Le désert
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Le désert , livre ebook

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Description

Extrait : "Avec l'enchevêtrement de ses hautes vallées, avec sa forêt de pics neigeux, avec ses rochers jetés comme au hasard les uns sur les autres, et dont l'entassement prodigieux semble donner créance à la fable des Titans s'élançant à l'assaut du ciel, l'énorme nœud montagneux que forme, au cœur de l'Asie, le croisement de la chaîne himalayenne et de celle de l'Hindou-Kouch, présente au premier abord l'image du chaos." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 28
EAN13 9782335054644
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335054644

 
©Ligaran 2015

Introduction
On applique généralement le nom de déserts à de vastes territoires incultes et inhabités. Cette définition présente, entre autres défauts, celui de manquer d’exactitude. Il y a désert et désert. Comme le fait observer très justement M. de Tchihatchef, « tandis que plusieurs des régions désertes aujourd’hui ne l’ont pas toujours été et par conséquent pourraient devenir habitables de nouveau, il en est d’autres où ces conditions ont subi des modifications trop graves pour que l’homme puisse s’y soumettre, en sorte que ces régions sont condamnées à être des solitudes perpétuelles ».
Cette question d’habitabilité crée une différence profonde entre les déserts et les steppes . À vrai dire, les steppes occupent un degré intermédiaire entre les déserts et les régions cultivées. Ce sont d’immenses plaines dont le sol, remarquablement uni, est partout recouvert, à défaut d’arbres, d’une épaisse végétation herbacée, grâce à l’humidité dont il reste plus ou moins longtemps imprégné après les pluies printanières. Telles sont : en Asie, les toundras marécageuses de la Sibérie, les jungles impénétrables du bas Hindoustan, les steppes Kirghizes, et ceux de cette Mongolie si bien nommée « la terre de gazon, tsaoti  », par les Chinois ; en Amérique, les prairies du Mississipi, les Ilanos du Vénézuela, le Grand Chaco du Brésil, les pampas de la République Argentine ; en Afrique, les savanes du Transwaal ; en Europe, les maremmes de la Toscane et l’ Agro romano , la Campine belge, les sablonneux heiden du Brandebourg, la puzta magyare, immortalisée par les chants de Petœfi ; puis, en Russie, les steppes qui avoisinent le Don, le Dniéper et le Volga. On peut y ajouter, en France, les landes de Gascogne et de Bretagne, si célèbres, les premières par leurs bergers aux longues échasses, les secondes par leurs mystérieux monuments mégalithiques, les causses de la Lozère, les brandes de la Sologne, les tristes Dombes, et enfin la Crau provençale, ce paradis du mouton.
La plupart de ces mers herbeuses forment autant de pâturages naturels qui nourrissent de nombreux troupeaux. Leur stérilité est relative et tout accidentelle. Défrichées, elles sont susceptibles de culture, et quels beaux rendements donnent alors ces terres vierges ! Pour s’en rendre compte, il suffit de songer à ces steppes de la Nouvelle-Russie devenus en si peu de temps le grenier à blé de l’Europe, à ces prairies de l’Union, naguère encore le domaine du trappeur, et qui maintenant exportent leurs céréales sur tous les marchés du monde. En résumé, dans les pays de steppes la nature est loin de se montrer inclémente à l’homme : elle y attire même, sur certains points, des populations très denses, soit en vue de l’élevage du bétail, soit en vue de l’exploitation directe d’une glèbe toujours généreuse.
Tout autres sont les déserts. Ici le pays est non seulement inhabité, mais encore inhabitable. Ici, par suite de l’extrême et constante siccité de l’air ambiant, le sol est mu, presque partout irrévocablement stérile. Ici l’on peut marcher des heures et des jours sans découvrir autour de soi qu’une succession de plaines arides, déroulant à l’infini leurs champs de sables jaunes ou de pierres grisâtres sous un ciel d’une pureté désespérante, sans apercevoir le plus infime ruisselet, le moindre brin de verdure, l’ombre d’un être animé, sans entendre d’autre bruit que les sifflements de la poitrine tenaillée par la soif.
Ainsi considérés, les déserts n’occupent qu’une partie relativement restreinte de notre globe. Ils n’y sont pas d’ailleurs arbitrairement disséminés, et leur situation fournit une nouvelle preuve de cet ordre immuable qui caractérise à tous les degrés l’œuvre du grand architecte de l’Univers. Si l’on jette en effet les yeux sur une mappemonde, on remarque que les déserts forment une zone disposée en arc de cercle dont la convexité est tournée vers le nord-ouest, et qui traverse obliquement tout l’ancien continent, s’étendant presque sans interruption depuis la côte occidentale d’Afrique jusqu’aux montagnes de la Mandchourie. Ajoutons qu’un fragment de cette bande de terres sèches se retrouve dans l’Amérique du Sud, entre les Andes boliviennes et l’océan Pacifique.
La « zone désertique » n’offre pas le même aspect d’un bout à l’autre ; les conditions topographiques, la constitution du sol, la température moyenne, altèrent plus ou moins les traits communs, l’air de famille, pour ainsi dire, des divers pays qu’elle traverse, et leur donnent ainsi à chacun une physionomie spéciale. Telle de ces solitudes n’est qu’une suite de plateaux rocheux, tantôt nus, tantôt semés de pierrailles aiguës et tranchantes ; telle autre, couverte de galets, donne l’illusion d’une grève abandonnée ; telle autre encore, de formation argileuse, s’étend en nappes dures et lisses comme une aire battue par le fléau. Il en est dont les champs de lave trahissent l’origine volcanique ; d’autres, au contraire, où le sable domine, semblent le lit desséché de quelque ancien océan.
Au point de vue géographique, la zone désertique se divise également en plusieurs parties. Elle comprend : en Asie, les déserts de la Mongolie ; les déserts du Touran ou du Turkestan ; les déserts de l’Iran ou de la Perse ; les déserts de l’Arabie et de la Syrie ; en Afrique, les déserts de l’Égypte et le Sahara ; en Amérique, le désert d’Atacama.
PREMIÈRE PARTIE Le désert en Asie
CHAPITRE I Les déserts de la Mongolie

