exposé l’ensemble dans un cours fait à Lausanne pendant l’hiver qui a suivi cette même année ; mais que, depuis, j’ai sans cesse travaillé à compléter et que toutes les découvertes récentes de la science confirment.
C’est la dernière conséquence d’une longue chaîne de déductions logiques dont la prémisse majeure est, il est vrai, une hypothèse. Mais c’est une hypothèse inductive qui fait sa preuve en synthétisant tous les faits naturels connus, et en montrant qu’ils sont tous, sans exception, la conséquence d’un fait principe, unique, éternel et universel : l’atome substantiel fluide, infiniment actif, expansif et répulsif.
C’est donc l’éthique d’une métaphysique nouvelle que je présente au public, mais d’une métaphysique qui a la prétention d’être à l’ancienne ce que la chimie est à l’alchimie, et l’astronomie à l’astrologie. C’est le couronnement moral et pratique d’une conception théorique totale du monde, et le faîte d’un édifice complet de la connaissance rationnelle de la nature et de ses lois.
La théorie de l’évolution organique, aujourd’hui devenue populaire, n’est qu’une des conséquences de cette philosophie. C’est pourquoi, conduite, par le principe même qui lui sert de base, à adopter la doctrine de Lamarck, à une époque où elle était encore abandonnée et conspuée par tous les naturalistes soi-disant expérimentaux, je n’ai traduit l’année suivante (1861) le livre de l’ Origine des espèces de Ch. Darwin que parce qu’il apportait un nouveau faisceau de preuves à ma conviction déjà entière et fondée sur une large induction de la totalité des faits connus.
Voilà pourquoi, aussi, je n’ai pu suivre Ch. Darwin, ni dans ses longues réticences, relativement à l’origine de l’homme, dont il devait s’affranchir seulement dix ans plus tard, ni dans son hypothèse de la Pangénèse, qui creusait de nouveau, entre le monde organique et le monde inorganique cet abîme que la doctrine de révolution avait comblé entre la nature animale et la nature humaine, ou plutôt entre ce que jusqu’alors on nommait d’un côté la matière et de l’autre côté l’esprit.
Le volume que j’offre aujourd’hui au public a, en effet, pour but principal de montrer que l’hypothèse dualiste, qui sert de fondement au spiritualisme cartésien, est en contradiction avec un idéal du monde conforme au sentiment de l’équité ; que l’on s’est trompé totalement, jusqu’ici, aussi bien sur la notion de matière que sur celle d’esprit ; que l’hiatus antinomique que l’on a supposé entre les phénomènes physiques et les phénomènes psychiques n’existe pas et que les uns et les autres ne sont que la double manifestation, interne et externe, d

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