§ 1. Topographie du plateau mongol. La « Terre des herbes. ». – Constitution géologique des déserts de la Mongolie. Les déserts de pierre : le Gohi. Les déserts de sable : régions de l’Ala-Chan et du Taklamakan ; les tingéri  ; région de l’Ordoss : les Kouzouptchi. Le sel : lac de Dahsounnor. L’ancienne Méditerranée mongole. – § 2. Climat, ses variations. L’eau. Exagération de la chaleur et du froid – § 5. Flore : le dirissou , le soulkhir . Faune : mammifères, oiseaux. – § 4. Ethnographie. Les nomades de la Mongolie. Caractères physiologiques des Kalmouks. Habitation. Vêtements. Régime : le thé en briques. Animaux domestiques : les tinés . Le chameau existe-t-il à l’état sauvage ? – Vie morale des Kalmouks : l’hospitalité, la religion. – Vie intellectuelle : la poésie kalmouke ; les légendes de la « Prairie grise », les djangartchi. – § 5. Traversée du Gobi : La route du thé. Mode de transport.

Comme un voile de fiancée
La nuit tombe au front du désert,
Aux charmes de la nuit notre cœur s’est ouvert
Lorsque brillante aux cieux Vénus s’est élancée

(FÉLICIEN DAVID : Le Désert .)
§ 1
Avec l’enchevêtrement de ses hautes vallées, avec sa forêt de pics neigeux, avec ses rochers jetés comme au hasard les uns sur les autres, et dont l’entassement prodigieux semble donner créance à la fable des Titans s’élançant à l’assaut du ciel, l’énorme nœud montagneux que forme, au cœur de l’Asie, le croisement de la chaîne himalayenne et de celle de l’Hindou-Kouch, présente au premier abord l’image du chaos.
Mais ce désordre n’est qu’apparent, car, si l’on jette les yeux sur une carte bien nette, telle que celle de Schrader ou de Vivien de Saint-Martin, on voit que la masse de ces hautes terres présente dans sa disposition une grande régularité. Elle est constituée par une série de terrasses qui s’étagent autour d’un plateau central, le Pamir, centre de gravité de tout le système. Le plateau de la Mongolie forme le palier inférieur de ce gigantesque escalier.
Ce plateau s’étend sur un espace de cent vingt millions d’hectares entre la Sibérie au nord, le Thibet au sud, la Chine à l’est. La chaîne des Monts-Célestes et celle de l’Altaï le séparent, à l’occident, du bassin de la mer d’Aral. C’est dans l’ensemble un plan incliné du nord-ouest vers le sud-est. Les nivellements barométriques exécutés par les derniers explorateurs, en 1832 par Füss et Bunge, en 1873 par Fritsche et Eli

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